S6o M A G M A G
L a >plupart de fes habitans font Mahométans, lès
autres font des Grecs , (les Arminiens , & dès Juifs ,
qui y ont trois fynagogues. Le ferrai! y tombé en
ruine , & n’a pour tout Ornement que quelques
vieux cyprès. ( ^ . X J . . •
Magnésie plaint de, ( Gcog. anc. hijzor, ) plaine
à jamais célébré, aux environs de la ville de même
nom, au pié du mont Sipyle. ;
Quoique cette plaine foit d’unebeaute lurprenante,
dit M. de Tournefort, elle eft cependant prefque
toute couverte de tamaris , & n eft bien cultivée
que du côté du levant : la fertilité en eft marquée
par une médaille du cabinet du roi : d’un côté c’eft
la tête de Domitia, femme de Domitien; de l’autre
eft un fleuve couché, lequel de la main droite tient
lin rameau , de la gaucne une corne d’abondance.
Du haut du mont Sipyle la plaine paroît admirable,
& l’on découvre avec plaifir tont le cours de 1 Her-
mus. ,
C ’eft dans cette plaine que les grandes armees
d’Agéfilaiis & de Thiffapherne, ôc celles de Scipion
& cPAntiochus , .fe font difputées l’empire de l’Alie.
Le roi de Lacédémone , étant defcendu du mont
Sipyle, attaqua les Perfes le long du P a ro le , & les
mit en déroute.
La bataille de Scipion & d'Antiochus fe donna
entre Magnifie & la riviere Hermus, que Tite-Live
& Appien appellent le fleuve de Phrïgie. Antiochus
campé avantageufement autour de la ville ; des éle-
phans d’une grandeur extraordinaire brilloient par
f o r , l’argent, l’ivoire ÔC la pourpre dont ils étoient
couverts. Scipion ayant fait palier la riviere à l'on
armée, obligea les ennemis de combattre, & cette
bataille, qui fut la première que les Romains gagnèrent
en Afie, leur affura la pofl'eflion du pays, juf-
qu’aux guerres de Mithridate. ( D . J. )
MAGNÉTIQUE, adj. (Ph yf.) fe dit de tont ce
qui a rapport à l’aimant ; ainli on dit fluide rnagneti-
que , vertu magnétique,pôle magnétique, ÔCC. V . M A G N
É T IQ U E , Aijmant, Aigu ille, Boussole , &c.
g Ma gn ét iq ue emplâtre, ( Pharmacie & matière
médicale externe ) c’eft du magnes arjenicalis, ou aimant
arfénical. Voy. A im an t ar sén ic a l , que cette
emplâtre qui eft fort peu utile tire fon nom. Son auteur
Angélus Sala, prétend qu’il guérit les charbons
peftilentiels, par une vertu attra&ive ou magnétique.
S’il opéré en effet quelque chofe dans ce cas, c eft
par la vertu légèrement cauftique de l’aimant arfèni-
ça l: c’eft par cette même vertu qu’il peut être utilement
employé dans le traitement des ulcérés rebelles.
( b ) , ,
Magnét ism e, f. m. (Phyf. ) c’eft le nom general
qu’on donne aux différentes propriétés de 1 aimant ;
ces propriétés, comme l’on fait, font au nombre
de trois principales ; l’attraélion ou la vertu par laquelle
l’aimant attire le fer ; la direction ou la vertu
par laquelle l’aimant fe tourne vers les pôles du
inond.e, avec plus ou moins de déclinaifon, félon
le lieu de la terre où il eft placé ; enfin l’inclinaifon
ou la vertu par laquelle une aiguille aimantée fuf-
pendue fur des pivots , s’incline vers i’horifon en fe
tournant vers le pôle : fes différentes propriétés ont
été détaillées aux articles Aimant , A igu ille ,
Bo u s sol e, & nous y renvoyons le leâeur, ainfi
qu’aux mots D éclinaison , V aria tio n , C om pas
, &c. Il s’agit maintenant de la caufe de ces différées
phénpmene.s.,1 dont nous avons promis au mot
A im an t , de parler dans cet article. Les Philofophes
ont fait là-deffus bien des fyftèmes, mais jufqu’ici
ils n’ont pu parvenir à rien donner de fatisfaifant :
ceux d,e nos le&eurs qui voudront connoître ce
qu’on a dit fur ce fujet de plus plaufible, pourront
lire les trois differtations de Mrs Euler, D ufour, ôc
Bernoulli, qui ont remporté le prix de l’académie en
1746; ils y trouveront des hypothefes ingénieufesj
& dans celles de M. Dufour plufieurs expériences
curieufes. Nous nous contenterons de dire ici que
chacun de ces auteurs, ainfi que tous les Phyficiens
qui les ont précédés, attribuent les effets de l’aimant
à une matière qu’ils appellent magnétique. Il eft difficile
en effet, quand on a examiné les phénomènes,
Ôc fur-tout la difpofition de la limaille d’acier autour
de l’aimant, de fe refufer à l’exiftence ôc à l’action
de cette matière : cependant cette exiftence &
cette aftion a fouffert plufieurs difficultés : on peut
en voir quelques-unes dans Vkifloire de l'académie des
Sciences de l'année iygg ; on peut en voir aufli beaucoup
d’autres dans VE fiai de phyfique de M. Muffchen-
broeck, § . 58y. &fuiv. contre les ècoulemens qu’on
attribue à la matière magnétique ; nous renvoyons le
leéleur à ces différens ouvrages , pour ne point trop
groflir cet article, & aufli pour ne point paroître
favorifer une des deux opinions préférablement à
l ’autre, car nous avouons franchement que nous
ne voyons rien d’affez établi fur ce fujet pour nous
décider.
