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Les poetes latins nous parlent fouvent des fàn-
gliers de Laurente, laurens aper, dit Horace ; c eft
que ce canton avoit une foret :qui s etendoit le long
de la côte du Latium, entre le lac d’Oftie 6c le ruil-,
feau de Numique. Cette forêt avoit pris fon nom de
la ville de Laurente; ou plutôt l’une & l’autre furent
ainfi appelles du grand nombre de lauriers dont le
pays étoit couvert, au rapport d’Hérodien, dans la
vie de l’empereur Commode*
C’eft dans ce canton de lauriers, qu’étoit cette
maifon de campagne de Pline le jeune y dont il a fait
une defeription fi belle , 6c fi detaillee, qu un raiU
leur a dit, qu’il fembloit qu’il la vouloit vendre*
( D . J . )
LAURÊOLE ou GAROU Jaureolaf. f. (Hift. nat.)
petit arbriffeau toujours verd, qui fe trouve dans les
bois delapartiefeptentrionalede l’Europe. Ils éleve
à trois ou quatre pies; il fait rarement plus d’une tige
à-moins qu’il|ne loit excite à fe diviier en plufieuis
branches, foit par la bonne qualité; du terrein ou par
des foins de culture : fon écorce eft épaiffe , lifte,
& cendrée ; fes feuilles font longues, épaiffes f lif-
l’es, fans aucunes dentelures, 6c raflemblées au bout
des branches ; leur verdure quoique foncée, eft trèsr
brillante. Dès la fin de Décembre, la lauréoledonne
quantité de fleurs en petites grapes, qui par leur
couleur 6c leur pofition ne font d’aucune apparence ;
elles font herbacées 6c cachées fous les feuilles qui
font le feul agrément de cet arbriffeau. Les fleurs
font remplacées par de petites baies noires plus longues
que rondes, fucculentes ; elles couvrent un
noyau qui renferme la femCnce ; le mois de Juillet
eft le tems de leur maturité.
La Lauréole réfifte aux plus grands hivers ; elle fe
plaît aux expofitions du Nord, dans les lieux froids,
montagneux, 6c incultes; parmi les rochers, dans
les terres franches & humides, mêlées de fable ou
de pierrailles ; elle vient fur-tout à l’ombre, & même
fous les arbres.
On peut très-aifément multiplier cet arbriffeau de
boutures, de branches couchées, & de graines qu’il
faut femer dans le tems de fa maturité, fi on veut la
voir lever au ptintems fuivant ; car fi on attendoit
la fin de l’hiver pour la femer, elle ne leveroitqu’à
l’autre printems. On peut encore faire prendre des
jeunes plants dans les bois ; mais ils reprennent difficilement
, & j ’ai remarqué qu’en faifant des boutures
on réufliffoit plus promptement que d’aucune
autre façon. Le mois d’Avril eft le tems le plus con-
venable pour les faire ; elles feront fufiifamment racines
pour être tranfplantées un an après.
Tout le parti que l’on puiffe tirer de cet arbrif-
feau pour l’agrément, c’eft de le mettre dans les bof-
quets d’arbres toujours verds, pour y faire de la garniture
&ken augmenter la variété. On peut aufli en
former dé petites haies, quoi qu’il ait peu de difpofi-
îion à prendre cette forme.
L’écorce , les feuilles, & les fruits de la lauréole,
ont tant d’âcreté qu’ils brûlent la bouche après qu’on
en a mangé. Toutes les parties de cet arbriffeau font
un violent purgatif ; cependant le fruit fert de nourriture
aux oifeaux qui en font très-avides ; la perdrix
entr’autres. Les Teinturiers fe fervent de cette
plante pour teindre en verd les étoffes de laines.
On ne connoît qu’une variété de cet arbriffeau
qui a les feuilles panachées de jaune ; on peut la
multiplier par la greffe en écuffon ou en approche
fur l’efpece commune ; 6c ces arbriffeaux peuvent
également fe greffer fur le mezereon ou b ois -joli,
qui eft du même genre. Voyei Mezereon.
L auréole, (Mat. mèd.) on comprend fous ce
nom, dans les liftes des remedes, deux plantes différentes;
favoir la lauréole, ou lauréole mâle; 6c la
lauréole femelle ou bois gentil.
