«ft caffante. M y en a auffi qui a une couleur qui approche
de celle des perles ; elle efi demi-tranfpa-
rente & duûile. Cette mine fe rolatilife à un grand
feu. On en a trouvé à Johann-Georgenftadt en
Mifnie.
5°. La mine d’argent blanche eft compofée d’argent
, de cuivre, de foufre, d’arfenic, & quelquefois
d’une petite portion de plomb. C’eft improprement
qu’on lui donne le nom de mine (Purgent blan-
■ chc, vû qu’elle eft d’ un gris clair. Plus elle contient
de cuivre , plus elle eft d’une couleur foncée, &
alors on la nomme mine d'argent grife, en allemand
fahl-ert{. C ’eft relativement à cette derniere que la
première s’appelle blanche. Ces mines varient pour
la quantité d’argent qu’elles contiennent ; fou vent
elles en ont jufqu’à vingt marcs par quintal.
6°. La mine d’argent en plumes , en allemand
jeder-ert{ ; c’eft une mine compofee de petites hou-
pes femblables à des poils ou aux barbes d’une plume
; elle eft légère 6c noire comme de la fuie , 6c
■ colore les doigts. C ’eft de l ’argent minéralifé par le
foufre , Tarfenic & l’antimoine. On pourroit foup-
çonner que cette mine eft formée par la décompoli-
tion de celle que les Allemands nomment leber-ertç ,
ou mine de foiet qui n’eft autre chofe que l’argent minéralifé
par le foufre 6c l’antimoine ; elle eft brune,
6c fe trouve à Braunfdorf en Saxe.
7°. La mine d’argent de la couleur de merde
d’o ie, eft un mélange de la mine d’argent rouge &
grife , de l’argent natif dans une roche verdâtre ou
dans une efpece d’ochre. Elle eft très-rare.
Telles font les principales mines d’argent; mais
ce métal fe trouve encore en plus ou moins d’abondance
dans les mines d’autres métaux ; c’eft: ainfi
qu’il n’y a prefque point de mine de plomb qui ne
contienne une portion d’argent; il n’y a , dit-on,
que la mine de plomb de Willach en Carinthie, qui
n’en contient point du tout. Voye^ P l o m b . Plufieurs
terres ferrugineufes jaunes & couleur d’ochre, contiennent
auffi d e ,l’argent ; les Allemands les nomment
gilben. On trouve des terres noires qui ne font
que des mines décompofées qui renferment ce métal.
L’argent fe rencontre auffi dans des mines de
f e r , dans celles de cobalt, dans des pyrites, dans la
blende ou mine de zinc. On en trouve dans des
ardoifes ou pierres feuilletées, dans des terres argil-
leufes, dans quelques efpeces de guhrs, &c. L’or nat
if eft fouvent mélé d’une portion d’argent. Voy. O r.
M. de Jufti, célébré minéralogifte allemand , af-
fure avoir trouvé à Annaberg en Autriche, une mine
dans laquelle l’argent fe trouvoit minéralifé avec un
alkali ,& enveloppé dans de la pierre à chaux. Cette
découverte feroit importante dans la minéralogie ,
vû que jufqu’ici on ne connoiffoit que le foufre 6c
l ’arfenic , qui fuffent propres à mincralifer les métaux.
Cependant il y a lieu de douter de la réalité
de la découverte de M. de Jufti, qui demande des
preuves plus convaincantes que celles qu’il a données
jufqu’à préfent au public.
Il eft bon de remarquer que la plupart des minéra-
logiftes ont donné le nom de mines d'argent à des
mines qui contenoient une très-petite quantité de
ce métal, contre une beaucoup plus grande quantité
, foit de cuivre, foit de fe r , &c. On fent que
ces dénominations font vicieufes, & qu’il feroit plus
exatt de nommer ces mines d’après le métal qui y
domine , en ajoutant qu’elles contiennent de l’argent
; ainfi la mine d’argent grife pourroit s’appeller
mine de cuivre tenant argent. Il en eft de même de
beaucoup d’autres.
Aucun pays ne produit une auffi grande quantité
d’argent que l’Amérique efpagnole ; c’eft fur-tout
dans le Potofi 6c le Méxique que fe trouvent les mi-
îles les plus abondantes de ce métal, L’Europe ne
laifle pas d’en fournir une très-grande quantité. On
en trouve principalement dans les mines du Hartz ,
qui produifent un revenu très-confidérable pour la
maifon de Brunfwick. Les mines de Freyberg en
Mifnie,ont été pareillement depuis plufieurs fiecles,
une fource de richeffes pour la maifon de Saxe. L’Ef-
pagne fournifloit autrefois une quantité d’argent
prefqu’incroyable aux Carthaginois 6c aux Romains.
