& de la ftatue de pierre qu’on lui érigea fur le mont
Laphiftius en Béotie. Voye^ Laphistius. ( D . J. )
LAPHISTIUS MO NS , ( Géog. anc. ) montagne
<le G rece en Béotie : Paufanias, 1. V. c. xxàïv. en
parle ainfi. « Il y a vingt ftades, c ’eft-à-dire deux
>» milles & demi, de Coronée au mont Lapkijlius ,
» & à l’aire de Jupiter Laphiftien ; la ftatue du dieu
» eft de pierre. Lorfqué AthamaS étoit fur le point
» d’immoler Hellé & Phrixus en cet endroit, on dit
» que Jupiter fit paroîtrë tout-à-coup un bélier à toi-
» fon d’o r , fur lequel ces deux enfans montèrent ,
» & fe fauverent. Plus haut eft l’Hercule nommé
» Charops, c’eft-à-dire aux yeux bleus. Les Béotiens
» prétendent qu’Hercule monta par-là , lbrfqu’il traî-
» noit Cerbère, le chien de Pluton. A l’endrôit par
» où l’on defcend le mont Laphijlius, pour aller à la
» chapelle de Minerve Itonienné, eft le Phalare, qui
» fe dégorge dans le lac de Céphile > au > delà du
» mont Laphijlius , eft Orchomene, ville célèbre,
» &c. ( D . J. )
LAPHRIENNE, Laphria , ( Littér. ) furnom que
les anciens habitans d’Aroé, ville du Péloponnèfe,
donnèrent à Diane, après l’expiation du crime de
Ménalippe & de Cométho, qui avoient prophané le
temple de cette déeffe par leurs impudiques amours.
Ils lui érigerent pour lors une ftatue d’or & d’ivoire,
qu’ils gardoient précieufement dans leur citadelle ;
enfuite lorfqu’Augufte eut fournis cette ville à l’empire
romain, & qu’ellëeut pris le nom de Patras ,
Colonia Augujla, Aro'è Patrenjîs, fes habitans rebâtirent
un nouveau temple à Diane Laphrienne, &
établirent en fon honneur une fête dont Paufanias
nous a décrit les cérémonies dans fon voyage de
Grece. ( D . J. )
LAPHYRE, Lapliyra, ( Littér. ) furnom de Minerve
, tiré du mot grec xùç'vpa., dépouilles, butin ;
parce que comme déeffe de la guerre, elle faifoit faire
du butin ; elle faifoit remporter des dépouilles fur les
ennemis aux troupes qu’elle fàvorifoit. ( D . /. )
LAPIDAIRE, f. f. ( Arts méchaniq. ) ouvrier qui
taillé les pierres précieufës. Voye7^ Diamant 6*
Pierre précieuse.
L’art de tailler lés pierres précieufes eft très-
ancien , mais fon origine a été très-imparfaite. Les
François font ceux qui y ont réufli le mieux, & les
Lapidaires ou Orfèvres de Paris , qui forment un
corps depuis l’an 1290, ont porté l’art de tailleries
diamans , qu’on appelle brillons, à fa plus haute
perfeéHon..
On fe fert de différentes machines pour tailler les
pierres précieufes, félon la nature de la pierre qu’on
veut tailler. Le diamant, qui eft extrêmement dur,
fe taille & fe façonne fur un rouet d’un acier doux,
qu’on fait tourner au moyen d’une efpece de moulin
, & avec de la poudre de diamant qui trempe
dans de l’huile d’olive ; cette méthode fert auffi-
bien à le polir, qu’à le tailler. Voye[ Diamant.
Les rubis orientaux , les faphirs & les topafes fe
taillent & fe forment fur un rouet de cuivre qu’on
arrofe avec de la poudre de diamant & de l’huile
d’olive. Leur poliment fe fait fur une autre roue
de cuivre, avec du tripoli détrempé dans de l’eau.
Foyt{ Rubis.
Les émeraudes, les jacynthes, les amétiftes, les
grenats , les agathes , & les autres pierres moins
précieufes., moins dures , on les taille fur une roue
de plomb , imbibée de poudre d’émeril détrempée
avec de l’eau : on les polit enfuite fur une roue
d’étain avec le tripoli.
