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feptentrioniiüx 6c moins bafanés que les autres S y riens.
( jD. J. )
LEUCOTHO É, ( Mythol. & Littér. ) c’eft la même
-qu’Ino , nourrice de Bacchus , q u i , fuyant la
fureur d’Athamas fon mari , roi d’Orchomène , fe
précipita dans la mer ; mais les dieux touchés de fon
fort lui donnèrent le nom de Leucothoé, après l’avoir
admife au rang des divinités marines. Les Romains
l ’appellerent Matula, voyeç ce mot. Elle avoit un autel
dans le temple de Neptune à Corinthe. On fait
la fage réponfe que fit le philofophe Xénophane aux
Eléates , qui lui demandoient s’ils feroient bien de
continuer à Leucothoé leurs facrifices, accompagnés
de pleurs 6c de lamentations : il leur répondit que
s’ils la tenoient pour déefle il étoit inutile de la tant
pleurer ; 6c que s’ils «croyoient qu’elle eut été du
nombre des mortelles , ils fe pouvoient palier de lui
facrifier. ( D . J. )
LEUCTR E, Leuclrum y ( Géog. anc. ) petite ville
du Péloponnèfe dans la Laconie, fur le golfe Mef-
féniaque, a fiez près du capToenare. Le P. Hardouin
avertit de ne pas confondre Leuclrum , que Pline
nomme aufli Leutlra , avec Leuclres de Béotie, cette
ville fameufe par la bataille qu’Epaminondas , général
de Thebes , y gagna fur les Lacédémoniens
371 ans avant J. C . Les Spartiates perdirent dans
cette aftion , avec leur roi Cléombronte, toute l’élite
de leurs troupes, & depuis ce coup mortel ils
ne donnèrent qu’à peine quelque ligne de vie.
Il faut encore dillinguer la ville de Leuctre en Laconie
, de la ville de Leu dre, Leuclrum, en Arcadie :
cette derniere fut abandonnée par fes habitans, qui
allèrent peupler Mégalopolis. ( D . J. )
LEUD E , ( Jurifprud. ) voye^ ci-devant LAND E .
L E V E , f. f. ( Jeu de mail. ) eft une efpece de cuil-.
lere dont le manche elt à la hauteur de la main, qui
fert à lever 6c jetter fous la pâlie une petite boule
d’acier faite exprès.
LE V É , ( Gramm.') participe du verbe lever. Voye£
Lever.
Levé , f. m. en Mußque, c’eft le tems de la me-
fure où on levé la main ou le pié. C ’eft un tems
qui fuit 6c précédé le frappé. Les tems levés font le
lecond à deux tems, 6c le troilieme à trois 6c à
quatre tems. Ceux qui coupent en deux la mefure
à quatre tems, lèvent le fécond & le quatrième. Voye£
Arsis. ( S )
Levé , en terme deBlafon, fe dit des ours en pié.
Orly en Savoie, ou Orlier, d’o r , à l’ours levé en pié
de labié.
L E V É E , fubft. fern. ( Hydr. ) voyc{ Je t tÉe.
La néceflité de faire des levées tou“ digues aux rivières
peut venir de plufieurs caufes : i° . fi les
rivières font tortueufes, les eaux rongent les bords
& les percent , après quoi elles fe répandent dans
les campagnes. z°. Les rives peuvent être foibles,
comme celles que les fleuves fe font faites eux-mêmes
par la dépofition des fables. 30. Les fleuves qui
coulent fur du gravier fort gros , font fujets dans
leurs crues à en faire de grands amas , qui détournent
enfuite leur cours. Eloge de M. Guglielemini,
Uifl.acad. i j i o . Voye{ FLEUVE & DlGUE.
Levée , (Politiq.) il fe dit d’un impôt. Exemple :
la mifere des peuples a rendu la levée des impôts difficile.
Levée , (Jurifprud.) eft un a fie qui s’applique à
divers objets.
On dit la levée des défenfes ou d’une oppolition,
la/cveedesfcellés. Voye^ Défenses,O pposition,
Scellés , & ci-après Lever. {a )
Levée , (Marine.) il y a de la levée, c’eft-à-dire
que le mouvement de la mer la fait s’élev er, 6c
qu’elle n’eft pas tout-à-fait calme 6c unie.
