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de vo ir , ni dans ceux qu’il cite encore : il n ’efl pas
u n fo t, ilr ie f pas un poltron; Pythagore n'efi pas un
auteur mépnfable ; je, ne fuis pas j i difforme. Chaque
mcit y conferve fa lignification propre ; & la feule
chofe qu’il y ait de remarquable dans ces locutions,
c ’eft qu’elles ne difent pas tout ce que l’on penfe ,
mais les circonftances l’indiquent fi bien, qu’on eft
fur d’être entendu. C ’eft donc en effet une figure de
penfées, plutôt qu’une figure de m ots, plutôt qu’un
trope.
Le P. Lami, de l’Oratoire, dit dans fa rhétorique
( liv. II. ch. iij ..) , que l’on peut rapporter à cette
figure les maniérés extraordinaires de repréfenter la
baffefle d’une chofe, comme quand on lit dans Ifaïe,
(xl. 12,') Quis rnenfus ejl pugillo a quas, & ccelos pal-
ma po rideravit ? Quis apprendit tribus digitis molem terrez,
6* librayit in pondéré montes, & toiles infatera ? Et
plus bas lorfqu’il parle de la grandeur de Dieu ( az) :
Qui fedet fuptr gyrum terrez, & habitatores ejus funt
quaf locujloe ; qui extendit Jic-ut nihilum ccelos , & ex-
pandit eosJicut tabernaculumadinhabitandum. J’avoue
que je ne vois rien ici qui indique une penfée mife
au-deflbus de fa valeur, de propos délibéré, & par
modeftie ou par égard ; fi elle y eft au-deflbus de la
vérité, c’eft que la vérité dans cette matière eft d’une
hauteur inacceflible à nos foibles regards.
LITRE, f. f. ou ceinture funèbre , (Jurifprud.) eft
un lé de velours noir, fur lequel on pofe les écuftbns
des armes des princes 6c autres feigneurs lors de
leurs obfeques.
On entend aufli par le terme de litre une bande
noire, peinte en forme de lé de velours fur les murs
d’une églife en dedans & en dehors, fur laquelle on
peint les armoiries des patrons 6c des feigneurs hauts-
jufticiers après leur décès.
Le terme de litre vient du latin litura, à caufe que
l’on noircit la muraille de l’églife.
On l’appelle aufli ceinture funebre, parce qu’ elle ne
s’appofe qu’après le décès des perfonnes qui font en
droit d’en avoir.
Le droit de litre eft un des principaux droits honorifiques
, ou grands honneurs de l’églife, & en con-
féquence il n’appartient qu’aux patrons & aux feigneurs
hauts-jufticiers du lieu où l’églife eft bâtie.
L’ufage.des litres n’a commencé que depuis que les
armoiries font devenues héréditaires. Il a d’abord
été introduit en l’honneur des patrons feulement ; &
a été enfuite étendu aux feigneurs hauts- jufticiers.
Le patron a droit de litre, quoiqu’il n’ait ni le fief,
ni la juftice fur le terrein où eft l’églife, parce que
le feigneur en lui permettant de faire bâtir une églife
en fon territoire, eft cenfé avoir confenti que le patron
eut les premiers honneurs, à moins qu’il ne fe
les foit expreffément refervés. Le patron eccléfiafti-
que ne peut pas mettre fes armes de famille fur fa
litre, il doit y mettre celles de fon églife.
Le feigneur haut-jufticier a aulïi droit de litre à fes
armes. La coutume de T ours, article Go , 6c celle de
Lodunois ç. v. art. ij. en contiennent une difpofition
expreffe.Dans l’églife la litre du patron eft au-deffus
de la fienne; au-dehors de l’églife, c’eft celle du
feigneur qui eft au-deflus de celle du patron.
Les moyens & bas-jufticiers n’ont point de litre,
à moins qu’ils ne foient fondés en titre ou poffeflion
immémoriale.
Le droit de litre eft tantôt perfonnel & tantôt réel.
Il eft perfonnel à l’égard du patron ou fondateur, 6c
comme telil pafle à l’aîné de la famille ; mais quand
le patronage eft attaché à une glebe, le droit de
litre fuit la glebe comme le patronage. Quant au haut-
jufticier , il n’a jamais le droit de litre qu’à caufe de
fa haute-juftice.
