chevaliers de défendre le patrimoine de faint Pierre ,
contre les entreprifes de fes ennemis, comme il
»voit établi pour le même but, ceux de faint Georges
dans la Romagne, & de Lorette dans la Marche
d’Ancone , quoique Favin rapporte, l’origine de celui-
c i à Sixte V . 8c le fade de quarante-un ans pofté-
rieur à la création qu’en fit Paul III. félon d’autres
auteurs.
Les chevaliers du lis étoient d’abord au nombre
•de cinquante, qu’on appelloit auffiparticipans, parce
qu’ils a voient fait au pape un préfent de 25000 écus,
& on leur avoit affigné fur le patrimoine de faint
Pierre , un revenu de trois mille écus, outre plusieurs
privilèges dont ils furent décorés. La marque
de l’ordre eft une médaille d’or que les chevaliers
portent fur la poitrine ; on y voit d’un côté l’image
de Notre-Dame du Chefne, ainli nommée d’une
églife fameufe à Viterbe, 8c de l’autre un lis bleu
célefte fur un fond d’or , avec ces mots : Pauli III,
Pontifie. Max. Munus. Paul IV. confirma cet ordre
en 15 56, & lui donna le pas fur tous les autres. Les
chevaliers qui le composent portent le dais fous lequel
marche le pape dans les cérémonies lorfqu’il
n’y a point d’ambaffadeurs de princes pour faire
cette fonttion. Le nombre de ces chevaliers fut augmenté
la même année jufqu’à trois cens cinquante.
Bonanni, catalog. equefir. ordin.
Lis d’a r g e n t , (Monnoie.) monnoie de France,
qu’on commença à fabriquer ainfi que les lis d’or ,
en Janvier 1656. Les lis d’argent, dit le Blanc ,
pag. 3 # 7 , étoient à onze deniers douze grains d’argent
fin. de trente pieees 8c demie au marc, de fix
deniers cinq grains trébuchant de poids chacune,
ayant cours pour vingt fols , les demi-lis pour dix
fols , & les quarts de lis pour cinq fols. ( D . J. )
Lis d ’o r , (Monnaies.) piece d’or marquée au revers
du pavillon de France. Ce fut une nouvelle ef-
pece de monnoie, dont la fabrication commença en
Janvier 1656 , 8c ne dura guere. Le lis d'or , dit le
Blanc , pag. 387 , pefe trois deniers 8c demi-grain.
Ils font au titre de vingt-trois carats un quart, à la
taille de foixante Sc demi au marc, pefant trois deniers
trois grains & demi trébuchant, la piece, &
ont cours pour fept livres. Voilà'une évaluation
faite en homme de métier, qui nous mettroit en état
de fixer avec la derniere exaditude, s’il en étoit be-
fo in , la valeur du lis d'or, vis-à-vis de toutes les
monnoies de nos jours. Foye^ Mo nnoie. (D . ƒ.)
Lis ifieur de ( Blafon, ) Voye^ Fleur-de-lis , 8c
lifez que ces fleurs ont été réduites à trois fous
Charles V . 8c non pas fous Charles VII. Je perfifte
à regarder la conjecture de Chiflet comme plus ha-
fardée que folide ; mais il eft vraiflemblable , que
ce qui fut long-tems une imagination de peintres,
devint les armoiries de France. D ’anciennes couronnes
des rois «les Lombards, dont on voit des ef-
tampes fideles dans Muratori, font furmontées d’un
ornement femblable, 8c qui n’eft autre chofe, que
le fer d’une lance lié avec deux autres fers recourbés.
Quoi qu’il en foit, cet objet futile ne valoir
pas la peine d’exercer la plume de Sainte-Marthe, de
du Cange, de du Tillet 8c du P. Mabillon. Je ne
parle pas de Chiflet, de la Roque , des PP. Triftan
de Saint-Amand, Ferrand , Méneftrier 8c Rouffelet,
jéfuites. Ces derniers écrivains ne pouvoient guere
fe nourrir d’objets intéreffans. ( D . J. )
Lis , f. m. (OurdiJJage.) c ’eft la même chofe que
les gardes du ro t , ou les groffes dents qui font aux
extrémités du peigne.
