& plus diftinftement, qu’il ne les voyoit auparavant
à la vue fimple. Ce nouveau phénomène le frappa ;
il le fit voir à fon pere , qui fur le champ affembla
ces mêmes verres 8c d’autres femblables , clans des
tubes de quatre ou cinq pouces de long, 8c voilà la
première découverte des lunettes d'approche.
Elle fe divulgua promptement dans toute l’Europe,
& elle fut faite félon toute apparence en 1600 ; car
Galilée publiant en 1610 fes obfervations altrono-
miques avec les lunettes d'approche, reconnoîi dans
fon Nuncius fydereus , qu’il y avoit neuf mois qu’il
étoit inftruit de cette découverte.
Une chofe affez étonnante , c’eft comment ce célébré
aftronome, avec une lunette qu’il avoit faite
lui-même fur le modèle de celles de Hollande, mais
très-longue , put reconnoître le mouvement des fa-
tellites de Jupiter. La lunette d'approche de Galilée
avoit environ cinq piés de longueur; or plus ces
fortes de lunettes font longues, plus l’efpace qu’elles
font appercevoir eft petit.
Quoiqu’il en l'oit, Képler mit tant d’application
à fonder la caufe dés prodiges que les lunettes d'approche
découvroient aux yeu x, que malgré fes travaux
aux tables rudolphines , il trouva le tems de
compofer fon beau traiié de Dioptrique , & de le
donner en 1 6 1 1 , un an après le Nuncius fydereus de
Galilée.
Defcartes parut enfuite fur les rangs, & publia
en 1637 fon ouvrage de Dioptrique , dans lequel il
faut convenir qu’il a pouffé fort loin fa théorie fur !a
vilion, 8c fur la figure que doivent avoir les lentilles
des lunettes d'approche ; mais il s’ell trompé dans les
efpérances qu’il fondoit fur la conftruélion d’une
grande lunette te un verre convexe pourobjeôif,
8c un concave pour oculaire. Une lunette de cette
efpece, ne feroit voir qu’un efpace prefque infenfi
ble del-’objet. M. Defcartes ne forgea point à l’avantage
qu’il retireroit delà combinaifon d'un verre
convexe pour oculaire ; cependant fans cela , ni les
grandes lunettes , ni les petites, n’auroient été d’aucun
ufage pour faire des découvertes dans le ciel, 8c
pour l’oblervation des angles. Képler l’avoit d it, en
parlant de la combinaifon des verres lenticulaires :
duobus convexis , majora & dijlincla proejlare vjjibilia ,
fed everfo J,itu. Mais Defcartes , tout occupé de fes
propres idées, fongeoit rarement à lire les ouvrages
des autres. C ’eff donc à l’année 16 1 1 , qui eft la date
de la Dioptrique de Képler, qu’on doit fixer l’époque
de la lunette à deux verres convexes.
L’ouvrage qui a pour titre, oculus Elue & Enoch,
par le P. Reita capucin allemand, où l ’on traite de
cette efpece de lunette, n’a paru que long-tems après.
Il eft pourtant vrai, que ce pere après avoir parlé
de la lunette à deux verres convexes , a imaginé de
mettre au-devant de cette lunette une fécondé petite
lunette, compofée pareillement de deux verres
convexes ; cette leconde lunette renverfe le renver-
fement de la première, & fait paroître les objets
dans leur pofition naturelle, ce qui eft fort commode
en plufieurs occafions ; mais cette invention eft
d’une très-petite utilité pour les aftres, en compa-
raifon de la clarté 8c de la diftindtion, qui font bien
plus grandes avec deux feuls verres, qu’avec quatre
, à caufe de l’épaiffeur des quatre verres, & des
huit fuperficies , qui n’ont toujours que trop d’inégalités
8c de défauts.
Cependant on a été fort long-tems fans employer
les lunettes à deux verres convexes : ce ne fur qu’en
1659 , que M. Huyghens inventeur du micromètre,
les mit au foyer de l’objeôif, pour voir diftindtement
les plus petits objets. Il trouva par ce moyen le fe-
cret de mefurer les diamètres des planètes, après
avoir connu par l’expérience dupaflage d’une étoile
derrière ce corps , combien de fécondés de degrés
il comprenoit.
