étoit une efpece de prifon magnifique > dont on ne
pouvoit s’évader. | .
J’ajoute ici que le labyrinthe de Crete , décrit par
M. de Tournefort dans lès voyages & dans les. mémoires
de l’académie des Sciences, année ryo x , n eft
point le fameux labyrinthe de Dédale ; c’eft un conduit
foûterrein naturel, en maniéré de rues, qui par
cent détours pris en tous fens, & fans aucune régularité,
parcourt tout l’intérieur d’une colline fituee
au pié du mont Ida, du côté du midi, à trois milles
de l’ancienne ville de Gortyne : il ne fert de retraite
qu’à des chauve-fouris.
3°. Le labyrinthe de Pile de Lemnos, félon Pline,
liv. X X X V l. c. xiij. étoit femblable aux précédons
pour l’embarras des routes. Ce qui le diftinguqit,
c’étoit cent cinquante colonnes, fi également aju-
ftées dans leurs pivots, qu’un enfant pouvoir les
faire mouvoir, pendant que l’ouvrier les travailloit.
C e labyrinthe étoit l’ouvrage des archite&es Zmilus,
Rholus, & Théodore de Lemnos : on en voyoit
encore des veftiges du tems de Pline.
4°. Le labyrinthe d'Italie fut bâti au-deffous de
Clufium, par Porfenna roi d’Etrurie, qui Voulut fe
faire un magnifique tombeau , & procurer à l ’Ita-
lie la gloire d’avoir en ce genre furpaffé la vanité
des rois étrangers. Ce qu’on en diloit, étoit fi peu
croyable , que Pline n’a ofé prendre fur foi le récit
qu’il en fa it , & a mieux aimé employer les termes
de Varron. Le monument de Porfenna , dit ce dernier
, étoit de pierres de taille : chaque côté avoit
trois cens piés de largeur, & cinquante de hauteur.
Dans le milieu étoit le labyrinthe, dont on ne pou-
voit trouver la fortie, fans un peloton de fil. Au-
deffus, il y avoit cinq pyramides de foixante &
quinze piés de largeur à leur bafe, & de cent cinquante
de hauteur, &c. Il ne reftoit plus rien de ce
monument du tems de Pline. ( D . J. )
Labyrinthe, ( Jardinage. ) appellé autrefois
dédale, eft un bois coupé de diverles allées pratiquées
avec tant d’art, qu’on peut s’y égarer facilement.
Les charmilles, les bancs, les figures , les
fontaines , les berceaux qui en font l’ornement, en
corrigent la folitude, & femblent nous confolêr de
l’embarras qu’il nous caufe. Un labyrinthe doit être
un peu grand , afin que la vue ne puiffe point percer
à-travers les petits quarrés de bois, ce qui en
ôteroit l’agrément. Il n’y faut qu’une entrée quifer-
vira aufli de fortie.
L A C , lacus> f. m. ( H f i . nat.) c’eft le nom qu’on
donne à de grands amas d’eau, raffemblés au milieu
d’un continent, renfermés dans des cavités de la
terre , & qui occupent un efpace fort étendu. En
général un lac ne différé d’un étang que parce que
l ’étendue du premier eft plus grande & fon volume
d’eau plus confidérable.
On compte des lacs de plufieurs efpeceS ; les uns
reçoivent des rivières & ont un écoulement fenfi-
ble ; tel eft le lac Léman ou lac de Géneve, qui eft
traverfé par le Rhône , qui en relTort enfuite ; d’autres
lacs reçoivent des rivières Sc n’ont point d’écoulement
fenfible : la mer Cafpienne peut être regardée
comme un lac de cette efpece; elle reçoit leWolga
& plufieurs autres rivières, fans que l’on remarque
par oiifeseaux s’écoulent. Il eft à préfumer que les
eaux de ces fortes de lacs s’échappent par des conduits
fonterreins. Il y a dés /aciqui ont des écoulemens
fenfibles fans qu’on s’apperçoive d’où l’eau peut leur
venir. Dans ces cas on doit préfumer qu’il y a au
fond de ces lacs des fources qui leur fourniffent fans
celle des eaux dont ils font obligés de fe débar-
raffer , faute de pouvoir les contenir. Enfin il y a
des lacs qui ne reçoivent point de rivières & qui
n’ont point d’écoulemens_; ceux de cette derniere
elpece ont ou perpétuellement de l’eau , ou n’en
ont qu’en de certains tems. Dans le premier cas , ils
font formés par des amas d’eaux fi confidérables,qu’ils'
ne peuvent point entièrement s’évaporer ; ou bien'
cela vient de ce que les cavités dians lefqu elles ces
eaux font renfermées , font trop profondes pour
que toutes leurs eaux pui fient difparoître avant que
les pluies & les orages leur en aient rendu de nouvelles.
