que l’on né fauroit prévoir ; car iorfqu il y a trop
loin, les hottes, Jfc. '34- brouettes, ƒ$. | g | bau-
veaux ,fig■ >3 <î’ ne peuvent fervir. Lorique 1 on pa-
tit fur une demi-côte , les tombereaux ne peuvent
être mis en ufage, à moins que lorfqu’il s’agit dun
bâtiment de quelque importance,. on ne pratique
des chemins en zigzague pour adoucir les pentes,
Cependant la meilleure maniéré , lorfqu’il y a
loin, eft de fe fervir de tombereaux qui contiennent
environ dix à douze pies cubes de terre chacun,
ce qui coûte beaucoup moins, & eft beaucoup plus
prompt que fi l’on employoit dix ou douze hommes
avec des hottes ou brouettes, qui ne contiennent
guère chacune qu’un pié cube. ■ .
Il faut obferver de payer les ouvriers préférablement
à la toife, tant pour éviter les détails embar-
raffans que parce qü’ils vont beaucoup plus vite ,
les ouvrages traînent moins en longueur, & les
fouilles peuvent fe trouver faites de maniéré à pouvoir
élever des fondemens hors de terre avant 1 hiver
.L
orfque l’on aura beaucoup de terre à remuer, il
faudra obliger les entrepreneurs à laiffer des témoins
(o) fur le tas jufqu’à la fin des travaux, afin qu’ils
puiffent fervir à toifer les furcharges 8c vuidanges
des terres que l’on aura été obligé d’apporter ou
d’enlever, félon les circonftanccs. ^
Les fouilles pour les fondations des bâtimens fe
font de deux maniérés : l’une dans toute leur étendue,
c’eft-à -dire dans l’intérieur t:e leurs murs de
face: lorfqu’on a deffein de faire des caves fouterrei-
nes aquéducs , &c. on fait enlever généralement
toutes les terres jufqu’au bon terrein : 1 autre feule-
ment par partie, lorfque n’ayant befoin ni de l’un
ni de l’autre , on fait feulement des tranchées, de
l’épaiffeur des murs qu’il s’agit de fonder , que l’on
trace au cordeau fur le terrein, 8c que l ’on marque
avec des repaires.
Des différentes efpeces de terreins. Quoique la diver-
fitédes terreins foit très-grande, on peut néanmoins
la réduire à trois efpeces principales; la prem:ere eft
celle de* tuf ou de ro c , que l’on connoît facilement
par la dureté, 8c pour lefquels on eft obligé d’employer
le pic , fig. 128. l’a i g u i l l e , n S. le coin,
fig. 78. la malle , fig. 73■ 8c quelquefois la mine:
c’eft une pierre dont il faut prendre garde à la qualité.
Lorfqu’on emploie la mine pour la tirer, on fe
fert d’abord d’une aiguille, fig n ff. qu’on appelle
ordinairement trépan, bien acéré par un bout, 6c
de fix à fept piés de longueur, manoeuvré par deux
hommes , avec lequel on fait un trou de quatre ou
cinq pies de profondeur, capable de contenir une
certaine quantité de poudre. Cette mine chargée on
bouche le trou d’un tampon chaffé à force, pour
faire faire plus’ d’effet à la poudre ; on y met enfuite
le feu par le moyen d’un morceau d’amadou, afin
de donner le tems aux ouvriers de s’éloigner ; la
mine ayant ébranlé & écarté les pierres, on en fait
le déblai, 8c on recommence l’opération toutes les
fois qu’il eft néceffaire.
La fécondé eft celle de rocaille, ou de fable,
pour lefquels on n’a befoin que du pic ,fig. 12.8. 8c
de la pioche, fig. >3 ° • l’une, dit M.^Bélidor, n’eft
autre chofe qu’une pierre morte mêlée de terre,
qu’il eft beaucoup plus difficile de fouiller que léS
autres ; auffi le prix en eft-il à peu près du double.
