bateaux entrent : on vo it, près de l’embouchure de la rivière, un
autre passage B plus étroit, presque toujours obstrué.
La forteresse de Butrinto est à une lieue" de la m e r , sur la rive
gauche de la rivière, et au confluent d’une autre beaucoup plus
petite, nommée P a u la , qui vient du sud-est.
Les bateaux, qui ne remontent aujourd’hui la rivière que jusqu’à
la forteresse, parce qu’on a établi en cet endroit deux palissades
pôur prendre ie poisson lorsqu’il veut retourner à la mer, pourraient
facilement se rendre dans le lac de Butrinto et dans celui de
Risa, qui ne sont séparés que par un canal naturel.
A n nord de la rivière , le terrain forme une presqu’île élevée ,
rocailleuse, inégale, peu fertile, sur-laquelle on remarque le village
de Coperta , situé vers la mer ; celui de Merovigli vers la
rivière, le hamèau de Saint-Érino près de l ’étang d’Armura , et la
place qu’occupait l’ancienne ville de Buthrotum à la naissance de
la rivière et du lac. Au sud et an sud-est on voit une plaine basse,
arrosée, très-fertile, et capable de fournir aux besoins d’une grande
ville. A l ’est ét an nord-est s’élèvent des collines et des montagnes
tontes couvertes de bois. ' ’
La forteresse que’ les Vénitiens avaient bâtie pour favoriser le
commerce qu’ils avaient d’abord entrepris avec l ’intérieur de
l’E p ire , et défendre ensuite les pêcheries qu’ils avaient établies,
tant sur là rivière qu’à' Girovolia et à Armera, consiste en une
enceinte carrée, flanquée ‘de quatre mauvaises tours d’où l ’on voit -
sortir quelques carrons, de petit calibre par trois embrâSures pra-
"tiquées du tiers'de ieur hauteur. Un fossé en défend l’approche du
'CÔté de la campagne, et la maison du gouverneur y est adossée du
"'côté de la rivière.
Cette position ,J pins favorable peut-être à la pêcherie qui se
trorrive au-devalit du fëih-pà. îhnconvéniént d’être -malrsaine-, et
même de n’être pas habitable à la fin de l'é té , tandis que celle de
rahciénrrè Buthrotum , qui était à quelques pas de là sur une hauteur
, offrait à la fois les avantagés d’nn lieu naturellement fort et
beaucoup plus Sàin,
Les .ruines de cette ville nous occupèrent toute la matinée ; voie!
ce qu’elles offrent de plus remarquable. A dix ou douze pas de la
rive droite de la rivière, et en face du fo r t , on apperçoit une tour
ruinée, et on suit quelque tems un vieux mur très-épais, qui défendait
la ville du côté de la terre. Parvenu au sommet du coteau,
où paraît avoir été la citadelle, le palais des rois ét un temple , on
y voit entre autres deux enceintes et divers murs dont on ne peut
tracer le plan. La ville occupait tout le coteau , et se prolongeait
sur la partie basse qui se trouve seulement le long de la rivière à
l ’est-sud-est. Qn,remarque à celle-ci, vers le bas du coteau, quelques
restes d’un édifice assez considérable. Parmi les murs de la
citadelle et eeux de la ville on voit deux sortes de maçonnerie qui
indiquent leur construction à une époque , et leur reconstruction,
à une autre bien moins reculée : en quelques endroits le bas des
murs est en grands quartiers de pierres taillées en polygones irréguliers.
Le soir, nous parcourûmes en bateau le lac de Butrinto et celui
de Risa, et à la nuit nous vînmes joindre la frégate, qui mit aussitôt
à la vo ile, et s’éloigna de la côte au moyen d’un petit vent d ’est
qui commençait à souffler. Le lendemain , an lever du soleil, nous
n’étions qu’à trois lieues de Corfou, tant le vent avait été faible.
-Les jours suivans, nous eûmes presque toujours vent de nord, de
nord-ouest, et plus souvent de nord-est accompagné de pluie on
d’un ciel nébuleux : le vent de nord-est souffla .même avec violence
durant deux jours. Enfin le tems devînt pins beau ; le vent passa
au sud, et nous entrâmes dans le port d’Ancône le 19 septembre.
Nous fîmes à bord une quarantaine de trois jours, et n’obtînmes
la-permission de nous rendre à la ville que lë^d,
Bruguière en sortit malade le 2.41 fit Ifc Comeyras eut le ad un
¡accès de fièyre un ,pen fort.
Un séj our de quelques mois à Constantinople ¡avait-¡été fors .utile
à mon collègue : il s’y était remis de ses fatiguas; il y avait recouvré
presque toute sa santé e t .presque!tout son ¡embonpoint, et il
n ’avait ressenti aucune -sorte d’mcommadité dans les .courses que
nous avions faites sûr la .plaine de Troiye, aux environs d'Athènes
•et dans l’île de Gorfou. Échappés jusepilalors. tous lies dangers