jeunes moutons ; ce font les bouchers 8c rotifleurs
qui en font les abattis. La laine d’agnelin n’eft permise
^ue dans la fabrique des chapeaux.
Laine d'autruche, terme impropre; car ce n’eu
^>oint une laine provenant de la tonture des brebis
ou moutons , c’éftle plo c d’autruche , c’eft à-dire le
duvet ou poil de cet oifeau. Il y en a de deux fortes,
le fin & le gros; le fin entre dans la fabrique des
chapeaux communs ; le gros que l’on appelle ordinairement
gros d'autruche, fe file 8c s’emploie dans
les manufactures de lainage, pour faire les lifieres
des draps noirs les plus fins.
Laine àuxi, autrement laine triée, eft la plus belle
laine filée, qui fe tire des environs d’Abbeville.
Laine baße ou baße laine ; c’eft la plus courte &
la plus fine laine de la toifon du mouton ou de labre-
bis ; elleprôvient du collet de l’animai qu’on a tondu.
Cette forte de laine filée fert aux ouvrages dé
bonneterie, fcomme auffi à faire la trême des tapif-
feries de haute 8c baffe liffe , des draps , des ratines
& femblablcs étoffes fines ; c’eft pour cela qu’on
l ’appelle laine-trame. Les Efpagnols 8c les Portugais
lui donnent le nom de prime , qui lignifie première.
Laine cardée ; c’eft toute laine, qui après avoir été
dégraiffée , lavée , féchée, battue fur la claie ,
épluchée & afpergée d’huile , a paffé par les mains
des cardeurs, afin de la difpoferà être filée, pour en
fabriquer des tapifferies , des étoffes, des bas, des
couvertures, &c. La laine cardée qui n’a point été afpergée
d’huile, ni filée, s’emploie en courtepointes,
en matelas, &c.
Laine crue ; c’eft de la laine qui n’eft point apprêtée.
Laine cuiffe ; c’eft de la laine coupée entre les cuif-
fes des brebis & des moutons.
Laine filée ; c’ eft de la laine filée, qu’on appelle
fil defayette. Elle vient de Flandres , & particulièrement
du bourg de Turcoing ; elle entre dans plusieurs
fabriques de lainage, & fait l’objet d’un grand
commerce de la Flandre françoife.
Laine fine, ou haute laine ; c’eft la meilleure de tou-
tesles laines, & le triage de la mere-laine.
Laine frontière ; on appelle ainfi la laine filée des
environs d’Abbeville 8c de Rofieres ; c’eft la moindre
laine qui fe tire de Picardie*
Laine graße, ou laine enfuif, laine enfuin , ou lainefurge
; tous ces noms fe donnent à la laine qui n’a
point encore été lavée, ni dégraiffée. Les Epiciers-
Droguiftes appellent cefipe, le fuin ou la greffe qui
fe tire des laines. Voyeç (Esipe.
Laine haute, autrement dite laine-chaîne, laine-
itai/n ; c’eft la laine longue &groffiere qu’on tire des
cuiffes , des jambes, 8c de la queue des bêtes à laine.
Laine migeau ; on appelle ainfi dans le Rouffillon
la laine de la troifieme forte, ou la moindre de toutes
les laines, que les Efpagnols nomment tierce.
Laine moyenne ; eft le nom de celle qui refte dû
premier triage de la mer e-laine.
Laine de Mofcovie ; c’eft le duvet des caftors qu’on
tire fans gâter ni offenfer le grand poil ; le moyen
«l’y parvenir n’eft pas trop connu.
Lainepeignée ; eft celle que l’on a fait paffer par
les dents d’une forte de peigne ou grande carde,
pour la difpofcr à être filée ; on l’appelle aulîi en un
feùl mot efiaim.
Laine pelade, ou laine avalie ; eft le nom delà laine
que les Mégiffiers & Chamoifeurs font tomber par
le moyen de la chaux, de deffus les peaux de brebis
8c moutonsprovenantes des abattis des bouchers :
elle fert à faire les trêmes de certaines fortes d’étoffes.
Laine peignon, ou en un feul mot peignons ; forte
de laine de rebut, comme la bourre ; c’eft le refte dè
la laine qui a été peignée.
