r LACHRYMAL ( le) , adj. (Anal.) fe dit de plufieurs
parties relatives aux larmes. Voyçi L armes.
La glande laehrymale, la glande innommée des anciens
& de Warthon eft une petite glande , oblon-
g u e , fituée au-deffus de l’oeil près du petit angle.
Elle eft conglomérée, divifée en plufieurs lobules,
entre lefquels il y a de la graiffe. Nicolas , fils de
Stenon , eft le premier qui ait découvert ces conduits
en préfence de Borrichius, le 11 de Novembre
1661. Ils naiffent des intervalles, des lobules , &
s’ouvrent par des orifices propres dans la partie concave
de la paupière fupérieure, beaucoup plus pof-
térieurement que les cils» Il y en a dans le boeuf dépuis
fix jul'qu’à douze ; ils font affez grands pour
qu’on y puiffe introduire un brin de vergette ; mais
dans l’homme ils font fi obfcurs, que Morgagni &
Haller ne les ont jamais vus , &c. Comment. Boerh.
Foyt{ Oeil. Il y a aufli près du grand angle de
l ’oe il, une petite éminence , appellée caroncule la-
chrymale. Voye^ CARONCULE.
II y a du même côté un petit os, qui eft du nombre
de ceux de la mâchoire fupérieure , & qui eft
quelquefois nommé os lachrymal ; mais plus ordinairement
os unguis. Voye{ Unguis.
Les points lachrymaux font deux petites ouvertures
au grand angle de l’oeil ; ce font des tuyaux
membraneux affez ouverts, formés dans la fubftance
du mufcle orbiculaire & dans l’extrémité des paupières
; le fupérieur defcend un peu en fe courbant ;
félon Monro , l’inférieur eft plus tranfverfe. Ils marchent
fous la peau & le mufcle orbiculaire au fac
n afâl, auquel ils s’inferent fous l’extrémité fupérieure
, non par un conduit commun, comme le veulent
Bianchi , A ne l, "Winfiow & Petit , mais par
deux différens conduits, dans lefquels paffe une humeur
aqueufe, fàline & tranfpârente , qui eft lepa-
rée du fan g par la glande laehrymale. Enfuite cette
humeur eft portée par les conduits lachrymaux dans
une petite poche, appellée fac lachrymal, fitué à la
partie fupérieure du canal nafâl. Il eft placé en arriéré
, & en partie en-dedans du tendon de l ’orbicu-
laire ; fa figure eft prefque ovale , fon diamètre eft
affez grand, & va un peu en défeendant. Bianchi eft
le feul qui ait vû des glandes dans ce-fac. Il a été
fort connu de Morgagni ; c’eft pourquoi il eft fur-
prenant qu’il l’ait oublié. Haller , Comment. Boerh.
Ce fac eft fuivi d’un conduit qu’on appelle aufli conduit
lachrymal, & qui defcend par le canal nafal dans
le nez , oit il va fe décharger immédiatement au-
deffous de l’os fpongieux inférieur , ou cornet inférieur
du nez. Foyei Nez. On voit par-là pourquoi
le nez dégoutte quand on pleure.
L’humeur qui fépare la glande laehrymale fert à
hume&er & à lubrifier le globe de l’oe il, afin d’empêcher
qu’ il ne frotte rudement. Lorfque cette humeur
eft féparée en grande quantité, en forte qu’èlle
s’épanche au-delà des paupières , on la nomme larmes.
LACHRYMATOIRE, fubft. m. (Antiq. rom.) lés
lachrymatoires étoient des phioles de terre ou de
verre , dans lefquelles on a cru qu’on recevoit les
larmes répandues pour quelqu’un à fa mort; mais la
feule figure de ces phioles qu’on enfermoit dans lés
tombeaux, annonce qu’on ne pouvoit point s’en fer-
vir pour recueillir les larmes, & qu’elles étoient faites
pour y mettre les baumes ou onguens liquides,
dont on arrofoit les offemens brûlés. Il eft même
vraiffemblable que tout ce qu’oh appelle improprement
lachrymatoire dans les cabinets des curieux ,
doit être rapporté à cette efpece de phioles, uniquement
deftinées à ces fortes de baumès. (D. J.)
