donc un aliment peu ftimulant qui convient par
conféquent aux eftomacs chauds 6c fenfibles ; par
une fuite des mêmes qualités, elle doit rafraîchir,
tenir le ventre libre , difpofer au fommeil, &c. fur-
tout lorfqu’on la mange crue 6c en grande quantité,
comme les gens du peuple le font prelque journellement
à Paris pendant l’été : car il ell bien difficile
d ’évaluer reflet de quelques feuilles de laitiu mangées
en falade dans un repas compofé de differens
mets. La Laitue cuite mangée avec le potage ou avec
les viandes, ne peut prefque être regardée que comme
une elpece d’éponge chargée de jus ou de bouillon
.S
es propriétés médicinales fe réduifent auffi à rafraîchir
& à relâcher, ou, ce qui eft la même chofe,
la Laitue ell vraiment diluante & émolliente. Voye{
D ilu ant & Ém o llien t .
C ’eft à ce titre qu’on fait entrer fes feuilles dans
les bouillons 6c les apozemes rafraîchifî'ans, dans
les Iavemens émollicns 6c relâchans, dans les décodions
émollientes deftinées à l’ufagc extérieur,
dans les cataplafmes, &c.
Les Médecins ont obfervé depuis long-tems une
vertu narcotique dans les laitues. Galien rapporte
que dans fa vieilleflc il ne trouva point de meilleur
renie de contre les infoninies, auxquelles il fut fujer,
que de manger des laitues le foir, foit crues, foit
bouillies.
Le même auteur avance que le fuc exprimé de
laitiu, donné à la dofe de deux onces, eft un poifon
mortel, quoique les feuilles prifes en une beaucoup
plus grande quantité qu’il n’en faut pour en tirer ce
lu e , ne faflent aucun mal. Cette prétention, que
les Médecins ont apparemment divulguée, car elle
eft en effet fort connue, eft démentie par l’expérience.
Les laitues ont pâlie pour diminuer la femence
6c le feu de l’amour ; on les a accufées auffi d’affoi-
blir la vue fi l’on en faifoit trop d’ufage ; mais ce
font encore ici des erreurs populaires.
Les femences de laitue, qui font émulfives, font
comptées parmi les quatre femences froides mineures.
Voyt\_ Semences froides.
On cpnferve dans les boutiques une eau diftillée
de laitue qui n’eft bonne à rien. Voye7 Eau x dist
il l é e s .
Les feuilles de laitue entrent dans l’onguent popu-
leurn ; fes femences dans le fyrop de jujube, dans
celui de tortue 6c dans le requies Nicolai, (b )
LALA, f. m. (Hijl. mod. ) titre d’honneur que
donnent les fultans aux vifirs 6c à un grand de l’empire.
Suivant fon étymologie, il fignifie tuteur, parce
qu’ils font les gardiens 6c les tuteurs des freres du
fultan. Voyt,{_ Cantemir, hifî. othomane.
LALAND, Lalandia, (Géog.) petite île du royaume
de Danemark, dans la mer Baltique; elle eft
très-fertile en blé. Elle n’a aucune v ille , mais feulement
quelques lieux fortifiés, comme Naxcho’w ,
Parkoping, Nyfted. Cette île a huit milles d’orient
en occident, 6c cinq du nord au fud. Longit. 2 9.
* o - 55. lat. £ 4 .4 8 - 5 3 . (D . J . )
LALETANI,(6V0g'. anc.) ancien peuple d’Efpagne,
qui faifoit partie de la Catalogne d’aujourd’ hui, 6c
occupoit Barcelone, & fes environs. ( D . J. )
LALLUS, f. m. (Hijl. anc. Mytholog.') nom d’une
divinité des anciens qui étoit invoquée par les nourrices
pour empêcher les enfans de crier, 6c les faire
dormir. C ’eft ce que prouve un paffage d’Aufone ;
Hic ijle qui natus tibi
Flos Jlofculorum Romuli %
Nutricis inter lemmata
Lzïïique jomniferos rnodos
Suefcat peritis fabulis
AimuL jocari & difetre*
Peut-être auffi n’étoient-ce que des contes ou des
chanfons qu’on faifoit aux petits enfans pour les faire
dormir. Voyez Ephemérides natur. curiof'. Centuria K
& VL
LALONDE, f. f. (Hijl. nat.Bot. ) efpecc de jaffe-
min de l’île de Madagafcar. U a les feuilles plus
grandes que celui d’Europe ; il croît en arbriffeau ,
fans ramper ni s’attacher à d’autres arbres. Sa fleur,
répand une odeur merveilleufe.
