«PS L
nale fuppofe l’emuet. Foye^remarqués fur la prononciation
, par M. Hardouin, fecrétaire perpétuel de
la foeiété littéraire d’Arras , pag. 41. « L’articula-
» tion, dit-il, frappe toujours le commencement &
» jamais la fin du Ion ; car il n’eft pas poffible de pro-
» noncer al ou i l , fans faire entendre un e féminin
i> après/ ; & c’eft fur cet t féminin, & non fur Va ou
» fur Vi que tQtqbe l’articulation défignée par / ; d’où
» il s’enfuit que ce mot t e l, quoique cenfé mono-
» fyliab e, eft réellement difl'yllabe dans la pronon-
» ciation. II fe prononce en effet comme telle, avec
» cette feule différence qu’on appuie un peu moins
» fur Ve féminin q ui, fans être écrit, termine le pre-
» mier de çes mots ». Je l’ai dit moi-même ailleurs
( art- & ) 5 » qu’il eft de l’effence de toute articula-
» tion de précéder le fon qu’elle modifie, parce que
»le fon une fois échappé n’eff plus en la difpofition
» de celui qui parle, pour en recevoir quelque mo-
» difiçg.rion ».
II meparoîr donc affez vraiffemblable que ce qui
a trompé nos Grammairiens fur le point dont il s’a-^
gi* > Ç gft l’iqexaflitude de notre ortographe ufuel-
Te, & que cette inexactitude eft née de la difficulté
que 1 on trouva dans les commencemens à éviter
dans récriture les équivoques d’expreffion. Je rif-
que rai ici un effai de correction , moins pour en
confeiller l’ufage à perfonne, que pour indiquer
comment on auro.it pu s’y prendre d’abord, & pour
, jpettfe le plus de netteté qu’il eft poffible dans les
» idées ; car en fait d’ortographe, je fais comme le remarque
très-fagement M. Hardouin (pag. ^4),«qu’il
» y à encore moins d’inconvénient à Jaiffer les cho^
» 1es dans 1 état ou elles fon t, qu’à admettre des in-
» novations confidérables ».
> l0- Dans tous les mots où l’articulation / eft fui-
vie d’une diphtongue où le fon prépofitif n’eft pas un
emuet, il ne s’agiroit que d’en marquer exactement
le fon prfepofitifi après les I I , & d’ecrire par exemple
> fiuiUiàge , gentiiliejje, fçmilliant, carillion, mtr- j
■ yellieux, \nïlliant , Scc.
z°. Pour les mots où l’articulation l eft fui vie de
la diphtongue finale ie, il n’ eft pas poffible de fui.vre
fans quelque modification , la correction, que l’on
Vient d’indiquer y car fi l’on écrivoit pallie, abeille,
vanilUt, foûïttk, ces terminaifons écrites pourroient
le confondre avec celle des mots Athalie , Cornélie.^
Emilie' , poulie. L ’ufage de la diérèze fera difparoître
çette équivoque. On fait qu’elle indique la fépara-
tion de deux fo.ns confecutifs , Sc qu’elle avertit
qu’ils ne doivent point être réunis en diphtongue ;
âinfi la diérèze fur Ve muet qui eft à la fuite d’un i ,
détachera l’un de l’autre, fera faillir le fon i ; fi Ve
muet final précédé d’un i eft fans diérèze , c’eft la
diphtongue ie. On écriroit donc en eftetp allie, abel-
lie , vanillie, roullie, au lieu de paille , abeille, v 'a-
nille, rouille, parce qu’il y a diphtongue; mais il
faudroit écrire ,.Athalïè, Cornélie , Emilie , poulie ,
parce qu’il n’y a pas de diphtongue.