Au défaut de la connoiflance delà caufe qui produit
les propriétés de l’aimant, ce feroit beaucoup pour
nous que de pouvoir au-moins trouver la liaifon oC
l’analogie des différentes propriétés de cette pierre,
de favoir comment fa dire&ion eft liée à fon atrac-
tion, & fon inclinaifon à l’une & à l’autre de ces propriétés.
Mais quoique ces trois propriétés foient vrai-
femblablement liées par une feule ÔC même caufe,
elles paroiffent avoir fi peu de rapport entre elles,
que jufqu’à préfent on n’a pu en découvrir l’analogie.
Ce qu’il y a de mieux à faire jufqu’à préfent, eft
d’amaffer des faits , ôc de laiffer les fyftèmes à faire
à notre poftérîté, qui vraiffemblablement les laiffera
de même à la fienne.
M. Halley, pour expliquer la déclinaifon de la
bouffole, a imaginé un gros aimant au centre de la
terre, un fécond globe contenu au-dedans d’elle
comme dans un noyau, Ôc qui par la rotation fur un
axe qui lui eft propre , entretienne la déclinaifon de
l’aiguille dans une variation continuelle. M. Halley
employoit encore ce globe d’aimant à l’explication
de l’aurore boréale ; il fuppofoit que l’efpace compris
entre la terre & le noyau étoit rempli d’une
vapeur légère êclumineufe, qui venant à s ’échapper
en certain tems par les pôles du globe terreftre,
produit toutes les apparences de ce phénomène;
mais outre que toutes ces fuppofitions font purement
hypothétiques , on ne verroit pas encore
comment ce gros aimant produiroit fattraélion du
fer, ni comment il agiroit fur les petits aimans
qui fe trouvent fur ce globe, & dont il eft fi éloigné.
Le réfultat de cet article eft que les phenomenes
de l’aimant font vraiffemblablement produits par
une matière fubtile, différente de l’air ; nous difons
différente de l’air , parce que ces phénomènes ont
également lieu dans lé vuide ; mais nous ignorons
abfolument la maniéré dont cette machine agit.
C ’eft encore une queftion non moins difficile que
de favoir s’il y â quelque rapport entre la caufe du
magnétifme ôc çellè dé l’éledricité , car on ne con-
rioît guère mieux l’une que l’autre. Voye1 Éle ctr ic
it é , .Conducteur , C oup Fo ud ro yan t ,
Feu électriq ue , &c. (O)
MAGNETTES, f. f; { Corn.) toiles qui fe fabriquent
en -Hollande , & quelques provinces voifines;
elles font pliffées à plat ou roulées : le taux les apprécie
à io florins la piece.
MAGNICE ou MAGNICA, ( Géog. ) .fleuve
d’Afrique, dont l’ embouchure eft à 40'. de lat.
mérid. On dit qu’il prend fa fource du lac Gayane.