L evée des troupes, {Art milit.') ces mots expriment
l ’aélion d’enroller des hommes au fervice des
troupes, foit pour en former des corps nouveaux ,
loit pour recruter les anciens.
Cette opération aufli importante que délicate ne
devroit être confiée qu’à des officiers d’une expe-.
rience 6c d’un zele éprouvés ; puifque du premier
choix des foldats dépendent la deftinee des empires,
la gloire des fouverains, la réputation & la fortune
des armes. Elle a des principes généraux avoués do
toutes les nations, 6c des réglés particulières à chaque
pays. Voici celles qui font propres à la France.
La levée des troupes y eft ou volontaire, ou forcée.
La première fe fait par engagement pour les troupes
réglées ; la fécondé, par le fort pour le fervice de la
milice : l’une & l’autre ont leurs principes & leurs
procédés particuliers. Nous eflayerons de les faire
connoître, en fuivant l’efprit 6c la lettre des ordonnances
6c réglemens militaires , 6c les décifions des
miniftres.
Troupes réglées. Il eft défendu à tous fujets du roi
de faire ordonner ou favorifer aucunes levées de
gens de guerre dans le royaume , fans exprès commandement
de fa majefté , à peine d’être punis
comme rebelles 6c criminels de lefe-majefté au premier
chef ; & à tous foldats fous pareille peine de
s’enrôler ave ceux.
Au moyen du traitement que le roi accorde aux
capitaines de fes troupes, ils font obligés d’entretenir
leurs compagnies complettes, en engageant des
hommes de bonne volonté pour y fervir.
L’engagement eft un aéle par lequel un fujet capable
s’engage au fervice militaire d’une maniéré fi
étroite , qu’il ne peut le quitter, fous peine de mort,
fans un congé abfolu , expédié dans la forme pref-
crite par les ordonnances. Un engagement peut être
verbal ou par écrit ; il doit toujours être volontaire.
Les ordonnances militâmes de Fr.ance en ont fixé
le prix à trente liv re s , l’âge à leize ans, & le terme
à fix.
Le prix réglé à trente livres , les cavaliers, dragons
ou foldats ne peuvent prétendre leurs congés
abfolus , qu’ils n’ayent reftitué ce qu’ils auroient
reçu au-delà de cette fomme, ou qu’ils n’ayent fervi
trois années de guerre au-delà du tems de leur engagement
, ou rempli confécutivement deux engagement
de fix ans chacun dans la même compagnie.
L’âge fixé à feize ans, les engagemens contraflés
au-deflous de cet âge font nuis , & les engagés en
ce cas ne peuvent être forcés de les remplir, nrpunis
de mort pour le crime de défertion.
Enfin le terme à fix ans, il ne doit pas en être formé
pour un moindre tems , à peine de nullité des
engagemens & de caflation contre l’officier qui les
auroit reçu ; 6c les cavaliers, dragons 6c foldats ne
peuvent prétendre leurs congés amollis , qu’a|>rès
avoir porté les armes 6c fait réellement fervice pendant
fix années entières du jour de leur arrivée à la
troupe , fans égard aux abfences qu’ils pourroient
avoir faites pour leurs affaires particulières.
Ceux qui font admis aux places de brigadiers dans
la cavalerie & les dragons , & à celles de fergent,
caporal, anfpeflade 6c grenadier dans l’infanterie,
doivent fervir dans ces places trois ans au-delà du
terme de leurs engagemens. Ces trois années ne
font comptées pour ceux qui paffent fucceflivement
à plufieurs hautes-payes , que du jour qu’ils reçoivent
la derniere. Il leur eft libre de renoncer à ces
emplois 6c aux hautes-payes, pour fe conferver le
droit d’obtenir leurs congés à l’expiration de leurs
engagemens.
La taille néceflafre pour ceux qui prennent parti
dans les troupes réglées , n’eft pas déterminée par
les ordonnances ; elle l’eft à cinq pies pour les miliciens.
