succès, se rendît maître de tout l ’Aderbidjan, et travailla de tous
ses moyens à attirer sous ses drapeaux des soldats de toutes les
tribus ; ce qui porta bientôt son armée à plus de vingt mille
hommes.
Azad-Khan, afghan, était né aux environs de Kaboul, et était
entré au service dé Nadir avec le corps de troupes que sa nation
avait offert à ce conquérant lorsqu’il revenait de l’Inde. Jeune
alors et simple cavalier , il n’avait pas tardé de se faire remarquer
ét d’obtenir de l’avancement : il était dans la province d’Erivan ,
et y commandait mille hommes sous les ordres d un général divisionnaire
lorsque Nadir fut tué.
A zad , dans des tems ordinaires, n’eût été qu’un bon officier toujours
soumis à quelque chef ; dans ces tems de troubles, il devait
se distinguer et atteindre aux premiers rangs. Doué, comme il
l ’était, d’une ame forte, d’un caractère ardent, d’une imagination
v iv e , il ne pouvait rester tranquille spectateur des événemens qui
se passaient et se succédaient avec rapidité. Véhément dans ses
désirs , impétueux dans ses actions, familiarisé avec les dangers, à
peine est-il à la tête d’une troupe de révoltés, qu’il ne met plus de
bornes à son ambition : il voit la carrière du trône ouverte ; il s’y
élance avec audace, et y marche d’un pas rapide et assuré.
S i, en dernier résultat, il dût quitter l ’arêne et céder la palme
à un autre, c’est que les Persans ayant une répugnance invincible-
pour les Afghans, il ne pouvàit se recruter que du rebut de la
nation, tandis que ses ennemis lui opposaient toujours de nouvelles
troupes tirées des tribus les plus guerrieres et leé plus considérées.
Nous verrons bientôt que, malgré ces obstacles-, il fut un moment
sur le point d’obtenir un triomphe complet.
Telle était la situation de la Perse, au nord, dans les deux années
qui suivirent la mort d’Adel et d’Ibrahirn.
Au midi, les montagnes du Loristan n’étaient pas plus tranquilles.
Ali-Merdan-Khan, un dès chefs de la tribu des Bakhtiaris,
race de Curdes, travaillait de toutes ses forces à s’y faire un parti.
C’était un homme d’un âge avancé : il s’était trouvé, en 172a, au
-combat de Gulnabad, et avait été ensuite nommé par Chah-Hus-
-sein, généralissime des troupes qui devaient venir au secours de
la capitale, assiégée par Mahmoud,; il avait toujours combattu sous
Nadir, à la tête d’un corps plus ou moins nombreux. Nous avons
vu que, mécontent de la conduite d’Adel , il,avait quitté Mesched
avec trois ou quatre mille hommes qu’il commandait,, pour se rendre
dans sa patrie.
Le crédit qu’avaient tous ses parens parmi les -Curdes du Loristan
et de Péria, la considération personnelle dont il jouissait, les grandes
richesses qu’il possédait, ,l ’anarchie dans laquelle l’Empire (était
plongé, tout lui avait inspiré le désir de profiter des circonstances
quilui-paraissaient très-favorables pour s’emparer, sinon du trône,
du moins pour régner au nom d’un souverain qui y fût appelé par
sa naissance.
I l y avait alors sur ces montagnes un jeune seigneur, nommé
Ismçiël, dont la mère, fille de Chah-Hussein, avait épousé , après
le départ des Afghans, Seyd-Moustapha, officier distingué par sa
naissance et le rang qu’il avait eu à la cour.
Cet officier, dans les dernières années du règne de Nadir, avait
jugé prudent de quitter la capitale, et de venir chercher auprès des
Rakhtiaris un asyle pour lui et pour sa famille. 11 était mort peu
de tems après, laissant deux fils qu’il avait recommandés à ces braves
montagnards.
Que cet Ismaël, âgé alors de huit ou neu-f ans, fût réellement le
fils de Seyd-Moustapha ou non,, il importe assez peu : Ali-Merdan
le fit passer pour t e l , le prit sous sa protection, publia partout qu’il
était petit-fils de Chah-Hussein, et que c ’était à ce prince qu’appartenait
l’Empire. Ses émissaires, répandus en grand nombre pariai
les diverses tribus de sa nation, tâchaient de leur persuader qu’il
en résulterait de grands avantages pour elles si, par un généreux
dévoûment de leur part, un prince issu du sang royal montait sur
un trône auquel il ne pouvait espérer de parvenir -si elles lui refusaient
leur secours. Les Curdes se laissèrent entraîner ; ils prirent
les armes en faveur d’Isinaël, et s’engagèrent de marcher vers Ispa-
han sous les -ordres d’AJi-Merdan.
N n a