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ter ici que fon nom lui eft doublement cher, non-
feulement comme celui-d’un aimable poète Si d’un
lavant, qu’on nommoit pour fon érudition le Var-
ron delà Hollande; maisfifr-tout celui d’un grand
capitaine, au génie duquel elle fut redevable de fa
liberté. Le prince d’Orange lui confia la défenfe de
cette place, dans le fameux fiege des Efpagnols dont
j’ai parlé , & que Requéfens commandoir. Vander
Do ës, ne trompa point l’opinion favorable qu’on
avoit de lui, il défendit c.onftamment fa patrie avec
la même valeur 8c la même fagefle. Doué d’un fang
froid admirable, au milieu des plus grands dangers,
il foutenoit le courage de fes compatriotes, 8c ré-
pondoit en vers au bas des lettres que le général ef-
pagnol lui adreffoit pour fe rendre, tout ce que l’ef-
prit pouvoit diûer .d’ingénieux, & de propre à.trom-
per fon ennemi. Il mourut comblé de gloire en 1 597
à l’âge de 52 ans. ( D . J. )
LE YTE, la , ( Géog. ) riviere d’Allemagne : elle
a fa fource aux confins de la Styrie & de la baffe-Au-
triche, & finit par arriver à O v a r , oit elle fe joint
à une branche du Danube , qui forme le Schut,
LEZ , LE , ou LETZ , ( Géogr. ) en latin Lcdus ,•
petite riviere du Languedoc ; elle a fa fource dans
les .Cévennes , coule près de Montpellier, & va fe
jetter dans la mer par l’étang de Tau , autrement
tjit l'étang du Pérot^. Voyt{ Hadrien de Valois, not.
gallicz , p. z G3 & z 6 j . { D . J, )
LE ZARD, 1. m. ( Hijl. nat. Icthiolog. ) poifîbn de
mer qui a été ainfi nommé , parce qu’il a une belle
couleur verte , 8c qu’il reffemble au lézard de terre
par la forme du corps 8c de la bouche ; il a la tête
groffe , la bouche ouverte , 8c les dents pointues ;
il devient long d’une coudée. Rondelet , hijl. des
poijjons, liv. X V . Voye? Poisson.
Lézard écailleux, Lacertusindicusfquamofus.
Bont. animal quadrupède qui a trois ou quatre piës
de longueur, 8c même jufqu’à fix piés , félon Seba.
Il a la tête oblongue & la bouche petite ; la langue
eft très-longue 8c cylindrique : ranimai la fait fortir
au-dehors pour attirer dans fa bouche les infe&es
dont il fe nourrit. Il n’a point de dents : on ne dif-
tingue pas le cou ; la queue eft à-peu-près auffi longue
que le corps : les doigts font au nombre de cinq
à chaque pié ; ils ont chacun un grand ongle. Le
<lefîbus & les côtés de la tête, le deffous du corps 8c
la face interne des jambes, font couverts d’une peau
molle parfemée de quelques poils. Les autres parties
font revêtues de grandes écailles arrondies , ftriées
6c roufles ; il y a par-deffous quelques gros poils de
même couleur : les écailles de la tête font moins
grandes que les autres. Cet animal fe pelotonne en
appliquant fa tête 8c fa queue contre fon ventre :
on le trouve au Bréfil 8c dans les îles de Ceylan, Java
8c Formofe. Voyeç le régné animal par M. Briffon ,
qui donne au Lézard écailleux le nom de pholidote, 8c
qui fait mention d’une fécondé efpece fous le nom
de pholidote à longue queue. Lacertus fquamofus pere-
grinus, Rau : celui-ci n’a que quatre doigts à chaque
p ié , &c.
Lézard d'Amérique, ( Hijl. nat. ) Les îles de l’Amérique
font remplies d’une prodigieufe quantité de
lézards de toutes les fortes. Le plus gros de ces reptiles
, qu’on nomme à cet effet gros lézard, fe tient
dans les bois aux environs des rivières 8c des four-
ces d’eau vive ; on en rencontre qui ont près de
cinq piés de longueur depuis le bout du nez jufqu’à
l’extrémité de la queue. Toutes les parties de l’animal
font couvertes d’une peau rude, écailleufe de
couleur verte, marquée de petites taches brunes :
fon corps eft porté fur quatre fortes pattes armées
chacunes de cinq griffes., Sa tête eft moyennement
groffe ; il a la gueule fendue, les yeux gros 8c per-
çans, mais le regard farouche & colère ; ij porte le
L E Z
long de l’épine du dos , depuis le col j ufqu’à la na if-
fance de la queue , une membrane mince, feche ..