LÂCHTER , f. vn.(Minéral.) mefure fuivant laquelle
on compte en Allemagne la profondeur des
puits dés mines, ou les dimenfions des galeries ; elle
répond à une braffe. Cette mefure fe divifè en 80
pouces, & fait trois aulnes & demie de Mifnie ,
c ’eft-à-dite environ fept piés ; cependant elle n’ eft
point par-tout la même, (-f)
LACIADES , Laciadce , (Géogr. anc.) lieu municipal
de Grèce dans l’Attique , de la tribu (Enéide.
Il y avoit dans cet endroit un temple du héros La-
cius, qui avoit donné le nom'au peuple qui Fhabi-
toit. Ce lieu étoit la patrie des deux plus grands
capitaines de la Grece, Miltiades & fon fils Cimon ;
Cornélius Nepos & Plutarque ont écrit leurs vies ;
elles font faites pour élever l’ame & pour l’anno-
blir. (D . J.)
LACIN1É , adj. (Gramm. Bot.) il fe dit des feuilles.
Une feuille laciniée eft celle qui eft comme déchirée
, déchiquetée , découpée en plufieurs autres
feuilles étroites & longues. La feuille du fenouil eft
laciniée. Voyeç l'article FENOUIL.
LACINIENNE, adj. fem. Lacinia, (Littêr.) fur-
npm qife l’oii donnoit à Junon , tiré du promontoire
Lacinium , où elle avoit un temple rejpeClable par
fa fainteté, dit-Tite-Live, & célébré par les riches
préfens dont il étoit orné. Cicéron ne parle guere
iérieufement dans le récit qu’il fa it , qu’Annibal eût
grande envie de voler de ce temple une colonne qui
étoit toute d’or maflif ; mais qu’il en fut détourné
par un fonge, où Junon l’avertit de n’en rien faire,
s’il vouloit conferver le bon oeil qui lui reftoit encore.
V o y e^ bA C lN lVM . ( D . J .)
LACINIUM P r o m o n t o r iu m , (Géogr. anc.')
cap lacinien ; promontoire d’Italie dans la grande
Grece, au pays des Brutiens, au midi & à environ
dix-neuf milles de la ville de Crotone ; c’eft où commence
le golfe de Tarente > terminé de l’âutre côté
par le cap Sàlentin. Selon Ponponius Mêla , il y
avoit un magnifique temple de Junon Lacinienne ;
chargé de riches offrandes. Tite -L iv e , liv. X L I I .
chap. xxviij. rapporte que Fulvius Flaccus fut puni
par une mort funefte & honteufe , pour avoir ofé
le piller. On appelle aujourd’hui ce promontoire ,
capo délié colonne, le cap des colonnts , à caufe de
quelques colonnes fort belles qui y font reftées, foit
du temple de Junon Lacinienne.> foit d ’ün autre temple
dé cé lieu qui étoit dédié à la fortune équeftre. mKÈ I I \ , LA C IS, fubft. mafe. (Art. Méckan.) oüVrage à
refeau lait de fil de lin, ou de foie , ou cîe coton ,
ou d’autres matières qu’on petit entrelacer.
Lacis ;, ( Anatom.) Voyeç Plexus.
LACKMUS,f. m. lacca ihifica, (Arts.)tiotn qtié les
Allémânds donnent à une couleur bleue, femblable
à celle qu’on tire du toürnefol. Elle vient d’Hollande
& de Flandres. C’eft un mélange compofé de chaux
vive , de vèrd-dé-gtis , d’un f>eu de fel ammoniac ,
& du fuc du fruit de myrtille épaiflï par la coftion.
Quand cè mélange a été léché, on le met en paftilles
ou én tablettes qiiarrées. Les Peintres en font ufa-
g e , & l’on en mêle dans la chaux dont on fé fèrt
pour blanchir les plafohds & l’intérièUr des maifohs;
cela donné un coup d’oeil bleuâtre âu blahc, ce qui
le rend plus beau. (7-)
LAC LU NÆ , (Hfi. Hat.) Voye{ Lait de Lune.