L’autre fe divife en deux efpeces ; l’une qu’on appelle
fable ferme, fur lequel on peut fonder folide-
ment ; l’autre fable mouvant, fur lequel on ne peut
fonder qu’en prenant des précautions contre les ac-
cidens qui pourroient arriver. On les diftingue or-
(0) Des témoins (ont des mottes de terre de la hauteur du
terrein, qu'on laiffe de diftance à autre, pour pouvoir le toifer
après le déblais ou remblais.
dinaircmerit par la terre que l’on retire d’une fondé
de fer, fig. '35. dont le bout eft fait en tariere, &
avec laquelle on a percé le terrein. Si la fonde refifte
& a de. la peine à entrer, c’eft une marque que le
fable eft dur ; fi au contraire elle entre facilement,
c’eft une marqué que le fable eft mouvant. Il ne faut
pas confondre ce dernier avec le fable bouillant,
appellé ainfi parce qu’il en fort de l’eau lorfque l’on
marche deffus, puifqu’il arrive fovent que l’on peut
fonder deffus très - folidement, comme on le verra
dans la fuite.
La troifiemé eft de terres franches, qui fe divife
en deux efpeces; les unes que l’on appelle terres
hors d’eau, fe tirent & fe tranfpoftent fans difficultés
; les autres qu’on appelle terres dans l’eau , coûtent
fouvent beaucoup, par les peines que l’on a de
détourner les fources, ou par les épuifemens que
l’on eft obligé de faire. Il y en a de quatre fortes,
la terre ordinaire, la terre graffe, la terre glaife, &
la terre de tourbe. La première fe trouve dans tous
les lieux fecs 8c élevés ; la fecqpde que l’on tire des
lieux bas 6c profonds, eft le plus fouvent compofee
de vafe 8c de limon, qui n’ont aucune folidité ; la
troifieme qui fe tire indifféremment des lieux bas 8c
élevés , peut recevoir des fondemens folides, fur-
tout lorfqu’elle eft ferme, que fon banc a beaucoup
d’épaiffeur, & qu’elle eft par-tout d’une égale con-
fiftance ; la quatrième eft une terre graffe, npire, 8c
bitumineufe, qui fe tire des lieux aquatiques 8c marécageux
, & qui étant féche fe confirme au feu. On
ne peut fonder folidement fur un pareil terrein, fans
le fecours de l’art 6c fans des précautions que l’on
connoîtra par la fuite. Une chofe très - effentielle ,
; lorfque l’on voudra connoître parfaitement un ter-
rèin , eft de confulter les gens du pays : l’ufage 6c
le travail continuel qu’ils ont fait depuis long-tems
dans les mêmes endroits , leur ont fait faire des remarques
8t des obfervations dont il eft bon de prendre
connoiffance.
La folidité d’un terrein, dit V itru v e, fe connoît
par les environs, foit par les herbes qui en naiffent,
foit par des puits, citernes, ou par des trous de
fonde.
Une autre preuve encore de fa folidité , eft lorfque
laiffant tomber de fort haut un corps très-pefant,
on s’a pperçoit-qu’il ne raifonne ni ne tremble, ce
que l’on peut juger par un tambour placé près de
l’endroit où doit tomber ce corps, ou un vafe plein
d’eau dont le calme n’en eft pas troublé.
Mais avant que d’entrer dans des détails circonf-
tanciés fur la maniéré de fonder dans les différens
terreins, nous dirons «quelque chofe de la maniéré
de planter les bâtimens.
De La manière de planter les bâtimens. L’expérience
& la connoiffance de la géométrie font des chofes
également néceflaires pour cet objet, c’eft par le
moyen de cette derrniere que l’on peut tracer fur le
terrein les tranchées des fondations d’un bâtiment,
qu’on aura foin de placer d’alignement aux principaux
points de vûe qui en embelliffent Ta fpeâ :
cette obfervation eft fi effentielle, qu’il y a des oc-
cafions où il fe'roit mieux de préférer les alignemens
direâs des principales iffues , à l’obliquité déjà fi-
tuation du bâtiment.
Il faut obferver de donner des deffeins aux traits,
les cotter bien exa&ement, marquer l’ouverture des
angles, fupprimer les faillies am-deffus des fondations,
exprimer les empattemens néceflaires pour
le retour des corps faillans ou rentrans, intérieurs
ou extérieurs, 8c prendre garde que lès mefures
particulières s’accordent avec les mefures générales.