Lis , la ( Géogr.) en latin Legia, riviere des pays-
bas françois. Elle prend fa fource à Lisbourg en Artois
, 8c fe jette dans l ’Efcaut à Gand. On voit que
le nom de cette riviere, joint A ceux de l’Efcaut,
de la Meufe, du Rhin 8c de la Mofelle, dans les
vers des poëtes françois, lors des conquêtes d«
Louis XIV: en Flandres, ils lïji difent fans celle ,
d’une maniéré ou d’autre , également éloignées de.
la vérité :
Et la Meufe, le Rhin , la Mofelle & la Lis ,
Admirant vos exploits, tendent les bras aux us.
( d . m
LISA TZ , f. m. (Comm.') toiles qui viennent des
Indes, de Perfe 8c de la Mecque. Il y en a de plu-
fieurs qualités. Elles ont deux pies un quart de large ,
ou cinq pans 8c demi de Marfeille.
LISBONNE , (Géogr.) capitale du Portugal, fur
le T a g e , à quatre lieues de l’Océan , trente-quatre
S. O. de Coïmbre, foixante N. O. de Séville, cent,
fix S. O. de Madrid.
Elle eft i z d. 57y. 45". plus orientale que Paris;
lut. 30d. 45'. 25". félonies obfervations de M. Couplet
, faites fur les lieux en 1698, 8c rapportées
dans les mémoires de l’académie des Sciences, année
1700, pag. 176.
Long. 10. 49 . par les obfervations de Jacobey,'
rapportées dans les Tranfa&ions philofophiques, 8c
approuvées par M. de Lifte, dans les mémoires de
l’académie royale des Sciences.
Long, félon M. Caflini, 9d. 6'. 30". lat. 38d. 43/W
8c félon M. Couplet, 38e1. 45'. 25". ;
Long, orientale félon M. le Monnier, 8d. 30'. latl
38d. 42'. 20". •
M. Bradley a établi 9d. 7 '. 30". ou O . H. 36'. 30".
pour différence de longitude entre Londres 8c Lif-
bonne. V oyez les Tranfaclions philofophiques, n°. 394.
Cette ville eft le féjour ordinaire du roi 8c de la
cou r, le liège du premier parlement du royaume
qu’on nomme relaçao, avec un archevêché, dont Par-,
chevêque prend le titre de patriarche, une univer-
fité, une douane, dont la ferme eft un des plus grands
revenus du prince , 8c un port fur le Tage d’environ
quatre lieues de long , eftimé le meilleur 8c le plus
célébré de l’Europe, quoiqu’expofé quelquefois à
de violens ouragans.
On a vu cette ville briller en amphithéâtre, par
fa fituation fur fept montagnes, d’où l’on découvre
le Tage dans toute fon étendue, la campagne 8c la
mer. On vantoit, il n’y a pas fix ans, la folidité
des forts de Lisbonne 8c de fon château, la beauté de
fes places 8c de fes édifices publics, de fes églifes ,
de fes palais, 8c fur-tout de celui du roi. Enfin on
la regardoit avec raifon, comme une des principales
villes d e î’Europe, 84 le centre d’un commerce prodigieux.
Toutes ces belles chofes ont été effacées du
livre de v ie , par une révolution également prompte
8c inopinée.
« Lisbonne étoit ; elle n’ eft plus » , dit une lettre
qui nous apprit qu’un tremblement de terre arrive
le premier Novembre 1755» en avc” t une
conde Héraclée ; mais puifqu’on efpere aujourd’hui
de la tirer de fes ruines, 8c même de lui rendre fa
première fplendeur, nous laifferonsun moment le rideau
fur l’affreufe perfpeûive qui l’avoit détruite j
pour dire un mot de fon ancienneté 8c des diverfes
révolutions qu’elle a fouffertes , jufqu’à la derniere
cataftrophe, dont on vient d’indiquer l’epoque trop
mémorable.
Quoique vivement touché de fes malheurs, je ne
puis porter fon ancienneté au fiecle d’UJyffe , ni
croire que ce héros , après la deftruCtion de Troie ,
en ait jetté les fondemens ; deforte que dèfiors, elle
fut appellée Ulyffipone, ou Ulyjftpo. Outre que félon
toute apparence , Ulyffe n’eft jamais forti de la
Méditerranée , le vrai nom de cette ville étoit Olyf-
fipo, comme il paroît par l’infcription fuiv.ante , qui
y a été trouvée. Itnp. Ccef M. Julio. Philipp. Fel.
Aug. Pontif Man. Trib. Pot. I I . P. P. Conf. I I I .