LAMA, f. m. ( terme de Relation.) Les lamas font
les prêtres desTartares afiatiques, dans la Tartarie
chinoife.
Ils font voeu de célibat, font vêtus d’un habit
particulier, ne treffent point leurs cheveux, & ne
portent point de pendans d’oreilles. Ils font des prodiges
par la force des cnchantemens & de la magie ,
récitent de certaines prières en maniéré de choeurs,
font chargés de l’iaftrudion des peuples, 6c ne fa-
vent pas lire pour la plûpart, vivent ordinairement
en communauté, ont des fupérieurs locaux , & au-
deffus de tou s, un fupérieur général qu’on nomme»
le dalaï-lama.
C ’eft-là leur grand pontife, qui leur conféré le#
(h flore ns ordres, décidé feul & defpotiquement tou#
les points de foi fur lefquels ils peuvent être divifés ;
c eft en un mot, le chef abfolu de toute leur hiérarchie.
Il tient le premier rang dans le royaume de Ton-
gut par la vénération qu’on lui porte, qui eft telle
que les princes tartares ne lui parlent qu’à genoux,
6c que l’empereur de la Chine reçoit fes ambaffa-
deurs, & lui en envoie avec des préfens confidéra-
bles. Enfin, il s’eft fait lui-même, depuis un fiée le ,
fouverain temporel & fpirituel du T ib e t, royaume
de l’Afie, dont il eft difficile d’établir les limites.
t M eft regardé comme un dieu dans ces vaftes pays ;
l ’on vient de toute la Tartarie, 6c même de l’Indof-
tan, lui offrir des hommages 6c des adorations. Il
reçoit toutes ces humiliations de defliis un autel,
pofé au plus haut étage du pagode de la montagne
de Pontola, ne fe découvre 6c ne fe leve jamais
pour perfonne ; il fe contente feulement de mettre
la main fur la tête de fes adorateurs pour leur accorder
la rémiffion dé leurs péchés.
Il conféré differens pouvoirs & dignités aux laA
mas les plus diftingués qui l’entourent ; mais dans
ce grand nombre, il n’en admet que deux cens au
rang de fes difciples, ou de fes favoris privilégiés ;
6c ces deux cens vivent dans les honneurs & l’opulence
, par la foule d’adorateurs & de préfens qu’ils
reçoivent de toutes parts.
Lorfque le grand lama vient à mourir, on eft per-
fuadé qu’il renaît dans un autre corps, 6c qu’il ne
s’agit que de trouver en quel corps il a bien voulu
prendre une nouvelle naiffance ; mais la découverte
n eft pas difficile, ce doit e tre, 6c c’eft toujours dans
le corps d un jeune lama privilégié qu’on entretient
auprès de lui ; 6c qu’il a par fa puifTance défigné fon
fucceffeur fecret au moment de fa mort.
Ces faits abrèges, que nous avons puifés dans les
meilleures fources, doivent fervir à porter nos réflexions
fur l’étendue des fuperftitions humaines,
& c eft le fruit le plus utile qu’on puiffe retirer de
l’étude de l’Hiftoire. ( D. / .)
L A M a , ( Géog. anc. ) ancienne ville de la Lufi-
tanie, au pays des Vettons, félon Ptolomée, liv. I I .
chap. v. Quelques-uns croient que c’eft Lamé gai, village
de Portugal, dans la province de Trallos-mor-
tes, à 7 lieues nord de Guarda. ÇD. J. )
LAMANAGE, f. m. (Marine.') c’eft le travail
& la manoeuvre que font les matelots ou mariniers
pour entrer dans un port & dans une ' riviere ou
pour en fortir, fur-tout lorfque l’entrée en eft difficile,
_
LAMANEUR; f. nï. (Marine.) pilote lamaneur,
Locman. Ce font des pilotes pratiques des ports 6c
des entrées des rivières, qui y font leur réfidence,
& que l’on prend pour l’entrée & la fortie de ces
endroits , lorfqu’on ne les connoît pas bien, ou qu’il
y a des dangers ou des bancs qu’il faut éviter. L’or-
.donnance de la marine de 16 81 , liv. IV. tic. I II.
traite des pilotes lamaneurs, de leurs fondions, de
l ’examen qu’ils doivent fubir avant d’être reçus, de
leurs falaires, de leurs privilèges, 6c des peines
auxquelles ils font condamnés, fi par ignorance
ou par méchanceté ils avoient caufé la perte
d’un bâtiment, qu’ils feroient chargés de conduire.