3°* Quant aux mots terminés par une feule l
mouillé^, il n’eft pas poffible d’y introduire la pein-r
titre de la diphtongue muette qui y eft fupprimée ;
la rime mafciftine, qui par-là de viendroit féminine ,
occafionneroit dans notre poé'fie un dérangement
trop conüdérable, Sc la formation des pluriers des
mots ëh æ/T de viendroit étrangement irrégulière. Ve
muetfe fup.pr-ime aifémeotà la fin , parce que la né-
ceffite de prononcer la confonne finale le ramène né-
ceffairemçnt. ; mais on ne peut pas fupprimer de
meme fans aucun figne la diphtongue ie , parce que
rien ne forcé à l’énoncer : l’ortographe doit donc en
indiquer la'fupprçffion. Ôr on indique par une apostrophe
là fuppreffion d’une voyelle ; une diphtongue
vaut deux voyelles ; une double apoftrophe , ou
plutôt afin d éviter lâ*cOnfufion, deux points pôles
L
vefticàlêment vers le haut de la lettre finale/= pour*
roit donc devenir le figne analogique de la diphtongue
fupprimée ie, Sc l’op pourroit écrire bal-, ver-
mel , péril• yfeul- , fenoub , au lieu de ba il, vermeil ^
péril ,fe u il, fenouil. ■
Quoi qu’il en (o it , il faut obferver que bien des
gens , au lieu de notre l mouillée, ne font entendre
que la diphtongue ie ; ce qui eft une preuve affinée
que c’eft cette diphtongue qui mouille alors l’articulation
l : mais cette preuve éft un vice réel dans la
prononciation, contre lequel les parens & les infti-
tuteurs ne font pas affez en garde.
Anciennement, lorfque le pronom général & indéfini
on<(e plaçoit après le verbe, comme il arrive
encore aujourd’hui, 4>n inféroit entre deux la lettre
l avéfc une apoftrophe : « Celui jour portoit l ’on les
» croix en proceffions en plufieurs lieux de France,
» & les appelloit l’on les croix noires ». Joinville.
Dans le paffage des mots d’une langue.à l’autre,
ou meme d’une dialeâe de la même langue à une
autre, ou dans les formations des dérivés ou des
compofés, les trois lettres /, r , u , font commuables
entre elles, parce que les articulations qu’elles re-
préfententiont toutes trois produites par le mouvement
de la pointe de la langue. Dans la produftion
de n 9 la pointe de la langue s’appuie contre les
. dents fupérieures, afin de forcer l’air à paffer par
le nez- ; dans la production de / , la pointe de la langue
s’élève plus haut vers le palais ; dans la production
de r , elle s’élève dans fes trémouffemens bruf-
quës , vers la même partie du palais. Voilà le fondement
des permutations de ces lettres. Pulmo, de
l’attique , au lieu du commun 'ümv/xw ; HHber
alis , illecebroe , colligo , -au dieu de inliberalis ,
inleeebrce , conligo ; pareillement l'ilium vient de Xti-
p/oy, par le changement dep en /; & au contraire va-
riûs vient de fiahiqç, par le changement de A ep r.
L eft chez les anciens une lettre numérale qui li-
gnifie cinquante, conformément à ce vers latin :
Quinquies L denos numéro dejignat habendos.
La ligne horifontale au-deffus lui donne une valeur
mille fois plus grande. L vaut 50000.
La monnoie fabriquée à Bayonne porte la lettre L.
On trouve Éjijiyent dans les auteurs LLS avec
une expreffion numérique, c’eft un figne abrégé qui
ûgnifiefexiereius le petit fexterce , 01? fexfertlum,
le grand fexterce. Celui-ci valoit deux fois &
une demi-fois le poids de métal que les Romains
appelloient libra( balance ) , ou pçndo, comme on
le prétend communément, quoi qu’il y ait lieu de
croire que c etoit plutôt pondus, pupondurn, i ( pe-
fée ) ; c’eft pour cela qu’on le repréfentoit par LL ,
pour marquer Iesdeux libra}Sc par Spour défigner la
moitié , ferais, Cette libra , que nous traduilôns livre
, valoit cent deniers (denarius') ; & le denier
valoit 10 as, ou 10 f. Le petit fexterce valoit le
quart du denier, & 'Conféquemment deux as &
un demi-Æ5 ; enforte que le fextertius étoit à
l as , comme le Jextertium au pondus. C ’eft l’o rigine
de la différence des genres ; as fepeter-
tius y fyneppe de J'emiflert 'ms, & pondus J'eflerfium t
^o\xr Jemifiertiwn, parçe que le troifieme as ou le
troifieme pondus y eft pris à moitié. Aurefte quoique
le même figne LLS déiignât également le grand
& l e petit fefterce, il n’y a voit jamais d’équivoque
; les circonftances fixoient le choix entre deux
lommes, dont l’une n’étoit que la millième partie
del’autre. (B. E.
