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fibïque hahere. Cette efpeceàelegs produifoit auflî
nne aélion in perfonam ex tèfiamento.
Le legsptrproeccpiionem, ne le pouvoit faire qu'aux
héritiers qui étoient inftitués pour partie. C’étoit
line efpece de libation ou prélegs ; il fe faifoit en ces
termes : pracipuam ille ex parte heres rem illam accipi-
to ; ou bien Lucius Titius illam rem prcecipito : ce qui
étoit légué à ce titre, ne pouvoit être recouvré que
par l’aétion appellée familia ercijcunda.
Dans la fuite les empereurs Conftantin, Conftan-
tius, &: Conflans, fupprimerent toutes ces différentes
formes de legs, & Juftinien acheva de perfectionner
cette jurilprudence, en ordonnant que tous
les legs feroient de même nature, & qu’en quelques
termes qu’ils fuffent conçus, le légataire pourroit
agir, foitpar adtion perfonnelle ou réelle, foit par
aétion hypothécaire.
On peut léguer en général toutes les chofes dont
on peut difpoler par tellament fuivant la loi du lieu
où elles font lituées, foit meubles meublans ou autres
effets mobiliers, immeubles réels ou fictifs,
droits & aCtions ,fervitutes ,& c . pourvu que ce foient
des chofes dans le commerce.
On peut même léguer la chofe de l’héritier, parce
que l’héritier en acceptant la fucceflion, femble confondre
fon patrimoine avec celui du défunt, &c fe
foümettre aux charges qui lui font impofées.
Si le tellateur légué fciemment la chofe d’autrui,
l’héritier elt tenu de l’acheter pour la livrer au légataire
, ou s’il ne peut pas l’avoir, de lui en payer la
Valeur; mais s’il a légué la chofe d’autrui croyant
qu’elle lui appartenoit, le legs eft caduc.
En général un legs peut être caduc par le défaut
de capacité du tellateur, par la qualité de la chofe
qui n’elt pas difponible, ou par l’incapacité du légataire
qui ne peut recevoir de libéralité. .
Un legs peut être univerfel bu particulier, pur &
fimple ou cônditionel, oü fait pour avoir lieu dans
un certain tems feulement.
Le legs fait,fub modo, elt celui qui elt fait en vue
de quelque chofe ; par exemple, je légué à TitiuS
une fomme pour fe marier ou pour le mettre en
charge.
Le legs fait pour caufe e lt , par exemple, lorfque
le tellateur dit, je légué à un tel parce qu’il a bien
géré mes affaires. Si la caufe fe trouve fâuffe, elle
ne vitie pas Je legs : il en elt de même d’une faulfe
démonllration, foit du légataire, foit de la chofe léguée
, pourvu que la volonté du tellateur foit confiante.
Le droit d’accroiffement n’a point lieu entre colégataires
, s’ils ne font conjoints que par les termes
de la difpofition, mais feulement s’ils font conjoints
par la chofe & par les paroles, ou du-moins par la
chofe, c’eft-à-dire lorfqu’une même chofe eïl léguée
à plufieurs.
Le legs étoit réputé fait par forme de fidei-com-
mis, lorfque le tellateur prioit ou chargeoit fon héritier
de remettre telle chofe an légataire ; ce qui re-
vénoit à la formule des legs per damnationem ; mais
Juftinien rendit tous les legs femblables aux fidei-
commis particuliers.
Plufieurs perfonnes font incapables de recevoir
des legs, telles que ceux qui ont perdu les effets civils
, les corps & communautés non approuvées par
le prince ; & même l’Eglife & les communautés approuvées
, ne peuvent plus rien recevoir que conformément
à l’édit du mois d’Août 1749.
Les bâtards adultérins & inceftueüx font incapable
de legs, excepté de Amples alimens.
On ne pouvoit autrefois léguer à un pofthunre ;
mais par le nouveau droit cela ell permis, de même
•qu’on peut léguer en général à des enfans à naître.
Les legs peuvent être ôtés de plufieurs maniérés;
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favoir par la volonté éxpreffe ou tacite du teftàtéur *
' s ’il révoque le legs ; s’il aliène fans nécefîité la chofe
léguée, s’il la donne de fon vivant à ùnè autre per*,
fonne, s’il furvieUt des inimitiés capitales entre le
tellateur & le légataire.