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Toutes.îes parties de ces plantes prifes intcricurë-
ment, évacuent par haut & par bas avec tant cle
violence , 6c leur adion eft accompagnée de tant de.
fymptomes dangereux j qu’elles doivent etre regardées
comme un poifon plutôt que comme un rerne-
de. Le médecin ne doit donc les employer^dans aucun
cas, pas même dans lé dernier degré d’hydropi-
fie, encore moins fe mettre en peine de les corriger,
puifque les évacuans. plus fürs 6c fufiifamment efficace
ne lui manquent point.
Quelques pharmacologiftes croient que les grains,
de cnide, dont Hippocrate 6c les anciens grecs font
fouvent mention, ne font autre cnofe que les baies,
de lauréole ; d’autres prétendent au contraire que; ces
grains de cnide étoient les fruits de l’efpece de/Ay-
melea que nous appelions garou. Voye^ G a r o u . (b )
LAUREST AN ou LORESTÀN, LOURESTAN,
(Géog . ) pays de Laur, Lor ou Lour ; c’eft un pays,
de Perfe, autrefois enclavé dans la Khoufiftan, qui
eft l’ancienne Sufiane. M. Sanfon * millionnaire apo-
ftolique fur les lieux, & par conféquerit plus croyable
que M. de L ifle, dit que le Laureßdn eft le royaume
des Elamites ; qu’il confine à la Sufiane au midi,
au fleuve Tigre à l’occident, 6c qu il a la Medie inférieure
au leptentrion. Courbabat, fortereffe ou
loge le gouverneur, en eft le lieu principal. (D . J.)
LAURETS, f. m. (Hiß. mod. ) étoient les pièces
d’or frappées en 16 19, fur lelquelles etoit repré-
fenté la tête du roi couronnée de lauriers. Il y en
avoit à io fehellings, marquées X , X , à 10' fchel-
lings ,- marquées X , 6c à 5 fchellings, marquées V.
Harris, Suppléât. • . . -, -,
LAURIACUM, ( Géog. anc. ) ville principale du
Norique, qu’Antonin met à 2.6 mille pas à’Ovila-
bis. Lazius & Brunfchius croient que c’eft Ens en
Autriche ; Simler penfe que c’eft Lorch, qui n’eft plus
qu’un village fur le Danube, v is -à -v is de Mathau-
fen . ( D . J . ) WM
LAURIER, laurus, f. m. (Hiß. nat. Bot.) genré
de plante à fleur monopétale, faite en forme de baf-
fin & découpée ; il fort du fond de la fleur un piftif
qui devient dans la fuite un fruit en forme d’oeuf ou
une baie ; il y a fous l’écorce de cette baie une coque
qui renferme une femence prefque de la même forme
! que la baie. Tournefort. Inß. réi. herb. V . P l a n t e .
Le laurier eft un arbriffeau dont il y a différent
genres qui fe divifent en plufieurs efpeces ou variétés.
Par le mot laurier Amplement, on entend ordinairement
l’efpece de laurier qui a été connue dans
la plus haute antiquité, & que l’on nomme laurier-
franc , laurier commun ou laurier-jamboti, 6c en Bour-
gogne laurier-fauee ; mais il y a encore plufieurs autres
arbriffeaux, auxquels on donne aufli le nom de
laurier, quoique d’un genre tout différent, 6c quoiqu’il
n’aient aucune analogie ni reffemblance avec
le laurier-franc ; tels font le laurier-royal, le laurier-
cerïfe, le laurier-tin , le laurier-rofe , le laurier-alexandrin;
tous ces arbriffeaux ont une qualité qui1 leur
eft commune : ils font toujours verds; mais il y a tant
de différence dans leur culture, leur tempérament
& leurs propriétés, dans la façon de les multiplier,
de les cultiver 6c conduire, qu’il faut traiter de
chacun féparément.
Le laurier franc eft connu de tout le monde. C eft
un arbre'toujours v erd, de mpyenne grandeur , qui
le plaît dans les pays chauds; on le trouve communément
en G rece 8c en Italie. Il ne s’élève dans nos
provinces feptentrionales qu’à environ vingt piés ;
mais plus ordinairement, on ne l’y voit que fous la
forme d’un arbriffeau. Il prend une tige droite &C
fans noeud, dont ï’ecprce eft brune & unie ; fes feuilles
Ifont entières, luttantes & fermes ; elles font pla- cées alternativément fur les branches de de la plus
belle verdure. Ses fleurs d’un blanc jaunâtre, ont
peu
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peu d’agrément ; elles paroiffent ait commencement
de Mai, 6c elles durent près d’un mois. Les fruits qui
leur fuccedent, font de la groffeur d’une petite ce-
rife ; ce font des baies oblongues, Vertes au commencement
& noires en muriffant; elles font odorantes
, aromatiques, huilleufes 6c amères au goût.