Pline nous apprend qu’Annibal en tiroit régulièrement
de la feule mine de Belbel trois cens livres par
jour. Il paroît que depuis que ce pays eut été entièrement
fournis aux Romains , ces fiers conquérans
tirèrent d’Efpagne la valeur de 1 1 1 542 livres d’argent
dans l’efpace de neuf années. La Norvège produit
auffi une affez grande quantité d’argent. On
trouvera dans le premier volume de ce Dictionnaire
à l'article A r g e n t , les noms des principaux endroits
du monde, où l’on trouve des mines de ce métal,
ainfi que les différens noms que les Efpagnols donnent
aux différentes mines du Potofi.
Lorfque l’on a trouvé une mine d’argent, il faudra
s’affurer par les effais de la quantité de ce métal qui
y eft contenu. Si c’eft de l’argent natif, on n’aura
qu’à dégager ce métal de la matrice ou de la roche
qui l’enveloppe, après quoi on le fera fondre dans
un creufet avec du flux noir ; ou bien on joindra la
mine pulvérifée avec du mercure , qui.formera un
amalgame avec l’argent ; on paffera cet amalgame
par une peau de chamois, & on prendra la maffe qui
fera reftée dans le chamois, & on la placera fous
une moufle pour en dégager le mercure ; par ce
moyen l’on aura l’argent feul que l’on pefera. Si la
mine d’argent que l’on voudra effayer eft ou fulfu-
reufe ou arfenicale, ou l’un & l’autre à-la-fois, on
commencera par la pulvérifer groffiereriient, on la
fera griller doucement pour en dégager les fubftances
étrangères ; après quoi on fera fondre huit parties
de plomb dans une écuelle placée fous une moufle ;
on y portera une partie de la mine grillée 8$ encore
chaude, que l’on aura mélée préalablement avec
partie égale de litharge ; on augmentera le feu, on
remuera le mélange , afin que l’argent qui eft dans
la mine puiffe s’incorporer avec le plomb fondu ;
lorfqu’il fe fera formé une feorie femblable à du
verre à la furface , on vuidera le tout dans un cône
frotté de fuif; le plomb uni à l’argent tombera au
fond , 6c formera un culot ou régule, à la furface
duquel feront les feories que l’on pourra en détacher.
Ce régule eft alors en état de pafler à la coupelle.
yoye^ C o u p e l l e & E s s a i .
Les mines d’argent fe traitent en grand de trois
maniérés; favoir i° . par la fimple fufion ; 20. en
les joignant foit avec du plomb , foit avec de la
litharge, foit avec des mines de plomb ; 30. en les
amalgamant avec du mercure.
Lorfque les mines d’argent font très-riches , telles
que celles qui contiennent de l’argent vierge., les
mines d’argent rouges 6c blanches, &c. on les fait
griller pour dégager les parties fulfureufes & arfe-
nicales qui pourroient y être jointes ; après quoi on
les fait fondre fimplement dans le fourneau, & en
leur joignant un fondant qui puiffe vitrifier la pierre
qui fert de matrice à la mine d’argent, par-là ce métal
fe dégage 6c tombe au fond du fourneau. On le
purifie enfuite pour lui enlever les fubftances étrangères
qui ont pû fe combiner avec lui.
Mais comme les mines d’argent vierge font aflez
rares, 6c comme ce métal eft plus communément
joint en petite quantité avec un grand volume d’autres
métaux , tels que le cuivre 6c le plomb, on eft
obligé de joindre du plomb ou de la mine de plomb,
avec de la mine d’argent, après l’avoir grillée, afin
que le plomb s’ uniffe avec ce métal, le fépare des
autres métaux > 6c l’entraîne au fond du fourneau ,
tandis que les matières hétérogènes font converties ett
feories, 6c nagent à fa furface. Ce plomb ainfi combiné
avec l’argent, fe nomme plomb d'oeuvre ; on le
verfe dans des poêlions de fer , où il refroidit &
prend de la confiftance. Voye^ CÉu v r e . Ce plomb
uni avec l’argent eft en gâteaux, que l’on porte à la
grande coupelle, où le plomb eft converti en un
verre que l’on qpmine litharge, & l’argent leulrefte
fur la coupelle. Voyc^ C o u p e l l e .