Laine riflard ; efpece de laine la plus longue dè
Celles qui fe trouvent fur les peaux de moutons non
apprêtées. Elle fert aux Imprimeurs à remplir les
inftrumens qu’ils appellent balles, avec lefquelles
ils prennent l’encre qu’ils emploient à l’Imprimerie^;
Laine de vigogne; laine d’un animal d’Amérique
qui fe trouve dans les montagnes du Pérou, & qui
ne fe trouve que là. Cette laine eft brune ou cendrée
, quelquefois mêlées d’efpace en efpace de taches
blanches : on en diftingue de trois fortes ; la
fine , la carmelinè ou bâtarde, 8c le pelotage; cette
derniere fe nomme ainfi., parce qu’elle vient en pelotes
: elle n’eft point eftimée. Toutes ces trois laines
entrent néanmoins mélangées avec du poil de lapin
, ou partie poil de lapin, & partie poil de lievre,
dans les chapeaux qu’oii appelle vigognes.
Pile de laine, eft un monceau de laine, formé des
toifons abattues de deffus l’animal : ce terme de pile
eft en partie confacré aux laines primes d’Efpagne»
Entre ces laines primes, la pilé des chartreux dé
l’Efeurial ; 8c celle des jéfuites, paffent pour les
meilleures. Voye{ Laine.
Lainer , ou Laner , V. a&. c’eft tirer là laine fui*
la fuperficie d'une étoffe, la garnir, y faire Venir le
poil par le moyen des chardons.
Laineur ou Laneur, f .m.(Arts méch.) ouvrier
qui laine les étoffes , ou autres ouvrages de lainerie :
On l’appelle auffi éplaigheur, emplaigneur, aplaigneur,
pareur. Les Outils dont il fe fert pour travailler, fe
nomment croix ou croifées , qui lont des efpeces dé
doubles croix de fer avec des manches de bois 9
lur lefquelles (ont montéés dés broffes de chardons.
Lainiér , f. m» (Cowz.) eft celui qui vend en éche-
veaux ou à la livre, les laines qü’On emploie aux tapifferies,
franges 8c autres ouvrages. Les marchands
lainiers ont le nom de teinturiers en laine dans leurs
lettres de maîtrife, tles ftatuts 8c régleniens de police
des Teinturiers, trois chofes qni d’ailleurs ne four-,
niroientrpas matière à nos éloges.
S’il fe rencontre ici des termes omis, on en trouvera
l’explication aux mots Laine, manufi & Laine*
apprêt des. ( D . J. )
LAINO, ( Géog. ) Lahs, petite place d’Italie , au
royaume de Naples, dans la Calabre citérieure, au
pié de l’Apennin , fur les confins de la Bafilicate ,
près la petite riviere de Laino qui lui a donné fon
nom. Long. 3 3 . 4C. lat. 40 .4 . ( / ) ./ . )
LAIQUE,f.m. ( Théolog. ) fe dit des perfonnes Oü
des chofes diftingués dans l’état eccléfiaftique, oü
de ce qui appartient à l’Eglife.
Laïque, en parlant des perfonnes , fe dit de toutes
celles qui ne font point engagées dans les ordres
ou du'moins dans la cléricature.
Laïque, en parlant des chofes, fe dit ou des biens
ou de la puiffance ; ainfi l’on dit biens laïques, pour
exprimer des biens qui n’appartiennent pas âux égli-
fes. Puiffance laïque, par oppofition à la puiffance
fpirituelle ou eccléfiaftique.
Juge laïque , eft un magiftrat qui tient fon autorité
du prince 8c de la république, par oppofition au
juge eccléfiaftique qui tient la fienne , immédiatement
de Dieu même, tels que les évêques , ou des
évêques, comme l’official. Voyeq_ Official.
LAIS, f. m. ( Jurifprud. ) en termes d’eaux & forêts
fignifie un jeune baliveau de l’âge du bois qu’on
laiffe quand on coupe le taillis, afin qu’il revienne
en haute futaie.
Lais dans quelques coutumes fignifie ce que la rivière
donne par alluvion au feigneur haut-jufticier.
Coût, de Bourbonnois, art. 3 40.
Lais fe dit auffi quelquefois au lieu de laie à cens
ou bail à rente, ou emphitéotique. Voyeç Laie.