Cet arbre vient daps tous les terreins ; mais il fe
plaît fur-tout dans une terre fraîche, bien fubftan-
tielle, 6c il aime l’ombre. On peut le multiplier de
femences, de branches couchées & de boutures. Ce
dernier moyen eft aufli long qu’incertain ; on avance
Un peu plus en couchant les Branches, mais elles ne
produifent que des plans défectueux 6c languiflans ;
il vaut mieux femer, c’eft la voie la plus courte, la
plus fure 6c la plus fatisfaifante à tous égards. Il faut
ceuillir les baies du laurier au mois de Janvier, qui
eft le tems de leur maturité. On peut les femer tout
de fuite, ou les mettre dans du fable pour attendre
le mois de Mars. On fera bien de les faire tremper
dans l’eau pendant vingt-quatre heures avant de les
femer. Dans ce dernier cas, elles lèveront au bout
de deux mois : les jeunes plants prendront cette première
année trois ou quatre pouces de hauteur, 6c
la piûpart s’élèveront l’année fuivante à environ un
pié. Alors ils feront plus en état qu’à tout autre
âge , d’être tranlplantés dans la place qu’on leur
deftine. Pendant les trois ou quatre premières années,
l’hiver eft un tems bien critique pour ces arbres
; il faudra avoir grand foin de les couvrir de
paille dans cette faifon, & fur-tout durant le hâle de
Mars qui eft le fléau des arbres toujours verds, lorf-
qu’ils font jeunes ou nouvellement tranfplantés. Le
laurier eft peut-être de tous les arbres de cette qualité
celui qui réuflit le moins à la tranfplantation. Le
mois d’Avril eft le tems le plus convenable pour
cette opération; c’eft-à-dire un peu avant qu’il ne-
commence à pouffer. Si on vouloit en faire des plantations
un peu confidérables, en avancer le progrès,
s ’aflurer du fuccès & fe procurer de beaux arbres ;
il faudroit les femer fur la place 6c dans l’arrangement
oiiils devroient refter. Le plus grand agrément
qu’on puiffe tirer de cet arbre, c’eft de le mettre en
paliffade pour garnir un mur. On fait quelqu’ufage
des baies du laurier ; elles fervent aux teinturiers ;
on en tire une huile qui eft de quelqu’utilité en Médecine
; mais les maréchaux l’appliquent dans bien
des cas. Ses'feuilles, lorfqu’elles font féches, entrent
dans plufieurs ragoûts de la vieille cuifine. Il y a plu--
fieurs variétés de cét arbre. Le laurier à larges feuilles
, qui eft le plus robufte de'tous : le laurier à fleur
double, dont la rareté fait le mérite : le laurier à feuilles
ondées, minutie dont on fait peu de cas: & le
laurier à feuilles panachées de jaune, qui a plus d’agrément
que les autres, mais aufli il eft plus délicat ; il
faut le traiter comme les arbriffeaux de l’orangerie.
On peut le multiplier par la greffe comme les autres
variétés.
