d’armée n’éprouva aucune résistance. Tous les chefs de tribus;
tous les khans, s’empressèrent de se rendre auprès du souverain,
et de lui offrir -des présens. Ils approvisionnèrent en outre son
armée, et versèrent dans ses coffres le revenu de leurs provinces.
Un second corps de troupes eut ordre de marcher sur Érivan.
Le khan de cette province, nommé Æahmet, soutenu par Héra-
q liu s, n’avait pas. voulu se soumettre au nouveau roi : il avait environ
quinze mille hommes à sa solde, et aux premières nouvelles
de la marche dé Méhémet, le fils d’Héraclius était venu à Érivan
avec quinze mille Géorgiens.
Le roi de Perse, avec le reste de son armée, s’était porté sur
Chutche, ville peu grande, bien fortifiée, située au sommet d’une
montagne escarpée, à vingt lieues de l’Araxe , dans la Haute*
Arménie. Ibrahim-Khan, qui y commandait, et qui comptait sur
les secours d’Héraclius, apposa à Méhémet une résistance à laquelle
il ne s’attendait peut-être pas. \
Après quelques tentatives infructueuses qu’il fit pour s’emparer
de çette place, il' eut recours à un autre moyen ; il fit offrir à Ibra*
him de très-riches présens ; il lui promit son pardon et un gouvernement
plus étendu, plus productif s’il voulait se soumettre et livrer
la ville- Ibrahim ne voulut se prêter à aucune proposition.
Méhémet, qui n’avait ni artillerie ni aucun dos moyens propres
réduire par la force une place que sa position seule rendait pres-
qu’imprenable, se décida à y laisser assez de troupes pour l’investir ,
et pour s’opposer à la garnison si elle tentait quelque sortie, après
quoi il vint joindre:le corps d’armée qu’il avait envoyé à Érivan.
Ce corps avait été vivement repoussé : il s’était retiré avec perte,
et il avait pris une position avantageuse en attendant qu’il pût être
renforcé. Moyennant les troupes que Méhémet lui amena, il se
rendit bientôt maître de toute la province, et marcha dé nouveau
contre la ville. Le khan, qui se croyait assez fort pour le battre une
seconde fo is , en sortit avec le fils d’Héraclius.
Les deux armées se rencontrèrent à quelques lieues. d’L rivan, et
en vinrent aux mains au lever du soleil. Les Géorgiens, sous les
.ordres du filsd’Héraelius; un corpsd’Afghans à la solde du khan,
ainsi que les kisil-baehes de sa garde, firent des prodiges de valeur,
e t se battirent avec un acharnement qui mit plusieurs fois en danger
les troupes de Méhémet. Deux fois celles-ci plièrent, et furent sûr
le point de prendre la fuite; mais le régent, qui combattait en personne
à la tête de ses Kagiars, vint à bout deux fois de les rallier;
A la fin la valeur dut le céder au nombre; les Persans triomphèrent
complètement, et poursuivirent leurs ennemis jusqu’aux portes
de la ville.
Après cette victoire, Méhémet ayant fait bloquer Érivan.; et pris
avec lui un petit corps de troupes, vint joindre à Gandjea l’armée
qu’il avait envoyée dans le Chyrvan et le Daghestan , et se porta
sur Tiflis.
: Héraclius, qui ne s’attendait pas à être attaqué dans sa capitale
avant la prise de Chutche et d’Érivan, ét qui avait d’ailleüfs fait
passer dans la dernière de ces places presque toutés ses troupes, ne
se croyant pas en état de soutenir un Siège, abandonna Tiflis et se
retira à Racket. La majeure partie des habitans suivirent l’exemplè
du r o i; ils sortirent précipitamment de la v ille , et emportèrent
avec eux ce qu’ils avaient de plus précieux.
Méhémet entra sans résistance dans la capitale de la Géorgie en
octobre'de la même année. Tous lès habitans qui s’y trouvèrent
encore furent ou massacrés ou faits ésdàves ; totrt les: effets précieux
qui n’avaient pu être emportés, furent pillés : on mit ensüitè
Je feu aux maisons, on démolit le château, après quoi l’armée se
retira. . -fÿ
Les khans d’Érivan et de Chutche n’eurent pas plutôt appris lô
sort dé Tiflis et la soumission de tous-lés khans de èes Contrées,
qu’ils demandèrent à capituler ;*cé qu’ils Obtinrent en fèmëtthhi
leur v ille , et passant avec leurs troupes au sérvicé d é Méhémet. :1i
Le fils d’Héraclius obtint la permission de se retirer' èn Géorgie\
après s’être engagé, tant pour lui que pour son père, de reconnaître
formellement Aga^Méhémet-Khàh: poiir légîtiûiOsoUvèi'âM
de lâ Perse ; de lui prêter serment- de fidélité ët dé paÿèr a l ’aVé-’
nir,;comme par le passé , le tribûé àrinuel auquel Son royàÛmé ësi
soumis. î
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