Lorfque les mines font peu riches en argent, on
tâche de rapprocher 6c dè concentrer fous un moindre
volume l’argent qu’elles contiennent, fans quoi
on dépenl'eroit trop en plomb pour les mettre en fufion.
Pour cet effet, on mêle ces mines d’argent
avec des feories & avec des pyrites, 6c on les fait
fondre au fourneau ; c’eft ce qu’on appelle dègrojjir
la mine. C e travail produit un mélange ou une matte,
que l’on fait pafler par différens feux pour la griller ;
après quoi on joint ces mattes grillées avec des mines
d’argent plus riches, ou avec du plomb ou des mines
de plomb que l’on traite de la maniéré indiquée ci- 1
deffus , alors le produit s’appelle matte de plomb ;
elle nage au-deffus du plomb d’oeuvre 6c au-deflous 1
des feories. Lorfque la matte de plomb a été grillée
convenablement, on en fait l’eflai en petit, pour
favoir la quantité d’argent qu’il donne à la grande
coupelle. -
Lorfque des mines de cuivre contiennent une portion
d’argent, on l’obtient en joignant du plomb au
cuivre, opération qui fe nomme liquation. Voyez
cet article.
Dans les pays où l’on trouve beaucoup d’argent
vierge , ou bien où le bois eft trop rare pour qu’on
faflê fondre ces mines, on les traite par l’amalgame,
en les écrafant 6c en les triturant enfuite avec le mercure
que l’on fait évaporer enfuite par le moyen du
feu ;*c’eft là ce qui fe pratique au Pérou, au Potofi
6c dans les autres endroits de l’Amérique efpagnole.
Voye^ P i g n e s .
Au foftir des travaux en grand , il eft très - rare
que l’argent foit d’une pureté parfaite ; quand on
veut l’avoir entièrement pur, on eft obligé de le
faire pafler par de nouvelles opérations ; la principale
eft celle de la coupelle, voye^ C o u p e l l e . Elle
eft fondée fur la propriété que le plomb a de vitrifier
tous les métaux , à l’exception de l’or 6c de Par*
gent ; mais la coupelle n’a point toujours purifié
l’argent auffi parfaitement qu’on le defire , alors
pour achever de le rendre pur, on fe fert du foufre.
Pour cet effet, on prendra de l’argent de coupelle
que l’on mettra dans un creufet avec du foufre ; on
donnera un feu aflez fort pour que l’argent entre
en fufion ; lorfqu’il fera parfaitement fondu, on vuidera
la matière dans un mortier de fer ; lorlqu’elle
fera refroidie, elle aura la couleur du plomb 6c fera
femblable à la mine d’argent vitreufe. On divifera
cette mafle 6l on la pulvérifera autant qu’il fera
poffible ; on la mettra dans une écuelle de terre ,
où on la fera calciner pour en dégager le foutre ;
lorfqu’il fera entièrement diffipé, on fera fondre Tangent
avec du borax & de l’alkali f ix e , 6c l’argent
qu’on obtiendra fera parfaitement pur.
On peut encore purifier l’argent par le moyen
du nitre. On n’a pour cela qu’à faire fondre de
l ’argent de coupelle avec ce fe l, & le tenir en fur-
fion jufqu’à ce qu’il n’en parte plus aucune vapeur.
Alors l’argent fera auffi pur que Ton puiffe le defi-
rer ; on jugera que ce métal aura été parfaitement
purifié , lorfque les feories qui fe forment à fa fur-
îaee n’auront aucune couleur verte.
On purifie encore l’argent par le moyen de l’antimoine
crud, dont le foufre s’unit aux métaux qui
font alliés avec l ’argent , fans toucher à ce métal
qui fe combine ayec la partie régulinê de l’aatirtioîné.
