il
ét le prince afghan qui régnait à Hérat ; mais Charokh ignorait
qu’il n’y a rien de sacré pour celui que l ’ambition tourmente.
; Lorsqu’ils furent rendus à Mesched, Méhémet fut s’établir dans
le palais royal : il retint Charokh auprès de lui, et lé constitua en
quelque sorte son prisonnier ; il exigea qu’il lui remît à l’instant le
sceau de l’É ta t, le trésor royal et toutes les richesses qu’il possédait.
Il ordonna en même tems à tous les khans et seigneurs du Kho-
rassan de venir auprès de lu i , et à tous les ministres du culte de
faire en son'nom la prière publique du vendredi.
- Tous obéirent : les premiers , ne pouvant opposer une armée
capable de résister à celle du roi de Perse , se rendirent à Mesched
avec les présens dont ils étaient redevables.
. Charokh se dépouilla de toutes les marques de souveraineté : il
mit sur-le-champ Méhémet en possession de tout ce qui appartenait
à la couronne , mais il nia toujours qu’il eût en main d’autres
richesses que celles qu’on avait trouvées dans son palais. 'Cette
obstination fit entrer en fureur l ’avide Méhémet. Se doutant bien
que le petit-fils de Nadir avait encore quelques restes des trésors
enlevés aux Indiens, il le fit saisir ,-lui fit donner des coups de bâton
sous la plante des pieds afin d’en obtenir l ’aveu il poussa même
la barbarie jusqu’à lui faire appliquer des fers ardens sur différentes
parties du corps.
Charokh, qui ne pouvait se résoudre à priver ses fils de la dernière
ressource qu’ils avaient pour se faire un parti et rentrer dans
leurs droits, souffrit d’abord avec beaucoup de courage et sans se
plaindre, les tourmens qu’on lui fit endurer ; mais à la fin, accablé
sous le .poids de la douleur, et dans le délire d’une fièvre ardente,-
il déoouvrit son trésor à son bourreau, et le lui abandonna s il
consistait en o r , en argent, en joyaux, en objets d’arts, et surtout
en diamans. ' ' - r
Méhémet s’en saisit avéc avidité, et se hâta de le faire emballer ;
il prit possession , dans l ’intervalle, de toute la province; il reçut
la soumission de tous les khans, de tous les seigneurs, de tous les
çhçfg de tribusj il se fit donner un grand nombre d’otages , et il
partit
partit de Mesched vers'la fin d’août, laissant dans cette ville douze
mille hommes pour contenir les habitans, et s’opposer à tout ce
que pourraient entreprendre les fils de Charokh.
' Ce malheureux prince était encore, malade : n’importe, il fut
arraché de son lit , et emmené dans une litière : tout le reste de sa
famille le suivait sous bonne escorte. Les chaleurs étaient très-
fortes , et la saison dangereuse : l’armée souffrit beaucoup en traversant
le Mazanderan ; un grand nombre de soldats: furent attaqués
de fièvres putrides et de dyssenterie. Charokh, âgé alors de
soixante-trois ans et quelques mois (1 ), ressentit, aux environs
d’A stér-Abad, des douleurs d’entrailles violentes; il resta quelques
heures dans cet état, après quoi il expira sans qu’on ait su si cette
mort avait été provoquée par son ennemi, ou si elle était une suite
naturelle des mauvais traiternens qu’il avait endurés.
: -Méhémet fit son entrée à Téhéran le 20 septembre ; il congédia,
comme l’année d’auparavant, presque toute son armée, et il ne la
réunit de nouveau sous les drapeaux qu’au printems suivant. Çe fut
donc à la fin de mars 1797, qu’il quitta Téhéran pour marcher une
seconde fois sur T illis , et reprendre les villes de Bakou et de Der-
bent, que les Russes paraissaient vouloir garder. Ilsavaient évacué
Candjea || Chamaki et toutes les villes et forteresses de l ’intérieur,
mais ils n’avaient pas retiré les troupes qu’ils avaient envoyées à
Tiflis.
L ’armée avait passé l’A ra xe , et était campée près de Chutche;
elle était dans le meilleur état possible, et ne demandait qu’à combattre.
Déjà Méhémet avait fait ses dispositions pour, envoyer trente
mille hommes contre T iflis, en remontant le Kur ; il devait passer
le fleuve avec plus de soixante mille hommes, aux environs de
Berda, et entrer dans le Chyrvan pour Se mesurer avec les Russes,
lorsqu’un de ces événemens que la prudence humaine ne peut p révo
ir, vint détruire ces projets .et dissoudre cette armée. |
Le 14 de mai à la pointe du jour, Méhémet sortit de la-tente où
il avait couché, e t passa dans une autre qui était à côté. Il avait
(t.) I l était né le n mars 1733.
Tome III.