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rent enfuite, 6c furent fi violentes, qu’en qüatre à
cinq minutes de tems, il n’eft refté de toute cette
capitale que vingt maifons fur pié. Soixante - quatorze
églifes ou couverts, le palais du vice-roi)
l ’audience royale,les hôpitaux, les tribunaux, &
tous les édifices publics, qui étoient plus élevés
&plus folidement bâtis que les autres, ont été ruinés
de fond en comble»
Le Callao, ville fortifiée 6c port de Lima, à deux
lieues de cette capitale, fut vraifemblablement ren-
verfé par les mêmes fecouffes ; dans le même tems
où le tremblement fe fit fentir, la mer s’éloigna du
rivage à une grande diftance; elle revint enfuite
avec tant de furie, qu’elle fubmergea treize des
vaiffeaux qu’elle avoit laiffés à lec 6c fur le côté
dans le port. Elle porta quatre autres vaiffeaux fort
avant dans les terres, où elle s’étendit à une de
nos lieues, rafant entièrement Callao & engloutif-
fant tous fe s habitans, au nombre d’environ cinq
mille, & plufieurs de ceux de Lima qu’elle trouva
fur le chemin.
Les ofeillations que fit la mer jufqu’à ce qu’elle eût
reprisfon affietie naturelle, couvrirent les ruines de
cette malheureufe ville de tant de fable, qu’il refte
à peine quelque vertige de fa fituation. On avoit
trouvé déjà onze cens quarante-un corps enfevelis
fous fes. décombres au départ du premier vaiffeau
qui porta cette trifte nouvelle en Europe-; j’ignore
combien on en a déterré dans la fuite.
Mais on a travaillé infenfibletnent à tirer des ruines
de Lima la plus grande partie des effets précieux
qui y ont été enfouis, 6c à rebâtir les édifices publics
plus bas qu’ils n’étoient avant cet accident.
Cette ville a à l’orient les hautes montagnes des
Andes, autrement appellées les Cordelieres; elle ert
arroféepar la belle riviere qui defeend de ces hautes
montagnes, au fud ert la grande valide de Lima,
dont nous avons parlé.
La pofition de cette ville fur la carte d’Amérique,
publiée en 1700 par M.Halley, revient à 78 degrés,
40 minutes de longitude occidentale du, méridien de
Paris; 6c fuivant le pereFeuillée, la long, ert 27 3d.
^3'■ 30". lac. 1 ad. 3 ' . 16". Selon Caffmi la long, de
cette ville ert 2 jf.-o11. lat. 12. 1. >5 . ( .D ./ .)
L im a , l'Audience de ( Géog. ) grande province
du Pérou, dont Lima la capitale a fuccédé à Cufco.
.Cette province ert bornée au nord par l’Audience de
Quito-, à l’orient par la Cordeliere des Andes, au
midi par l’Audience de los Charcas , & à l’occident
par la mer du fud. Les principales montagnes qu’on
trouve dans cette Audience, font la Sierra 6c les
Andes. La riviere de Moyabamba prend fa fource
dans cette province, 6c après avoir été grortie des
eaux.de plufieurs autres rivières, elle va fe jetter
dans celle des Amazones. ( D. J. )
L im a , la vaille de, ( Glog. ) appellée auffi avant
Pizarrë, la vallée de llimac, du nom de l’idole qui
y rendoit des oracles ; or foit par la corruption du
mot, foit par la difficulté aux Efpagnols de dire
Rimac, ils ont prononcé Lima : cette vallée s’étend
principalement à l’oueft de la ville de Lima jufqu’à
Ca llao, 6c au fud jufqu’à la vallée de Pachacamac.
La luzerne y vient en abondance , 6c fert à nourrir
les bêtes de charge pendant toute l’année. ( D . J. )
L im a ,; la riviere de, (Géog.') belle riviere de
l'Amérique méridionale au Pérou, dans l’Audience
6ç dans la vallée de Lima : elle dçfcend de ces hautes
montagnes de la Cordeliere des Andes,, parte au nord
de là VilleMeL^ma, & le long dej fes murailles; elle
arrofe toute la vallée par un grand nombre de canaux
qu’pn a pratiqués-, & va fe jettçr dans la mer, au
,nPrd ^ 1? ville de Callao, j .détruite par le tremblement
de. terre fie 1746, où elle fournit de l’eau pour
l’aiguade des vaiffeaux.