La turquoife de vieille & de nouvelle roche , le
lapis', le girafol & l’opale fe taillent & fe poliffent
fur une roue de bois avec le ^ripoli.
Maniéré de graver fur les pierres précieufes & les
cryftaux. La gravure fur les pierres précieufes, tant
en creux que de r e lie f , eft fort ancienne , & l’on
voit plufieurs ouvrages de l ’iinfe & de l’autre efpece,
oii l’on peut admirer la fcienee des anciens fculp-
teiirs, foit dans la beüurë du deftein, foit dans l’excellence
du travail.
Quoiqu’ils ayent gravé pfefque toutes les pierres
précieufes , les figures les plus achevées que nous
vovbns font cependant fur des onices ou des cornalines,
parce que ces pierres font plus propres que
les antres à ce genre de travail, étant plus fermes,
plus égales , & fe gravent nettement ; d’ailleurs on
rencontre dans les onices différentes couleurs dif-
pofées par lits les unes au-deffus des autres, au
moyen de quoi on peut faire dans les pièces de relief
que le fond relie d’une couleur & les figures
d’une autre , ainfi qu’ori le voit dans plufieurs beaux.
ouvrages que l’on travaille à la roue & avec de l’éme-
r il, de la poudre de diamant St les oiitils , dont on
parlera ci-deffous.
A l’égard de ceüx^ci qui font gravés en creux,
ils font d’autant plus difficiles, qu’on y travaille
comme à tâtons St dans l’obfeurité , puifqu’il eft
néceffaire pour juger de ce qu’on fait, d’en faire à
tous momens des épreuves avec des empreintes de
pâte ou de cirej Ce t art, qui s’étoitperdu comme
les autres , ne commença- à reparoître que fous le
pontificat du pape Martin V . c ’eft-à-dire au commencement
du quinzième fieele. Un des premiers
qui fe mit à graver fiir les pierres, fut un Florentin
, nommé Jean, 8t furnommé délie Corgnivole, à
caufe qu’il travailloit ordinairement fur ces fortes
de pierres. Il en vint d’autres enfuite qui gravèrent
fur toutes fortes de pierres précieufes , comme fit
un Dominique, furnommé de Camdi, milanois, qui
grava fur un rubis balais le portrait de Louis dit
le Maure , duc de Milan. Quelques autres repré-^
fenterent enfiiitede plus grands fujets fut des pierres
fines & des cryftaux.
Pour graver fur les pierres & les cryftaux , l’on
fe fert du diamant ou de Pémeril. Le diamant, qui
eft la plus parfaite & la plus dure de toutes les
pierres précieufes , ne fe peut tailler que par lui-
même, ôc avec fa propre matière. On commence
par maftiquer deux diamans bruts au bout de deux
bâtons affez gros pour pouvoir les tenir fermes dans:
la main , & les frotter l’un contre l’autre , ce que
l’on nomme égrifer, ce qui fert à leur donner la
forme & la figure que l’on defire.
En frottant & égrifant ainfi les deux pierres brutes,
il en fort de la poudre que l’on reçoit dans une
efpece de boëte, que l’on nomme grefoir ou égrifoir ;
ôc c’eft de cette même poudre dont on fe fert après
pour polir & tailler les diamans , ce que l’on fait
avec un moulin qui fait tourner une roue de fer
doux. On pofe fur cette roue une tenaille auffi de
fe r , à laquelle fe rapporte une coquille de cuivre.'-
Le diamant eft foudé dans la coquille avec de la foû-
dure d’étain ; & afin que la tenaille appuie plus fortement
fur la roue, on la charge d’une groffe plaque
de plomb. On arrofe la roue fur laquelle le diamant
eft pofé, avec de la poudre fortie du diamant,
& délayée avec de l’huile d’olive. Lorfqu’on veut
le tailler à facettes , on le change de facette en fa i
cette à mefure qu’il fe finit, & jufqu’à ce qu’il foit
dans fa derniere perfeâion.
Lorfqu’on veut feier un diamant en deux ou plufieurs
morceaux , on prend de la poudre de diamant
bien broyée dans un mortier d’acier avec un
pilon de même métal : on la délaye avec de l ’eau,
du vinaigre, ou autre chofe que l ’on met fur le diamant
, à mefure qu’on le coupe avec un fil de fer
ou de laiton , auffi délié qu’un cheveu. Il y a auflï
des diamans que l ’on fend, fuivant leur fil, avec des
outils propres pour cet effet.