On le fé p a r e e n fu ite d e Ce r é g u lé en le fa i -
fan t d é to n n e r a v e c I.e n itr e q u i r éd u i t l’an tim o in e e n
c h a u x fan s d é c om p o fe r l ’a r g e n t . -
Pour s ’a ffu r e r fi l ’a r g e n t e ft p u r , o n n’ a u t â qu’à lô
fa i r e d iffo u d r e d an s d e l’ e a u fo r t e ; p o u r p e u qu ’i l
d o n n e u n e c o u le u r v e r t e à c e d i f f o lv a n t , o n aurtfc
lie u d ’ ê t r e c o n v a in c u q u e l’ a rg e n t c o n te n o i t e n c o r e
q u e lq u e s p o r t io n s d e c u i v r e . C ’eft fo u v e n t l e p lom b
q u i a é té jo in t a v e c l ’a r g e n t d an s la c o u p e lle , q u i
lu i com m u n iq u e d u c u i v r e , & c ’ e ft c e c u iv r e q u i
e ft c a u fe d u d é c h e t q u e Ton é p r o u v e lo r fq u ’o n fa i t
fo n d r e l ’ a r g e n t à p lu fie u r s r e p r ife s , p a r c e q u ’alOrs
l ’a f t io n du f e u c a lc in e le c u i v r e , c e q u i e ft c a u fe
d u d é c h e t d o n t on s’ a p p e r ç o it . Si o n v e r f e de l ’a i—
k a l i v o l a t i l fu r d e l’a r g e n t , il fe c o lo r e r a en b l e u , '
p o u r p e u q u e c e m é ta l co n tien n e d u c u i v r e .
Lorfque l’argent eft parfaitement pur, il eft fort
mou, au point qu’il eft difficile d’en faire des ouvrages
d’orfèvrerie, c’eft pour cela qu’on l’allie communément
avec du cuivre pour lui donner du corps*-’
D ’où Ton voit que les vaiffeaux d’argent ainfi allié,'
peuvent avoir fouvent les mêmes dangers que les
vaiffeaux ou uftenfiles de cuivre. Si l’on vouloit
avoir des pièces d’argent parfaitement pur , il fau-
droit les faire faire plus épaiffes 6c plus fortes*
Les Orfèvres pour donner de la blancheur éc dô'
l’éclat aux ouvrages d’argent, les font bouillir dans
une eau où ils ont fait diffoudre du tartre avec du fel
marin , auxquels quelques-uns joignent du fel ammoniac.
On fent aifément que cette opération n’eft
point une vraie purification ; elle ne pénétré point
dans l’intérieur de l’argent, &-n’enleve que les parties
cuivreùfes qui fe trouvent à la furface.
Ce qu’on appelle le titre de l'argent, eft fon degré
de pureté. Une maffe d’argent quelconque fe divife
en douze parties , que l’bn nomme deniers, 6c cha-
I que denier en trente-deux grains. Ainfi fi une maffe
étoit compofée de onze parties d’argent fin & d’une
partie de cu ivre, on diroit que cet argent efi à on^t
deniers 6c ainfi de fuite. En Allemagne l’argent eu
égard à fa pureté, fe divife en feize parties que l’on
nomme loths ou demi-onces. La maniéré dont les Orfèvres
jugent communément de la pureté ou du titre
d'e l’argent eft très-peu exaâe ; ils frottent la
piece d’argent qu’ils veulent connoître fur une pierre
de touche , fur la trace que ce métal a laifle futf
la pierre, ils mettent de l’eau forte ; fi elle deviens
verte ou bleuâtre , ils jugent que cet argent contient
du cuivre , mais ils ne peuvent point connoître
par-là la quantité de cuivre que l’argent contient
; d’ailleurs cette épreuve ne peut faire connoître
fi les morceaux qu’on leur préfente ne renfer-!
ment point quelque autre métal à leur intérieur.
Les Chimiftes ont long-tems cru que l’argent non
plus que l’or ne pouvoit point fe calciner , c’eft-à-
dire , que l’aftion du feu ne pouvoit point le décompofer
ou lui enlever fon phlogiftique ; maintenant
on eft convaincu de cette vérité. On n’a qu’à
prendre de l’argent en limaille , ou ce qui vaut
encore mieux , on prendra de l’argent, qui aura
été diffout dans de l’eau forte , on l’expofera pendant
deux mois à un feu de réverbere qui ne foie
point affez fort pour le faire fondre, 6c l’on obtiendra
une véritable chaux d’argent; d’où Ton voit que
l’argent perd fon phlogiftique , quoique plus lentement
que les autres métaux. Cette chaux d’argent
vitrifiée donne un verre jaune.
L’auteur d’un ouvrage allemand fort eftimé des
Chimiftes , qui a pour titre Alchymia denudata , indique
un autre moyen pour calciner l’argent. Il dit
de mettre l’argent en cementation avec de la craie ,
de la corne de ce rf, &c. 6c de l’expofer enfuite à urt
feu de réverbere. Le même auteur donne encore
un autre procédé ; il confifte à diffoudre l’argent