Le laurier-cerife eft un bel arbre de moyenne grandeur,
qui eft toujours verd : il lions eft venu de la
Natolie en Turquie, fon pays naturel, il y a environ
deux cens ans; On ne voit 'guère ce Laurier fous la
forme d’un arbre dans la partie Septentrionale de ce
royaume, parce qu’il n’eft pas affez robufte pour y
prendre tout fon accoiffement ; & cohrrne on eft réduit
à le tenir en paliffade à des expofitions qiii lui
.Conviennent , on ne le connoît que fous la forme
d’un arbriffeau.il pouffe des tiges aflez droites, grof-
fes 6c f èrmes. Son écorce eft brune 6c unie fur le
vieux bois, mais elle eft d’un verd jaunâtre fur les
nouvelles branches. Ses feuilles font grandes, oblongues
, unies, douces & fermes au toucher, d’un Verd
tendre des plus brilians. Ses fleurs paroiffent au commencement
de Mai ; elles font blanches, fans odeur,
6c difpofées en longues grappes, Les fruits qui en
Tome IX ,
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viennent font rouges, charnus, 6c refTemblent à une
cerife ; ce qui a fait donner à l’arbre le nom de lait-
rfer-cerife: ils font doux, aflez agréables au goût ;
on peut les manger fans inconvénient. Cet afbre
s’accommode de tous les terreins, pourvu qu’il y ait
de la profondeur , de la fraîcheur 6c de l’ombre. II
fe plaît fur-tout parmi les autres arbres. II croît très-
promptement , il lui faut peu de culture, & il fe
multiplie ajfément de femence, de branches couchées
, de Boutures, & par les rejetions qui croiffent
au pié des vieux arbres. On feme les noyaux du fruit
en automne, les branches couchées fe font au printems
, 6c les boutures au mois de Juillet : par ce dernier
moyen on peut avoir au bout de quatre ans des
plans de 8 à 9 piés de haut. Cet arbre réuflira difficilement
à la tranfplantation , fi les plants font âgés
de plus de deux ou trois ans. L’automne eft le tems
le plus propre à cette opération. Suivant les auteurs
anglois qui ont écrit fur la culture des arbres, le lau-
rier-cerife fe greffe fur le cerifier, 6c il forme un bel
arbre ; cependant par quantité d’épreuves que j’ai
vû faire à ce fujet, cette greffe ne réuflit que pendant
deux ou trois années, & fouvent dès la fécondé
la greffe meurt avec le fujet. Ce laurier n’eft pas aflez
robufte pour réfifter au froid dans des places ifolées ;
il feroit fouvent expofé dans ce cas à etre mutilé par
les gelées des hivers rigoureux, 6c même à être def-
féené jufqu’au pié. Il eft vrai que fes racines donnent
de nouveaux rejettons, mais cela ne dédommage pas
fuffifammenr. Le meilleur parti qu’on en puiffe tirer
pour l’agrément, c’eft de le placer dans des bofquets
d’arbres toujours verds, oii il fe fera diftinguer par
la brillante verdure de fon feuillage. On peut aufli
en former de hautes paliflades contre des murs à
l’expofition du nord, il y fera moins fujet à être endommagé
par la gelée que s’il étoit placé au midi.
La feuille de ce laurier eft de quelque ufage à la cuifine
pour donner au lait & à la crème un goût d’amandes
ameres. Mais la liqueur tirée de ces mêmes
feuilles par la diftillation, peut produire des effets
très-pernicieux. On connoît deux variétés 6c deux
efpeces différentes de eet arbre;.l’une des variétés
a les feuilles panachées de jaune, 6c l’autre de blanc.
Toutes les deux n’ont pas grande beauté. Les autres
efpeces de ce laurier font le laurier-cerife. dé'la Loiii-
fiant ou laurier-amande : cet arbre eft encore fi rare
en France, qu’on ne peut entrer dans un détail cir-'
conftancié à fon fujet. Il y a lieu de croire qu’il
pourra venir en plein air dans ce. climat, puifqu’il a
déjà paffé plufieurs hivers en. pleine terre dans les
jardins de M. le duc d’Ay en à Saint-Germain-én-Iaye.
Sa feuille a beaucoup de reffemblance avec celle du
laurier-franc , néanmoins elle a l’odeur 6c le goût de
l’amande amere. La fécondé efpece eft le laurier-
cerife de Portugal, ou Va^arero des Portugais ; c’eft
l’un des plus jolis arbriffeaux toujours verds/II s’élève
bien moins que le laurier- cerife ^ordinaire ; fa
feuille eft aufli moins grande, mais elle eft d’un verd
encore plus brillant : la queue des feiulles & l’écorce
des jeunes rejettons font .d’une couleur rougeâtre
fort v ive. L’arbrifl'eau fe couvre aû mois de Juin de
groflës grappes de fleurs ;-dont la blancheur & la
douce odeur frappent & faififlent de loin ; 6c en automne
, les fruits ne font pas un moindre agrément
lors de leur maturité. L’a^arero eft plus délicat que
l’efpece commune ; il lui faut un bon terrein , qui
ne foitrni trop fe c , ni trop humide, & la meilleure,
éxpofifion pour réfifter*en .pleine terre'à nos hivers,
ordinaires. On: peut le . multiplier par les mêmes
moyens, & aufli facilement que le laurier-cerife commun
, fur lequel on peut aufli le greffer. Cet arhrif-
feau fe garnit au pié de beaucoup de branches qui
s’étendent & s’inclinent, enforte qu’il faut le foigner
pour lui faire prendre une tige 6c lui former,une
S s