C ’eft ainfi que depuis Métius & Galilée, on a
combiné les avantages qu’on pourroit retirer des
lentilles qui çompofent les lunettes d'approche. On
fait que tout ce que nous avons de plus curieux dans
les fciences & dans les arts , n’a pas été trouvé d’abord
dans l’état oit nous le voyons aujourd’hui :
mais les beaux génies qui ont une profonde con-
noiffance de la Méchanique 8c de la Géométrie ,
ont profité des premières ébauches, fouvent produites
par le halard, 8c les ont portées dans la fuit®
au point de perfeûion dont elles étoient fufeepti-
bles. ( D . J . ) r
L u n e t t e s , ( Fortifient.) ce font dans la Fortification
des efpeces de demi-lunes, ou des ouvrages
à-peu-près triangulaires , compofés de deux faces
qui forment un angle laillant vers la campagne, 8c
qui fe conftruifent auprès des glacis ou au-delà de
l’ayant-foffé. Voye% R e d o u t e s .
Les Lunettes font ordinairement fortifiées d’un parapet
le long de leurs faces ; leur terreplein eft au
niveau de la campagne ; elles fe placent communément
vis-à-vis les angles rentrans du chemin couvert.
Pour conftruire une lunette A au delà d’un avant-
foffé , foit, PI. lP .d e Fortif. fig. 3 . ce foffé tracé
vis-à-vis une place d’armes rentrante R du chemin
couvert, on prendra des points a & e , fommets des
angles rentrans de l’avant-foffé <ti&</’d e io o u 12
toiles ; enfuite de ces points pris pour centre, 8c
d’un intervalle de 30 ou 40 toifes , on décrira deux
arcs qui le couperont dans un point g duquel on tirera
les lignes# b9 g f , qui feront les faces de la lunette
A.
La lunette a un foffé de 8 ou 10 toifes de largeur,
mené parallèlement à fes faces, un parapet de 3
toifes d’épaiffeur, & de 7011 8 de hauteur. On élevé
la banquette de ces ouvrages de maniéré que le
parapet n ait que 4 piés 8c demi de hauteur au def-
lùs. La pente de la partie fupérieure ou de la plongée
du parapet, fe dirige au bord de la contrefcar-
pe du foffé de la lunette.
On arrondit la gorge de la lunette par un arc décrit
de l’angle 1 entrant h du glacis pris pour centre,
8c de l’intervalle h e. La partie du glacis de la place
vis-à-vis la lunette s’arrondit auflien décrivant du
point A & de l’intervalle A i un fécond arc parallèle
au premier.
Au-delà de l’avant-foffé on décrit un avant-chemin
couvert qui l’enveloppe entièrement 8c qui enveloppe
aufli les lunettes. Elémens de fortificat.
L u n e t t e s , grandes, (Fortificat.) Voye^T e n a i l l
o n s .
L u n e t t e s , petites, (’Fortificat. ) ce font dans la
Fortification des efpeces de places d’armes retranchées
ou entourées d’un foffé & d’un parapet qu’on
conftruit quelquefois dans les angles rentrans du
foffé des baftions 8c des demi-lunes. Ces lunettes
font flanquées par le baftion 8c parla face de la demi
lune , dont elles couvrent une partie de la face.
L u n e t t e , (Hydr.) eft une pièce que l’on ajoute
à un niveau dans les grandes 8c longues opérations,
où la vue ne fufliroit pas pour découvrir facilement
les objets.
L u n e t t e , (Architecl.) eft une efpece de voûte
qui traverfe les reins d’un berceau, & fert à donner
du jour, à foulager la portée, & empêcher la
pouffée d’une voûte en berceau. Lunette fe dit aufli
d’une petite vue pratiquée dans un comble ou dans
une fléché de clocher, pour donner un peu de jour
8c d’air à la charpente. On appelle encore lunette un
ais ou planche percée qui forme le fiége d’un lieu
d’aifance.
LüNëTTE , ( Corroyeur. ) C ’eft Un inftrument de
fe r , dont les corroyeurs 8c autres ouvriers en cuir
1e fervent pour ratifier 8c parer les cuirs ; elle eft de
figure fphérique, plate & très-tranchante par fa circonférence
extérieure. 11 y a au milieu une ouverture
ronde affez grande , pour que l’ouvrier puiffe
y paffer la main pour s’en fervir. Voye^-en la fig.
dans nos Planches du Corroyeur , où l’on a aufli re-
préfenté un ouvrier qui pare un cuir avec la /«-
nette.