LACOBRIGA , ( Géogr. ùfïc. ) nom de déuX anciennes
villes d’Efpagne dans la Lufita'nie, dôht l’ütië
étoit dans lé promontoire facré. Lagobrica eft encore
le nom d’iiné ville de l’Efpagne TarragôhOife, au
pâys deà Vaccééns. Feftus dit qufe cè nom éfl Com-
pqfé de lacii & de btiga. Ëriga figttifië un pont, & cè
mot n’entre dans lès mots géographiques, que pour
éxpriihér des ÜeuX où il y avoit Un p'oht ; lés Anglbis
ont pris de là leur mot bridgé j un pont, mot qui entre
dans la comp'ofitio'n dé plufiëUrs nortls prOtitéi
géographiques de leurs pays ; foit au cb'mmértceihértt,
foit à la fin de ces mots, cbhanie Câmbridgë f Tumbridge,
Bridgenorth , Bridgewater ; & comme ces
lieux font tous au paffage de quelque rivière , il a
fallu y pofer des ponts. (D . /.)
LACONICON, f. m. (Littérat.') le laconique étoit
l’étuve feche dans les paleftres greques, & l’étuve
voûtée pour faire fuer, où le bain de vapeur portoit
chez les Latins le nom de tepidarium. Ces deux étuves
étoient jointes enfemble , leur plancher étoit
creux & fufpendu pour recevoir la chaleur de l’hy-
pocaufte, c’eft-à-dire d’un grand fourneau maçonné
au deffous. On avoit foin de remplir ce fourneau de
bois, ou d’autres matières combuftibles, dont l’ardeur
fe communiquoit aux deux étuves, à la faveur
du vuide qu’on laiffoit fous leurs planchers.
L’idée d’entretenir la fanté par la fueur de ces
fortes d’étuves, étoit de l’invention de Lacédémone
, comme le mot laconicon le témoigne ; & Martial
le confirme dans les vers fuivans.
Ritus f i placeant tibi laconum,
Contentus potes arido vapore ,
Crudâ viîgine , Maniaque mergi..
Les Romains empruntèrent cet ufage des Lacédémoniens
; Dion Caflîus rapporte , qu’Agrippa fit bâtir
un magnifique laconicon à Rome l’an 729 de fa
fondation , ce qui revient à l’année 25 avant Jefus-
Chrift. L’effet de ces fortes d’étuves, dit Columellë,
eft de réveiller la foif & de deffécher le corps. On
bâtiffoit les laconiques avec des pierres brûlées, ou
defféchées par le feu. (D . J.)
LA CON IE, ( la) Géog. anc. ou le pays de Lacédémone,
en Latin Laconia; célébré contrée de la
Gre ce, au Péloponnefe, dont Lacédémone étoit la
capitale. La Laconie étoit entre le royaume d’Argos
au nord, l’Archipel à l’orient, le golfe Laconique
au midi, la Meffénie au couchant, & l’Arcadie au
nord-oueft. L’Eurotas la partageoit en deux parties
fort inégales. Toute la côte de la Laconie s’étendoit
depuis le capTénarien, Toenarium, jufques au lieu
Prafium ou Prafia.
La Laconie s’appelle aujourd’hui Zaconie ou Braç-
[o di Maina en Morée, & fes habitans font nommés
Magnottes. Mais la Zaconie des modernes ne répond
que très-imparfaitement à la Laconie des anciens.
(D . J .)
L a c o n i e , (Golfe de) en latin Laconicus finus,
(Géog. anc. ) golfe de la mer de G re ce, au midi du
Péloponnefe, à l’orient du golfeMefféniaque, dont
il eft feparé par le cap, autrefois nommé Toenarien.
C ’eft proprement une anfe, qu’on appelle préfente-
ment golfe de Colochine, & qui eft féparé du golfe
de Coron par le cap Matapan. C ’étoit dans cette
anfe que fe pêchoit la pourpre la plus eftimée en
Europe ; ce qui a fait dire à Horace (ode 18. lib. I I .)
« Je n’ai point pour clientes des dames occupées à
» me filer des laines teintes dans la pourpre de La-
» conie ».
. . . . 7 . ; . Non Laconicas mihi
Trahunt honefitz purpuras clientoe.
Cette expreflion hardie d’Horace, trahunt purpuras
pour lanas pur purâ infectas , prouve & juftifie les
libertés que la poéfie lyrique a droit de prendre.
( d . / . )
Laconie ( marbre de Laconie) Laconium marmor,
(Hiß. nat.) les anciens donnoient ce nom à un marbre
vert d’une grande beauté, mais dont la couleur
n’étoit point entièrement uniforme ; il étoit rempli
de taches & de veines d’un verd ou plus clair ou plus
obfcur que le fond de la couleur. Sa reffemblance
avec la peau de quelques ferpens l’a fait appeller
ophites par quelques auteurs : il ne faut point confondre
ce marbre avec la ferpentine, que l’on a
aufli appellée ophites. Voye^ Serpentine.