Quant aux rubis, faphirs & topafes d'orient, on
les taille & on les forme fur une roue de cuivre
qu’on arrofe de poudre de diamant avec de l’hüile
d’olive. Le poliment s’en fait fur une autre roue
de cuivre , avec du tripoli détrempé dans de l’eau.
On tourne d’une main un moulin qui fait agir la
roue de cuivre, pendant qu’on forme de l ’autre-
la pierre maftiquée ou cimentée fur un bâton, qui
entre dans un inftrument de bois, appellé quadrant,
parce qu’ il eft compofé de plufieurs pièces qui qua-
drent enfemble & le meuvent avec des viffes, q ui,
faifant tourner le bâton , forment régulièrement les
différentes figures que l’on veut donner à la pierre.
Pour les rubis balais, efpinelles, émeraudes, jacynthes
, amétiftes, grenats , agathes , & autres
pierres moins dures, on lès taille, comme on a dit
au commencement de l’article , & on- les polit en-
fuite fur une roue d’étain avec le tripoli.
Il y a d’autres fortes de pierres , comme la turquoife
de vieille & de nouvelle roche, le lapis , le
girafol & l ’opale, que l’on polit fur une roue de bois
avec le tripoli.
Pour former & graver les vafes d’agathe , dé-
cry ftal, de lapis, ou d’autres fortes de pierres dures,
on a une machine, qu’on appelle un tour, exaéte-
ment femblable à ceux des Potiers d ’étain , excepté
que ceux-ci font faits pour y attacher les vafes &
les vaiffelles que l’on veut travailler, au lieu que
les autres font ordinairement difpofés pour recevoir
& tenir les différens outils qu’on y applique,
& qui tournent par le moyen d’une grande roue qui
fait agir le tour. Ces outils, en tournant, forment
qn gravent les vafes que l’on préfente contre, pour
les façonner & les orner de relief ou en creux, félon
qu’il plaît à l’ouvrier , qui change d’outils félon qu’il
en a befoin.
II arrofe auffi fes outils & fa befogne avec de
l’émeril détrempé dans de l’eau, ou avec de la poudre
de diamant délayée avec de l’huile, félon le
mérite de l’ouvrage & la qualité de la matière ; car
il y a des pierres qui ne valent pas qu’on dépenfe
la poudre de diamant à les tailler , & même qui fe
travaillent plus promptement avec l’émeril, comme
font le jade , le girafol, la turquoife , & plufieurs
autres qui paroiffent être d’une nature graffe.
Lorfque toutes ces différentes pierres font polies,
& qu’on veut les graver , foit en re lie f, foit en
creux ; fi ce font de petits ouvrages, comme médailles
ou cachets , l’on fe fert d’une machine , ap-
pellée touret, qui n’eft autre chofe qu’une petite
roue de fe r , dont les deux bouts des aiffieux tournent
, & font enfermés dans deux pièces de fer
mifes de bout, comme les lunettes des Tourneurs,
ou les chevalets des Serruriers, lefquelles s’ouvrent
ôc fe ferment comme l’on veut., étant pour cet effet
fendues par la moitié , & fe rejoignant par le haut
avec une traverfe qui les tient, ou faits d’une autre
maniéré. A un bout d’un des aiffieux de la roue
l ’on met les outils dont on fe fe r t , lefquels s’y enclavent
& $’y affermiffent par le moyen d’une viffe
qui les ferre & les tient en état. On fait tourner
cette roue avec le pié , pendant que d’une main l’on
préfente & l’on conduit l’ouvrage contre l’outil ,qui
eft de fer doux , fi ce n’eft quelques-uns des plus
grands que l’on fait quelquefois de cuivre.