Fel, Jul.Oliffipo. Cette infeription confirme que Lifi
bonne >
bonne \ après avoir reçû une colonie roftiainè, prit
le nom de Félicitas Julia ; 8c c’eft allez pour jufti-
fierfon ancienneté. ^
Elle a été plufieurs fois attaquée ; conquife 8c re-
conquife par divers peuples. D. Ordogno III. qui ;
régnoit dans le dixième liecle , s’en rendit maître, '!
8c la rafa. Elle fut à peine rebâtie, que les Maures
s’en emparerent. D. Henri la reprit au commencement
du douzième fiec lè, 8c bientôt après elle retomba
fous la puiffance des Sarrafins. C ’étoit Je
tems dés croifades; D. Alphonfe en obtint une pour
la retirer des mains des infidèles. On v it en 1145 ,
une flotte nombreufe montée par des Flamands, des
Anglois 8c des Allemands , entrer dans le T ag e , attaquer
les Maures , 8c leur enlever Lisbonne. Dès
que le comte de Portugal fe trouva poffeffeur de
cette v ille , il la peupla de chrétiens , 8c en fit fa
capitale, au lieu de Coïmbre , qui l’avoit été juf-
qu’alors. Un étranger nommé Gilbert, fut facré fon
premier évêque. Henri , roi de Caftille , la fournit à
la couronne en 1373. Elle rentra dans la fuite fous
le pouvoir des Portugais, 8c y demeura jufqu’à ce
que le duc d’AIbe, vainqueur de D. P. d’Achuna, la
rangea fous la domination efpagnole. Enfin par la révolution
de 1640 , le duc de Bragance fut proclamé
dans Lisbonne roi de Portugal, 8c prit le nom de
Jean IV.
. Ses fucceffeurs s’y. font maintenus jufqu’à ce jour.
Charmés de la douceur de fon climat, 8c pour ainfi
dire de fon printems continuel, qui produit des fleurs
au milieu de l’hiver, ils ont aggrandi cette capitale
de leurs états, l’ont élevée fur lept collines, 8c l’ont
étendue jufqu’au bord du Tage. Elle renfermoit dans
fon enceinte un grand nombre d’édifices fuperbes,
plufieurs places publiques , un château qui la com-
jnandoit, un arfenal bien fourni d’artillerie, un vafte
édifice pour la douane, quarante églifes paroiflïales,
fans compter celles des monafteres , plufieurs hôpitaux
magnifiques, 8c environ trente mille maifons ,
qui ont cédé a d’affreüx tremblemens de terre, dont
le récit fait friffonner les nations même, qui font le
plus à l’abri de leurs ravages.
Le matin du premier Novembre 1755 ,'à neuf
heures quarante-cinq, minutes, a été l ’époque de ce
tragique phénomène, qui infpire des raifonnemens
aux efprits curieux, 8c des larmes aux âmes fenfi-
bles. Je laiffe aux Phyficiens leurs conjeâures, 8c
aux hiftoriens du pa ys, le droit qui leur appartient
de peindre tant de défaftres. Qtueque ipfa miferrima
yidi, 6* quorum pars, magna fu i , écrivoit une dame
étrangère, le 4 Novembre, dans une lettre datée du
milieu des champs, qu’elle avoit choifi pour refuge
à cinq milles de l’endroit où étoit Lisbonne trois jours
auparavant.
• Le petit nombre de maifons de cette grande v ille ,
qui échappèrent aux diverfes fecoufles des tremble-
niens de terre de l’année 175 5 8c..1756, ont été dé-?
vorées par les flammes, ou pillées par les brigands.
Le centre de. Lisbonne en particulier., a été ravagé
d’une maniéré inexprimable. Tous les principaux
magafîns ont été culbutés où réduits en cendres i î®
feu y a confumé, en marchandifes ,-dont une,grande
partie appartenoi.t ; aux Anglois , pour plus de quarante
millions de creuzades. Le dommage dès églifes,
palais 8c maifons , a monté au-delà de cent cinquante
millions de la .même monnoie , 8c l’on eftimoit l:e
nombre des .perfonnes qui ont péri fous les ruines de
qette capitale y■ ou daps fon .incendie, entre .1.5 à
p.0000. âmes... ;
. Toutes l.es.puifîance.s.ont témoigné par des lettres
à S. M .T . F: la;douleur qu’elles r.effentoiént de ce
îrifte événement:; le roi d’Angleterre plus intimement
lié d’amitié , 8c par les, .intérêts de fon commerce,
y envoya, pour le foulagement des malheu-
Tome IX.
reiïx, des vailîeaux chargés d’or 8c de provifions,quî
arrivèrent dans leTage au commencement de Janv.
