soixante-dix pieds de circonférence ; ce qui suppose un diamètre dé
vingt-trois pieds et quelques pouces. Le tronc paraissait trèsrsain ,
ainsi que les branches principales. Le bois, dans ce renflement, est
plus d u r, plus veiné, beaucoup plus beau que celui du tronc : nous
en avons vu employé à des meubles dans le palais des rois àlspahan,
qui nous a paru bien supérieur au plus beau noyer.
L ’officier du gouverneur et notre domestique ne tardèrent pas
à nous rejoindre : ils n’avaient pas été heureux dans leurs recherches
; ils avaient plusieurs fois parcouru le village ; ils s’étaient
adressés à tous ceux qu’ils avaient rencontrés; personne n’avait
voulu nous loger ; tous avaient dit n’avoir que ce qui leur, était
absolument nécessaire. Nous connaissions les effets du despotisme :
nous fûmes persuadés que la présence d’un agent du gouvernement
faisait craindre aux liabitans de n’être pas payés. Pour les rassurer
à cet égard, nous prîmes le parti de nous adresser à ceux qui nous
entouraient ; nous leur dîmes que, charmés de la beauté dé leur
village et de son agréable situation, nous avions résolu , pour rétablir
notre santé, d’y passer un mois ou deux; nous desirions en
conséquence, si toutefois ils n ’avaient aucune répugnance nous à
recevoir parmi e u x , qu’ils nous procurassent un logement commode
et sain, dont nous paierions d’avancé, chaque quinzaine, le
prix que nous serions convenus de donner. A l’instant plusieurs
d’entr'eux offrirent leur maison. Nous en arrêtâmes une vers l’extrémité
orientale du village; elle consistait en une cour spacieuse,
ombragée d’une treille chargée de raisins excellens, et rafraîchie
par Un ruisseau d’eau vive qui coulait au pied du mur occidental.
Il y avait pour nous trois chambres de plain-pied , et un endroit
propre à faire la cuisine. Nos chevaux devaient rester dans la cour,
à l’ombre des maisons voisines ou de la treille, et nos domestiques
devaient coucher à la belle étoile, suivant l’usage du pays.
Nous allâmes prendre possession de notre logement le 2 août.
A peine eûmes-nous mis pied à te rre, que le chef du village vint
nous voir : c’était un ancien domestique de DjafFar-K.ouli-K.han,
frère de Méhémet, à qui on avait donné , après la mort de son
maître, ce village pour retraite ; il avait été chargé en même tems
d’une meute assez nombreuse de très-beaux levriers, dont Méhémet
se servait dans les chasses qu’il était dans l ’usage de faire aux environs
de Téhéran. Ces levriers étaient plus grands, plus forts, un
peu moins élancés que les nôtres ; ce qui les rendait plus propres à
courir sur les daims, les cerfs et les gazelles.>
La visite de cet homme était intéressée r il venait nous demander
le paiement de la maison que nous allions occuper. Nous lui fîmes
dire que, n’ayant traité qu’avec le propriétaire, ce serait à lui seul
que nous compterions notre argent ; il demanda alors qu’on lui
remît la moitié du prix convenu , prétendant qu’il avait le droit de
l ’exiger en sa qualité de chef. En ce cas, lui dîmes-nous, vous vous
adresserez au maître de la maison. Il nous importe assez peu, quand
nous l’aurons payé, que notre argent entre dans sa bourse ou dans
la vôtre ; mais c’est à lui seul que nous le compterons.
Le chef n’insista pas davantage ; il resta quelque tems avec nous,
et nous fit toutes les offres de service qui dépendaient de lui. Nous
l’engageâmes à notre tour à venir nous voir souvent. Ce fut lui
qui nous instruisit par la suite de tout ce qui pouvait nous intéresser,
et qui nous donna toutes les nouvelles qu’il put recueillir
au sujet des opérations du roi dans le Khorassan, et de la marche
dés Russes dans le Daghestan et dans le Chyrvan.
Pendant notre séjour à Tegrich, nos occupations se bornèrent à
monter tous les jours à cheval avant le lever du,soleil, afin de parcourir
et observer les environs de ce village. Au retour de cette
promenade, nous déjeûnions ; nous mettions sous presse les plantes
que nous avions apportées ; nous changions celles qui s’y trouvaient
de la veille ou des jours précédens ; nous enfermions nos
graines; nous soignions nos oiseaux, nos insectes et tous les objets
d’histoire naturelle que nous voulions conserver. Quand ce travail
était fini, nous recevions les malades qui se présentaient : il en
venait de tous les villages situés au pied du mont Albours. N °n s
leur donnions gratuitement nos conseils, et quelquefois nos soins;
nous leur offrions les inédicamens d’Europe que nous avions emportes
avec nous,‘ht les plantes du pays que nous ramassions pour
eux dans nos courses ; nous poussions la complaisance aussi loin
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