Chez les Romains, l’âge militaire étoit à dix-
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fept ans. Végece confeilloit de comprendre dans les
levées ceux qui entrent en âge de puberté , doués
d’ailleurs d’une compléxion robufte 6c des autres
indices extérieurs qui décelent un fujet d’efpérance.
» N e vaut-il pas mieux, dit cet auteur, qu’un foldat
» tout formé fe plaigne de n’avoir pas encore la
» force de combattre, que de le voir défoléde n’être
» plus en état de le faire » ?
La taille militaire dans la primitive Rome étoit
de cinq piés dix pouces romains au moins , c’eft-à-
dire d’environ cinq piés quatre pouces de roi. Le
témoignage de quelques anciens ajoute même à
cette hauteur, dont fans doute on fut enfuite fou-
vent obligé de fe relâcher. Quoi qu’il en foit de ces
teins éloignés , les circonftances 6c le befoin rendent
aujourd’hui les officiers plus ou moins délicats
fur cet article ; ils doivent l’être toujours beaucoup
dans le choix des fujets propres aux exercices & fonctions
militaires, fur la connoiflance des lieux de leur
nailfance & de leur conduite. Ces précautions font
très-importantes pour le fervice & l’ordre public.
Le miniftere porto fon attention fur tous ces objets ;
en faifant faire exactement, par les maréchauflees,
la vérification des fignalemens de tous les hommes
de recrue des troupes du ro i, 6c renvoyer aux frais
des capitaines ceux qui ne font pas propres au fervice.
C ’eft une maxime généralement reçue, confirmée
par 1 expérience , que la puiflance militaire confifte
moins dans le nombre que dans la qualité des troupes.
On ne peut donc porter trop d’attention 6c de
lcrupule dans le choix des fujets deftinés à devenir
les défenfeurs de la patrie. Une phyfionomie fiere,
l ’oeil v i f , la tête élevée , la poitrine 6c les épaules
larges, la jambe 6c le bras nerveux, un taille dégagée
, font les lignes corporels, qui, pour l’ordinaire,
annoncent dans l’ame des vertus guerrières. Un officier
d’expérience, attentif fur ces qualités, fe trompera
rarement dans fon choix. Il y ajoutera, s’il eft
poffible, le mérite de la naiflànce & des moeurs , 6c
préférera la jeunefle de la campagne à celle des villes.
La première nourrie dans la lbumiffion , la fo-
briété 6c la peine, fupporte plus confia mment les
fatigues de la guerre 6c le joug de la difeipline : la
fécondé élevée dans la mollefle & la difîipation, joint
peut-être à plus d’intelligence une valeur égale, mais
elle fuccombe plutôt aux travaux d’une campagne
pénible, ou aux fatigues d’une marche difficile : elle
porte d’ailleurs trop fouvent dans les corps un efprit
de licence & de fédition, contre lequel la difeipline
eft forcée d ’employer des correûifs violens , dont
l’exemple même rendu trop fréquent n’eft pas exemt
de danger. •
Differentes qualités militaires diftinguent aufli les
nations. Le foldat allemand eft plus robufte, i’ef-
pagnol plus fobre, l’anglois plus farouche , le fran-
çois plus impétueux : la confiance eft le caraétere
du premier, la patience du fécond, l’orgueil du troi-
fieme , l’honneur du quatrième. Nous difons Chonneur
, 6c nous ne difons pas trop ; il n’importe qu’il
ait fa fource dans l’éducation guerriere du foldat
françois , ou qu’il foit emprunté de l’exemple de
l ’officier ; il exifte & domine dans le coeur du foldat,
il l’agite , l’éleve & produit les meilleurs effets.
Ce fentiment eft uni dans nos foldats aux qualités
naturelles les plus heureufes , 6c nous ofons aflùrer
qu il nous refte peu de pas à faire pour les rendre
fupérieurs à tous ceux des autres nations , grâces
aux foins continuels du miniftere pour la perfeélion
de la difeipline, aux talens de nos officiers majors ,
& au goût des études militaires qui fe répand dans
l’ordre des officiers en général.