élevée d’environ un pouce, & découpée .en plufteurs
pointes à-peu près comme les dents d’une feiè. Sous
la gorge eft une autre membrane plus déliée, un peu
jaunâtre & comme chiffonnée : c’eft une .efpece de
poche qui s’enfle 8c s’étend lorfque l’animal fe met
en çolere. Sa queue eft forte, fou pie , tramante,
diminuant d’une façon uniforme jufqu’à fon extré*-
mité comme un fouet de baleine ; elle eft fort agile,
& caufe une fenfation très-do,uloureufe à ceux qui en
font frappés.
La morfure du lézard n’eft point venimeufe; on doit
cependant l’éviter, car l’animal eft opiniâtre 8c ne
quitte point qu’il n’ait emporté la pièce ; il a la vie
dure & réfifte aux coups de bâton. Les femelles font
plus petites que les mâles ; la couleur verre de leur
peau eft beaucoup plus belle, 8c paroît comme fur-
dorée. Après qu’elles ont été fécondées , on leur
trouve dans le corps un affez bon nombre d’oeufs
gros comme ceux de pigeons , un peu plus allongés
& d’égale groflëur par les deux bouts ; ils ont la conque
blanche , unie 8c molle, n’ayant pas plus de
confiftence qu’un parchemin humide : ces oeufs font
totalement remplis de jaune , fans aucun blanc ; ils
ne durciffent jamais , quelque cuiffon qu’on leur
donne ; ils deviennent un peu pâteux , & n’en font
pas moins bons : on s’en fert fouvent pour lier les
lauces que l’on fait à la chair du lézard, qui peut
aufli s’accommoder en fricaffée de poulets. Cette
chair eft blanche, délicate 8c d’un allez bon goût ;
on prétend qu’elle fubtilife le fang par un long ufa-
g e , 8c l’on croit avoir remarqué que ceux qui s’en
nourriffent n’engraiffent jamais.
Petit lézard des îles. Il s’en trouve de plufteurs fortes
que l ’on nomme en général anolïs, pour les distinguer
de la grande efpece dont on vient de parler.
Le gros anolique lesNegres appellent auffi arado,
fréquente les bois 8c les jardins ; fa longueur totale
eft d’environ un pié 8c demi ; fa queue traine à
terre, ainfi que celle de tous les lézards; fia les pattes
de devant plus hautes 8c moins écartées que celles
de derrière ; la peau qui lui couvre le dos eft grife ,
rayée de brun 8c d’ardoife , 8c celle de deffous lé
ventre eft toute blanche. Cet animal a beaucoup
d’agilité : il fe nourrit d’herbes , de fruits 6c d’in-
feûes.
Anoli de terre. Celui-ci eft beaucoup plus petit que
le précédent ; il n’excede guere la longueur de fix
à fept pouces. Sa peau eft brune, rayée de jaune le
long des flancs, 8c parfemée de très - petites écailles
luifantes. On le prendroit pour un petit ferpent,
tant fes pattes font petites 8c fi peu apparentes qu’on
ne les apperçoit que de fort près. Il fe montre peu, 8c
fe tient prefque toujours fous terre ou dans des fou-,
ches d’arbres pourris.
Gàbe-mouche Cette efpece eft encore plus petite,
mais très-jolie 8c moins farouche que les autres. Son
agilité eft extrême : elle a la peau ou d’un verd gai,
ou d’un gris cendré, varié de marques blanches 8c
brunes. On en voit une grande quantité dans les jardins
8c même dans les appartenons , s’occuper à
faire la chaffe aux mouches 8c aux autres infeétes.
Roquets. Ils ont quelquefois huit à neuf pouces
de longueur, leur couleur eft grife, mouchetée de
brun 8c de noir ; mais ce qui les diftingue le plus
des autres lézards, c’eft qu’ils ont la queue un peu
recourbée endeffus, au lieu de l’avoir droite 6c traînante.
Maboya ou mabouya. C ’eft le plus vilain de tous les
lézards : auffi les Caraybes ont-ils cru devoir lui impo-
fer le nom qu’ils donnent au démon ou mauvais efprit.
