dans quelques-uns de ces auteurs, que la mer d’Azo f avait plus
d ’étendue qti’elle n’en a à présent, et qu’il y ava it, à l’orient de
cette mer, des marais et des lacs qui ont disparu peu à peu.
M. Pallas cite un passage tiré des-Extraits que M. Stritter a donnés
dés historiens deBisance, dans lequel il est dit qu’il existait un
taarais assez étendu, au nord du Caucase, à peu près entre les deux
mers. Voici ce passage : « Priscus ayant été de la suite d’une am-
i) bassade que Théodose I I , empereur d’Orient, envoyait, l’an 449 >
'» à A ttila , roi dés Huïis , dit qu’un ambassadeur de l’empereur
fo d’O ccident, qu’ils rencontrèrent par hasard, lui apprit quel était
» le chemin que prenaient les -Scythes et les Huns pour faire leurs
» incursions en Perse. Après avoir parcouru une contrée déserte,
» ils traversaient un marais ; ils n’avaiënt plus qu’une montagne à
» passer pour arriver en Médie ; il ne leur fallait que cinq j ours
» pour cela (l). *>
Mais, sans recourir aux preuves historiques; l ’inspection des
terres-, leur peu d’élévation, la nature du sol,¡les dépouilles et les
débris des Corps marins qu’on y voit, tout prouve que la mer Caspienne
avait autrefois une étendue très-considérable1, et qu’il y
avait un canal de communication entr’elle et la M er-Noire, à mie
époque très-recùlée sans doute, mais postérieure’ à celle où le
globe a subi quelque grande révolution et a-éprouvé de. très-grands
cbangtime'ns sur toute sa sur lace;
Brtffon avait dit peut-être le premier la.Mer-ïMoire communiquait
autrefois -avèc la mer Caspienne, et il placé lo canal de
communication près dé-Zaj;y&iir, c'est-à-dire, à lîendrms»ùdeOwn.
et, lë!'V-olga sont le plùs- ¡¡rapprochés. MM. Pallasret jCttîelinl ,üpit
traçant plus exactement ce canal, ont pensé,qUeda’Mer-Nqire 'fouinait
autrefofe un grand lac contigü à ia Làspicî! l’ic, ¡et que les éaux
-des deux mers s ’étaient séparées lorsque la Mér-Nthré’s ’ouvrif up
passage au1 Ifosp bore de Thraee;1 Tournefort, sans- .soupçonner que
:|és deux mefp eussent cbiumùniquéoôntr’q llès, avait" également
conjecturé que la Mer-Noire 'formait atftréfoïâ liu'ls’cy'etf'que ses
(i)-Pâllâs , Voyà^e -eh Rîiistéj iom. V-, pag, 195-,- étütiôn in-4°.
eaux, en délayant les terres qui s’opposaient à leur passage,
s’étaient ouvert une issue au Bosphore.
L ’opinion de la communication des deux mers ne saurait trouver
aujourd’hui de contradicteurs ; c ’est un fait géologique qui
paraît démontré; mais il n’eneSt pas de même, je crois, de l’expli-,
cation qu’on donne de leur séparation.
J’ai observé, ainsi que je l ’ai dit dans le premier volume, que
depuis Buyuk-Dhéré et la M on tagn e-du-Géan t jusqu’à la Mer-Noire,
l ’une et l ’autre rive du Bosphore présentait des tracés bien manifestes
d’un volcan; mais je n’ai pas cru que les eaux de cette mer
fussent autrefois plus élevées qu’elles ne le sont aujourd’hui. La
côte que j'ai vue du côté de l’Europe, à deux ou trois lieues du Bosphore
, était argileuse et coupée à pic à plus de vingt toises de hauteur
( tom. I , pag. yS). Si les eaux avaient été-autrefois plus élevées
, il leur était facile de franchir cet obstacle, puisque cette argile
paraît se prolonger bien avant dans les terres : de là à la Propon-
tid e , le terrain va en baissant, et ne présente aucun indice de
rocher.
Du côté de l’A s ie , toute la côte aux environs du Bosphore, et à
deux ou trois milles de distance, était volcanique, presque coupée
à pic, et assez haute. Les eaux de la mer avaient rongé la roche à
quelques toises au dessus de leur niveau; mais il me parut évident
qu’elles n’avaient jamais atteint au-delà du terme où elles peuvent
s’élever dans des tems orageux.
1 Ce qui prouve encore que les eaux de la Mer-Noire n’ont jamais
été plus hautes, c’est q u e , du golfe de Mundania à la vallée qui
reçoit les eaux du Sangaris, les terres sont très-basses. Je 11’ai point
été jusqu’à l’embouchure du Sangaris, qui se trouvé à quarante
lieues du Bosphore ; mais j’ai vu la belle plaine de Nicée; à l ’extrémité
de laquelle le fleuve passe ; elle est à peu près à six toises au
dessus du golfe de Mundania. Les eaux du lac de Nicée se rendent
dans le golfe en tournant un léger coteau qui sépare le lac-
de la plaine basse deGemlek, et le cours du Sangaris est très-lent
de cette plaine à la Mer-Noire. Il est aisé de juger par-là que,
si les eaux de cette mer avaient eu seulement dix toises de plus
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