Quant aux lacs qui n’ont de l’eau que pendant
un certain tems , ils font pour l’ordinaire produits
par des inondations paffageres des rivières qui
forment des amas d’eau qui ne fubfiftent qu’autant
qu’il revient de nouveaux débordemens qui leur
rendent ce qu’ils Ont perdu par l’évaporation, ou
par la filtration au-travers des terres.
Les lacs varient pour la qualité des eaux qu’ils
contiennent ; il y en a dont les eaux font douces,
d’autres ont des eaux falées, d’autres font mêlées
de bitume qui nage quelquefois à leur furfaee-, comme
le lac de Sodome» que l’on appelle aufli mer
morte. D ’autres ont des eaux plus ou moins chargées-
de parties terreufes ôc propres à pétrifier, comme le
lac de Neagh en Irlande. Voye^ L o u g h -Neagh &
L o ugh -Lene.
Différentes eaufes peuvent concourir à la formation
des lacs ; telles font fur-tout les inondations ,
foit de la m er, foit des rivières, dont les eaux, portées
avec violence par les vents fur des terres enfoncées
, ne peuvent plus fe retirer. C ’eft ainfi que
paroît avoir été forme le lac connu en Hollande fous
le nom de mer de Harlem; la mer pouffée avec force
par les vents, a rompu les obftacles que lui oppo-
foient les digues & les dunes ; ayant une fois inondé
un pays, dont le niveau eft au-deflous de celui dé fes
eaux, le terrein fubmergé a dû refter au même état.
Les tremblemens de terre & les embrafemens fou-
terrains ont encore du produire un grand nombre de
lacs. Ces feux, en minant continuellement le terrein-,
y forment dès creux ôi des cavités plus ou moins
grandes, qui venant à fe remplir d’eau, foit des
pluies, foit de l’intérieur même de la terre, mon-,
trent des lacs dans des endroits où il n’y en avoit
point auparavant. Il eft à préfumer que c’eft ainfi
qu’a pu fe former la mer Morte, ou le lac de Sodome
en Judée. Il n’eft point furprenant que les eaux de
ces lacs foient chargées de parties bitumineufes, ful-
fureufes & falines, qui les rendent d’un goût & d’une
odeur defagréables ; ces matières font dûes au terrein
qui les environne, ce font les produits des embrafemens
qui ont formé ces fortes de lacs.
Toutes les parties de l’univers font remplies de
lacs, foit d’eaux douces, foit d’eaux falées, de différentes
grandeurs ; ils préfentent quelquefois des
phénomènes très - dignes de l’attention des Phyfi-
ciens. C ’eft ainfi qu’en Ecoffe le lac de Nefs ne gele
jamais, quelque rigoureux que foit l’hiver , dans un
pays déjà très-froid par lui-même : ce lac eft rempli
de fources, & dans les tems de la plus forte gelée
fes eaux ne perdent point leur fluidité, elles
coulent pendant que tout eft gelé aux environs.
Voyei les Tranfactions philofophiques, n°. z 5g . On
voit dans le même pays un Lac appellé Loch-Monar,
qui ne gele jamais avant le mois de Février, quelque
rigoureux que foit l’hiver ; mais ce tems une fois
venu , la moindre gelée fait prendre fes eaux. La
même chofe arrive à un autre petit lac d’Ecoffe dans
le territoire de Straherrick. Voye%_ les Tranfactions
philofophiques, n°. 114.
