• 'Nous marchâmes sis heures dans ce pays enchanté , et nous
nous arrêtâmes à Saaklé, village de trois ou quatre cents maisons.
Les habitans y sont tous Musulmans $ ils avaient un air d’aisance
que nous n’avions remarqué dans aucun autre village de la T u r quie.
Le 4 , nous continuâmes de marcher près de la montagne qui
était .à notre gauche ; elle ht. bientôt J’a r c , et se dirigea tout-à-fait
au couchant. La plaine était toujours belle, toujours fertile, quoique
moins cultivée. N"ous avions à droite un petit la c , que nous
jugeâmes à quatre ou cinq lieues de celui d’Akshéer.■ Après avoir
marche quatre heures, nous vîmes, au pied de la montagne, un
village nommé Balouadin. Nous le laissâmes à gauche, et nous
nous avançamès dans la- plaine ; elle ofïrait. partout des pâturages
abondans : c ’étaient des prairies naturelles qui s’étendaient au loin..
Nous marchâmes encore six heures , et nous nous arrêtâmes à
Chabancoï : nous traversâmes, avant d’arriver, une petite rivière
ou plutôt un ruisseau qui v a , nous dit-on, se jeter dans le lac de
Saaklé.
. .Nous eûmes de la pluie presque toiite la journée, et un chemin
tres-boueux.- Le sol était argileux, au point que nos chevaux .glis—
saient à chaque instant : notre marche en fut au moins ralentie
d’une heure.
Le 5 , nous marchâmes cinq heures dans la même p laine, et avec
le même tpms. Nous vîmes quelques villages au pied de' là mon-
tagnè qui sc trouvait à notre gauche',, e t de laquelle nous nous
étions un. peu éloignés. Nous repassâmes la petite civière .de la
veille sur un pont de pierres : nous y remarquâmes un tronçon de
colonne portant une inscription latiné que nous ne pûmes lir e ,
parce que la pluie étant très-forte dans ce moment j nou.u¡'étions
pressés./d’arriver. Nous nous« rapprochâmes de la montagne p .eï
nous, entrâmes bientôt dans Cara-Hissar : nous allâmes lo g e r dans
u n caravanserai beaucoup plus vaste et en meilleur état qu’ils ne
lé sont Ordinairement en Turquie.
chapi tre xx y.
Description de Cara-Hissar. Culture de l ’opium. Départ.
Séjour à Kutnyéh. Route p a r N icée, Hersek et le g o lfe
deNicomédie. Aventure tragique à Hersek. Continpci-
tion de la route p a r Guéhezéh e t Scutari , ju sq iéa
Constantinople.
D anviuie a placé Cara-Hissar, sur sa carte, beaucoup trop à
l ’occident j parce qu’il l’a prise pour l’Apamée Cibotos de‘ la Phry-
g ie , que l’on sait avoir été située sur le Marsyas, un peu au dessus
de l’endroit on il se jette dans le Méandre. Ce célèbre géographe
n’eût pas commis cette erreur s’il avait su qu’il n’y a à Câra-Hissar
qu’un ruisseau qui passe à quelque distance de la ville, et qui va se
jeter dans le lac voisin de Saaklé.
Nous ferons observer à ce sujet, que toutes les eaux de ces contrées
ne parviennent point à la mer, et ne prennent pas non plus
leur direction vers l ’occident. Depuis Caraman jusqu’à Casra-Hissacj
toutes celles que nous avons vu e s, étaient employées à l ’arrose-
ment des terres, ou allaient se perdre dans les lacs que nous avons
fait remarquer. Le sol sur tout cet espace se soutient à la même
hauteur, et est bordé de montagnes qui empêchent les eaux de
s’écouler. Ce n’est qu’au sud duTaurüs ou de la dernière montagne
que nous avons traversée en venant de Celindro à Caraman, et à
l’occident de celles que nous avons toujours eues à gauche, qu’il
baisse insensiblement jusqu’à la mer, et qu’il permet aux eaux de
s’y rendre.
Pockoke s’est également trompé pour la position de cette ville
ou pour celle d’Akshéer , puisqu’il dit que cette dernière est à
trente milles est-nord-est de l’autre. Nous avons estimé Cara-Hissar
à soixante milles ouest-nord-ouest d’A kshéer, à quinze milles ouest