pour leur nefeour. S ’il arrive qu’ils ne puissent pas les vendre'tous,
ils tâchent alors de-prendre des marchandises, et de former une
petite ^caravane pour Bassora ou même pour Bagdad.
Outre .ces grandes caravanes,, toutes de chameaux (dromadaires
o u -chameaux à une hosse ),, il se fo rm e d e u x ou trois fois par
mois, s de petites caravanes poux Mossul, .composées de trente on
quarante ânes ; elles y por tent des marchandises-qui se répandent
de là dans le Haut-Ourdistan., dans l’Arménie et dans tonte l’A sie
mineure.
I l part encore chaque année'deux .caravanes de cent cinquante
ou de denx Qents mulets pour Gonstantinople; elles sont plus de
quatre mois.en route.
Indépendamment de ces moyens de transport, les étoffes les plus
fines de l ’Inde , les plus helles mousselines, les schals de Hache-
mire , -les peri.es , les¡pierres ¡précieuses , sont presque toujours envoyés
à Gonstantinople par les Tartares, attendu que les ¡frais de
¡transport ne sont guère que.de .cinq ou six piastres l ’ocque.
On n’expédie jamais moins de cinq on six Tarîares. chaque année,,
mais il-en part souvent un bien plus grand nombre. ¡Les voyageurs
un peu protégés obtiennent assez facilement du pacha un ordre
pour qu’il leur soit délivré sur la route un ou plusieurs chevaux.
L e voyage est dès-lors-gratuit, même en ce qui regarde la nourriture.;
mais on donne au Tartare cinq ou jsix .cents ¡piastres., et
quelquefois davantage, pour les soins qufil prend,.et pour les gratifications
qu’il est censé donner sur la route par rapport au v o y a geur
qui s’est joint à lui.
Après nous être reposés quelques jours, nous résolûmes de profiter
de la première caravane, qui se formerait ,pour Alep ou pour
-Damas.,'OÙ nous voulions nous rendre. Nous préférâmes cette
route ,i parce qu’elle.nous parut la.plus courte , la moins fatigante
et la moins dangereuse. Rendus sur la côte de Syrie, nous nous
flattions de pouvoir nous embarquer pour l’Italie, sur quelque
navire ragusais, allemand, prussien ou danois.
Nous n’attendîmes .pas.long-teros : vers le milieu de janvier, il
s.’enforma une, pour .Damas.. Dès que nous l’apprîmes , nous nous
empressâmes de traiter avec un des chefs, pour qu'il nous fournît
les chameaux dont nous avions besoin. II s’obligeait de nous faire
passer par Palmyre, et d’y séjourner, afin de nous donner le tenrs
de bien voir les ruines' de cette ville. Tout était réglé et définitivement
arrêté dans les premiers jours dé février, de s’orte que nous
n’attendions plus que l ’ordre de partir.
Malheureusement nous avions été engagés à traifér lejanfssaire-
aga d’une maladie vénérienne qu’il avait depuis pftrs de vingt ans ,
et contre laquelle un grand nombre de médtecins arabes- et persans
avaient échoué. La guérison était très^avaneée lorsqu'il fut question
de notre départ. Les soins du' malade devaient être- confiés" au médecin
français qui se trouvait à Bagdad; ainsi nous ne doutions
pas que le mal, quelqu’invétéré qu’il fû t , ne cédât au traitement
que nous avions établi, et qui serait continué tout le tems nécessaire
après notre départ ; mais le malade ne jugea pas d'e même.
Gommé il avait été manqué plusieurs fois, il craignit de Fêtre encore
s’il nous perdait. Cette- crainte lui fit prendre le parti de nous
entourer de manière que l’on nous faisait toujours espérer de partir
avec la caravane de Damas lorsqu’elle était déjà bien avant dans lë
désert. Nous n’apprîmes cette supercherie que lorsque le janissaire,
aga se vit complètement guéri.
Pendant que nous le traitions, on annonça la prochaine arrivée
die M orteza-Kouli-Khân, que nous avons dit s’être sauvé en Russie,
pour éviter de tomber entre les mains de son frère Méhémet. Il
avait écrit de Kerkouk an pacha de Bagdad , pour le Supplier jfe
hii donner un asyle en attendant qn’il fît sa paix avec son frère,
et qu’il rentrât dans tous ses droits. Il disait; dans sa lettre, qu’il
avait préféré s’exposer à mille dangers en traversant des déserts 3
le pays des Lezguis et l’Arménie , plutôt que de rester plus long-
tems parmi des' infidèles.
Dénué de tou t, et n’ayant avec lui que deux esclaves, il disait avoir
été dépouillé par des Curdes : tous se» gens avaient été tués où dispersés.
Heureusement il avait rencontré un ancien serviteur de son
père , qui lui avait procuré quelques habits, trois chevaux et deux
esclaves, et fourni les moyens de se rendre Sur la frontière de Turquie.
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