Voici comme l’ordonnance s’explique à ce
fujet, art. xviij. « Les Lamaneurs qui par ignorance
» auront fait échouer un bâtiment, feront condam-
» nés au fouet, 6c privés pour jamais du pilotage ;
»> 6c à l’égard de celui qui aura malicieufement jette
» un navire fur un banc ou rocher, ou. à la côte,
« il fera puni du dernier fupplice, & fon corps at-
» taché à un mât planté près le lieu du naufrage ».
LAMANTIN, manati, f. m. (Hijl. nat. ) animal
amphibie, qui a été mis au nombre des poiffons
par plufieurs naturaliftes, 6c qui a été regardé
comme un quadrupède par ceux qui l’ont mieux obfervé.
Cet animal a beaucoup de rapport à la: vache
marine, & au phoca ou veau de mer; il paroît
qu’il doit palier comme eux pour quadrupède. Le
lamantin a depuis dix jufqu’à quinze piés de longueur
, & même davantage, & fix ou fept piés de
largeur ; il pcfe depuis foixante dix jufqu’à cent ou
deux cent livres ; on prétend même qu’il s’en trouve
du poids de neuf cent livres. La tête eftoblongue,
ronde ; elle a quelque reffiemblance avec celle d’un
boeuf; mais le raiiffle eft moins gros , & le menton
eft plus épais ; les yeux font petits; il n’y a que de
petits trous à l’endroit des oreilles ; les levres font
grandes ; il fort de la bouche deux dents longues
d’un ampan, 6c groftes comme le pouce ; le col eft
très-gros & fort-court; cet animal adeux bras courts,
rerminés par une forte de nageoire compofée comme
une main de cinq doigts qui tiennent les uns aux autres
par une forte membrane, 6c qui ont des ongles
■ courts : c’eft à caufe de ces fortes de mains que les
Efpagnols ont appellé cet animal manates ou manati;
il n’y a aucune apparence de piés à la partie pofté-
yieure du corps qui eft terminée par une large queue.
Les lamantins femelles ont fur la poitrine deux mam-
melles arrondies ; celles d’un individu long de quatorze
piés neuf pouces, avoient fept pouces de diamètre,
6c quatre pouces d’élévation ; le mammclon
étoit Ion® de deux ou trois pouces d’élévation, 6c
«Voit un pouce de diamètre. Les parties de la génération
reflemblent à celles des autres quadrupèdes,
6c même à celles de l’homme 6c de la femme. La
peau du lamantin eft épaifle, dure, prefqu’impéné-
trable, 6c revêtue de poils rares, gros, & de couleur
cendrée ou mêlée de gris 6c de brun.
Cet animal broute l’herbe commune 6c l’algue de
mer fur les bords de l’eau fans en fortir ; on prétend
qu’il ne peut pas marcher, & qu’étant engagé dans
quelque anfc, d’où il ne puifle pas fortir avec le
reflu , il demeure fur le fable, fans pouvoir s’aider
de fes bras ; d’autres aiïùrent qu’il marche, ou au
moins qu’il fe traîne fur la terre; il jette des larmes;
i l fe plaint lorfqu’on le tire de l’eau; il a un cri , il
foupire; e’eft à caufe de cette forte de lamentation
qu’il a été appellé lamantin.; ce gémiffement eft bien
différent du chant : cependant on croit que cet animal
a donné lieu à la fable des firennes : lorfqu’il
porte fes petits entre fes bras, & qu’on le voit hors
de l’eau avec fes mamelles^ fa tête, on pourroit
peut-être y appercevoir quelques rapports avec la
figure chimérique des fnennes, Le lamantin aime
I’eati fraîche ; aitflî ne s’éloigne-t-il guère des côtes*
on le trouve à l’embouchure des grandes rivières*’
en divers lieux de l’Afrique, dans la mer rougé ;
dans^ l’île de Madagafcar, à Manaar près deCeylan \
aux îles Moluques, Philippines, Lucayes, 6c Antilles,
dans la rivière des Amazonnes; au Brefil, à Su*
rinam, au-Pérou, &c. Cet animal eft timide; il s’ap-
privoife facilement ; fes principaux ennemis font le
crocodile & lé requin ; il porte ordinairement deux:
petits à-la-fois ; lorfqu’il les a mis bas, il les approche
de fes mamelles avec fes bras ; ils fe laiflent prendre
avec la mere, lorfqti’elle n’a pas encore ccffé de les,
nourrir. La chair du lamantin eft très-bonne à man-.;
ger, blanche 6c fort faine : on la compare pour 1<*
goût à celle du veau, mais elle eft plus ferme ; fa
graiffe eft une forte de lard qui a jufqu’à quatre doigt«
d’épaifleur, ou en fait des lardons 6c des bardes pouC,
les autres viandes ; on le mange fondu fur le pain*
comme du beurre ; il ne fe rancit pas fi aifément
que d’autres graiffes ; on trouve dans la tête du la*
manda, quatre pierres de différentes groffeurs, qui
reflemblent à des os : elles font d’ufage en Mede-'
eine.
