>3 souveraine protection aux opprimés, pour appaiser la colère du
33 ciel, contenter les créatures de Dieu et obtenir l'amour du peuple.
33 II nous a donc plu gracieusement; d’ordonner , et par ces pré-
33 sentes nous ordonnons que les contributions en argent imposées
33 sur nos sujets et les étrangers cessent à l ’avenir et soient annul-
33 lées. Nous déchargeons pareillement les collecteurs qui sont dans
33 nos provinces, et vous les enverrez à notre cour; mais quant à
» l ’argent et aux effets appartenans, à la couronne, et qui ont déjà
33 été recueillis , il en sera rendu compte. Tous les autres revenus
33 pour cette annee, comme aussi toutes les impositions pour les
33 années suivantes, nous les remettons très-gracieusement, afin
33 que les sujets d’Islam et de toute autre religion , qui depuis quel-
33 ques années ont ete en butte à. toutes sortes de tortures et d’op-
33 pressions, puissent jouir d’une sûreté et d’une tranquillité non
33 interrompues, et adressent leurs prières au Très-Haut pour notre
33 bonheur,
33 Quant à ce qui concerne l’entretien des postes aux chevaux,
33 ceux à qui cet emploi appartient, s’en acquitteront d’une manière
33 convenable, et désormais on entretiendra à chaque relais un
33 nombre double de chevaux, ainsi qu’il a été ordonné derniére-
33 ment- L ’argent pour leur entretien sera pris dans le trésor de la
33 province, e t , en cas d’insuffisance , sur la représentation qui
33 nous en sera faite, nous y suppléerons par d’autres fonds.
» Pour arrêter les comptes de cette année,,deux ou trois écri-
» vains et calentars seront envoyés à notre sublime cour. Quant
33 aux biens q u i, sous le dernier règn e, ont été ravis à un grand
» nombre^ de nos sujets et- autres, nous ordonnerons qu’il en soit
33 fait un examen, et qu’il nous en soit envoyé un compte eircons-
33 tancié; et afin que chacun puisse avoir satisfaction sur ce point,
3i nous désignerons sans délai une personne capable de le mettre à
» exécution.
33 Donné dans le mois de Dschemadielsam 1160. »
Les partisans du nouveau roi ne manquèrent pas en même tems
de làire circuler dans le public le bruit qu’Ali et les chefs de l ’armée
ne s’etaient portés à faire mourir le r o i , que parce qu’il méditait
de faire égorger par les Afghans et les Tartares ouzbeqs tous les
Persans. La famille royale ne pouvait que marcher sur les traces
de Nadir; elle était de la secte des Sunnis, ennemie des Persans ;
elle méritait la mort sous ces deux rapports. A li, suivant eux, ne
montait sur le trône que pour rendre le peuple heureux, que pour
lui faire oublier tous les maux qu’il avait soufferts sous le règne
de son prédécesseur.
Dans les premiers jours qui suivirent son couronnement, Adel-
Chah fit distribuer de fortes sommes aux soldats : il fit de magnifiques
préséns à tous les chefs de l’armée ; il répandit l ’or à pleines
mains dans les provinces ; il fit en un mot tout ce qui dépendait de
lui pour s’attacher, par des libéralités, les grands de l ’Empire, les
chefs de la religion, le peuple et l ’armée.
Il permit à un grand nombre de familles de l’Irak et de l’Ader-
bidjan, ainsi qu’aux Bakhtiaris que Nadir avait transplantés dans le
Rhorassan, de retourner dans leurs pays respectifs ; il leur accorda
même les secours dont ils avaient besoin, tant pour faire leur voyage,
que pour reprendre leurs travaux.
Les premières sommes qu’il avait tirées de Kélat ne suffisant pas
aux dépenses qu’il faisait, il y puisa de nouveau ; il fit même transporter
à Mesched une grande partie des richesses que Nadir avait
enfermées dans ce château.
L ’argent n’avait jamais été si abondant qu’il le fut alors, et jamais
les caravanes n’avaient été si nombreuses. Pendant les dernières
années du règne de Nadir, tout ce qui restait de précieux avait été
enfoui : les travaux avaient été suspendus ; les boutiques avaient
été fermées ; les champs étaient restés en friche ; les villes étaient
déjà désertes ; mais la tranquillité qui avait succédé tout à coup à
trente années d’agitation, sembla dônner aux Persans une nouvelle
vie : la sûreté dont ils se flattèrent de jouir souS celui qui n’avait
plus intérêt de répandre du sang, et l’espoir de réparer les dommages
que lès propriétés avaient soufferts, tout les porta à se livrer
au travail avec une ardeur, avec un courage qui auraient assuré
bientôt leur bonheur si cet état avait duré.
Pendant plusieurs mois, la conduite d’Adel ne se démentit pas t