De tous les phénomènes que préfentent les diffé-
rens lacs de l’univers, il n’y en a point de plus fin-
guliers, ni de plus dignes de l’attention des Natura-
liftes que ceux du fameux lac de Cirknitz en Car-
niole ; il a la propriété de fe remplir & de fe vuider
alternativement fuivant que la faifon eft féche ou
pluvieufe. Les eaux de ce lac fe perdent par dix-huit
trous ou entonnoirs qui font au fond de fon baflîn.“
£n hiver il eft ordinairement rempli d’eau, à moins
que la faifon ne fût très-feche ; mais en é té , lorfque
la fécherefle a duré quelqup tems, il fe vuide entièrement
én vingt-cinq jours; cependant, pour peu
qu’il pleuve fortement pendant deux ou trois jours
de fuite, l’eau commence à y revenir. Lorfque le
lac de Cirknitz eft à fe c , les habitans du pays vont
y prendre, pour ainfi dire à la main, tout le poiffon
qui s’y trouve privé de fon élément ; cela n’empêche
point que, lorfque l’eau y revient, l’on n’y retrouve
de nouveau une quantité prodigieufe de très-
grands poiffons, & entre autres des brochets qui
pefent depuis 50 jufqu’à 70 livres. Si la fécherefle
dure pendant long-tems, on peut y pêcher, y chàf-
fer, & y faire la récolte dans une même année. Ce
lac n’a point de faifon fixe pour fe mettre à fec ;
tout dépend uniquement de la fécherefle de la faifon
, une pluie d’orage fuffit quelquefois pour le
remplir. Ce lac eft fort élevé relativement au terrein
des environs ; la terre y eft remplie de trous ; cela
peut donc aifément faire concevoir la raifon pourquoi
il eft fujet à fe vuider, lorfqu’il ne va plus s’y
rendre d’eau ; mais comme il eft environné de montagnes
de tous côtés, pour peu qu’il tombe d’eau
de pluie, elle fe ramaffe dans les cavernes & cavités
dont ces montagnes font remplies ; alors ces e aux,
amoncelées dans ces creux, forcent par leur poids
les eaux renfermées dans le réfervoir fouterrein qui
eft au-deffous du lac à remonter, & à s’élever par
les mêmes trous par Iefquels elles s’étoient précédemment
écoulées. En effet, il faut néceffairement
fuppofer qu’au-deffous du baflîn du lac de Cirknitz ,
il y a un autre lac fouterrein ou un réfervoir immen-
fe , dont les eaux s’élèvent lorfque les cavernes qui
y communiquent par deffous terre ont été remplies
par les pluies. Ces nouvelles eaux, par leur preflîon
& leur poids, forcent les eaux du réfervoir fouterrein
à monter ; cela fe fait de la même maniéré que
dans les jets d’eaux ordinaires qui font dans nos jardins.
En effet, à la fuite des grandes pluies, on voit
jaillir l’eau par quelques-uns des trous jufqu’à la hauteur
de 15 à 20 piés ; & quand la pluie continue, le
baflîn du lac fe trouve rempli de nouveau quelquefois
en moins de vingt-quatre heures. C’ eft par ces
mêmes trous que revient le poiffon que l’on y retrouve
; quelquefois même on a vû des canards for-
tir par ces ouvertures, ce qui prouve d’une maniéré
inconteftable la préfence du réfervoir fouterrein,
dont on a parlé, & qu’il doit communiquer à des
eaux qui aboutiffent à la furfaee de la terre. Ce lac,
que les habitans du pays nomment Zirknisku - jeferu,
a environ deux lieues de longueur & une lieue de
largeur, & fa plus grande profondeur, à l’exception
des trous, eft d’environ 24 piés.
M. Gmelin, dans fon voyage de Sibérie, dit que
tout le terrein qui fe trouve entre les rivières d’Ir-
tifeh & de Jaik eft rempli d’un grand nombre de lacs
d’eau douce & d’eau falée; quelques-uns contiennent
des poiffons, & d’autres n’en contiennent point;
mais un phénomène très-fingulier,'c’eft que quelques
uns de ces lacs qui contenoient autrefois de
l ’eau douce , font devenus amers & falés, & ont
pris une forte odeur de foufre, ce qui a fait mourir
tous les poiffons qui s’y trouvoient. Quelques-uns
de ces lacs de Sibérie font fi chargés de fel qu’il le
dépofe au fond en très-grande quantité , & il y en
a d’autres dont on obtient le fel par la cuiffon; celui
qui s’appelle fchimjoele-kul eft fi falé, que deux
féaux de fon eau donnent jufqu’à vingt livres de fel.
