de son p è re , mais qui laisse facilement appercevoir combien son
coeur est dévoué. ' - . ira , ^ .
Attaché à I b r a h i m depuis plusieurs années, U avait suivi tous les
mouvemens qui avaient précédé son arrivée au ministère | il pouvait,
mieux que personne, nous faire connaître les motifs qui lui
avaient fait abandonner sa famille pour se réunir contre elle
Méhémet ; mais il fut très-réservé à cet égard. Sans dire du mal de
Lutf-Aly que Hadgi-Ibrahim avait trah i, ü évitait d’en parler, ou
cherchait à nous égarer dans des réflexions très-judicieuses , mais
qui n’avaient aucun rapport avec les faits que nous cherchions a.
éclaircir. Du reste, il nous fournit, relativement aux troubles qui
ont agité la Perse depuis Nadir jusqu’à Méhémet, des matériaux
précieux dont nous avons fait.ùsage.
Nous étions très-préssés de quitter la Perse. Tout ce que nous
avions, vu jusqu’alors , tout ce que nous avions entendu , nous
donnait une idée bien désavantageuse du gouvernement et du peu-,
pie'. Notre mission sans doute obtenait un plein succès : on avait
répondu favorablement à toutes nos demandes ; on allait expedier
un ambassadeur auprès de la Porte othomane ; il n’eût tenu qu a
nous d’aller plus;lo in , de renouveler nos anciens traités et de nous
faire ; solennellement promettre qu’on favoriserait, comme autrefois
, des établissemens français, tant à Ispahan et à Chyras, que
sur le golfe Persique. Nous ne doutions même pas qu’on n eût
consenti à la.cession de l’îléK a rek que la cour de France , ]e crois,
avait foit demander àK é r im avant l’abolition demotre compagne
des;.Indes orientales. Mais quel avantage la France en epiyslle
retlréMEÛtdl été prudent de s’établir .dans l’intérieur
ruiné, dépeuplé, exposé sans cesse à des mouyemens convnbi#.
Ouelle protection attendre dans un pays livré de tems en tems a la
plus horrible: anarchie ? dans un pays où presque tous les khans se
f o n t entr’eux la guerre à la mort de chaque souverain.?: ou le rqi,
exerçant ¡le despotisme le plus a ffreux, est toujours exposé au fer
d’un assassin où au poison d’un ambitieux? iÿm ^ -,__ . ;
l l n?est pas douteux que la cession de l’île Karek, dont les Hol-
landàis furent expulsés-en i 7dfc> ne nous eût été. avantageuse *
nous avions voulu sérieusement nous établir en E gypte , si de là
nous avions voulu porter nos vues de commerce sur le-golfe Persique
, sur Bassora, sur Bagdad ; si nous avions voulu reprendre un
commerce actif avec l ’Inde; si nous avions voulu ouvrir des communications
entre l ’Isle-de-France, Mascate et Bassora. La cour
de Perse met si peu d’impbrtance à faire des cessions sur le go lfe,
que l’iman de Mascáte, dont lés vues étaient entièrement portées
vers le commerce, et qui avait déjà obtenu les îles' de Barrhein ,
traitait, à notre départ, pour, la cession de l’île d’.Oririus, qu’on
sait être la plus avantageusement située pour le commerce de toute
la Perse et de tout le golfe Persique.
Mais, nous le répétons, là Perse, dans l ’état où elle e s t, ne doit
point attirer les regards du commerçant ; il n’y trouverait ni considération
pour son é ta t, ni sûreté pour sa personne, ni garantie
pour sa propriété. Les bénéfices qu’il pourrait espérer de faire dans
un moment de calme", ne sont pas assez grands pour lui faire hasarder
des fonds qu’un moment d’agitation lui ferait perdre entièrement.
Personne ne sait mieux que le commerçant, que; lorsqu’un
État marche à grands pas vers sa ruine , lorsque le despotisme s’y
est accru au point que c’est un crime d’être riche ou de le paraître,
lorsqu’on est sans cesse ménacé dans sa.fortune, dans sa vie même ;
lorsque tous les liens de la société sont prêts à être rompus, une
nation étrangère ne peut espérer alors d’y établir un commerce
avantageux. C’est à la politique à lui tendrë une main secourable
si ellè le juge à propos.
Tome III. M