Nicosie ; nous montâmes quelque; teins,par .un chemin très-rude,
tres-maüyaiç; nous descendîmes ensuite, par une gorge,où passait
un ruisseau d’eau , et à minuit nous entrâmes dans Cérino.
■ De la montagne à la:mer il n’y a guère plus de demi-lieue. Le
terrain-,; dans cette lisiere étroite, est bon, un peu arrosé, et assez
bien cultivé. Il est presque tout couvert d’oliviers , de mûriers, de
çaroubiers et de figuiers : on y cultive beaucoup de coton, et en
moindre quantité du sesame, du maïs, dp l’orge et du froment. Le
jujubier, que nous avons rencontré sauvage en plusieurs endroits
de:cette île , était partout garni de fruits-; il ne s’élevait qu’à quelques
pieds, et formait un buisson fort touffu. Nous l’avions vu dans
le même état aux environs d’Alep.
- Çerino , nomme autrefois. Ceronia ou Çeronium, paraît avoir
été assez bien fortifié. On y voit encore, au bord de la mer , et à
l ’orient du p o rt, un château en assez bon état. Quant aux murs
dont elle était entouree , ils sont presqu’çntiérement détruits, et
la villp n’est plus aujourd’hui qu’un mauvais village où il n’y a pas
deux cents habitans.
. ; L e p o rt, formé par des rochers , est petit, ouvert au vent de
nord , et assez peu sûr en hiver. On pourrait, avec quelque dép
en s e ,le rendre en état de recevoir, sans aucun risque, trois ou
quatre navires, et même davantage si on le creusait du côté du
château.
Ü Y. A j ^ l ’occident de Cérino , un banc de roche calcaire fort
dure, qui se trouve à fleur de terre , dans lequel on a pratiqué
autrefois des logemens ou peut-être des sépultures. Pockoke, qui
en parle, les a pris pour des sépultures,anciennes : on y descend
par un escalier fort étroit, taillé dans la roche. Les chambres sont
peu spacieuses ; elles n’ont guère au-delà de huit pieds en carré ;
quelques-unes communiquent entr’elles par une porte ; la partie
sppdtieure est ceintrée,et bien conservée. Ces chambres diffèrent
des catacombes d’É gypte, et de toutes celles que nous avons vues
à -VIdo, à Latakie , a Orfa, en ce qu’elles sont simples, sans ornement
et sans loges ni sarcophages. Nous sommes portés à croire
qu’elles ont servi autrefois de logement ou de lieu de dépôt aux
habitans
m
habitans de cette partie de l ’île lorsqu’ils étaient assez peu nombreux
pour ne pouvoir pas s’opposer aux incursions des pirates ,
ou aux entreprises des peuples qui se trouvaient répandus sur les
montagnes de la Carainanie.
On s occupe, àCerino, ainsi que dans beaucoqp d’autres villages
de Chypre; à prendre aux igluaUx, 'dans le courant de l ’automne,
les petits oiseaux désignés sous le nom générique de bec-figues ,
qui arrivent, dans cette saison , par la Caramanié, des contrées
plus septentrionales. On,les confit au vinaigre, ou ce qui vaut
beaucoup mieux, au vin de Chypre : pour cela, on les plume bien,
on les fait bouillir à l ’eau pure pendant quelques minutes ; on les
laisse bien égoutter, et on les met dans la liqueur; ils se conservent
fort bien en cet état toute l’année : on conserve de même les
cailles et autres petits oiseaux ; on les place avec soin dans des pots,
de terre, et on les envoie a Marseille, à Venise, àLivourne et dans
les autres villes de l ’Italie. : ■
La Porte avait établi, à Cérino, un bâtiment français, commandé
par le capitaine Belardi de Saint-Tropès : il était destiné a passer,
de Chypre en Caramanié, lekhaSné ou argent de l ’impôt, les agens
du gouvernement, et tous les passagers qui se présentaient.
Le capitaine Belardi nous reçut à son bord, et mit à la yoile le
17 septembre avant le lever du soleil. Le vent du sud-ouest souffla,
comme à l ’ordinaire, une bonne partie de la journée : la nuit, il
fut faible et variable-; nous nous trouvâmes pourtant, le 18 au
matin , sur la côte de Caramanié , et vers les neuf heures nous
jetâmes l ’ancre dans la petite baie de Celindro,
On compte, de Cérino à Celindro, dix-huit lieues marines, et du
cap Cormachiti à celui d’Anémur, qui sont les points les plus rapprochés,
quatorze lieues seulement.
La côte de Caramanié o u , pour mieux d ire, les montagnes qui
s’ayancent jusqu’au bord de la mer, paraissent fort bien de Cérino
lorsque le teins est beau.
Le lendemain de notre arrivée, nous vîmes descendre de la montagne
cinq hommes conduisant dix chevaux qu’ils venaient nous
offrir pour nous transporter à Caraman, ville qui se trouve à
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