On tue le lamantin tandis qu’il paît fur le bord
des rivières ; lorfqn’ile ft jeune, il fe prend au filet./
Dans le continent de l’Amérique, lorfque les pê-[
cheurs voient cet animal nager à fleur d’ eau ils lui
jettent depuis leur barque où leur canot, des harpons
qui tiennent à une corde menue mais fortes
Le lamantin étant bleffé, s’enfuit: alors on lâche la'
corde à l’extrémité de laquelle eft lié un morceau
de bois; ou de liege, pour l’empêcher d’être fubmer-
gée entièrement, & pour en faire ap'percevoir lo
bout : le poiflon ayant perdu fon fang & fes forces ,
aborde au rivage. Voyt{ Y Hiß. nat. des animaux „
par MM. Arnauld de N obleville, &SaIerne, tom. Va
Voyc{ QUADRUPEDE.
LAMAO, ( Géog. ) petite île de l’Océan oriental^ à 4 lieues de la cô te de la Chine ; elle eft dans un en droit
bien commode, entre les trois grandes villes de
Canton , de Thieuchen, 6c de Chinchen. (/> .ƒ .)
LAMBALE, (Géog.) petite ville de France dans
la haute-Bretagne , chcf-iieu du duché de Penthie-
v re , au diocèfe de Saint Brieux, à cinq lieues de
cette v ille , 6c à quinze de Rennes, long. i5 . 4 lat
48. 28.
C ’eft au liege de Lambale en 15/91, que fut tué le
fameux Francois de la Noue, furnommé B ras-de-fer t
il eut le bras fracaffé d’un coup de canon en 1570 ,
à l’aéKon de Fontenay; on le lui coupa, 6c on lui
en mit un poftiehe de ce métal. La Noue étoit tout
enfemble le premier capitaine de fon tems , le plus
humain 6c le plus vertueux. Ayant été fait prifon*
nier en Flandres en 1580 , après un combat defef-
péré, les Provinces unies offrirent pour fon échange
le comte d’Egmont, le Comte de Champigni, & le
Baron de Selles ; niais plus ils témoignoient par cette
offre finguliere l’idée qu’ils avoient du mérite de la
Noue, moins Philippe II. crut devoir acquiefcer à
fon élargiffement ; il ne l’accorda que cinq ans après,
fous condition qu’il ne ferviroit jamais contre lui ;
que fon fils Téligny, alors prifonnier du duc de
Parme , refteroit en otage, & qu’en cas de contravention
, la Noue payeroit cent mille écus d’or. Général
des troupes, il n’avoit pas cent mille fols de
bien. Henri IV. par un fentiment héroïque, répondit
pour lui, & engagea pour cette fomme les terres
qu’il poffédoit en Flandres. Les ducs de Lorraine 6c
de Guife voulurent auffi par des motifs de politique,
devenir cautions de ce grand homme; il a Iaifle des
mémoires rares 6c précieux. Amyraut a donné fa
vie ; tous les Hiftoriens l’ont comblé d’éloges; mais
perfonne n’en a parlé plus fouvent, plus dignement,
6c avec plus d’admiration que M* de Thç*i, Voye ^