Hflflj I 1 I
Alors pour faciliter lés opérations fur le terrein ,
on place à quelque diftance des murs de fa ce, des
pièces de bois bien équarries, que l’on enfonce affez
avant dans la terre, 6c qui fervent à recevoir des
cordeaux bien tendus , pour marquer l’épaiffeur des
murs, 8c la hauteur des affifes. On aura foin de les
entretenir par des efpeces d’entretoifes, non-feulement
pour les rendre plus fermes , mais afin qu’ils
puiffent auffi entretenir les cordeaux à demeure
tels qu’on les a placés, félon les cotes du plan.
I II ne fera pas inutile encore, lorfque les fondations
feront hors de terre, de recommencer les opérations
d’alignement, afin que les dernieres puiffent
fervir de preuves aux premières, & par-là s’affurer
de ne s’être pas trompé.
Des fondemens en général. Les fondemens exigent
beaucoup d’attention pour parvenir à leur donner
une folidité convenable. C ’eft ordinairement de-là
que dépend tout le fuccès de la conftru&ion : car,
dit Palladio, les fondemens étant.la bafe 8c le pié
du bâtiment, ils font difficiles à réparer; 8c lorf-
qu’ils fe detruifent, le refte du mur ne peut plus fub-
fifter. Avant que de fonder, il faut confidérer fi le
terrein eft folide : s’il ne l’eft pas, il faudra peut-
être fouiller un^peu dans le fable ou dans la glaife ,
& fuppléer enfuite au défaut de la nature par le fecours
de l’art. Mais, dit Vitruve , il faut fouiller
autant qu’il eft néceffaire jufqu’au. bon terrein, afin
de foutenir la pefanteur des murs, bâtir enfuite le
plus folidement qu’il fera poflible, 8c avec la pierre
la plus dure ; mais avec plus, de largeur qu’au rez-
de-chauffée. Si ces murs ont des voûtes fous terre,
il leur faudra donner encore plus d’épaiffeur.
Il faut avoir foin, dit encore Palladio, que le plan
de la tranchée foit de niveau, que le milieu du mur
foit au milieu de la fondation , 8c bien perpendiculaire
; 8c obferver cette méthode jufqu’au faîte du
bâtiment ; lorfqu’il y a des caves ou fouterreins,
qu’il n’y ait aucune partie de mur ou colonne qui
porte à faux ; que le plein porte toûjours fur le
plein , & jamais fur le vuide ; Sc cela afin que le bâtiment
puiffe taffer bien également. Cependant ,
dit-il, fi on vouloit les faire à plomb, ce ne pour-
roit être que d’un côté , &c dans l’intérieur du bâtiment
, étant entretenues par les murs de refend &
par les planchers.
L’empattement d’un mur que Vitruve appelle
fUréobatte, doit, félon lu i, avoir la moitié de fon
épaiffeur. Palladio donne aux murs de fondation le
double de leur épaiffeur fupérieure ; 8c lorfqu’il n’y
a point de c a ve , la lixieme partie de leur hauteur :
Scamozzi leur donne le quart au p lus, & le fixieme
au moins ; quoiqu’aux fondations des tours , il leur
ait donné trois fois l’épaiffeur des murs fupérieurs.
Philibert de Lorme, qui femble être fondé fur le
fentiment de Vitruve, leur donne auffi la moitié ;
les Manfards aux Invalides & à Maifons, leur ont
donné la moitié ; Bruaut à l ’hôtel de Belle-ïîle
leur a donné les deux tiers. En général, l’épaiffeur
des fondemens doit fe regler, comme dit Palladio,
fur leur profondeur, la hauteur des murs , la qualité
du terrein, 8c celle des matériaux que l’on y
employé ; c’eft pourquoi n’étant pas poflible d’en
regler au jufte l’épaiffeur, c’eft, ajoute cet auteur ,
à un habile architeûe qu’il convient d’en juger.
