ne croyait pas d’ailleurs que la troupe d’Ali-Murad lût si forte et
si résolue, rie lui opposa, lorsqu’elle parut, qu’une faible résistance
: son palais fut forcé avant qu’il eût réuni ses forces ; lui-même
fut pris et mis a mort.
: Ali-Murad se servit du trésor du khan pour solder tous les militaires
qui se trouvaient dans la ville : il en tira un grand nombre
deNéhavend, d’Onlou-Guerd, de Kermanchah et de toute la contrée,
et lorsqu’il en eut réuni environ quinze mille, il revint à
Ispahan, qui se trouvait occupé par un des fils de Sadek.
ê Ali-Nagui-Khan, qui était, comme nous l ’avons dit, aux environs
de Y e sd , instruit de la révolte qui avait eu lieu à Ispahan;
s’y était rendu, avec ses troupes, vers la fin de février 1780, et en
avait pris possession. Il avait mis à contribution les habitans déjà
épuisés par le pillage précédent, et s’y était conduit, à tous égards,
de manière à se les aliéner pour toujours. Le retour d’Ali-Murad,
qu’il n’avait pas prévu , ne lui permit pas de rester plus long-tems
dans une ville qu’il ne pouvait défendre; il l’évacua donc aux, premières
nouvelles de la marche de son ennemi, et il prit le chemin
du Kerman , où il fallait contenir les ennemis de son père.
■ Maître une seconde fois de la capitale , Ali-Murad eut bientôt
rétabli son crédit et réparé ses pertes. La plupart des gouverneurs
s’empressèrent de lui faire passer des troupes : presque tontes celles
qui s’etaient révoltées, vinrent de nouveau lui offrir leurs services;
elles jurèrent de lui être plus fidelles que par le passé, et toutes
promirent de ne pas l ’abandonner avant qu’il ne se fût emparé de
Chiras et qu’il n’eût soumis tout le midi.
• Cependant on apprit que Sadek s’était déterminé à faire arracher
les yeux aux deux fils de Kérim, afin de leur ôter tout espoir de.
monter sur le trône de leur pè re, et afin surtout de paralyser la
bonne volonté de ceux qui s’armaient en leur faveur,
g Cétte conduite de Sadek produisit un effet contraire à celui qu’il
avait espere. Ali-Murad, qui jusqu’alors n’avait tiré l’épée que pour,
rétablir le souverain légitime, ne songea plus qu’à travailler pour
son propre compte. Reconnu avec enthousiasme, par son.armée,
pour le chef suprême de l ’Empire et le successeur de Kérim, il ne
tarda pas à l ’être, par toutes les villes et. par toutes les. provinces
qui avaient pris le parti d’Aboul-Fetah. Yesdekast, Cachan, Ghul-
païgan, Kom y Téhéran, Sava, Casbin.y Amadan, Néha vend, Oul,ou-
Guerd, Kermanchah ,.lùi firent passer leur soumission. Le Guilan,
le Curdistan et le Loristan déclarèrent ne vouloir pas d’autre maître-
Quant au Mazanderan et Aster-Abad, ils étaient sous la dépendance,
d’Aga-Méhémet-Khan, Kagiar, fils de Mohammed-Hassan-Khan.
•L’Aderbidjan ne reconnaissait point de maître, et voulait attendre*
pour se déclarer, que le.sort eût prononcé. LeChyrvan, leMogan
et le Daghestan étaient toujours gouvernés par le khan de Kouba,
Sadek-Khan possédait Chiras et: tout le Farsistan, le Laarestan,
le Kerman, le Kermesir et le Shusistan, encore son pouvoir était-il
faiblement établi dans quelques-unes, de ces provinces.
Mohammed-Hassan-Khan, Sistani, nommé khanduKermanpar
Aboul-Fétah, et maintenu par Sadek, mécontent de la conduite
d’Ali-Nagui-Khan, s’était d'abord retiré dans son ancien fort de
Cala-Aga, et avait fini par prendre parti pour Ali-Murad. Il avait
combattu , ën dernier lieu, les habitans du Kerman, qui tènaierit
pour Sadek, et avait vaincu, en bataille rangée , Ismaël-Khan ,
Barstan-Khan et N ovoroug-Ali-Beg, trois des généraux de Sadek.
; Le Beyban ou Shusistan était fort, mécontent- de Mataki-Khan,
parce qu’il avait mis de trop fortes impositions,.et enlevé tous les
vivres qui s’y trouvaient, sous le prétexte de substanter son
aririée.
Le Kermesir avait été pressuré de toutes les manières * et. avait
reçu depuis peu l’ordre de faire passer à Chiras tous les hommes en
état de porter les armes; ce qui avait déplu aux Arabes.
Le Farsistan se serait, dans ces derniers tems, volontiers déclaré
pour Ali-Murad s’il n’avait craint d’être pillé et dévasté par les
troupes de Sadek.
. C’est dans cet état de choses q u e ,-vers la fin du printems de
1780, Ali-Murad prit le parti d’aller assiéger Chiras aven toutes les
forces dont il crut pouvoir disposer. Son armée fut divisée en cinq
corps. Murad-Klian, Sandassara, eut,ordre de,s’avancer avec six
mille hommes, et d’aller mettre à contribution les villages qui se