précieux qu’ils avaient p r is , ou ne les déposassent Mans la terre,
plutôt que de les porter au trésor du roi.
Lorsque cette opération fut terminée; l ’armée continua sa route
à travers un pays montagneux , et arriva en peu de tems sur les bords
du D jylem, nommé en langue indienne Behut : c’est 1 ’Hydaspe des
Anciens. Elle fut très-fatiguée dans cette marche, par nne pluie
presque continuelle. Ce fleuve étant passé , elle se trouva bientôt
sur le Ravil-'Pendy ou l’Hydraote, qu’elle longea pendant plusieurs
jours. Elle vint de là à.Hussein-Abab, campa quelque tems sur les
bords de l’Indus, lit passer une partie de ses troupes sur des élé-
phans, repoussa les Afghans qui l ’attendaient à l’autre rivé les
armes à la inam, traita ensuite avec eux , leur fit des présens,
moyennant quoi ils posèrent les armes, et fournirent même trente
mille hommes à son armée, dont ihavait besoin pour réparer les
pertes que les chaleurs et la fatigue avalent occasionnées.
Nadir ne se vit pas plutôt débarrassé d’un ennemi qui lui avait
donné de l’inquiétude, qu’il envoya un ambassadeur à Cbnstanti-
nople avec, quinze éléphans chargés de pierreries, de perles, de
schals.de Kàchemire, de mousselines, d’étoffes de soie et de tous
les objets précieux de l’Indoustan ; il renouvelait, ,au sujet de la
religion, les demandes qu’il avait faites en signant le dernier traitq
de paix, avec la Porte.
L ’armée passa le fleuve dans un endroit où il se divise en cinq
branches : deux étaient guéahles: on construisit.des bateaux pour
lés trois autres. Elle, se rendit de là à. Peychayer,, et,ensuite àKaboul ;
elle arrivâMans cette dernière ville le 19 novembre 1739.
En quittant Delhi; Nadir avait donné ordre aux soubadars ou
vice-rois des provinces qui venaient de lui être cédées, de se rendre
à son camp pour faire leur soumission, et receypir l'investiture $0
lé u f gouvernement. Celui du. Sincl fut le seul qui refusa,M’pbéir ,
sous prétexte: que Mohammed-Chah^. n’avait pu yivoir ,l,’int,ention
de .céder une partie de,son Empire à.un étrangey; rédpit,,,ç.0mme
fl l’avait été, à la iipceçsité de souscrire à un acte contraire ,au(s intérêts
de ses peuples, le devoir d’uil gouverneur était de s’opposer à
l’exécution de cet acte. Il déclarait donc qu’il enverrait des préseps
à Nadir s’il continuait'sa roùte pour la Perse, maïs qu’il le combattrait
de toutes ses forces s’il mettait le pied! dans ses provinces.,
Kliudayar-Khan ; c’est le, nom de ce • soubadar, s’était, flatté que
Nadir, qu’il:savait être pressé de retourner dans sps États, accepterait
sés présens, ou ne détacherait qu’une par.tie de son armée
pour le combattre ; mais il se trompa. Le roi de Perse fut si outré
de colère d’apprendre qu’un gouverneur dè province osât lui résister,
qu’il résolut d’aller en personne le châtier. Il partit en conséquence
de Kaboul le 27 novembre 1739, et se dirigeant au sud, à
travers le Bounguicha, pays montagneux, boisé et presqu’impra-r
ticable, il arriva, après vingt^quatre jours de marche, sur le territoire
moins élevé et plus uni du Sind.
Khudayar-Khan ne put résister aux forces et'aux stratagèmes
des généraux persans; et quoiqu’ils fussent arrêtés par quelques
forteresses, quoiqu’ils eussent à souffrir en traversant des landes,
dès pays peu abondans en subsistances ; quoiqu’ils eussent déjà
perdu beaucoup de monde par les fatigues, les pluies, la faim et le
fer de l’ennemi, Khudayar se vit forcé dans ses derniers retranche-
mens, et ne conserva la vie qu’en livrant tous les trésors qu’il avait
amassés.
Cette expédition terminée , Nadir tourna ses vues du côté du
nord-est de la Perse. Il voulut soumettre le Turquestan, le Touran
et le Kharesme avant de porter ses armes contre les Turcs. Comme
il avait perdu beaucoup de monde depuis son départ de Kandahar»
il envoya l’ordre à tons les gouverneurs de provincès de lui faire
passer à Hérat des hommes, des chevaux , des armes, des provisions
et de l’argent. L ’ordre portait de lever très-exacte,ment les
impôts arriérés,-et d’employer à cet effet'toute la rigueur possible.
Cependant par un premier édit daté de Delhi (1) , le roi. avait
exempté de l’impôt tous ses sujets pendant trois ans. Son fils, Riza-
Kouli-Mirza, reçut aussi; l ’ordre de venir le joindre avec toutes,les
troupes qu’il pourraitréunir.
(i) Suivant Abdoul-Kérlm , ce fût-avant de passer d’indus, cjjiie:Nadir exempta
ses sujets de tout impôt pendant; trois ans» Voyage a la Mecque^ pag. .8.
Tome II I. G g