1 7 5 6 ,8c fes bienfaits furent remis au roi de Portu-*
gai. Ils confiftoient en trente mille livres fterling en
o r , vingt mille livres fterling en pièces de huit, fix
mille barils de viande falée , quatre mille barils de
beurre * mille facs dé bifeuit, douze cens barils de
r is , dix mille quintaux de farine , dix mille quintaux
de blé i, outre une quantité considérable de
chapeaux, de bas 8c de fouliers. De fi puiflans fe-
cours , diftribués avec autant d’économie que d’é*
quité , fauverent la vie des habitans de Lisbonne,
réparèrent leurs forces épuifées, 8c leur infpirerent
le courage de relever leurs murailles, leurs maifons
8c leurs églifes.
Terminons cet article intérefîant de Lisbonne par
dire un mot d’Abarbanel, de Govea , de Lobo, 8c
fur-tout du Camoens, dont cette ville eft la patrie.
Le rabbin Ifaac Abarbanel s’eft diftingué dans fes
commentaires fur l’ancien Teftament, par là fimpli-
cité qui y régné, par fon attachement judicieux au
fens littéral du texte, par fa douceur 8c fa charité
pour les chrétiens, dont il avoit été perfécuté. II
mourut à Venife en 1508, âgé de foixante-onze ans».
Antoine de Govea pafte pour le meilleur jurifeon-
fulte du Portugal ; fon traité de jurifdiclione, eft dé
tous fes ouvrages celui qu’on eftime le plus. Il eft
mort en 1565.
Le P. Jerome Lobo, jéfuite, finit fes jours en 1678
âgé de quatre-vingt-cinq ans, après en avoir paffé
trente en Ethiopie. Nous lui devons la meilleure relation
qu’on, ait de i’Abyfîinie ; elle a été traduite
dans notre langue par M. l’abbé le Grand, 8cimprimée
à Paris en 1^28, in-40.
Mais le célébré Camoens a fait un honneur ifti-
mortel à fa patrie , par fon poème épique de la- Lu-
ziade. On connoît fa vie 8c fes malheurs. Né à L i f
bonne en 1524 ou environ, il prit le parti des arnies,
8c perdit un oeil dans un combat contre lesMaurei.
II paffa aux Indes en 1553 , déplut au viceroi par,
fes difeours, 8c fut exilé. Il partit de Goa , 8c fe réfugia
dans un coin de terre déferte, fur les frontières
de la Chine. C ’eft là qu’il compofa fon poème ; le
fujet eft la découverte d’un nouveau pays , dont il
avoit été témoin lui-même. Si l’on n’approuve pas
l’érudition déplacée qu’il prodigue dans ce poème
vis-à-vis des Sauvages ; fi l’on condamne le mélange
qu’il y fait des fables du paganifme, avec les vérités
du Chriftianifine, du-moins ne peut-on s’empêcher
d’admirer la fécondité de fon imagination, la richefle
de fes deferiptions, la variété 8c le coloris de fes
images.
On dit qu’il penfa perdre ce fruit de fon génie en
allant à M acao; fon vaiflèau fit naufrage pendant le
cours de la navigation ; alors le Camoens, à l’imitation
de Céfar, eut la préfence d’éfprit de conferver
fon manuferit, en le tenant d’une main au-deffus de
l’eau, tandis qu’il nageait de l’autre. De retour à
Lisbonne en 1569, il y paffa dix ans malheureux, 8c
finit fa v ie dans un hôpital en 1579- Tel a été le fort
du Virgile des Portugais. ( D . J .)
LlSCÀ - BIANCA $ ( Géog. ) la plus petite des
îles de Lipari au nord de la Sicile. Strabon la nomme
Evovvpoç, finifira, parce que ceux qui alloient de Lipari
en Sicile , ïa’ laiffoient à fa gauche ; il ajoute que
de fon tems ,• elle étoit corpme abandonnée : Lifca*
Bianca n’a point changé en mieux, au contraire ce
n’eft plus qu’un rocher entièrement defert. (D . J .)
LISÉRÉ, f. m. ( Brodeur. ) c’eft le tra vail qui s’exécute
fur une étoffe, en fuivant le contour des fleurs
& du deffein avec un fil ou un cordonnet d’or, d’argent
ou de foie.. _ ; -, :
LISERON, convolvulus, f. m. (Hift. nat. Bot. )
genre de plante à fleur monopétale campanitorme 5 - ' D D d d