LIMA, T. f. ( Mythologie.) déeffe qui préfide à la
garde des feuils, limina.
LIMACE, f. f. ( Hiß. nat. Zoolog. ) Umax, infeCte
dont on diftingue plufieurs efpeces ; il y a des lima*
ces noires, des grifés tachetées ou non tachetées,
des jaunes parfemées de taches blanches, 6c des
fouges.
La limace rouge a quatre cornes comme le limaçon
, mais plus petites. Voyt{ Limaçon ; la tête ert
diftinguée de la poitrine par une raie noirâtre, comme
la poitrine l ’eft du ventre : l’animal peut faire
rentrer fa tête en entier dans le corps : la bouche ert
formée par deux lèvres ; on y voit une dent en
forme de croiffânt, qui eft à la mâchoire de deffus,
& qui a quinze pointes. Selon Lifter, la limace a le
milieu du dos revêtu d’une efpece de capuchon qui
lui tient lieu de coquille, & fou s lequel elle cache
fa tête, fon cou, 6c même fon ventre dans le befoin*
6c un oflêlet large 6c légèrement convexe. Cet auteur
dit avoir tiré par une légère incifion faite au
centre du capuchon, deux petites pierres de même
figure 6c de même grandeur, la première au mois
de Mars, & la fécondé au mois d’Août. Les limaces
font hermaphrodites : dans l’accouplement la partie
mafeuline le gonfle 6c fort par une large ouverture
qui fe trouve au côté droit du cou près des cornes.
On voit quelquefois ces animaux fufpendus en l’air
la tête en bas, la queue de l’un contre celle de l’autre
par le moyen d’une forte de cordon formé de
leur b ave, 6c attaché à un tronc ou à une branche
d’arbre. Leurs oeufs font fphériques, blanchâtres, à
peu près comme des grains de poivre blanc ; mais
ils jauniffent un peu avant d’éclore. Les limaces
vivent d’herbe, de champignons, 6c même on peut
les nourrir avec du papier mouillé ; elles relient à
l’ombre dans les lieux humides. Hiß. nat. des anim.
par Mrs de Nobleville & Salerne , tom. I.
Limace, pierre de, ( Hiß. nat. ) pierre ou os qui
fe trouve, dit-on, dans la tête des Limaces fans coquilles
qu’on rencontre dans les bois. On a prétendu
qu’en la portant on pou voit fe guérir de la fievre
quarte. M. Hellwig, médecin, dit qu’en Italie on
avoit encore, de fon tems, beaucoup de foi dans
les vertus de cette pierre ou fubftance qui, félon
lu i, eft produite par le duc épais 6c vifqueux qui
fort de la tête des limaces lorfqu’on y fait une ouverture,
& qui fe durcit allez promptement & prend
de la confiftence. Pline lui a attribué encore d’autres
vertus qui paroiffent affez apocryphes. Voycç_
Ephemerid. nat. curioforum, decur. II. ann. V il . 6c
Bocu de Boot.
LIMAÇON , f. m. ( Hiß. nat. Zoolog. ) cochlea ,
animai teftacée : il y en a un très-grand nombre
d’efpeces, tant terreftres qu’aquatiques ; on leur
donne auffi le nom de limas. Voyeç CO Q U IL L AG E S
& Coquilles. Pour donner une idée des coquillages
de ce genre, nous rapporterons feulement ici
une courte defeription du limaçon commun des jardins
, appellé vulgairement Vefcargot. Cet animal eft
oblong ; il n’a ni piés ni os : on y diftingue feulement
la tête, le cou, le dos, le ventre, 6c une forte
de queue ; il eft logé dans une coquille d’une feule
piece , d’où il fort en grande partie, 6c où il rentre
à fon gré. La peau eft liffe &luifante fous le ventre,
ferme, fillonnée, & grainéefur le dos,pliflee & étendue
de chaque côté'en forme de fraifes , au moyen
defquelles l’animal rampe comme un ver. La tête a
une bouche 6c des levres , 6c quatre cornes, deux
grandes placées plus haut que les deux autres , qui
ont moins de longueur. Les grandes font pyramidales
& terminées par un petit bouton rempli d’une
humeur jaunâtre, au milieu duquel On apperçoit un
point noirâtre affez reffeihblànt à une prunelle:; les