Le nom de ce marbre fembleroit devoir faire con-
Tom /AT.
jeÔurer qu’on én tiroit de la partie de la Grece qui
eft aux environs de Lacédémone, cependant on dit
que les.Romains le faifoient venir d’Egypte. Aujourd’hui
on en trouve en Europe près de Vérone en Italie
, en Suede & en Angleterre près de Briftol. U
paroît que ce marbre eft le même que celui que lés
Marbriers nomment verd d'Égypte ou verd antique»
} LACONIMURGUM ,(Géog. anc.)ancienne ville
d’Efpagne chez les Vettons, peuples fitués à l’orient
de la Lirfitanie. Le P. Hardouin croit que c’eft pré-
fentement Confiandna dans l’Andaloufie, au-deffus
de Penaflof.- (D . J .)
LACONISME, f . m, ( Littérat. ) c’éft-à-dire en
françois , langage bref, animé & fententieux ; mais
ce mot défigne proprement l’expreflion énergique
des anciens Lacédémoniens, qui avoient une maniéré
de s’énoncer fuccinûe , ferrée, animée ôè
touchante.
Le ftyle des modernes, qui habitent la Z acdnie*
ne s’en éloigne guere encore aujourd’hui ; mais ce
ftyle vigoureux & hardi ne fied plus à de miférables
efclaves, & répond mal au cara&ere de l’ancien la-
conifme.
En effet, les Spartiates confervoient un air dé
grandeur ôt d’autorité dans leurs maniérés de dire
beaucoup en peu de paroles. Le partage de celui qui
commande eft de trancher en deux mots. Les Turcs
ont affez humilié les Grecs de Mifitra, pour avoir
droit de leur tenir le propos qu’Rpaminondas tint
autrefois aux gens du pays : « En vous ôtant l’em-
» pire, nous vous avons ôté le ftyle d’autorité. »
Ce talent de s’énoncer en peu de mots, étoit particulier
aux anciens Lacédémoniens, & rien n’eft fi
rare que les deux lettres qu’ils écrivirent à Philippe ,
pere d’Aléxandre. Après que ce prince les eut vaincus
, & réduits leur état à une grande extrémité, il
leur envoya demander en termes impérieux, s’ils
ne vouloient pas le recevoir dans leur v ille , ils lui
écrivirent tout uniment, non j en leur langue, la
réponfe étoit encore plus courte, oZk.
Comme ce roi de Macédoine infultoit à leurs malheurs,
dans le tems que DenyS venoit d’être dépouillé
du pouvoir fouverain, Sc réduit à être maître
d’école dans Corinthe, ils attaquèrent indirectement
la conduite de Philippe par une lettre de trois
paroles, qui le menaçoient de la deftinée du tyran
de Syracufe : ûmvrioç èV Kop/y&uo, Denys efi à Corinthe.
Je fai que notre politeffe trouvera ces deux lettres
fi laconiques des Lacédémoniens extrêmement
groflieres ; eh bien, voici d’autres exemples de Az-
conifine de la part du même peuple, que nous pro-
poferons pour modèle ? Les Lacédémoniens, après
la journée de Platée, dont le récit pouvoit fouffrir
quelque éloge de la valeur de leurs troupes, puif-
qu’il s’agiffoit de la plus glorieufé de leurs viâoifes,
le contentèrent d’écrire à Sparte, les Perfans viennent
d'être humiliés ; & lorfqu’après de fi fanglantes
guerres, ils fe furent rendus maîtres d’Athènes, ils
mandèrent fimplement à Lacédémone, la ville d'A-
thenes efi prife.
Leur priere publique & particulière tenoit d’un
laconifme plein de fens. Ils prioient feulement les
dieux de leur accorder les chofes belles & bonnes ,•
'tet nttXci 67« toiç ayeL&oîç S'IS'oveti. Voilà toute la teneur
de leurs oraifons.
N’efpérons pas de pouvoir tranfporter dans le
françois l’énergie de la langue greque ; Efchine,
dans fon plaidoyer contre Ctéfiphon, dit aux Athéniens
; « Nous fommes nés pour la paradoxolôgie » 5
tout le monde favoit que ce feul mot fignifioit « pour
» tranfmettre par notre conduite aux races futures
» une hiftoire incroyable de paradoxes- >> ; mais il