L u n e t t e d'une boîte de montre , ( Horlog.) c ’e ft
Ce tte p a rtie q u i c o n tie n t le c ry fta l. Voye{ Bo i t e
DE MONTRE 8c la fig. dans nos PI. de l 'Horlogerie.
L u n e t t e , fer à lunette, ( Maréchal. ) eft celui
dont les éponges font coupées. On fe fert de cette
efpece de fer dans certaines occafions.
. Lunettes, ronds de cuir qu’on pofe fur les yeux
du cheval pour les lui boucher.
Si l’o n v e u t tr a v a ille r d a n s u n m a n e g e u n c h e val
q u i a le s fe im e s , il f a u t le fe r r e r à lunettes;
m a is fi l’o n v e u t le f a ire tr a v a ille r à la c am p a g n e ,
il fa u t le f e r r e r à p a n to u fle . Voye^ S e im e .
L u n e t t e , en terme d'Orfev. en grojjerie, c’eft la
partie d’un foleil deftinée à recevoir l ’hofiie. Elle
eft fermée de deux glaces, 8c entourée d’un nuage
d’où fortent des rayons. Voye{ N u a g e & R a y o n s .
L u n e t t e , en terme de Peaujfier 9 c’eft un inftrument
dont ces ouvriers fe fervent pour adoucir les
peaux du côté de la chair, & en coucher le duvet
du même côté.
La lunette eft un outil de fer fort mince, rond, 8c
dont le diamètre eft d’environ dix pouces ; elle eft
évidée au centre de maniéré à y placer commodément
la main ; mais comme cet outil eft fort mince,
le diamètre intérieur eft garni de cuir pour ne point
bleffer l’ouvrier qui s’en fert. Le diamètre extérieur
eft un peu coupant, pour racler aifément la peau,
8c en enlever toutes les inégalités. Voyei la fig.
L u n e t t e , ( Tourneur. ) p a r tie d u t o u r , e ft
u n tro u q u a r r é , d a n s le q u e l fo n t d e u x p iè c e s d e c u iv
r e o u d ’é ta in q u ’o n a p p e lle collets, q u i y fo n t r e te
n u s p a r u n e p ie c e q u ’o n a p p e lle chaperon , a t t a c
h é e à la p o u p é e a v e c d e s v is . Voye{ T o u r a l u n
e t t e & les figures.
L u n e t t e s , (Virrerie. ) c’eft ainfi qu’on appelle
certaines ouvertures pratiquées aux fourneaux.
Voyt{ L'àrt. VERRERIE.
LUNETTIER , f. m. ( Art méch.) ouvrier qui fait
des lunettes r & qui les vend. Comme ce font à Paris
les maîtres miroitiers qui font les lunettes, ils
ont pris de là la qualité de maîtres miroitiers-Za/ze*-
tiers. Les marchands merciers en font aufli quelque
commerce ; mais ils n’en fabriquent point. Voye^
M i r o i t i e r .
LUNEVILLE, ( Géogr. ) en latin Lunoe-villa ou
Lunaris villa , jolie ville de Lorraine, avec un beau
château où les ducs de Lorraine, 8c préfentement le
roi Staniflas tient fa cour. Ce prince y a établi un
bon hôpital 8c une école de cadets pour l’éducation
de jeunes gentilshommes dans l’art militaire. Il a
encore embelli cette ville à plufieurs autres égards.
Elle eft darts une plaine agréable , fur la Vezouze
& fur la Meurte, à 5 lieues S. E. de Nancy, 25 O.
de Strasbourg, 78 S. E. de Paris. Long. z 4 à. 1 o 1. G",
lat. 48*. g y . 2.3". (JD. y.)
LUNISOLAIRE, adj. (Afironomie. ) marque ce
qui a rapport à la révolution du foleil 8c à celle de
la lune , confidérés enfemble. Voye^ P é r io d e .
Année lunifolaire eft une période d’années formée
par la multiplication du cycle lunaire ÿ qui eft de 19
an s , & du cycle folaire , qui eft de 28. Le produit
de ces deux nombres eft 532.