petites cernes pe des grandes, qu’en cç
L .1 M L î M
%‘ùVHès h’ôrit qüe le tieft de leur groffeuf & de leur J
grandeur * & que ^'on ne vo ^ Pas à ^eur extrémité I
un point noirâtre. On a prétendu que le bouton des
grandes cornes étoit un oeil ; mais l’opinion la plus
accréditée eft que ces quatre cornes ne font que des
antennes que l’animal emploie pour fentir les obfta-
cles qui fe rencontrent dans fon chemin ; la bouche
eft grande 6c garnie de dents. Les limaçons ont chacun
les deux fexes ; ils font hermaphrodites ; il y a
au côté droit du cou un trou fort apparent, qui eft
en même tems le conduit de laj-efpiration, la vulve
6c l’anus , & qui même a différentes cavités, 6c en
particulier a des inteftins tortueux qui flottent dans
le ventre. Au tems de l’accouplement ces inteftins
fe gonflent & fe renverfent, de façon qu’ils fe pré-
fentent à l’ouverture de l’anus alors fort dilatée)
fous la figure d’une partie mafeuline & d’une partie
féminine. Il fort par la même ouverture du cou un
aiguiilon fait en forme de lance à quatre ailes terminée
en pointe très-aiguë & affez dure, quoique
friable. Lorfque deux limaçons fe cherchent pour
s’accoupler, ils tournent l’un vers l ’autre la fente
de leur cou , 6c dès qu’ils fe touchent par cet endroit
, l’aiguillon de l’un pique l’autre ; cette forte de
fléché ou de petit dard fe iépare du corps de l’animal
auquel il étoit, tombe par terre, ou eft emporté
par le limaçon qui en a été piqué : celui-ci fe retire ;
mais peu de tems après il revient 6c pique l’autre à
fon tour. Après ce préliminaire, l’accouplement ne
manque jamais de fe faire. Les limaçons s’accouplent
jufqu’à trois fois de quinze jours en quinze
jours, 6c à chaque fois on voit un nouvel aiguillon.
M. du V erney a comparé cette régénération à celle
du bois du cerf. L’accouplement dure dix ou douze
heures, pendant lefquelles ces animaux font comme
engourdis : la fécondation n’a lieu qu’après le troi-
fteme accouplement. Au bout d’environ dix-huit
jours, les limaçons pondent par l’ouverture de leur
cou des oeufs qu’ils cachent en terre ; ces oeufs font
en grand nombre, fphériques, blancs, revêtus d’une
coque molle 6c membraneufe, collés enfemble en
maniéré de grappe, & gros comme de petits pois
ou des grains de vefee* Aux approches de l’hiver, le
limaçon s’enfonce dans la terre, ou fe retire dans
quelque trou ; il forme à l’ouverture de fa coquille
avec fa bave un petit couvercle blanchâtre & circulaire
de matière un peu dure 6c folide lorfqu’elle
eft condenfée, néanmoins poreufe 6c mince pour
laiffer entrer 6c fortir l’air. L’animal refte ainfi pendant
fix ou fept mois fans mouvement 6c fans prendre
de nourriture ; au printems il ouvre fa coquille.
Les limaçons mangent les feuilles, les fruits, les
grains, plufieurs plantes; ils font de grands dégâts
dans les jardins, pendant la nuit fur-tout lorfqu’il
pleut : les tortues détruifent beaucoup de ces animaux,.
Hijl. nat. des anim. par MM. de Nobleville
6c Salerne, tome I.
L i MAÇON , ( Dicte & Mat. med. ) on emploie
indifféremment les gros limaçons des vignes , ou les
petits limaçorts des jardins.
Les payfans en font des potages 6c différens ragoûts
dans plufieurs provinces du royaume. II. eft
peu de mets auffi. dégoutans pour les perfonnes qui
n’y font point accoutumées :; on peut croire même
que celles qui en mangeroient fans rebut , le digéreroient
difficilement. Leur chair fpongieufe,,mol- 1
la fie , & l ’efpece de fuc yifqueux & fad e dont elle
eft chargée, paroiffent peu propres à exciter çon-r
venablement le jeü des: organes de là digeftion ,; 6c
à être pénétrés par les humeurs digeftiyeso.