Le fait du légataire peut auflî donner lieu d’an-
nuller le legs, comme s’il s’en rend indigne, s’il ça-
che le tellament du défunt, s’il refufe la tutelle dont
le tellateur l’a chargé par fon tellament, s’il accule
le tellament d’être faux ou inofficieux.
En pays de droit écrit, l’héritier efi en droit de
retenir la quarte falcidie fur les legs, & la quarte
trébellianique fur les fidei- commis.
En pays coutumier, il n’eft permis de léguer qu’u-
ne certaine quotité defes biens; à Paris il ell permis
de léguer tous fes meubles & acquêts, &c le quint
de fes propres ; ailleurs cela efi réglé différemment.
Dans la plupart des coutumes, les qualités d’héritier
& de légataire font incompatibles ; ce qui s’en-:
tend fur les biens d’une même coutume ; mais on
peut être héritier dans une coutume, & légataire'
dans une autre où l’on n’ell pas habile à fuccéder.
Tous les legs font fujets à délivrance, & les inté--
rêts ne courent que du jour de la demande , à moins
que ce ne fût un legs fait à un enfant par fes pere Sc •
mere, pour lui tenir lieu de fa portion héréditaire ;
auquel ca s , les intérêts feroient dûs depuis le décès
du tellateur.
On peut impofer une peine à l’héritier pour l’obliger
d’accomplir les legs ; d’ailleurs les légataires
Ont une aélion contre lui en vertu du tellament.
Ils ont auflî une hypotheque fur tous les biens du-
défunt ; mais cette hypotheque n’a lieu que jufqu’à
concurrence de la part & portion dont chaque héritier
ell chargé des legs-.
Le légataire qui furvit au tellateur tranfmet à fon
héritier le droit de demander fon legs, encore qu’il
ne fût pas exigible, pourvû qu’il n’y ait pas lui-même
renoncé , & que le legs ne foit pas abfolument per-,
fonnel au légataire.
Vrye{ au digelle , au code & aux inftitutes, les
titres de legatis & fidei-commijjis, l’auteur des lois civiles
, & autres qui traitent des fucceflions & teftà-
mens, dans lefquels il efi auflî parlé des legs. ( A j
LEGUAN, f. m.fHiJl. nat.') efpece de crocodile de
l’île de Java, que les habitans du pays écorchent pour
le manger ; on dit que fa chair ell fort délicate.
LÉGUME, f. m. ( Jardinage. ) on comprend fous
ce mot toutes les plantes potagères à l’ufage de la
vie : ce mot ell mafculin.
LeGUME, (Chimie, Dicte, & Mat. med.} ce mot
fe prend communément dans deux acceptions différentes.
i l lignifie premièrement la même chofe que
herbe potagère, & il n’ell prefque d’ufage dans ce
fens qu’au pluriel, & pour dëfigner les herbes potagères
en général. Secondement, il ell donné à la fe-
mence des plantes appellées légumineufes , voyeç
Plante , foit en général, foit en particulier.
Les légutnes ou herbes potagères ont peu de pro-;
priétés ienfibles & diététiques connues. La laitue,
le perfil, l’artichaut, &c. différent effentiellement
entr’eux. Tout ce que nous avons à dire de toutes
les différentes herbes potagères doit donc être cherché
dans les articles particuliers. Voyeç ces articles.
Les légumes ou fémences légumineufes, du-moins
les légumes qu’on emploie ordinairement à titre d’ali-
liment, ont entr’eux la plus grande analogie , foit
par leur nature ou compofition chimique , foit par
leurs qualités diététiques, foit par leurs vertus me*
dicinales fondamentales.
Ces légumes ufuels font les fèves appellées à
Paris fèves de marais, les petites fèves ou haricots
les pois, les pois-ehiches & les geffes. II faut y ajouter
le lupin, l’ers ou orobe, & la vefce, qui font
LEG
prefqu’abfolument relégués à l’ufage pharmaceutique
extérieur , mais qui ne different réellement,
comme aliment, des légumes ufuels que par le moindre
agrément, ou fi l’on veut le défagrément du goût,
qui n’a pas empêché cependant que les payfans ne
les aient mangés en tems de difette. Galien dit même
que le lupin étoit une nourriture fort ordinaire des
anciens Grecs ; mais toutes cesobfervations particulières
font la matière des articles particuliers, voyeç
ces articles.