Cette période eft appellée dionyfienne, du nom de
Denis le Petit, fon inventeur. Quand elle éft révolue
, les nouvelles 8c les pleines lunes reviennent à
très-peu-près aux mêmes jours du mois ; 8c chaque
jour du mois fe retrouve précifément aux mêmes
jours de la femaine.
Dans 1 ancien calendrier le jour de Pâques reve*
noit au même jour du mois au bout de la période
dionyfienne, parce qu’au bout de cette période la
pleine lune de l’équinoxe tomboit au même jour du
mois de Mars ou d’A v r il, 8c qu’outre cela l ’année
avoit la meme lettre dominicale. Voyez A n n é e &
P é r io d e . Chambers. ( O )
L UN SUR L AU TR E , fe dit dans le Blafon des
animaux & autres chofes, dont l’une eft pofée 8C
étendue au-deffus d’une autre.
Caumont en Agenois, d’azur à trois léopards d’o f,
armés , lampaffés & couronnés, L'un fur l'autre.
LUNULE , f. f. (Géométr. ) figure plane en forme
de croiffant, terminée par des portions de circonfé*-
rence de deux cercles qui fe coupent à fes extré-
mités.
Quoiqu’on ne foit point encore venu à bout de
trouver la quadrature du cercle en entier, cependant
lesGeometres ont trouve moyen de quarrer plufieurs
parties du cercle : la première quadrature partielle
qu’on ait trouvée, a été celle de la lunule : nous la
devons à Hippocrate de Chio. Voye^ G é o m é t r i e .
Soit A E B ( PI. de Géométrie, fig. 8 J un demi-
cercle , & G Cx~. G B; avec le rayon B C décrivez
un quart de cercle A F B , A E B F A fera la lunule
d ’Hippocrate.
Or puifque le quarré de B C’ eft double de celui
de G B ( voye^ H y p o t h e n u s e ) le quart de cercle
A F B C fera égal au demi - cercle A E B ; ôtant
donc de part 8c d’autre le fegment commun A F B
G A , 1a lunule A E B F A fe trouvera égale au triangle
reûiligne A C B , ou au quarré de G B. Cham*
bersk
V>ye[ fur la lunule d’Hippocrate 8c fur Hippocrate
meme , les mémoires de l’académie des fciences de
Pruffe,année 1748. Voye^ aufli l’article GÉOMÉTRIE.
Differens géomètres ont prouvé que non - feulement
la lunule d’Hippocrate étoit quarrable, mais
encore que l’on pouvoit quarrer différentes parties
de cette lunule ; ce détail nous meneroit trop loin.
On peut confulter un petit écrit de M. Clairaut le
cadet, qui a pour titre, diverfes quadratures circulaires,
elliptiques & hyperboliques. ( O )
L u n u l e , lunula, (Littér. ) ornement que les patriciens
portoient fur leurs fouliers , comme une
marque de leur qualité & de l’ancienneté de leur race.
Martial nous le prouve lorfque pour caraftérifer une
vieille nobleffe il dit, ü v. IL épig. 29, non hefierna
fedet limatâ lingula planta.
Cet ornement, inventé par Numa, étoit, félon
l’opinion la plus généralement reçue, une efpece
d’anneau de boucle d’ivoire qu’on attachoit fur la
cheville du pié. Plutarque, dans fes queftions romaines
, regardoit cette boucle lunaire comme un fym-
bole qui fignifioit l’inconftance de la fortune, ou que
ceux qui portoient de ces lunules feroient après leuf
mort élevés au - deffus de l’aftre dont elles étoient
l’image ; mais Ifidore , Orig. liv. X IX , ch. xxxjv.
prétend plus Amplement que cet ornement repréfen-
toit la lettre C , pour conferver le fouvenir de cent
fénateurs établis par Romulus. ( D . J. )
LU N U S , ( Art numer. ) Le dieu Lunus , appellé
mtv par les G recs, paroît fur plufieurs médailles de
Sardes ; il eft repréfenté avec un bonnet phrygien
fur fa tête & une pomme de pin à la main : il porte
quelquefois un croiffant fur les épaules, comme fur
deux médailles décrites par Haym. On voit d’un
côté la tête du dieu Lunus, avec le bonnet phrygien
8c le croiffant : on lit autour mhn a ckhnoc; de Pau-.