Après le choix & l’enrôlement des foldats à
Rome, on leur imprimoit des marques ineffaçables
Tome IX.\
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fur la main, ils prétoient ferment 6c juroient de faire
de bon coeur tout ce qu’on leur commanderoit, de
ne jamais déferter 6c de facrifier leur vie pour la dé-
fenfe de l’empire. On demande avec raifon pourquoi
les modernes ont négligé ou aboli ces anciennes pratiques
de police militaire , dont les lignes permanens
6c l’appareil religieux imprimoient au guerrier la
crainte de faillir 6c le refpeft. Elles feroient peut-être
le préfervatif le plus puiffant contre ces mouvemens
inquiets 6c irréfiftibles qui follicitent, 6c trop fou-
vent déterminent le foldat à la défertion, malgré la
terreur du châtiment capital dont fon crime elt menacé.
. Les propofitions d’engagemens qui préfentent des
conditions évidemment exceflives & illufoires , rie
peuvent être regardées comme férieufes, ni opérer
d’engagemens valables : mais en ce cas , les badinages
fur ce qui regarde le fervice militaire, ne doivent
pas relier impunis.
Les engagemens ne mettent point à couvert des
decrets judiciaires ; il eft même défendu d’enrôler
des fujets prévenus de la juftice , des libertins , 6c
même ceux qui ont déjà fe r v i, s’ils ne font porteurs
de conges ablolus d’un mois de date au moins.
Quoique le terme des engagemens foit fixé à fix
ans , le roi trouve bon néanmoins que les foldats
congédiés par droit d’ancienneté puiffent être enrôlés
pour un moindre tems, foit dans la même compagnie
, foit dans une autre du même corps , pourvu
que ce foit pour une année au moins ; là Majefté
permet aufli aux régimens étrangers à fon fervice de
recevoir des engagemens de trois ans.
Un foldat enrôle avec un capitaine ne peut être
réclamé par un autre capitaine , auquel il fe feroit
adrelfé précédemment : l’ufage elt contraire dans le
feul régiment des gardes-françoifes.
Les capitaines peuvent enrôler les fils de gentilshommes
6c d’officiers militaires ; mais il eft d’ufage
de leur accorder leurs congés abfolus, lorfqu’ils font
demandés. Cette pratique s’obferve aufli en faveur
des étudians dans les univerfités du royaume en
dédommageant les capitaines.
Il eft défendu à tous officiers d’enrôler les matelots
chalfés , 6c les habitans des îles de Ré 6c d’OIe-
ron. Pareilles défenfes font faites, fous peine de caf-
fation, d’engager les miliciens , &au x miliciensde
s’engager fous peine des galeres perpétuelles.
Les foldats de l’hôtel royal des 'Invalides ne peuvent
être enrôlés qu’avec perinifîion du fecrétaire
d’état de la guerre.
Les ordonnances défendent aux capitaines françois
d’enrôler des foldats nés fous une domination
étrangère , à l’exception de ceux de la partie de la
Lorraine fituée à la gauche de la riviere de Sarre,
6c de ceux de la Savoie 6c du comtat Venaiflîn ; 6c
par réciprocité , il eft défendu aux capitaines des
régimens étrangers au fervice du roi de recevoit
dans leurs compagnies aucuns fujets françois, même
de la partie de la province de Lorraine , firuée fur la
gauche de la Sarre : en conféquence tout fujet du
roi engagé dans un corps étranger au fervice de fa
majefté peut être réclamé par un capitaine françois,
en payant trente livres de dédommagement au capitaine
étranger ; 6c réciproquement tout fujet étranger
fèrvant dans Un régiment françois, par un capitaine
étranger , en payant pareil dédommagement
au capitaine françois , pour fervir refpe&ivement
dans leurs compagnies pendant fix ans , à compter
du jour qu’ils y paffent, fans égard au tems pour
lequel ils feroient engagés ou auroient fervi dans
les premières compagnies ; l’intention delà majefté
étant que, pour raifon de ces fix années de fervice
il leur foit payé par les capitaines quinze livres en
entrant dans la compagnie, & pareille fomme trois
K k l c i j