Z,. Dans le Commerce, fert à plufieurs fortes d’abréviations
pour la .commodité des banquiers nér
gocians, teneurs de livres , &c. Ainfi L. ST. figni-
fie Livres(lerimgs L. DE G. ou L. G. fignifie livre de
gros. L majufçule bâtarde , fe met pour livres tour*
nuis y qui fe marque àùffi'par cette.figure»;.deux
H I M i i M H H n i
L A B
petites lb liées de la forte dénotent livres de poids;
Voyez le Dictionnaire de Commerce. (G )
L , ( Ecriture.) dans fa forme italienne, c’eft la
partie droite de Vi doublée avec fa courbe. Dans la
coulée , c’eft la 6e , 7e, 8e & i fe parties de Vo avec
Vi répété ; dans la ronde , c’eft la 8e , i re , z e parties
d’o & Vi répété avec une courbe feulement. Ces / fe
forment du mouvement mixte des doigts & du poignet.
V I italienne n’a befoin du fecours du poignet
que dans fa partie inférieure. Voye{ nos Planches
d'Ecriture.
LA , ( Grammaire,) c’eft le féminin de l’article le.
Foye{ Article.
L a , eft en Mufîque le nom d’une des notes de la '
gamme inventée par Guy Aretin. Voye^ A m i l a ,
& auffi Gam m e . ( S )
L a , terme de Serrurier & de Taillandier ; lorfque le
fer eft chaud-, pour appeller les compagnons à venir
frapper, le forgeron dit là.
LA A y ou LA AB ou LAH A , ( Géog. ) en latin Lalui
par Cufpinien , & Lava par Bonfinius ; petite ville
d’Allemagne, dans la baffe Autriche , remarquable
par la viâoire qu’y remporta l’empereur Rodolphe
d’Habsbourg en 1278 , furOttocare roi de Bohême,
qui y fut tué. C ’eft ce qui a acquis l’Autriche & la
Stirie à la maifon qui . les pofféde aujourd’hui. Les
Hongrois & le rpi Bêla furent auftl défaits près de
Laab par les Bohémiens en 1 i6 o ; elle eft fur là Téya,
à 12 lieues N. E. de Vienne. Long. 3 3 .3(0.-lat.-48. HifclW ^ H | I ■
L A ALEM- Gèfule, (Géog. ) montagne d’Afrique
au royaume de Maroc, dans la province de Sus.
Le nom de Gèfule, eft un refte du mot Gètulie, un
peu altéré. Cette montagne a au levant la province
de fon nom, au couchant le mont Henquife, vers
le midi les plaines de Sus, & le grand Atlas au nord ;
elle contient des mines de cu ivre, & eft habitée
par des Béréberes , de la tribu de Mucamoda.
Fvye[ d’autres détails dans Marmol, liv. I I I , chap.
x x x . ( D . J. )
LAAR , ( Géog. ) ville de Perfe, Foye^ Lar.
LABADIA, ( Géog.') ville d’Italie dans le Polefin
de Rovigo , fujette aux Vénitiens, fur l’Adige , à 6
lieues O. de R ovigo, 8 N. O, de Ferrare. Long. z 6 .
3 . lat. 46. 5 . ( D . J . )
LABADISTES, f. m. pl. (Théolog. ) hérétiques
difciples de Jean Labadie , fanatique fameux du
xvij. fiecle, qui après avoir été jéfuite, puis carme,
enfin miniftre proteftant à Montauban & en Hollande
j fut chef de feûe & mourut dans le Holftein en
1674.
L’auteur du fupplément de Morery de qui nous
empruntons cet article , fait cette énumérât, on des
principales erreurs que foutenoient les Labadijies. 1 °.
Ils croyoient que Dieu pouvoi't & vouloit tromper
les hommes, & qu’il les trompoit effeéfivement quelquefois.