Les femences légumineufes font du genre des fub-
ftances farineufes, voyeç Farine & Farineux ; &
la compofition particuliere qui les fpécifie, paroît
dépendre de l ’excès extrême du principe terreux
furabondant qui établit dans la claffe des corps mu-
queUx le géiire des corps farineux.
Les légumes ont été regardés dans tous les tems par
les Médecins comme fourniffant une nourriture
abondante, mais groflïere & venteufe. Les modernes
leur ont reproché de plus la qualité incraffante,
Ôc même éminemment incraffante, voye[ Incras-
sant & Nourrissant. La qualité venteufe efi la
plus réelle de ces qualités nuifibles ; mais en général
c’eft un inconvénient de peu de conféquenee pour
les gens vraiment fains, qüe celui de quelques flatuo-
fités , quoique c’en foit un affez grave pour les mé-
lancholiques , & les femmes attaquées de paflïon
hvfiérique, pour que cettè efpece d’aliment doive
leur être défendu. Quant à la crainte chimérique
d’épaiffir les humeurs , d’en entretenir ou d’en
augmenter l’épaiflîffement par leur ufage , & de procurer
ou foutenir par-là des arrêts , des hérences, des
obftriiélions ; & à la loi confiante qui défend ies
légumes d’après cette fpécülâtion dans toutes les maladies
chroniques Où l’épaiffiffemènt des humeurs efi
foiipçOnrié on rédouté , ce font-là des lieux communs
Iliéoriques. Il ne faut dans l’ufage des//gdv:«,
cöinme dans celui de plufieurs autres alimens, peut-
être de tous les alimens vrais & purs, tels que font
des Légumes , avoir égard qu’à la maniéré dont ils
affeélent les premières voies , c’eft-à-dire à leur di-
geftion. Tout légume bien digéré efi un aliment fain:
or plus d’un fujet à humeurs cenfées épaiffes , plein
d’öbftruöiöüs, &c. digéré très-bien les légumes, donc
ce fujet peut manger des légumes ; & quand même il
feroit démontré , comme il efi très-vraiffemblable ,
que l’ufage des légumes feroit incrajjant & empâtant,
comme celui des farines céréales , & qu’on connoî-
troit des peuples entiers vivant de pois ou de feves
( le peuple des forçats n’ell nourri fur nos galeres
qu’avec des fe v e s , & il efi gras, charnu , fort ) ,
comme on en cônnoît qui vivent de farines de mais,
& que les premiers fuffent comme les derniers gras,
lourds , &c. l’induélion de cet effet incrdjfant à l’effet
obftruant n’eft rien moins que démontré, fur-tout
y ayant ici la très-grave différence d’un ufâgé journalier
, confiant, à un ufage paffager, alterné par
celui de tous les autres alimens accoutumés, &c.
Les légumes, du-moins quelques-uns, les haricots,
les feves & les pois fe mangent v erts, ou bien mûrs
& fecs. Dans le premier état on les mange encore
bu cruds ou cuits ; les légumes verds cruds font en
général une affez mauvailè chofe ; mauvaife,'dis-je,
pour les eftomacs malades, cela s’entend toujours ,
c’eft pour les eftomacs à qui les crudités ne conviennent
point, une mauvaife efpece de crudité. Les
légumes verts cuits différent peu des légumes refpeclifs
mangés fecs & cuits ; ils font même communément
plus faciles à digérer. Les auteurs de diete difent
qu’ils nourriffent moins ; mais qu’eft-ce qu’un aliment
plus ou moins nourriffant pour des hommes qui font
leur repas d’un grand nombre d’alimens différens ,
&qüi mangent toujours au-delà de leur befoin réel?
Voj'eçNourrissant. C ’eft aux légumes fecs & mûrs
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que convient 'tout ce que nous avons dit juf-
qü’ici.