Lorfque l’on veut, dit-il ailleurs, ménager la dé
penfe des excavations 8c des fondemens, on pratiq
u e des piles A , fig. 32 . & 3 3 . que pon pofe ^
le bon fond 5 , 8c fur lefquelles on bande des arcs C;
il faut faire attention alors de faire celles des extrémités
plus fortes que celles du milieu, parce que
tous ces arcs C , appuyés les uns contre les autres ,
tendent à pouffer les plus éloignés ; 8c c’eft ce que
Philibert de Lorme a pratiqué au château de Saint-
Maur, lorfqu’en fouillant pour pofer les fondations
d,e ce chateau, il trouva des terres rapportées de
plus de quarante pics de profondeur. Il fe contenta
alors de faire des fouilles d’un diamètre convenable
à l’épaiffeur des m urs, 8c fit élever fur le bon terrein
des piles éloignées les unes des autres d’environ
douze pies, fur lefquelles il fit bander des arcs en
plein ceintre , 8c enfuite bâtir deffus comme à l’ordinaire.
Léon Baptifte Alberti, Scamozzi, 8c plufieurs
autres * proposent de fonder de cette maniéré dans
les édifices où il y a beaucoup de colonnes, afin d’éviter
la dépenfe des fondemens & des fouilles au-
deffous des entrecolônnemens ; mais ils confeillent
en même tems de renverfer les arcs C , fig. j j . de
maniéré que leurs extrados foient pofées fur le terrein
, ou fur d’autres arcs bandés en fens contraire,
parce que, difent-ils, le terrein où l’on fonde pouvant
fe trouver d’inégale confidence , il eft à craindre
que dans la fuite quelque pile venant à s’affaif-
fer, ne causât une rupture confidérable aux arcades
, 6c par conléquent aux murs élevés deffus.
Ainfi par ce m oyen, fi une des piles devient moins
affurée que les autres, elle fe trouve alors areboutée
par des arcades voifines, qui ne peuvent céder étant
appuyées fur les terres qui font deffous.
Il faut encore obferver, dit Palladio, de donner
de l’air aux fondations des bâtimens par des ouvertures
qui fe communiquent, d’en fortifier tous les
angles, d’éviter de placer trop près d’eux des portes
8c. des croifées, étant autant de vuides qui en diminuent
la folidité.
Il arrive fouvent, dit M. Belidor, que lorfque
l’on vient à fonder, on rencontre des fources qui
nuifent fouvent beaucoup aux travaux. Quelques-
uns prétendent les éteindre en jettant deffus de la
chaux vive mélée de cendre ; d’autres rempliffent,
difent-ils, de vif-argent les trous par où elles for-
tent ; afin que fon poids les oblige à prendre un autre
cours. CeS expédiens étant fort douteux, il vaut
beaucoup mieux prendre le parti de faire un puits
au-delà de la tranchée, 8c d’y conduire les eaux par
des rigolles de bois ou de brique couvertes de pierres
plates, 6c les élever enfuite avec des machines
par ce moyen on pourra travailler à fec. Néanmoins
pour empêcher que les fources ne nuifent dans la
fuite aux fondemens, il eft bon de pratiquer dans la
maçonnerie des efpeces de petits aqueducs, qui leur
donnent un libre cours.
Des fondemens fur un bón terrein. Lorfque l’on
veut fonder fur un terrein folide, il ne fe trouve pas
alors beaucoup de difficultés à furmonter ; on commence
d’abord par préparer le terrein, comme nous
l’avons vû précédemment, en faifant des tranchées
de la profondeur 8c de la largeur que l’on veut faire
les fondations. On paffe enfuite deffus une affife de
gros libages, ou quartier de pierres plates à bain
de mortier ; quoique beaucoup de gens les pofent à
fe c , ne garniffant de mortier que leurs joints. Sur
cette première aflife, on en éleve d’autres en liaifon
à carreau 8c boutiffe alternativement. Le milieu du
mur fe remplit de moilon mélé de mortier : lorfque
ce moilon eft brut, on en garnit les interftices avec
d’autres plus petits que l’on enfonce bien avant
dans les joints, 8c avec lefquels on arrafe les lits.
On continue de même pour,les autres affifes , ,ob-
fervant de conduire l’ouvrage toûjours de niveau
dans toute fa longueur ; 8c des retraites, on talude
en diminuant jufqu’à l’épaiffeur du mur au rez-de-
chauffée.
Quoique le bon terrein fe trouve le plus fouvent
dans les lieux élevés, il arrive cependant qu’il s’en
trouve d’excellens dans les lieux aquatiques 8c profonds
, 8c fur lefquels on peut fonder folidement,
8c avec confiance; tel que ceux de gravier, de marne
, de glaife, 8c quelquefois même fur le fable