Le mot mabouy a eft auffi employé par ces fauvages
pour exprimer toutes les çhofes qu’ils ont en horreur.
Le
LEZ
Le reptile dont il eft queftion n*a guere plus de
fept à huit pouces de longueur ; il eft ftupide , pe-
fant, applati 8c comme collé fur les corps qu’il touche.
Sa tête paroît écrafée , ayant deux gros yeux
ronds fortant en-dehors d’une façon difforme. Il a les
pattes grottes, courtes, très-écartées , 8c armées de
griffes toujours ouvertes. Sa peau eft flafque , jaunâtre
8c couverte de taches livides, hideufes à voir.
Le maboya fe gîte dans les plantations de bananiers,
dans les fouches d’arbres pourris, fous les pierres 8c
dans les charpentes des maifons. 11 jette par intervalle
un vilain cri femblable au bruit d’une petite
creffelle qui feroit agitée par fecouffes. On craint fa
morfure ; & l’on prétend que s’il s’applique fur la
chair il y caufe une fenfation brûlante, mais je n’ai
jamais vû perfonne qui en ait reffenti l’effet. (M. le
Romain. )
L ézard , {Mdt.medé) Le lézard appliqué extérieurement
paffe pour faire fortir les corps étrangers
hors des plaies, 8c pour attirer le venin des mor-
fures ou piqûres des animaux vénéneux. L’onguent
fait avec fa chair, eft regardé comme un remede
contre l’alopécie ; mais ces prétentions ne font pas
moins frivoles que la plüpart de celles qu’on trouve
dans tant d’auteurs de medecine , fur les vertus médicinales
des animaux.
On fait entrer la fiente de lézard féchée dans les
poudres compofées pour les taies des yeux.
L é z a r d e , f. f . {Archit.') terme de bâtiment. On
appelle ainfi les crevaffes qui fe font dans les murs de
maçonnerie par vétufté ou malfaçon. Latin, fijfura,
LEZE , voye[ ci-devant LESE.
LEZÉ , voyeç ci-devant LESE.
LEZ1N E , f. f. ( Morale. ) c’eft l’avarice q u i, pour
l’intérêt le plus leger, blette les bienféances , les ufa-
g e s , 8c brave le ridicule. C ’eft un trait de lésine dans
un ancien officier général fort riche, que de fe loger
dans une chambre éclairée par une des lanternes de
la rue , afin de pouvoir fe coucher fans allumer une
chandelle. Ce qui n’eft qu’avarice dans un bourgeois
eft lésine dans un homme de qualité.
La cupidité eft l’avarice en grand ; elle veut envahir
, elle bleffe vifiblement l’ordre général : l’avarice
veut acquérir 8c craint de dépenfer ; elle bleffe
la juftice : la lésine a de petits objets, foit d’épargne,
foit de profit ; elle eft ridicule. Il eft bien extraordinaire
qu’un aufli grand homme que mylord Marlbo-
roug ait eu la cupidité la plus infatiable, l’avarice
la plus fordide, 8c la lésine la plus ridicule.
LEZION, voye{ ci-devant LÉSION.
L I
L I , L Y , LIS, L Y S , f. m. ( Mefure chinoife. )
comme vous voudrez l’écrire , eft la plus petite mefure
itinéraire des Chinois. Le P. Maffée dit que le
li comprend l’efpace où la voix de l’homme peut
porter dans une plaine quand l’air eft tranquille 8c
ferain ; mais les confrères du P. Maffée ont apprécié
le li avec une toute autre précifion.
Le P. Martini trouve dans un degré 90 mille pas
chinois ; 8c comme 3 50 de ces pas font le l i , il conclut
qu’il faut 250 de ces Us pour un degré : de forte
que lelon lui 25 lis font fix milles italiques ; car de
même que fix milles italiques multipliés par dix, font
60 pour le degré , de même 25 lis , multipliés par
d ix , font 250.
Le P. G ouye remarque qu’il en eft des lis chinois
comme de nos lieues françoîfes , qui ne font pas de
même grandeur par-tout. Le P. Noël confirme cette
obfervation , en difant que dans certains endroits
15 lis 8c dans d’autres 12 , répondent à une heure
de chemin ; c’eft pourquoi, continue ce jéfuite, j’ai
çru pouvoir donner iz. lis chinois à une lieue de
Tome IX»
L I A 4 53
Flandre. Cette idée du P. Noël s’accorde avec ce
que dit le P. Verbieft dans fa cofmographie chinoife 9
qu’un degré de laritude fur la terre eft de 250 Us.
