le repoussèrent; ils furent même plusieurs fois sur le point de se
mesurer corps à corps avec lui. Dans le même teins:, Ali-Khan et
Mohainmed-Hussein-Khan tombaient sur l’aile droite et sur l’aile
gauche, et renversaient tout ce qui se trouvait devant eux. Les
Persans, pressés de toutes parts, plièrent à leur tour et abandonnèrent
le champ de bataille. Leur perte en hommes fut considérable
; leur artillerie et tout le bagage tomba au pouvoir des Curdes.
Djaffar prit la fuite des premiers, et arriva le 8 à ispahan avec un
petit nombre de seigneurs qui ne l ’avaient point quitté. Le reste de
l ’armée rentra les jours suivans, et se trouva réduit à dix ou douze
mille hommes.
Les deux frères de Méhémet, Morteza-Kouli-Khan et Mousta-
pha-Kouli-Khan, n’ayant pu conserver l ’armée dont Ali-Murad
leur avait donné le commandement, s’étaient séparés. Le premier
avait passé dans le Guilan, et avait engagé Hidéat, qui gouvernait
encore cette province pour Méhémet, a méconnaître une seconde
fois son autorité, et à profiter des troubles qui agitaient l’Empire,
pour se rendre indépendant. En effet, Hidéat, après la dernière
défaite de Méhémet, avait refusé dé lui envoyer des troupes ët de
l ’a rgent, et s’était préparé à faire résistance en cas d’attaque.
Moustapha était resté dans le Mazanderan ; il s’était enfermé ,
avec trois cents hommes , dans une forteresse à l’orient de cette
province, parce qu’il craignait que son frère ne marchât contre
lui ; mais dès que celui-ci eut pris la route d’Ispahan, Moustapha
s’était mis en campagne , avait levé quelques troupes, et avait
menacé d’envahir tout le Mazanderan.
Méhémet, après sa défaite , s’était retiré, comme nous l ’avons
d it, à Téhéran , avec les débris de son armée. Il l ’avait un peu
renforcée, et avait marché contre Hidéat, l’avait battu et mis eu
fuite. Morteza, craignant avec raison le courroux de son frère ,
s’était sauvé chez Fétah-Ali, gouverneur de K ou b a , et avait passé
peu de tems après à Astracan.
Dans le même tems que Méhémet s’était porté dans le Guilan, il
avait envoyé son frère Djafïar-Kouli avec des trpupes, pour arrêter
les progrès de Moustapha, pour l ’amener à un accommodement y
eu pour le combattre s’il s’obstinait à vouloir séparer ses intérêts
de ceux de ses frères. Les deux armées s’étaient trouvées eii présence
aux environs de Semnan. Djafïar-Kouli, avant d’en venir aux
mains, s’était avancé seul à cheval vers Moustapha, lui avait tendu
les mains , et l’avait Conjuré de remettre l ’épée dans le fourreau.
« Si les liens du sang, lui avait-il d it , né sont pas assez forts pour
» nous unir, que l’intérêt du moins nous rapproche; Vous le savez:
» l’Empire est réservé à celui qui pourra réunir le plus de forces;
» il est à nous si nous agissons de concert ; il nous échappe si nous
» sommes divisés. Allons joindre Méhémet à Téhéran ; que nos
» trois armées n’en fassent qu’une; marchons à la capitale ; nous
» y ayons des amis ; Djafï’ar-Khan ne peut nous empêcher de la
» prendre ; vous en serez gouverneur ; mon frère m’en a donné sa
» parole ; je vous garantis qu’il n’y manquera pas. Il me réserve à
» moi le gouvernement de Casbin; je m’en contente et lui aban-
» donne tout l ’Empire; il établira sa demeure à Téhéran lorsqu’il
» aura soumis toutes les provinces qui ne reconnaissent dans ce
» moment aucune autorité légitime. »
« Je veux bien me réunir à vous, à Méhémet, répondit Mous-.
» tapha, si vous me promettez l ’un et l ’autre le gouvernement d’Is-
» pahan. Comme vous, à ce p r ix , j’abandonne l’Empire à Méhémet.
» Je jure de l’aider de tous mes moyens s’il exécute sa promesse ,;
h et de le combattre jusqu’à la mort s’il y manque. »
j A/ces motp Djaffar et Moustapha s’embrassèrent, et firent annoncer
aux deiyx armées, qu’il n’y avait plus de motifs de guerre, que
la paix était-faite, et que dorénavant elles allaient marcher sous
les mêmes drapeaux.
• Elles célébrèrent, pendant trois jours, par des fêtes cet heureux
événement ; après quoi elles se mirent en marche, et arrivèrent à
Téhéran vers le milieu de mars i 786.
- Méhémet reçut ses frères avec tous les témoignages de là plus
sincère affection ; il leur renouvela la promesse dè:donner à l’un le
gouvernement d’Ispahan, et à l’autre celui de Casbin. Ala -Kouli,
qui avait toujours .été attaché à Méhémet, et qui se trouvait alors
présent, eut aussi l ’assuyanoé d'un gouvernement. Tout étant ainsi
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