il lit tout ce qu’il jugea le plus propre à soutenir cette confiance;
il veilla à la sûreté des chemins; il protégea les caravanes; il voulut
surtout qu’on rappelât dans le ro y aum e , par tous les moyens
possibles, ce grand nombre d’Arméniens et de Banians qui s’en
étaient éloignés. Obligé de rester dans le Khorassan jusqu’à ce qu’il
eût mis en sûreté les richesses que son prédécesseur avait enlevées
aux Indiens, il envoya son frère Ibrahim à Ispahan en qualité de
gouverneur, et lui donna douze mille hommes de troupes, afin
de le mettre en état de maintenir la tranquillité dans le midi. Mir-
Aslan-Khan, un des généraux de Nadir, qui se trouvait dans le
Khorassan avec trente mille hommes, fut nommé gouverneur de
T àu ris, et chargé de contenir les Lezguis et les Géorgiens, ainsi
que tous les khans de cette partie de la Perse.
- Et afin que la p a ix , qui venait d’être faite avec les T u r c s , ne
fût pas troublée par les événemens qui venaient de se passer, Adel-
Chah envoya un ambassadeur à la Porte othomane pour lui témoigner
le désir qu’il avait de vivre en bonne intelligence avec, elle ;
il ratifiait dans tous ses points le traité que son prédécesseur avait
signé peu de terhs avant sa mort.
Il montra à l’égard de la Russie le même désir de vivre en paix,
L ’ambassadeur de cette puissance, qui se trouvait à Reicht lorsque
Nadir fut tué , s’étant embarqué promptement pour Astracan , où
il allait attendre de nouvelles instructions de sa cou r , Adel-Chah
lui fit écrire une lettre extrêmement gracieuse pour l’engager à se
rendre le plus promptement possible auprès de lui.
Cependant la disette commençant à se faire sentir à Mesched,,
tant à cause du nombre des gens de guerre et d’étrangers qui s’y
trouvaient , que parce que cette ville avait été pillée et ravagée par
Nadir quelques mois avant sa mort, Adel-Chah fit demander du blé
aux Çurdes de Deroun et de Kotcfian, promettant de le leur payer
comptant au prix qu’il se vendait dans les principales, villes. Ils en
avaient fait une grande provision, qu’ils avaient enfermée dans
Kotchan lorsque Nadir les menaçait de toute sa colère; mais, soit
mauvaise volonté de leur part, soit crainte qu’Adel-Chah ne fût
tenté de venir les combattre sur leurs montagnes lorsqu’ils se
seraient
seraient défaits de leurs provisions, ils refusèrent leurs grains, sous
le prétexte qu’ils en avaient besoin pour eux-mêmes. Adel-Chah
résolut alors d’aller leur enlever de force ce qu’ils n’avaient pas
voulu lui céder de bonne.volonté : il vint assiéger Kotchan, que
les Cmdes défendirent quelque tems avec courage ; mais à la fin, '
l ’artillerie d’Adel ayant fait brèche de toutes parts, la ville fut emportée
d’assaut, et la garnison passée au fil de l’épée. Tous les grains
qui se trouvaient dans la place furent enlevés, et l ’abondance revint
à Mesched.
A u retour de cette expédition , qui ne dura guère plus d’un mois,
Adel ayant appris que Mohammed-Kouli-Khan son kurçhi bas-
chi (i) avait ourdi contre lui une conspiration, il le fit arrêter, lui
fit arracher les yeux, et le livra aux femmes de Nadir , qui le demandaient
pour venger la mort de ce monarque. Mohammed-
Kouli ne parut pas plus tôt dans le harem, les mains liées derrière
le d os, que toutes les femmes vinrent à lui avec lea instrumens qui,
tombèrent sous leurs mains, et le percèrent de mille coups.
Cette conspiration, dans laquelle quelques seigneurs étaient entrés
, avait pour motif la confiance aveugle et les pouvoirs étendus
que le roi accordait à un jeune Géorgien nommé Zohrab, qui n’avait
d’autres titres pour les obtenir, que celui d’être le frère de l’esclave
favorite. Adel-Chah, amoureux de la soeur, avait élevé tout à coup
cet affranchi au grade de général d’armée ; il l ’avait fait khan, et
lui avait confié toutes les affaires de l ’JÉtat, sous la direction d’un
ministre nommé Husn-Ali-Khan.
■ Ce fût à peu près dans le même tems que les Curdes du Loristan ,
commandés par Ali-Merdan, demandèrent plusieurs-fois et avec
instance , la permission d’aller passer l ’hiver dans leur province,
s’engageant de rejoindre les drapeaux au retour de la belle saison.
Adel-Chah, qui ne voulait pas affaiblir son armée, refusa le.congé
qu’on lui demandait : ces militaires prirent alors le parti de sortir
sans bruit de la ville à l’entrée de la nuit , et de s’éloigner promptement;
ils avaient déjà fait dix lieues lorsqu’on s’appèrçut à Mesched
<(i) Le principal.acteur de l’assassinat de Nadir-Chah,
Tome I I I , K k