Tous les oiitils, quelque grands ou petits qu’ils
foient, font ou de fer ou de cuivre, comme je viens
de dire. Les uns ont la forme d’une petite pirouette,
on les appelle des feies ; les autres qu’on nomme
bouts y bouterolles, ont une petite tête ronde comme
un bouton. Ceux qu’on appelle de charnière , font
faits comme une virole, & fervent à enlever les
pièces ; il y en a de plats , & d’autres différentes
fortes que l’ouvrier fait forger de diverfes grantleurS,
fuivant la qualité des ouvragés. On applique
l ’outil contre la pierre qu’on travaille , foie
pour ébaucher , foit pour finir, non pas directement
oppofée au bout de l’o u til, mais à côté, en
forte que la feie ou bourerolle l ’ufe eii tournant
contre, & comme la coupant. Soit qu’on faffè des
figures, des lettres , des chiffre« , ou autre chôfê ,
l’on s’en fert toujours de la même maniéré , les af*
rofant avec de la poudre de diamant & de l ’huile
d’olive ; & quelquefois, lorfqu’on veut percer quel«
que chofe, on rapporte fur le tour de petites pointes
de fer, ali bout defquelles il y a un diamant ferti ,
c ’eft-à-dire enchâffé.
Après que les pierres font gravées Ou de relief*
ou en creux, on les polit fur des roues de broffes
faites de poil de cochon , & avec du tripoli, àcâufe
de la délicateffe du travail ; 8r quand il y a un grand
champ , on fait exprès des outils de cuivre ou d’étain
propres à polir le champ avec le tripoli > lefquels
on applique fur le touret de la même maniéré
que l’oh met ceux qui fervent à graver. P’oye^ nos
Planches de Diam. & de Lapid,
LAPIDATION ,-f.-f. (Théolog. ) l’aâion dé tuer
quelqu’un à coups de pierre ; terme latinifé de lapis,
pierre.
La lapidation étoit un fuppliée fort ufité parmi
les Hébreux ; les rabbins font un grand dénombrement
des crimes fournis à cette peine. Ce font en
général tous ceux que la loi condamne au dernier
fupplice, fans exprimer le genre de la mort ; par
exemple, l’incefte du fils avec la mere , ou de la
mere avec fon fils , ou du fils avec fa belle-mere*
ou du pere avec fa fille, ou de la fille avec fon pere,
ou du pere avec fa belle-fille , ou d ’un homme qui
viole une fille fiancée, ou de la fiancée qui confent à
ce violement, ceux qui tombent dans le crime de
fodomie ou de beftialité,les idolâtres, les blafphéma-
teurs, les magiciens, les nécromanciens, les violateurs
du fabbat, ceux qui offrent leurs enfans à Mo-
Ioch,ceux qui portent les autres à l’idolâtrie, un fils
rebelle à fon pere, & condamné par les juges. Les
rabbins difent que quand un homme étoit condamné
à m ort, il étoit mené hors de la v ille , ayant devant
lui un huiffier avec une pique en main, au haut de
laquelle étoit un linge pour fe faire remarquer de
plus loin , & afin que ceux qui avoient quelque
chofe à dire pour la juftificatiort du coupable, le
puffent propofer avant qu’on fût allé plus avant. Si
quelqu’un'fe préfentoit, tout le monde s’arrêtoit,
& on ramenoit le criminel en prifon , pour écouter
ceux qui vouloient dire quelque chofe en fa favenr*
S’il ne fe préfentoit perfonne , on le conduifoit au
lieu du fupplice , on l’exhortoit à reconnoître & à
confeffer fa faute , parce que ceux qui confeffeiit
leur faute, ont part au fieele futur. Après cela on
le lapidoit. Or la lapidation fe faifoit de deux fortes,
difent les rabbins. La première, lorfqu’ort accabloit
de pierres le coupable , les témoins lui jettoient les
premiers la pierre. La fécondé , lorfqu’on le me-
noit fur line hauteur elcafpée , élevée au moins de
la hauteur de deux hommes , d’où l’un des deux témoins
le précipitoit, & l’autre lui rouloit une groffe
pierre fur le corps. S’il ne mourroit pas de fa chiite*
on l’achevoit à coups de pierres. On voit la pratique
de la première façon de lapider dans plus d’un
endroit de l’Ecriture ; mais on n’a aucun exemple
de la fécondé ; car celui de Jézahel > qui fut jettée
à bas de la fenêtre, ne prouve rielvdu tout.
Ce que nous avons dit que l’on la'pidoit ordinairement
les criminels hors de la ville , ne doit s’entendre
que dans les jugemens réglés : car, hors ce
cas , fouvent les Juife lapidoient où iis fe trou-
voient ; par exemple , lorfque, emportés par leur
zele * ils acçabloient de pierres un biafphémateur,