d’Anah à Mesched, de 34 et 35 de Mesched à T a ïb , et de 34, 32,
3o et 28 de Taïb à Alep.
Les nuits nous parurent toujours très-fraîches. Dès que le soleil
avait disparu ,1 e vent tombait, et l’air se refroidissait peu à peu au
point que nous étions obligés de nous bien couvrir vers le matin.
Cependant, malgré cette fraîcheur , nous n’avons jamais vu la
moindre rosée , ni ressenti la lùoindre humidité. Nos vêteinens ,
nos lits, nous paraissaient aussi secs la nuit que lè jo u r , excepté
lorsque nous fumes campés, près -d’Anah , sur le bord même du
fleuve, encore cette humidité y fut-elle très-peu sensible, et jamais
assez forte pour se montrer en rosée.
Le 26, nous marchâmes autant que la v e ille , et nous éprouvâmes
une chaleur aussi forte 1 deux chevaux en moururent, et
toutes les personnes de la caravane en furent plus ou moins incommodées.
Ce qui augmenta ou prolongea tout au moins nos souffrances,
c’est que l’eau nous manqua. On fut oblige d’envoyer un
grand nombre de chameaux à Taïb pour en prendre. Ce village
n’était heureusement qu’à cinq milles de nous.
Nous campâmes entre deux gros bourgs abandonnés depuis un
grand nombre d’apnées, et distans l’un de l’autre de deux ou trois
milles. Nous n’eûmes pas la force d’aller voir quelle avait ete leur
étendue et leur importance. Nous avions rencontre, un peu avant
de mettre pied à terre , trois aqueducs fort anciens et solidement
bâtis; ils ne recevaient plus d’eau : le premier, que nous pumès
suivre des yeux à plus de demi-lieue de distance, était à quelques
pieds seulement an dessus du sol.
Le 2 7 , nous marchâmes deux heures et demie, et nous campâmes
au dessous de Taïb ou Tdibéb. Ce nom est arabe, et signifie bon;
il n’a été probablement donné à cette ville , que comparativement
an désert, et à cause d’un filet d’eau potable qu’on y trouve. A
côté d’elle il y a quelques filets d’une autre eau qu’on ne peut
boire : celle-ci est minérale, et a un goût d’oeufs pourris qui soulève
l ’estomac. Toutes ces sources sont au dessous de la ville.
Taïb paraît avoir été autrefois une place assez importante.
Située sur la croupe ou 6ur le penchant d’une colline, elle avait
un bon rempart et une citadelle qui la mettaient en état de résister
aux Arabes' dû désert, et même à des troupes régulières. On voit
encore quelques restes de ces fortifications ; il existe encore une
des portes de la v ille , et pins loin une tour étroite et élevée , qui
paraît avoir été l ’ouvrage des Arabes musulmans. A côté de la
porte il y a une inscription cuphique, en partie effacée, que ni le
religieux napolitain ni le jeune homme de Bagdad ne purent lire.
Cette v ille , comme toutes celles de la lisière'du désert, est abandonnée
depuis long-tems et ruinée de fond en comble. Nous y
vîmes pourtant trois chétives maisons, occupées par des Arabes
qui nous parurent plus pauvres, plus misérables que ceux du désert.
Ils cultivent, près des sources dont nous avons parlé, quelques
arpens de terre ; ils récoltent assez abondamment de l’org e ,
du froment, du maïs, du sésame, du coton, et quelques plantes
potagères qui les feraient vivre dans l’aisance et les enrichiraient
même s’ils n’étaient exposés sans cesse à être pillés par les Arabes
du désert, ou s’ils n’étaient obligés de donner aux chefs, des tribus
voisines les trois quarts de ce que la terre leur a produit, porte
conserver le quatrième, encore ce quatrième leur est-il souvent
enlevé par les hordes errantes.
Le 28, le pays nous parut de plus en plus propre à la culture.
Nous marchâmes pendant long-tems sur une belle plaine inculte,
terminée à droite et à gauche par des montagnes peu élevées, dénuées
de bois. Nous nous trouvâmes ensuite sur un terrain inégal,
calcaire. Nous campâmes, après dix heures et demie de marche,
dans tin endroit où il n’y avait point d ’eau : on fut obligé d’en
aller prendre à plus de deux lieues vers l ’occident.
L e 29, le terrain était encore plus inégal. Nous traversâmes une
plaine et ensuite un coteau crétacé, sur lequel nous vîmes beaucoup
de silex ou pierres à fusil. Nous passâmes près d’une eau saumâtre
, et nous allâmes camper , après six heures de marche , une
lieue plus loin, près d’une autre source d’eau saumâtre.
Chemin faisant on avait couru après cinq Arabes que l’on avait
apperçus ; un seul avait pu être atteint : on l ’amena à la caravane,
et on le garda jusqu’au lendemain an soir,
N n n a