so ir/ et marchâmes toute la nuit et une partie de la matinée sans
nous reposer. Nous vîmes sur la route quelques villages détruits :
mous nous trouvâmes quelque tems entre deux montagnes, dont
l ’une, à gauche, avait beaucoup de neigé au sommet; nous entrâmes
ensuite dans un vallon fort agréable, et nous nous arrêtâmes
le 2.3, après treize heures de marche, à un village nommé Aphté.
i ' Nous remarquâmes qu’il avait beaucoup plu les jours précédens :
le sol nous parut s’être encore élevé les nuits devinrent très-froides
piifaisait pourtant assez beau le jou r , et l’air était assez tempéré,
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: i Le 24, la vallée s’élargit, et nous conduisit dans une plaine fort
agréable, fort bien cultivée, et.entourée de montagnes couvertes de
néige. Nous logeâmes au fond de cette plaine, dans un village nommé
Hissar.
Le 25, nous arrivâmes, par une vallée plus ou moins étroite et
une plaine assez bien arrosée, au village de Zenguené. Nous
retrouvâmes ce jour-là le rosier à feuilles simples, que nous avions
vu en allant àAmadan.
; . Les femmes de ce village ont un voile fort pe tit, qui’ leur cache
à peine le visage; les jeunes semblent ne le porter que* pour la
forme, ou pour avoir l’air de se conformer à l ’usage général.
Dans tous les villages où nous nous sommes arrêtés, noirs avons
pu nous procurer des melons, des pastèques, des raisins. On garde
ces fruits presque tout l’hiver : le raisin surtout se conserve jusqu’à
Ce qu’il fasse un peu chaud.
Le 26, la nuit fut.belle, un peu moins froide que les précédentes.
Le,vent souffla faiblement de l’est, et le ciel fut très-pur. Nous
côtoyâmes une montagne schisteuse et granitique; nous nous trouvâmes
ensuite dans une vallée qui s’élargit insensiblemênt ; nous
y vîmes quelques cultures; nous y rencontrâmes quelques troupeaux
; nous traversâmes un. village assez grand , presque tout
détruit, e t, après sept heures de marche, nous arrivâmes à Mikhr-
Abad (1).
(1) Population de l’aïnou j- ou de Pajuitié,
La caravane campa auprès du village , comme elleavait toujours
fait lorsqu’elle n’avait pas trouvé-de caravanserai. Quant à nous-,
le kiervan-baschi s’étant obligé par écrit de nous conduire chaque
jour dans un caravanserai ou dans fout autre bâtiment qui nous
mît à l’abri du froid et de la pluie , il nous logea dans une maison
du village, où nous trouvâmes entr’autres deux femmes fort jeunes,
qui n’étaient pas du tout voilées, et qui ne firent aucun mouvement
pbür se dérober à nos regards ; elles se montrèrent même fort
empressées à nous servir, et elles firent, durant toute la journée ;
la conversation avec nous.
Surpris de trouver, au milieu de la Perse, un usage si contraire
aux nioeurs du pays et aux préceptes de la religion de Mahomet;
nous demandâmes si nous étions avec des Musulmans ou avec1 des
Guèbres. Sur la réponse qu’on nous fit , que tous les habitans du
village suivaient la religion de Mahomet, et qu’ils étaient,'comme
les autres Persans, de la secte d’A li, nous voulûmes savoir pourquoi
les femmes jouissaient, à Mikhr-Abad , d’une liberté qu’elles
n’avaient pas ailleurs; mais nous ne pûmes avoir; à ce sujet,'de
réponse satisfaisante. On nous dit que l ’u sage, dans cette contrée,
dispensait les femmes de se voiler dans leur maison ; et même hors
dé chez elles. En effet, toutes celles que nous rencontrâmes dans
lë villagéet aux environs, ne portaient presque pas de voile, et ne
faisaient, en nous appercevant, aucun mouvement pour cacher
leur visage.
'• "Elles nous parurent assez bien faites : nous en vîmes même quelques
unes qui passeraient pour de très-jolies femmes dans les contrées
les plus favorisées de l ’Europe. Elles avaient en général les cheveux
noirs ou châtains, les yeux bleus, le teint blanc, et la carnation
viv e ’et colorée des montagnards.
: Les hommes sont robustes et- d’une assez belle; taille ; ils sont'
tous paSteurS:/ agriculteurs et guerriers ; ils appartiennent à la tribu’
des Bakhtiaris, race’de Curdes. .. se 3
- ;;Gette route n’est, point” celle que les voyageurs européens ont
prisé. Otter s’est rendu de Sahaiiéh à Néhavend, et de Néhàvend
à Ispahan par Khonsar ; il a été conséqucmment un peu plus à
Tome I I I . - H h h