: C ’eft cependant par cette qualité de nourriture
infipidc & glutineiife, tenta, que la chair 6c les bouillons
de. limaçon ont été fort vantés comme.un excellent
remede contre le marafme & la pthyfie ;
Tome IX^
M
mais cés bouillons font encore plus inutiles ôù plus
nuifibles que ceux de grenouille 6c de tortue, &c\
On diftilie les limaçons avec le petit-lait polir eh
retirer une eau qui paffe pour adoucir mcrveilleu-
fementla peau, & pour blanchir le teint ; rtiais noüs
penfons que la petite quantité de parties gélatineû-
fes qui font élevées avec l’eau par la diftillation ; rte
fuffifent point pour lui communiquer une vertu réellement
adouciffante, quoiqu’elle lui donne la propriété
de grâiffer 6c de fe corrompre. Voye1 E a u x
distillées.
La liqueur qui découlé des lïmàçons pilés & faù-
poudrés d’un peu de fel ou de fucre, eft unremed’e
pliis réel ; celle-ci eft véritablement muqueUfe; elle
peut foulagerla douléur, étant appliquée fur les tumeurs
goutteufes, flegmoneufes , &c. Elle eft capable
d’adoucir la peau ; elle eft fur-tout recommandable
contre les vraies inflammations des y eux ,
c’eft-à-dire celles qui font accompagnées de chaleiir
& de douleur vive.
Les’coquilles de limaçons font comptées parmi lés
alkalis terreux dont on fait ufage en Médecine.
Voye^ T erreux , Pharmacie. (Æ)
Limaçon, infecte du , ( InfeUolog. ) petit animal
à qui le corps des limaçons terreftres fert de domicile;
Il y a quantité d’infettes qui vivent fur la furfac'e
extérieure du corps de quelque animal ; tels font lès
poux que l’on voit fur les quadrupèdes , les oifeaux,
& même fur les mouches , les frelons , les Icarà-
bées, &c. Il eft d’autres infeftes, qui vivent dans le
corps de quelqu’autre animal, 6c l’on peut ranger
fous ce dernier genre , toutes les efpeces de vers-,
que la diffeûion a fait découvrir dans le corps de
diverfes fortes d’animaux ; mais les infeêtes dont
nous allons parler d’après M. de Reaumur, ( Mèm.
del'Ac. des Scienc. ann. ly to .') habitent tantôt la
furface extérieure d’une des parties du corps du limaçon
terreflre , & tantôt ils vont fe cacher dans les
inteftins de cet animal. Expliquons ces phénomènes
.O
n fait que le collier du limaçon eft cette partie
qui entoure fon cou ; que ce collier a beaucoup d’é-
paiffeur , 6c que c’eft prefque la feule épaiffeur de
ce collier que l’on apperçoit, lorfque le limaçon s’ eft
tellement retiré dans fa coquille, qu’il ne laiffe voir,
ni fa tê te , ni fon empâtement ; c’efbdortc fur le collier
que l’on trouve premierement-les infeôes dont
il s’agit ici. Us ne font jamais plus aifés à obferver,
que lorfque le limaçon eft renfermé dans la coquill
e , quoiqu’on puiffe les remarquer dans diverfes
autres circonftances. Les yeux feuls, fans être aidés
du microfcope, les apperçoivent d’une maniéré fen-
. lible ; mais ils ne les voyent guère en repos ; ils
marchent prefque continuellement 6c avec une extrême
viteffe, ce qui leur eft affez particulier.
Quelques petits que foient ces animaux , il ne
leur eft pas poffible d’aller fur la furface fupérieure
du corps du limaçon, la coquille-eft trop exactement
appliquée deffus : en revanche , ils ont d’autres
pays intérieurs , ôù ils peuvent voyager. Le
limaçon leur en permet l’entrée, toutes les foisquïil
ouvre fon anus , qui eft dans l’épaiffeur du collier*
Il femble que les petits infeCtes attendent ce mô-
ment favorable, pour fe.-nicher dans les inteftins
du limaçon ; du moins , ne font-ils pas long-tems à
•.profiter ; de l’occafion qui fe préfente d'y aller. Ils
s’approchent du bord du trou 6c s’enfoncent aufli-
^tôt dedans , en marchant le lpng dèffes. parois.,; de
forte qu’on ne voit plus au bout : de iquelques .inf-
tans fur le collier, aucuns des petits animaux qu’on
y obfervoit auparavant.
L’empreffement qu’ils ont à fe rendre dans les
inteftins du limaçon f femblent indiquer que c’eft-
t y y ij