trouvent aux environs de Chiras, et leur enlever tous les vivres.
Jokar-Khan eut ordre de le suivre avec six mille hommes, et de
se conduire de même. Riza-Kouli-Khan, Miquieri, et Mir-Aslan-
K h an , Curde , marchaient après eu x , et commandaient chacun
quatre mille hommes. Akbar-Khan, fils de Zéki, à qui un des fils
de Sadek avait voulu enlever de force un cheval d’un grand prix ,
et qui était venu joindre à cette occasion Ali-Murad, commandait
un corps de dix mille hommes ; il s’arrêta quelque tems à quatre
ou cinq journées d’Ispahan pour amasser des vivres, et pour attendre
Ali-Murad, qui était à la tête de quinze mille cavaliers.
Outre ces farces, Ali-Murad avait vingt-cinq mille hommes divisés
en cinq autres corps ; savoir : cinq mille à Ispahan et cinq mille
à Téhéran, commandés par Seyd-Murad-Khan; cinq mille dans le
Loristan, sous Mohamined-Klian, Seyli ; cinq mille dans le Kerman,
au secours de Mohammed-Hassan-Khan, Sistani, et cinq mille au
fort d’Amadan, pour contenu la ville et toute la contrée.
Sadek n’avait à opposer à toutes ces forces que treize ou quatorze
mille hommes qu’il avait à Chiras; douze mille dans le Kerman,
commandés par Ali-Nagui-Khan ; quatre mille avec Mataki-Khan
dans le. Beyban ; trois mille avec Bagher-Khan dans le Laarestan,
et cinq mille avec Hassan-Khan son troisième fils, qui était sorti
de la ville pour observer l’ennemi , et pour favoriser l’entrée des
vivres qu’on attendait de toutes parts.
Les premières divisions ennemies se trouvèrent, à la fin de juin
1780, aux environs de Chiras. Sadek avait eu avis de leur marche :
il en connaissait exactement les forces ; il savait qu’elles avaient
reçu l’ordre de ravager le p a y s , et il n’osa s’avancer pour les combattre;
il s’enferma dans la ville, quoiqu’il eût au moins dix-huit
mille hommes à ses ordres, et ses ennemis vingt mille tout au plus.
Mais le crime ôte au coeur toute son énergie ; l ’homme coupable a
peur à l ’aspect du danger. Sadek d’ailleurs s’était apperçu du mauvais
effet qu’avait produit sur les habitans de Chiras, et sur les
troupes^mêmes, l’attentat commis en .la personne d’Aboul-Fétah :
il craignait qu’en allant au-devant de son ennemi, les habitans ne
se révoltassent et ne prissent le parti d ’Ali-Murad ; il savait que
celui-ci n’avait qu’une mauvaise artillerie ; il ne le croyait donc
pas en état de forcer une ville défendue par une garnison nombreuse,
par un large fossé, et par des remparts que Kérim avait fait
réparer avec soin ; il comptait aussi sur les secours que devaient
lui amener ses fils et les Arabes de la côte.
Lorsque les divisions d’Akbar et d’Ali-Murad furent arrivées*
toutes les troupes s’avancèrent, et vinrent s ’établir à une petite
distance de la ville ; elles y tracèrent un camp qu’elles entourèrent
d’un fossé, et qu’elles fortifièrent par quelques tours en terre, où
elles placèrent du canon. Lorsque cette opération fut terminée;
elles élevèrent quelques batteries contre la ville; mais elles s’appliquèrent
surtout à arrêter les subsistances et à favoriser la désertion.
Ali-Murad ne négligea rien pour se faire nn parti dans l ’intérieur
, et pour s’attacher , par des libéralités et des promesses,
tous les seigneurs qui tenaient au parti de Sadek.
Néanmoins, comme la ville était plutôt bloquée qu’assiégée, et
que l’armée de l’intérieur était assez nombreuse pour faire des sorties
, celle-ci trouvait toujours les moyens de faire entrer des vivres.
Il y avait eu'diverses affaires, qui n ’avaient produit aucun résultat
important. Déjà les trois fils de Sadek étaient entrés l’un après
l ’autre, et avaient successivement amené des secours en tout genre»
Déjà huit mois s’étaient écoulés sans qu’on eût fait aucun progrès
par la force des armes. Des sorties fréquentes de la part des assiégés;
des attaques partielles, toujours infructueuses, de la part des
assiégeans ; quelques escarmouches pour favoriser l ’entrée d ’un
convoi , d’un corps de troupes, ou pour s’y opposer ; quelques
coups de canon tirés de tems en tems de loin, centre les remparts,
sans pouvoir les endommager suffisamment ; des désertions que les
deux partis tâchaient de favoriser, et qui devenaient tous les jours
plus fréquentes, voilà à quoi se réduisait ce siège.
Sadek se flattait toujours que l ’ennemi se consumerait en efforts
impuissans , .et qu’il finirait par se r e tir e r , quand tout à coup
l ’heure du châtiment sonna ( i) . Ali-Murad parvint, à l ’aide des
(1) A la fin de février J781.