Ils alléguoient en faveur de cette opinion
monftrueufe, divers exemples tirés de l’Ecnture-
fainte, qu’ils entendoient m al, comme celui d’Achab
de qui il eft dit que Dieu lui envoya un efprit de
menfonge pour le féduire. z°. Ils ne regardoient pas
l’Ecriture-lainte comme abfolument néceffairepour
conduire les âmes dans les voies du falut. Selon eux
le faint-Efprit agiffoit immédiatement fur elles , &
leur donnoit des degrés de révélation tels qu’elles
étoient en état de fe décider & de fe conduire par
elles-mêmes. Ils permettoient cependant la lecture
de l’Ecriture-fainte , mais ils vouloient que quand
on la Iifoit, on fût moins attentif à la lettre qu’à
une prétendue infpiration intérieure du faint-Efprit
dont ils fe prétendoient favorifés. 30. Ils convenoient
que le baptême eft un fceau de l’alliance de Dieu
avee les hommes , & ils ne s’oppofoient pas qu’on
conférât aux enfans naiffaflt dans l ’églife ; mais ils
L A B r43
confeilloient de le différer jqfqti’à un âge avancé,
puifqu’il étoit une marque qu’on étoit mort au monde
Sc reffufeité en Dieu. 40. Ils prétendoient que la
nouvelle alliance n’admettoit que des hommes fpiri-
tuels , & qu’elle mettoit l’homme dans une liberté,
fi parfaite, qu’il n’avoit plus befoin ni de la loi ni
des cérémonies , & que c’étoit un joug dont ceux
de leur fuite etoient délivrés. 50. ils avançoient que
Dieu n’avoit pas préféré un jour à l’autre, Sc qu’il
étoit indifférent d’obferver ou non le jour du repos ,
& que Jefus-Chrift avoit laiffé une entière liberté
de travailler ce jour-là comme le refte de la femaine ,
pourvu que l’on travaillât dévotement. 6°. Ilsdiftin-
guoient deux églifes ; l’une où le chriftianifme avoit
dégénéré, & l’autre compofée des régénérés qui
avoient renoncé au monde. Ils admettoient aulfi le
régné de mille ans pendant lequel Jefus-Chrift viendroit
dominer fur la terre, & convertir véritablement
les juifs, les gentils & les mauvais chrétiens*
70. Ils n’admettoient point de prélence réelle d e ,
Jefus-Chrift dans l’euchariftie : félon eux ce fàcre-
ment n’étoit que la commémoration de la mort de,
Jefus-Chrift , on l’y recevoit feulement Ipirituelle-
ment lorfqu’on l’y recevoit comme on le devoir.
8°. La vie contemplative étoitielon eux un état de
grâce & une union divine pendant cette vie , Sc le"
comble de la perfeftibn. Ils avoient fur ce point un.
jargon de fpiritualité que la tradition n’a point en-
feigné , & que les meilleurs- àùteurs de la vie fpiri-
tuelle ont ignoré. Ils ajoutoient qu’on parvenoit. à '
cet état par l’entiere abnégation de foi-même, la-
mortification des fens & de leurs objets, Sc par l’exercice
del’oraifon mentale , pratiques excellentes
& qui conduifent véritablement à la perfection, mais
non pas des Labadijies. On affure qu’il y a encore
des Labadijies dans le pais de Cleves , mais:;
qu’ils y diminuent tous les jours. Foye{ le dicl. de
Morery. (‘ G )
LABANATH, ( Géog. facr. ) lieu, de la Paleftine
dans la tribu d’Aze r, fuivant le livre de Jofué, chm
X X I X , y. 27. iDom Calmet croit que c’eft le
promontoire blanc, fitué entre Ecdippe & T yrfe ,fe-
lon Pline liv. F . ch. X X I . (D . J . )
LABAPI ou LAVAPIA , ( Géog.) riviere de l’A-'
mérique méridionale au C h ili, à 15 lieues de celle
de Biopio, & féparées l’une de l’autre par une large
baie , fur laquelle eft le canton d’Aranco. Le Laba*.
pi eft à 37. 30. de latitude méridionale félon Herré-
ra.-( D . J . )
L A B ARUM y f. m. ( Littér. ) enfeigne , étendart
qu’on portoit à la guerre devant les empereurs ro-*
mains. C ’étoit une longue lance, traverfée par le>
haut d’un bâton , duquel pendoit un riche voile de
couleur de poupre , orné de pierreries & d’une fran-,
ge à-l’entour.
Les Romains avoient pris cet étendart des Da ces,'
des Sarmates , des Pannoniens, & autres peuples
barbares qu’ils avoient vaincus. II y eut une aigle
peinte , ou tiffue d’or fur le v o ile , jufqu’au règne
de Conftantin, qui y fit mettre une croix avec un
chiffre, ou monogramme , marquant le nom de
Jefus-Chrift. Il donna la charge à cinquante hommes
de fa garde de porter tour-à-tour le labarum ,
qu’il venoit de reformer. C ’eft ce qu’Eufebe nous
apprend dans la vie de cet empereur ; il falloir s’en
tenir-Ià.
En effet, comme le remarque M. de Voltaire J
puifquele règne de Conftantin eft une époque glo-
rieufe pour la religion chrétienne , qu’il rendit
triomphante , on n’avoit pas beloin d’y joindre des
prodiges ; comme l’apparition du labarum dans les
nuées , fans qu’on dife feulement en quel pays cet
étendart apparut. Il ne falloir pas écrire que.les gar-.
des du labarum ne pouyoîent être bleflës, & que T i
‘