Tous ces termes viennent de laijfer. (A')
LAIS , (Géog. facr.') ou plutôt LAISCH , puifqu’n
faut exprimer le Shin, ville fituée à l’extrémité de la
Terre-fainte du côté du nord, 8c dans le teritoire af-
figné à la tribu d’Afer. Les Ifraëlites la nommèrent
enfuite Dan. Reland prétend que c’eft la même que
la Léfem de Jofué, ch. xix. v. 47. Les Grecs l’appel-
lerent Panéas , Diofpolis, Cefarée de Philippe , 8c enfin
Nèroniade. Elle eut un évêque fuffragantdeTyr,
mais elle eft détruite depuis long-tems.(D. /.)
LAISOT , f. m. (Commerce. ) c’eft dans les manufactures
en toile de Bretagne , la plus petite laife
que les toiles peuvent avoir félon les régleniens.
LAISSADE, f . f. ( Marine. ) c’eft l’endroit d’une
jutere oit la largeur des fonds eft diminuée en venant
fur l’arriere. La laiffade eft la même chofe que la quef-
te depoupe.
LAISSE, f. f. ( Chaffe. ) corde dont on tient un
chien pour le conduire, ou deux chiens accouplés.
Laisse, (Chapelierf) cordon dont on fait plu-
fieurs tours fur la forme du chapeau pour la tenir en
état. Il y en a de crin y de foie , d’or 8c d’argent.
■ Laisse, ( Chaffe. ) Voye{ Laissées.
Laisse , ( Géog. ) riviere de Savoie ; elle fort des
montagnes desDeferts, paffe au faubourg de Cham-
berry , 8c fe jette , avec l’Orbane, dans le lac du
•Bourget. ( D . J.')
LAISSES de la mer, (Marine. ) ce font des terres
de deffus lefquelles la mer s’eft retirée. On dit laiffe
de baffe mer pour marquer le terrein que la mer découvre
lorfqu’elle fe retire & qu’elle eft à la fin de
fon reflux.
LAISSÉ, f. m. ( Rubanier. ) ce font tous les points
blancs d’un patron qui déficient les hautes liffes ,
c’eft-à-dire les endroits oit il faut paffer les trames à
côté des bouclettes des hautes liffes, & non dedans.
Ainfi on dit, la fixieme haute liffe fait un laijfé-le. En
un mot, c’eft le contraire des pris. Voye^ Pris.
LAISSÉE , f. f. ( terme de Chaffe ) ce font les fientes
des loups 8c des bêtes noires.
LAISSER, v . a&. ( Gramm. & Art mech.) ce verbe
a un grand nombre d’acceptions différentes, dont
voici les principales défignées par des exemples-:
l’accufation calomnieufe de cet homme que j’aimois,
m’a laijfé une grande douleur, malgré le mépris que
j’en fais à prêtent. On a laijfé cet argent en dépôt.
On laiffe tout traîner. On laiffe un homme dans la
naffe & l’on s’en tire. On laifje fouvent le droit chemin.
Malgré le peu de vraiffemblance, ce fait ne laiffe
pas que d’être vrai. Il faut laijfer àfes enfansun bien
dont on n’eft que le dépofitaire , quand on l’a reçu
de fes peres. Laiffe^- moi parler, 8c vous direz après.
Il vaut mieux laijfer aux pauvres qu’aux églifes. Je
me fuis laijfé dire cette nouvelle. Cette comparaifon
laiffe une idée dégoûtante. Ce vin laiffe un mauvais
goût. Je me laiffe aller, quand je fuis las de refifter.
Je ne laiffe au hafard que le moins que je peus. Il y
a dans cet auteur plus à prendre qu’à laijfer, & c .
Laisser aller fon cheval, c’éft ne lui rien demander
, 8c le laijfer marcher à fa fantaifie, ou bien c’eft
ne le pas retenir de la bride lorfqu’il marche ou qu’il
galope ; il fignifie encore , lorfqu’un cheval galope,
lui rendre toute la main 8c le faire aller de toute fa
vîteffe. Laijfer échapper. Voye^ ECHAPPER. Laijfer
tomber. Voye^ T omber. Laijfer fouffler fon cheval.
Voye{ Souffler.
LAIT, f. m. (Chimie,Dicte &Mat. med.') Il eft inutile
de définir le lait par fes ; qualités extérieures :
tout- le monde connoît le- lait.