Or je raifonne ainfi fur tout cela ; puifque 250 lis
chinois font un degré de latitude , 8c que fuivant les
obfervations de l’académie des Sciences le degré eft
de 57 mille 60 toifes , il réfulte que chaque li eft de
208 toifes 8c de fix vingt cinquièmes detoife, 8c que
par coriféquënt la lieue médiocre , la françoife , qui
eft de 2282 toifês du châtelet de Paris, fait environ
dix Us chinois. ( D . J.')
LIA-FAIL, f. m. (JTifl. anc.) C 4eft ainfi que les anciens
Irlandois nommoient une pierre fameufe qui fer-
voit au couronnement de leurs rois; ils prétendoient
que cette pierre, qui dans la langue du pays fignifie
pierre fatale , pouffoit desgémiffemèns quand les rois
étoient affis deffus lors de leur couronnement. On dit
qu’il y avoit ude prophétie qui annonçoit que par-tout
où cette pierreferoit confervée, il y auroit un prince
de la race des Scots fur le trône aux . fiecie. Elle
fut enlevée de force par Edouard I. roi d’Angleterre,
de l’abbaye de Scône, où elle avoit été confervée
avec vénération ; 8c ce monarque la fit placer dans
le fauteuil qui fert au couronnement des rois d’Angleterre
, dans l’abbaye de 'Weftminfter, où l’on prétend
qu’elle eft encore. Voye% Hijloire d'Irlande par
Mac-Geogegan.
L IA G E ,!, m. ( Jurifprud. ) droit qui fe leve au
profit de certains feigneurs, non pas fur le vin même,
comme l’ont cru quelques auteurs, mais fur les lies
des vins vendus en broche dans l’étendue de leur
feigneurie.
Le grand bouteiller de France jouiffoit de ce droit,'
8c en conféquence prenoit la moitié des lies de tous
les vins que l’on vendoit à broche en plufieurs cel?
liers affis en la ville de Paris. Mais plufieurs perlon-
nes fe prétendoient exemptes de ce droit , e.ntr’au-
tres le chapitre de Paris pour fes fujets ; il avoijr toute
jurifdiftion pour cet objet, fuivant les preu ves qui
en font rapportées par M. de Lauriere ënJ'onglojfaire9
au mot liage. Dep'ùis la fuppreffion de l’ôïfice de
grand bouteiller ., on ne connoît plus à Paris ce droit
de liage.
Il eft fait mention de ce droit au livre ancien qui
enfeigne la maniéré de procéder en coiir laie , 8C
dans les ordonnances de la prévôté 8c échevinage de
Paris, 8c dans deux arrêts du feigneur de Noyers,
du 7 A v r i l 13 47. ( A )
L iage 9 fil de, ( Manufacture en foie.') il fe dit du
fil qui lie la dorure ou là foie.
Lia g e , UJfe de , c’eft celle qui fait bailler les fils
qui lient la dorure 8c la foie.
LIAIS , Pierre de , {Hijl. nat.') c’eft ainfi qu’on
nomme en France une efpéce de pierre à chaux ,
compa&e , dont le grain eft plus fin que celui de la-
pierre à bâtir ordinaire ; elle eft fort dure , 8c fon-
nante fous le marteau quand on la travaille. Elle
peut fe feier en lames afîez minces , fans pour cela
fe cafter. Comme on peut la rendre affez unie, on
en fait des chambranles de cheminées 8c d’autres
ouvrages propres. C ’eft la pierre la plus eftiméey
on l ’emploie fur-tout dans la fondation des édifices,
parce que la pierre tendre ne vaudroit rien pour
cet ufage. Les Mâçons 8c ouvriers l’appellent par
corruption pierre de liere. (—)
L ia is , {Draperie.') voye£ l'article MANUFACTURE
en L aine.
L iais , chez lesTiJJerands, fe dit des longues tringles
deboisqui Contiennent les liffes; de l’aflemblage
des liais 8c des liftes réfulte ce qu’on appelle des
tanies.
LIAISON, f. f. ( Gram.) c’eft l’union de plufieurs
chofes entr’elles, qualité en conféquence de laquelle
elles forment ou peuvent être regardées commé for-
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