Il fé divife en deux bras , dont l’un traverfe les ter-
M A G
)të5 du Monomotapa, & fe décharge dans la nief
par fept embouchures. ( D. J. )
MAGNIFICENCE, ( Morale. ) dépenfe des choies
qui font de grande utilité au public. Je fuis ici
de près les traces d’Ariftote, qui diftingue deux vertus
, dont l’office concerne l ’ufage des richeffes ;
l’une eft la fimple libéralité, tteod-îpiot»ç ; l’autre la
magnificence, pnyaXo7rpïnruet. La première, félon ce
fameux philofophe, regarde l’ufage des petites dé-
penfes ; l’autre réglé les dépenfes que l’on fait pour
de grandes ôc belles chofes, comme font les préfens
offerts aux dieux, la conftruftion d’un temple, ce
que l’on donne pour le fervice de l’état, pour les
feftins publics, & autres chofes de cette nature.
Ariftote oppofe à cette vertu, comme les deux extrémités
vicieufes, une fomptuofité ridicule ôc mal
entendue, & une fordide mel'quinerie. ( D . J. )
MAGNIFIQUE, adj. ( Gram. ) il fe dit au lim-
ple & au figuré , des perlonnes 6c des chofes, & il
défigne tout ce qui donne un idée de grandeur &
d’opulence. Un homme eft magnifique, lorlqu’il nous
offre en lui - même, & dans tout ce qui l’intéreffe,
un fpe&acle de dépenfe, de libéralité ÔC de richcffe,.
que fa figure & fes aâions ne déparent point ; un
entrée eft magnifique, lorfqu’on a pourvu à tout ce
qui peut lui donner un grand éclat par le choix des
chevaux , des voitures, des vêtemens, & de tout
ce qui tient au cortege ; un éloge eft magnifique,
lorfqu’il nous donne de la perfonne qui l’a fait,ôc
de celle à qui il eft adreffé, une très-haute idée. Le
luxe va quelquefois fans la magnificence, mais la
magnificence eft inféparable du luxe; c’eft par cette
raifon qu’elle éblouit fouvent ôc qu’elle ne touche
jamais.
MAGNI- SIAH, (Géog.) ville d’Afie, dans la
province deSerhan, au pié d’une montagne ; c’eft la
même ville., félon les apparences, que la Magnéfie
du mont Sipyle. Les orientaux lui donnent 6od. de
long, ôc 40e1. de lat. ( D . J. )
MAGNISSA, ( Hifl. ■ nat. minéral. ) nom donné
par quelques auteurs anciens, à une fubftance minérale
que l’on croit être la pyrite blanche, ou pyrito-
arfeniçale, que l’on nommoit aufli leucolitkos 8c
argyrolithos, à caufe de fa reffemblance avec l’argent.
Voye^ Pyr it e .
MAGNOAC, (Géog.) petit pays fur les confins
du pays d’Aftarac, ôc qui fait aujourd’hui partie dé
celui a’Armagnac. Voye^ Longuerue, defeript. de la
France, part. I.pag. zO i. (D . J .)
MAGNOLE, magnolia, f. f. (Hifl, nat. Botan. )
plante à fleur en rô le , compofée de plufieurs pétales
difpofés en rond. Le piftil s’élève du fond du
ca lice, ôc devient dans la fuite un fruit dur, tuberculeux
> dans lequel on trouve de petits noyaux ob-
longs, qui renferment une amande de la même forme.
Plumier, nova plant, amer.gen. Voye^ Plante.
Ce genre de plante a été ainfi nommé en l’honneur
de M. Magnole, botanifte. Sa fleur eft en ro fe, compofée
de plufieurs pétales> placées circulairement.
D u calice de la fleur s’élève un piftil, qui dégénéré
en un fruit conique, garni d’un grand nombre de
tubes contenant chacun une noix dure, laquelle
yenant à fortir, demeure fufpendue par un long fil.
