coupés et prêts à se détacher. Nous y vîmes quelques oiseaux de
proie , l ’aigle féroce ou aigle d’Astracan, et diverses sortes de faucons
que nous ne pûmes reconnaître.
Nous nous trouvâmes, vers les quatre heures du soir, dans un
vallon très-agréable, bien arrosé, et presque tout planté d’arbres,
fruitiers. Nous vîmes, eri passant, quelques "villages peu étendus ,.
et nous arrivâmes à T e g r ich , vers les dix heures du soir , très-
fatigués , mais fort contens de notre course. •
Le retour du roi à Téhéran nous ayant été annoncé, par le gouverneur,
pour le 12 ou au plus tard pour le i 5 de septembre, nous
nous occupâmes, le 7 et lé 8, à faire nos pafjuets, et à mettre en
ordre notre collection. Le 9 , nous pûmes quitter Tegrich et nous
rendre à la ville.
Nous rencontrâmes sur la route plusieurs cavaliers qui revenaient
de l ’armée, et qui allaient passer l’iiiver dans leurs villages.
En traversant la ville pour nous rendre à notre logement, qui se.
trouvait à l’autre extrémité, nous vîmes , dans les rues et dans les
besesteins, beaucoup de gens de guerre. Arrivés au caravanserai,
nous le trouvâmes plein ; les chambres, la cour, l’estrade, la terrasse
qui se trouve au dessus des chambres, tout était couvert de
militaires. Nous retrouvâmes nos chambres dans le même état où
nous les avions laissées, et personne n’entreprit de nous déloger.
Pendant huit jours l ’affluence des gens de guerre fut si grande ,,
qu’on les voyait s’établir partout, excepté chez les habitans. Ceux
qui ne pouvaient trouver une place dans les caravanserais, allaient
camper dans les champs qui se trouvent dans l’intérieur de la ville ::
il y en avait qui restaient dans les rues. Du reste, l ’ordre ne fut
point troublé; personne ne fut insulté. Tous ces militaires défilaient
au bout d’un jour ou deux, et faisaient place à d’autres.
Notre premier soin, en arrivant à Téhéran, fut d’envoyer un
second exprès à Casbîn, mais ce fut inutilement : les négocians à
qui nous l’adressâmes, n’avaient rien reçu pour nous, quoiqu’il
fût arrivé plusieurs caravanes de Bagdad ; de sorte qu’il fallut
renoncer à la boîte des présens que nous savions être entre les
mains de M. Rousseau depuis plus de trois mois..
Le 14 septembre, on vit entrer les bagages et la tente de parade
de Hadgi-Ibrahim , premier ministre du roi. La cour du palais fut
balayée et arrosée : tout annonçait que Méhémet ferait son entrée
le lendemain.
Le i 5 ,'le roi ne parut pas. Le soir, nous fûmes témoins d’une
fête qu’un habitant d’Ispahan donna, dans la cour du caravanserai,
à ses compatriotes qui comme lui revenaient de l’armée. Elle commença
au soleil couchant par de la musique qui nous parut beaucoup
plus agréable, beaucoup mieux exécutée qu’en Turquie. Il y
avait dix musiciens qui débutèrent par des chants guerriers en
s’accompagnant de leurs instrumens. Il y eut ensuite la représentation
de quelques scènes très-bouffonnes qui divertirent beaucoup
les spectateurs, et les firent souvent rire aux éclats. Us né rirent pas
moins à une pantomime très-obscène qui fut exécutée par trois
acteurs seulement. On séyvit, après cela, le souper à une vingtaine
de convives. Lés plats furent abondans, mais peu variés ; du riz au
beurre, quelques volailles et quelques gigots de mouton' au r i z ,
quelques pièces de mouton rôties, des friandises, des confitures ,
beaucoup de fruits, point de vin : voilà en quoi consistait ce souper.
La musique continua à se faire entendre pendant tout le repas :
les airs qu’on joua et qu’on chanta, furent plus doux, plus faciles
à suivre et à comprendre, que ceux par lesquels on avait débuté.
Après le souper on exécuta des danses qui nous surprirent par
l ’agilité', la souplesse et la grâce des danseurs. .
I I est sans doute inutile de dire qu’aueun des convives ne prit
p a r t , ni à la musique, ni au jeu des acteurs , ni à la danse :
c ’étaient des musiciens et des danseurs qui avaient suivi l ’armée,
ét qui allaient à Ispahan ou à ChiraS exercer leur état durant
l ’hiver.
La fête se prolongea bien avant dans la n u it , à la satisfaction
de tous ceux qui logeaien t dans le caravanserai.
Le 18, la fchaleur diminua d’une manière trèsi-Sêiïsible • le thermomètre
de Réaumttr baissa! de deux dégrès.-Il était, les jours précédons
, à 25; il fut ce jour-là à 28, et ensuite il se fix a , pendant
quelques jours, à 22. Les nuits étaient devenues très-fraîches , et
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