Sépézen ; il est en bon état et fort peuplé. Son territoire est arrosé
et assez bien cultivé.
Demi-lieue plus loin, le terrain est inégal,inculte et volcanique}
nous marchâmes trois heures sur celui-ci, et nous campâmes près
de JDain.
Daim est plus petit que Sépézen : son territoire est moins b o n ,
moins arrosé}.ses rues sont étroites, mal-propres} ses maisons ,
toutes en terre!, ¡sont basses, mal bâties } du reste , aucune n’est
détruite ni abandonnée. Il semble que le génie mal-faisant qui a
tout rav ag é, tout détruit sur notre route, se soit arrêté ici et ait
respecté ces deux villages.
Lé 29 , l’horizon se découvrit ; nous nous trouvâmes dans une
plaine arrosée, par des puits et des canaux souterrains qui soutiennent
lè niveau des e au x , et les amènent de divers endroits au même
point. L ’eau était légèrement saumâtre- Nous campâmes, après sept
heures et demie de marche, près d’un village nommé Vaysubad;
nous en avions quelques autres à droite.
j Le 3o , nous ne fîmes que deux lieues. Nous campâmes près d’un
village presque détruit, nommé Solmabad ou Solman-Abad, devenu
fameux par la victoire qu’Echeref y remporta sur lès Persans
en 1728, d’où s’ensuivit le siège de Téhéran et de Casbin par les
Afghans, et la fuite de Chah-Tahmas vers le Mazanderan.
.¡ Nous devions partir après le coucher du sole il, attendu que
nous avions onze lieues à faire, et que nos muletiers , afin d’éviter
les oestres et les taons qui désolaient leurs chevaux et les mettaient
en sang pendant la forte chaleur du jou r , s’arrangeaient toujours
de manière à arriver au gîte vers les huit ou neuf heures du m atin,
ou même plus tôt.
On avait déjà chargé les marchandises, et nous-étions prêts à
monter à cheval lorsqu’un carvan-baschi s’avisa de dire que la
caravane était meiiacée d’un grand malheur si elle se mettait en
route : à ces mots , on se hâta de décharger les chevaux , et il ne
fut plus question de partir. . _
Une heure après on crut sans doute que le sort nous était favorable
, car on donna l’ordre de charger et de partir. Cette fois la
caravane était déjà en marche lorsquè le même homme prononça
d’un ton prophétique, qu’il fallait s’arrêter et attendre que la maligne
influence des astres fût passée* Cette seconde annonce nous
fit perdre patience : nous dîmes à notre conducteur et à nos muletiers
tout Cè que le mépris et la mauvaise humeur pouvaient nous
inspirer 5 mais tout fut inutile : il fallut nous soumettre à la volonté
de ces hommes, q u i , trop ignorans et trop bornés pour juger et
prévoir èe’qui pouvait être à leur portée ¡» 'avaient pourtant la puérile
vanité de croire que, la marche des àstresetjle mouvement de
l’Univers ayant des rapports et une sorte de connexion avec la
marche et le mouvement des humains, il y avait dans ce Monde
des êtres assez privilégiés ou assez instruits pour avoir la connaissance
de ces rapports et de cette connexion,-et çonséquemment le
pouvoir dé régler leur conduite de manière à ce que l ’influence des
astres’leur fut toujours favorable.
Nous ne partîmes qu’à une heure dnmatin. Le terrain fut d’abord
inégal, montueUx : nous descendîmes ensuite dans une belle plaine
où-se trouvaient quelques villages détruits. Nous apperçumes bien
loin, devant nous le mont Albours et le pic encore,plus élevé de
Beinavend, dont nous aurons occasion de parler. Nous campâmes,
après dix heures et demie de marche, à côté i\'Adlu'.rran ou En-
derrman, village assez Considérable, mais qui a beaucoup souffert
après la bataille de Soïman-Abad.
Le 2 juillet, nous marchâmes dans une plaine étendue, assez
fertile, mais peu cultivée. Nous passâmes une petite rivière nommée
Kiérés nous apperçûmes ¡à droite et à gauche'quelques villages détruits,
e t nous arrivâmesà Téhéran après avoir marché neuf heures.
' Nous allâmes descendre dans un caravanserai, tandis qu’Aboul-
Hassan de sion côté alla chez le gouverneur pour l’informer de
notre arrivée, et lui remettre la lettre que le khan de Kermanchah
lui avait écrite à notre sujet.
Lè gouverneur était absent : son riazir nous envoya le même soir
dèux officiers pour nous complimenter sur notre heureuse arrivée,
et nbus offrir , selon l ’usage, un logement et tout ce qui pouvait
nous être nécessaire pour nos chevaux et notre cuisine.