§ Comme c’eft un très-beau genre de plante, M. Lin-
neus a pris plaifir d’entrer encore dans de plus grands
détails de les caraâeres. Le calice particulier de fa
fleur, nous d it-il, eft formé de trois feuilles ovales
& creufes, qu’on prendroit pour des pétales, ôc qui
tombent avec la fleur. Sa. fleur confifte en neuf pétal
e s , d’une forme oblongue, caves en gouttière,
étroits à la bafe, ôcs’élargiffant à la pointe, qui eft
obtufe. Les étamines font des filets nombreux,
courts & pointus. Le piftil eft placé fous le germe, &
ieft d ’une figure comprimée, Les boffettes des étami-
M A G 86t
»es font ôbîongues, fines & déliées. Le fruit eft en
cône écailleux, à capfules comprimées, arrondiés;
compofées de deux valvules qui forment une feule
loge. Cette loge ne renferme qu’une graine, pendante
dans fa parfaite maturité par un fil qui procédé
de la capfuie du fruit; Voye{ aufli Dillenius, Hom
Eltham. pag. 168. ( D . ƒ;
M AG N US, a j 1jm , ( Géogr. âne. ) Il faut remarquer
ici fur ce mot latin, que les anciens appelloienti
magnum promontorium le cap d’Afrique nommé Dey-
rat-Lincyn par les Africains ; & qu’ils ont donné le
même nom au cap de Lisbonne. Ils appelaient magnum
oflium, la grande embouchure, l’une des bouches
du Gange. Ils donnoient le nom de magnicampi
à des plaines d’Afrique, au voifinage d’Utique ; ils
nommèrent magnus portus, un port de la Grande-
Bretagne , vis-à-vis 1 île de Wîgth, ôc magnusfinus j
le grand g o lfe , une partie de l’Océan oriental.
&c. ( D . J .) *
M A G N Y , (Géog.) petite ville de France * au
Vexin françois, fur la route de Paris à R ouen, à 14
lieues de ces deux villes, ôc dans un terrein fertile
en blé : le P.Breit croit que c’eft XePetromantalum des
anciens. Long. ig . z z . lat. 4g. 8.
C ’eft la patrie de Jean-Baptifte Santerre, un de
nos peintres qui a excellé dans les fujets de fantaifie.
Il a fait encore des tableaux de chevalet d’une grande
beauté, entre autres celui d’Adam ôc d’Eve*
Foyei l'article de cet illuftre maître, au mot É c o l e
FRANÇOISE ( D . J.
M A G O , ( Géogr. anc. ) ville de la petite île Ba-
leard , félon Pline, liv. I I I . chap. v. ôc Pomp.oniuS
Mêla , liv. II. chap. vij-. G’eft préfentement Poijt-
Mahon dans l’île de Minorque.
MAGODES, (Littér. Théat. des Grecs.) B K K a
Athenée , liv. X IV . pag. zS i i nous définit ainfi les
magodes ; ceux qu’on appelle magodes , dit-il, ufent
des tymbales, s’habillent en femme , en jouent les
rôles , aufli-bien que celui de débauché ôc d’homme
iyre ^ ôc font toutes fortes de geftes lafeifs & def-
honnêtes. Suivant Héfichius, ces magodes.étoient des
efpecesde pantomimes, qui fans parler, exécutoient
différens rôles par des danfes. feulesi.
Le fpettacle d’une comédie noble qui s’étôit fixé
dans la Grece un peu avant le régné d’Alexandre ,
& qui étoit fi propre à divertir les honnêtes gen§-,
ne pût fuffire au peuple , il lui fallut toujours des,
bouffons. Ariftote nous dit que de fon tems , la coutume
de chanter des vers phalliques fubfiftoit encoye
dans plufieurs villes* On conferya aufli des farces
dans l’ancien goût, qui furent appelées dicèlies ,
magodies, & les baladins de/ces farçes.furent nom-,
més dicélifles , magodes , mimographes. Voye^ X)icfi*
l i s t e s , M i m e , F a r c e , C o m é d i e . ( D . J . )
MAGODUS, f. m. (Littérature. ^ personnage des,
fpe&aeles anciens. Il paroiffoit habillé en femme ;
cependant fon rôle eft d’homme. Il eorrefpondpit
à nos magiciens.
MAGOPHONIE ,f . f. (Antiq, dePçrflç.) fête çé-
lébrée chez les anciens Perfes, en mémoiredu mal'-*
facre des Mages, & particulièrement de Smerdis,
qui avoit envahi le trône après la mort d.e;Cambyfe«
Darius fils d’Hyftape, ayant été élu roi à la. place
de cet usurpateur , voulut perpétuer le fouvenir du
bonheur qu’on avoit eu d’en être délivré, en infti-
tuant une grande fête annuelle, qui fut nommée ma-
gophonie, c’eft à^dire le maffaçre des Mages.. (D. J .f
MAGO T , (Hifl. nat. ) Voye^ S i n g e .-
M a g o t ,' f . m. ( Grammaire. ) figures en terre, en
plâtre, en cuivre, en porcelaine, ramaffées, contrefaites
, bifarres, que nous regardons comme repré-
fentant des Chinois ou des Indiens. •Nq&.apparre-
mens en font décorés. Ce font des colifichets pré-
tieux dont la nation s’eft entêtée ; ils ont chaffé de,