Les légumes fe mangent , comme tout le monde
fa it , foit fous forme de potage , foit avec les viandes
, entiers ou en purée : cette derniere préparation
eft utile en général. Les peaux qu’on rejette par-là
font au-moins inutiles, & peuvent même pefer à
certains eftomacs. C ’eft à cette partie des légumes
que les anciens médecins ont principàlament attribué
les qualités nuifibles qu’ils leur reprochoient ,
favoir d’etre venteux, tormineux, refferrant , &c.
D ’ailleuts la difcOntinuité des parties du Légume réduit
en purée doit en rendre la digeftion plus facile.
Il a été dès long-tems obfervé que des légumes mangés
entiers, & fur-tout les lentilles, étoient, quoique
convenablement ramollis par la ciiite , rendus
tout entiers avec les gros excrémenS.
On regarde affez généralement, comme une ob-
fervation confiante, comme un fait inconteftable ,
que les légumes ne cuifent bien que dans les eaux
communes les plus pures, les plus léger es ; & que
les eaux appellées dures, crues, pej,'antes, voye7 Eaü
dOüce fous l’article Eau , Chimie, les durciffent, ou
du-moins ne les ramolliffent point, même parla plus
longue cüite ou décoftion. La propriété de bien cuire
les légumes eft même comptée parmi celles qui carac-
térifent les meilleures eaux : la raifon de ce phénomène
n’eft point connue , il me femble qu’on n’en a
pas même Ibupçonné une explication raifonnable ;
mais peut-être auflî ce fait prétendu inconteftable
n’eft-il au contraire qu’une croyance populaire.
Des quatre farines réfolutives, trois font tirées de
femences légumineufes, favoir de la fe v e , du lupin
& del’orobe. Voyc^ Farines résolutives & Résolutif.
( b )
LÉGUMIER ou POTAGER , f. m. ( Jardinage. )
eft un jardin deftiné uniquement à élever des plantes
potagères ou légumes. y~oye[ Potager.
LÉGUMINEUSE, Planté , (Nomencl. Bot.} les
plantes légumineufes font celles dont lé fruit , qui
s’appelle gouffe ou Jîlique , eft occupé par des femences.
/^qyeçSlUQUE. ( ZL / .)
L ÉIB N IT Z I AN IS M E ou PHILOSOPHIE DE
LÊ1BNITZ , ( Hifi. de la Philofoph. ) Les modernes
Ont quelques hommes , tels que Ba yle, Defcartes ,
Léïbnitz & Neuton, qu’ils peuvent oppofer, & peut-
être avec avantage, aux génies les plus étonnans
de l’antiquité. S’il exiftoit au-deflùs de nos têtes une
efpece d’êtres qui obfervât nos travaux , comme
nous obfervons ceux des êtres qui rampent à nos
piés , avec quelle furprife n’auroit-elle pas vu ces
quatre merveilleux infeéles? combien de pages n’au-
foient-ils pas rempli dans leurs éphéffiérides naturelles
? Mais l’exiftence d’efprits intermédiaires entre
l’homme & Dieu n’eft pas affez conftatée pour
que nous n’ofions pas fuppofer qUe l’immenfité de
l’intervalle eft vuide, & que dans là graride chaîne,
après le Créateur univerfel, c’eft l’homme qui fe
préfente ; & à la tête de l’efpece humaine Ou Socrate
, ou Titus , ou Marc-Aurele , ou Pafcal, ou T ra-
jan , oü Confucius , ou Bayle , ou Defcartes, ou
Neuton, ou Léïbnitz.
Ce dernier naquit à Léïpfic en Saxe le 23 Juin
1646 ; il fut nommé Godefroi-Guillaume. Frédéric
fon pere étoit profeffeur en Morale, & greffier de
l’univerfité , & Catherine Schmuck , fa mere, troi-
fieme femme de Frédéric , fille d’un doéleur & profeffeur
en Droit. Paul Léïbnitz, fon grand oncle,
a voit fervi en Hongrie , & mérité en 1600 des titres
de nobleffe de l’empereur Rodolphe IL
Il perdit fon pere à l’âge de fix ans , & le fort de
fon éducation retoiriba fur fa mere , femme de mérite.
Il fe montra également propre à tous les genres
d’études, & s’y porta avec la même ardeur & le mê