Sa conftitution intérieure ou chimique, fa nature
n’eft p.as bien difficile à dévoiler non plus : cette fub-
ftance eft de l’ordre des corps furcompofés , voyeç
Mixtion , & même de ceux dont les principes ne
font unis que par une adhérence très-imparfaite»
Tome IX ,
| Une altération fpontanée & prompte que cette
liqueur fubit infailliblement lorfqu’on la laiffe à elle-
même, c’eft à-dire fans mélange & fans application
de chaleur artificielle ; cette altération, dis-je, fuffit
pour défunir ces principes & pour les mettre en état
d’être féparés par des moyens (impies & méchani-
ques. Les opérations les plus communes pratiquées
dans les laiteries, prouvent cette vérité. Voy. Lait,
économie ruflïquo.
Les principes du lait ainfi manifeftés comme d’eux-
mêmes , font une graiffe fubtile, connue fous le
nom de ybeurre , voÿe{ B E u r r e ; une fiibftance
muqueufe , appellée cafèeufe, du latin cafeus, fromage
, voyei Muqueux & Fromage ; & une liqueur
aqueufe, chargée d’une matière faline 8c muqueufe.
Cette liqueur eft connue fous le nom de
petit-lait, 8c fous le nom vulgaire de lait de beurre ;
8c cette matière faline-muqueufe, fous celui dé f i l
ou de fucre de lait. Voye^ Petit-lait & Sucre DE
lait , à la fuite du préfent article.
Cette altération fpontanée du lait eft é videmment
une efpece de. fermentation. Auffi la partie liquide
du lait ainfi altéré , qui a été débarraffée des matières
concrefcibles dont elle étoit auparavant chargée,
eft-elle devenue une vraie liqueur fermentée , c’eft-
à-dire qu’il s ’eft engendré ou développé chez elle le
produit effentiel & fpécifique d’une des fermentations
proprement dites, voye{ Fe r m e N t a t io n .
C ’eft à la fermentation acéteufe que tourne communément
le petit lait féparé de foi-même , Ou lait de
beurre ; mais on penfe qu’il n’eft pas impoffible de
ménager cette altération de maniéré à exciter dans
le lait la fermentation vineufe, & à faifir dans la fuc-
ceflion des changemens arrivés dans le petit-lait, au
moins quelques inftans , pendant lefquels on le trouverait
fpiritueux 8c enivrant. On ajoute que de pareilles
obfervations ont été faites plus d’une fois par
hafard dans les pays où , comme en Suiffe , 1e lait de
beurre eft une boiffon commune 8c habituelle pour
les hommes & pou r quelques animaux domeftiques,
tels que les cochons, &c. On prétend donc qü’il n’eft
pas rare dans ces contrées de voir des hommes 8ç
des cochons enivrés par une abondante boiffon de
lait de beurre. On peut tenter fur ce fujet des expériences
très-curieufes 8c très-intéreffantes.
La fermentation commence dans le lait, 8c même
s’y accomplit quant à fon principal produit, celui de
l’acide, avant que le beurre 8c fromage fe féparent ;
carie /<zir laiffé à lui-même s’aigrit avant détourner,
c’e ft-à -d ire avant la defuniondes principes dont
nous venons de parler : l’un 8c l’autre changement,
favoir l'aigrir 8c le tourner , font d’autant plus
prompts, que la faifon eft plus chaude.
On n’a pas déterminé, que je fâche, par des expériences
, fi une partie de l’acide du lait aigri étoit
Volatile.
Les principes immédiats du lait fedefuniffent auffi
par l’ébullition. Dès qu’on fait bouillir du lait, il fe
forme à fa furface une pellicule qui ne différé pref-
que point de celle qui nage fur le lait qui a fubi la dé-
compofition fpontanée : cette matière s’appelle crème
,* elle n’eft autre chofe que du beurre mêlé de
quelques parties de fromage, & empreint ou imbibé
de petit-/air. On peut épuifer le lait de fa partie bu-
tireufe, par le moyen de l’ébullition. Dans cette opération
, le fromage refte diffous dans le petit-Azir qui
n’aigrit point ( ce qui eft conforme à une propriété
conftante de la fermentation vineufe & de l’acéteu-
f e , favoir d’être empêchées, prévenues, fufjpendues
par un mouvement étranger), 8c qui acquiert même
la propriété d’aigrir beaucoup plus tard, lorfqu’on
l’abandonne enfuite à fa propre pente. Le laie qu’on
a fait bouillir feulement pendant un quart- d’heu-
rç.f fe conferve fans aigrir ni tourner pendant beau