Quelquefois à très-peu de diftance d’un de ces lacs
laies, il s’en trouve d’autres dont l’eau eft très-
douce & bonne à boire. Il fe forme dans ce pays des
lacs nouveaux dans des endroits où il n’y en avoit
Tome IX ,
point auparavant ; mais cet auteur remarque avec*
raifon que rien n’eft plus fingulier ni plus digne de
l’attention des Naturalistes, que ces changèrtrenS qui
fe font d’un lac d’eau dolicé en un lac d’eau amerô
ôc falée dans une partie du continent fort éloignéô
de la mer. Il eft aufli fort furprenant de voir que
quelques-uns de ces lacs fe deffechent, tandis qu’il
s’en forme de nouveaux en d’autres endroits. Voyez
Gmelin , voyage de Sibérie-.
L a g , (Hifi, ahcj) le refpeft pour lès lacs faifoit
partie de la religion des anciens Gaulois, qui les
regardaient comme autant dé divinités, ou au moins
de lieux qu’elles choififfoïent pour leur demeure ; ils
donnoient même à ces lacs le nom de quelques dieux
particuliers. Le plus célébré étoit celui deToulou*
f e , dans lequel ils jettoient, foit en efpeces, foit ett
barres ou en lingots l’or & l’argent qu’ils avoienfc
pris fur les ennemis. II y avoit aufli dans le G cvan*
dan, au pié d’une montagne, un grand lac confacré
à la Lune, où l’on s’aflembloit tous les ans des pays
circonvoifins, pour y jettet les Offrandes qu’on fiai*
foit à la déeffe. Strabon parle d’un autre làc très*
célébré dans les Gaules, qu’on nommoit le lac des\
deux corbeaux, parce que deux de ces oifeaux y fai-;
foient leur féjouf ; & la principale cérémonie relt*
gieufe qui s’y pratiquoit, avoit pour but de fairo
décider par ces divins corbeaux les différends, foit
publics, foit particuliers. Au jour marqué, les deux:
partis fe rendoient fur les bords du Lac, & jettoient
aux corbeaux chacun un gâteau ; heureux celui dont
ces oifeaux mangeoient le gâteau de bon appétit, it
avoit gain de caufe. Celui au contraire dont les cor*'
beaux ne faifoient que becqueter & éparpiller l’of*'
frande, étoit cenfé condamné par la bouche mémo
des dieux ; fuperftition affez femblable à celle des
Romains pour leurs poulets façrés.
L a c des Iro qu ois , ( Géog. ) c’eft lé nom d’un
grand lac Ae l’Amérique feptentrionale, au Canada*'
dans le pays des Iroquois, au couchant de la Nou*
velle Angleterre. Il eft coupé dans fa pointe occi*
dentale par le 305e degré de longitude, & dans fil
partie feptentrionale par le 45e degré de latitude*
- L a c -majeur ou L a c -majoür , (Géog.) t e lac?
que les Italiens appellent- lago-maggiorc, parce qu’if.
eft le plus grand des trois lacs de la Lombardie, àu
duché de Milan, a beaucoup de longueur fut peu dô
largeur en général : c’eft: le Verb anus-lacus des anciens.
Il s’étend du nord au fud ; & dans l’étenduè
de 10 à 12 milles il appartient à la Suiffe, mais dans
tout le refte il dépend du duché de Milan. Il s’élargit
confidérablement dans le milieu dé fa longueur, &
forme un golfe à l’oueft, où font les faméufes îles
Borromées. Plufieurs belles rivières, le Téftn, la
Magia ou Madia & la Verzafcha fe jettent dans lo
lac-majour. Sa longueur, du feptentrion au midi, eft
de 39 milles fur 5 ou 6 de large. (D . J.)
La c -Maler , (Géog.) grand lac de Suedé, entré'
le Weftmanland & l’Upland au nord, & la Su der*
manie au midi. II s’étend d’occident en orient, re*
çoit un bon nombre de rivières, & eft coupé dé
plufieurs îles. ( D . J, )
Lac supérieur , (Géog.) lac immenfè de l’Àmé*
I ri que feptentrionale , au Canada. On l’a vraiffefli-
blablement ainfi nommé, parce qu’il eft le plus fèp»
tentrional des lacs de la Nouvelle France. C ’eft lè
plus grand que l’on connoiffe dans-le monde. Qn
peut le confidérer. comme la fource du fleuve dé S»
Laurent. On lui donne 200 lieues de l’eft à l’oueft 9
environ 80 de large du nord au fud, & $00 de circuit.
Son embouchure dans le lac Huron, eft au qua»
rante-cinquieme degré 28 minutes de latitude; il fé
décharge par un détroit de 22 lieues de longueur.