habitans, à corrompreles gardes de la porte Bagh-Chah , située
au sud de la v ille , et la plus voisine, de la citadelle, et à faire
entrer, par ce moyen , un corps de troupes d’élite commandé par
Akbar-Khan.
Sadek ne fut pas plutôt informé que l ’ennemi était dans l’intérieu
r , qu il donna tous les ordres nécessaires, pour s’opposer à ses
progrès ; il monta lui-meme à cheval, e t , à la tête de sa garde, il
courut a la porte Bagh-Chah ; mais déjà Akbar avait pénétré dans
la ville, et s était empare de plusieurs postes sans avoir éprouvé’
la moindre résistance. Quelques corps de troupes l’avaient suivi ;
d’autres venaient après, et personne ne s’était présenté pour les combattre.
Sadek n’arriva en présence d’A k b a r , que pour être témoin de
la mauvaise volonté que mirent les siens à seconder ses efforts. Les
ordres qu’il avait donnés, n’avaient point été exécutés ou l ’avaient
été fort mal ; les troupes qu’il avait amenées -de Bassorayet qui
la v a ien t déjà quitte une-.fois, quoiqu’elles eussent toujours eu le
plus de part à ses largesses , mirent bas les armes les premières. Sa
propre garde, sur laquelle il devait compter le plus , l ’abandonna
en partie et passa du coté de l’ennemi. Dans cette extrémité, le
çeul parti qu il avait à prendre, c’était de mourir les armes à la
main.ou de s enfermer dans la citadelle. Il prit le dernier; il parv
in t, quoique difficilement, à y entrer accompagné de son ministre
, de tous ses fils , et de quelques personnes qui lui étaient
attachées. ;
En tm instant toute la ville se trouva occupée .par les troupes
d’Ali-Murad. Celles de Sadek demandèrent à passer au service du
vainqueur ; .ce qui leur fut accorde. La citadelle fut étroitement
investie, et la tranquillité maintenue partout avec le plus grand
soin. . • ):j i.
Sadek se trouvant hors d’etat * avee une poignée d’amis ou de
paxens , de tenir long-tems dans la citadelle, prit le parti de se
rendre, et d’implorer la miséricorde de son ennemi : il lui écrivit,
pour le fléchir, la.lettre la plus touchante, la plus propre à émouvoir
son coeur; il lui rappelait les soins, qu’il avait pris de son
enfance,
enfance, les caresses qu’il lui avait prodiguées dans les bras de sa
mere , les efforts qu’il avait faits pour lui obtenir les faveurs de
Kérim ; il prenait le ciel à témoin, qu’il avait toujours eu pour lui
des entrailles de père, qu’il l’avait chéri comme ses propres fils ; il
faisait des voeux pour que la fortune lui fût plus favorable qu’à'lui;
il jurait de lui obéjr et de lui être fidèle comme le meilleur et le
plus dévoué de ses sujets. « Si mes sermens, ajoutait-il, ne peuvent
» éloigner de vons les soupçons , jrirai vivre au fond de telle pro-
» vince que vous me désignerez ; je laisserai auprès de vous mes fils
» en otage; ma fortune, ma v ie , seront toujours entre vosmàins
» et vous répondront de ina conduite. »
Ali-Murad ne fit dire autre chose à Sadek, si ce n’est de se rendre
, et de faire ouvrir les portes de la citadelle, sans quoi il verrait
égorger sous ses yeux tous ceux qui s’y trouvaient enfermés. Sadek
les fit o u v r ir , et se mit à la merci de son vainqueur. Celui-ci se
contenta, pour le moment, de le charger.de chaînes, ainsi que ses
fils et ses, petits-fils, au nombre de vingt-six, et de leur faire crever
les yeux à tous. Quelques jours après, Akbar reçut l ’ordre de les
faire périr ;ce qu’il exécuta avec d’autant plus de plaisir et de promptitude,
que c’était d’après ses conseils et ses pressantes sollicitations
que cet ordre avait été donné.
Djaffar-Khan.fut le seul épargné : il avait été joindre son frère
au commencement du siège, et ne l ’avait plus quitté; il avait toujours
désapprouvé l’ambition de son père, et avait blâmé sa conduite
envers Aboul-Fétah. Quelques jours après la prise de la v ille ,
Ali-Murad lui renouvela ses protestations d’ainitié , lui fit de très-
riches présens, le nomma gouverneur de Shuster, avec la promesse
de le placer plus convenablement dès qu’il se verrait solidement
établi sur le trône-
La mort d ’Akbar suivit de près celle de Sadek. L ’une avait été
prdonnée par une politique barbare ; l’autre fut une juste punition
d’un crime qui ne peut être conçu que par le plus scélérat des
hommes.
. Akb ar , fils de Zéki, j ouissait depuis quelque tems de la plus grande
faveur auprès d’Ali-Murad : il en était, durant, le siège, le premier
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