du mont Zagros, forme le pays élevé du Loristan et de Peria, ou
ces montagnes à neige, qui sont occupées par les Lors et les Bakh-
tiaris.
Le Mogan, une partie du Chyrvan, du Guilan et du Mazanderan
sont hors du plateau élevé dont nous venons de parler ; ils sont
très-bas, plus bas même que les côtes de l’Océan et de la Méditerranée,
ainsi qu’on le verra bientôt. Les montagnes en arc de cercle
, qui circonscrivent ces provinces, et qui so n t, comme nous
l’avons d it, une suite du Caucase et du Taurus, ont un aspect bien
pins élevé et une pente bien plus rapide vers la Caspienne, que vers
les terres. En quittant les bords de cette mer pour pénétrer dans
l ’Aderbidjan ou dans l ’Irak-Adjem, on passe assez rapidement d’un
climat très-chaud à un climat très-tempéré.
A u sud de la P erse, le sol s’élève moins brusquement qu’à la
partie occidentale et à la partie septentrionale. Il y a le long du
golfe une lisière basse , à peine habitable l’ete A cause des chaleurs
excessives qu’on y éprouve.' En s’éloignant de la mer, on traverse
des montagnes, on s’élève par degrés, on respire insensiblement un
air pins frais. Le pays est pourtant encore fort chaud jusqu’à
T a rom , Tadivan et Kaseroun : les dattiers, abondans au bord de
la mer, y viennent encore fort b ien, quoique les montagnes des
environs offrent de la neige durant l ’hiver. Si on vient jusqu’à Chi-
ras et Persépolis, on monte encore plusieurs gradins : le dattier
disparaît , mais l ’oranger y végète très-bien. Les. hivers sont froids
et de courte durée : il y neigé assez souvent dans les.plaines, en
janvier et en février. Chiras est pourtant au 2.9e. degré 36 minutes,
d’un demi-degré on environ pins au sud que le,Caire. En s’avançant
vers Yesdekast, le sol s’élève à peine : de là à Ispahan, il se
maintient au même niveau.
Ispahan n’est qu’au 32e. degré 24 minutes 34 secondes, et sous
cette latitude ordinairement très-chaude on n’y peut cultiver l’oranger;
il vient pourtant très-bien à Mossul, qui est situé an 36e. degré,
20 minutes, et qui est deux fois plus éloigné de la m e r , qu’Ia-
pahan.
Toutes les provinces. qui sont au Sud-est de cet Empire, sont
beaucoup plus chaudes que les autres, parce que le sol y est moins
élevé, et qu’elles se trouvent d’ailleurs plus rapprochées du tro pique.
Le Mogostan, le Mécran, le pays des Balloches ou Balodges
et le Sind ne sont presque point habitables l ’ete. Le sol ne s elève
d’une manière très-sensible, et la température ne s adoucit qu en
approchant du Kandahar et du Segestan.
Il résulte de ce que je viens de dire , que les pays les plus temperes
de la Perse sont aussi les plus élevés, sauf la modification qui provient
de leur latitude. Ainsi, à partir du Caucase, toute la Géorgie,
le royaume■ d’Imirette et le Guriel.jusqu’aux environs de la Mer-
Noire, le Tabesseran, le Daghestan et le Haut-Chyrvan jusqu auprès
de la Caspienne , la province d É rivan, la Haute-Arménie,
l ’Aderbidjan, le Haut-Curdistan, tout l’Irak-Adjem, le Loristan,
une partie du Farsistan et du Kerman, le Ségestan, le Kandahar,
le Khorassan et la partie supérieure du Mazanderan, connue sous
le nom de Taberistan; tons ces pays, dis-je, sont très-foids l ’h ive r ,
en raison de leur élévation : il y neige et il y gele fortement depuis
décembre jusqu’à la fin de février.
Mais ce qui paraîtra d’abord surprenant, c est que ces memes
pays, si nous en exceptons ceux qui se trouvent entre la Mer-Noire
et la mer Caspienne, sont en même tems très-chauds pend.ant.l,ete.
En effet, depuis Kandahar, qui est situé à peu près au 33e. degré,
de latitude , jusqu’à Mesched, qui est au 38e. ; depuis Chiras jusqu’à
Càsbin, que l’on sait être, l ’un à 29 degrés 36 minutes, et
l ’autre à 36 degrés i 5 minutes; depuis Arnadan jusqu’à Herat, qui
sont vers le 35e. , les chaleurs sont aussi fortes l’été, que le froid a,
été v if l ’hiver : le thermomètre de Réavimur se fixe le jou r, pendant
plusieurs mois, à 27 et 28 degrés, et il monte quelquefois à
32 et 33.
. Nous avons vu que le froid, dans ces contrées, était occasionné
par l’élévation du sol_: nous trouverons la cause de la chaleur dans
l ’excessive sécheresse de l’air. Cette sécheresse est telle, que, depuis
les montagnes du Guilan et du Mazanderan jusqu’au golfe Persique,!
depuis les environs des lacs de Van et d’Urmia jusqu’au pays de
Kachemire, il n’y a l’été aucune rosee sur les plantes, aucune