Pour avoir droit de litre comme feigneur haut-
jufticier , il faut être propriétaire , c’eft pourquoi
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l'es ufufruîtierSjles douairières & les feigneurs enga-
giftes , n’ont pas ce droit.
La largeur ordinaire de la litre eft d’un pié 6c dem
i, ou deux piésau plus. Maréchal, en fon traité
des droits honorifiques, dit qu’il n’y a que les princes
pour lefquels on en peut mettre de plus larges , telles
que de deux piés & demi : les écuftbns'd’armoiries
font ordinairement éloignés de i z piés les uns
des autres.
Le fondateur d’une chapelle bâtie dans une aîlè
d’une églife, dont un autre eft patron ou feigneur
haut-jufticier , ne peut avoir de litre que dans l’intérieur
de fa chapelle, 6c non dans le choeur, ni
dans la nef, ni au-dehors de l’églife. Le patron du
corps de l’églife peut même étendre fa litre jufques
dans la chapelle fondée par un autre, 6c faire pofer
fa litre au-deflus de celle du fondateur de la chapelle.
Ducange , verbo Litra , 6c voyez la glofT. du
Droit françois au mot litre. De R o y e , de jurib. hono-
tific. I. /. c. i j .b* iij. Chopin, de doman. I. II I . tit.
/ c). n. iG. B acquêt, traité des dr.dejuf. c. x x .n . zG.
Maréchal, des droits honoriji. c. v. Dolive fiquefl, l,
II. c. xj. ( A )
LITRON, f. m. ( Mefur. ) petite mefure fran-
çoife, ronde, ordinairement de bois, dont on fe
fert pour mefurer les chofes feches, comme grains,
graines, pois, feves, & autres légumes ; fe l, farine,
Châtaignes, 6*c. Elle contient la feizieme partie d’un
boifleau de Paris.
Suivant l ’ordonnance de 1670 , ïe litron de Paris
doit avoir trois pouces 6c demi de haut, fur trois
pouces dix lignes de diamètre. Le demi-litron qui eft
la plus petite des mefuresfrançoifes, feches,manuelles
& mefurables, excepté pour le fel, doit avoir
deux pouces dix lignes de haut, fur trois pouces 6c
demi de diamètre. De la Mare , traité de lapol. /. K.
c. iij. 6c Savary. ( D . J. )
LITTÉRAL, adj ( Gram. ) pris à la lettre , ou
dans l’exariitude rigoureufe de l’expreflion. Ainfi ,
l’écriture a un fens Littéral, 6c un fens allégorique:
un ordre a un fens littéral, ou un fens figuré.
LITTÉRAL, adj. ( Math. ) les Mathématiciens
modernes font un très-grand ufage du calcul littéral,
qui n’eft autre chofe que l’Algebre : on lui a donné
ce nom, parce qu’on y fait ufage des lettres de l’alphabet
, pour le diftinguer du calcul numérique, où
l’on n’emploie que des chiffres. Voyez Algèbre ,
Arithmétique, C alcul. ( 2?)
LITTÉRATURE, f. f. ( Sciences, B elles-Lettres,
Antiq. ) terme général ,• qui défigne l’érudition, la
connoiflance des Belles-Lettres 6c des matières oui
y ont rapport. Voyez le mot L je t t r e s , où en fai-
fant leur éloge on a démontré leur intime union avec
les Sciences proprement dites.
Il s’agit ici d’indiquer les caufes de la décadence
delà Littérature, dont le goût tombe tous les jours
davantage, du moins dans notre nation, 6c afliiré-
ment nous ne nous flattons pas d’y apporter aucun
remede.
Le tems eft arrivé dans ce pa ys, où l’on ne tient
pas le moindre compte d’un favant, qui pour éclaircir
, ou pour corriger des paflages difficiles d’auteurs
de l’antiquité, un point de chronologie, une quef-
tion intéreffante de Géographie ou de Grammaire,
fait ufage de fon érudition. On la traite de pédanterie,&
l’on trouve par-là levéritable moyen de rebuter
tous les jeunes gens qui auroient du zele 6c des talens
pour réuflir dans l’étude des humanités. Comme il
n’y a point d’injure plus offenfante que d’être qualifié
de pédant, on fe garde bien deprendre la peine
d’acquérir beaucoup de littérature pour être enfuite
expofé au dernier ridicule.
Il ne faut pas douter que l’une des principales rai-
fons qui ont fait tomber les Belles-Lettres, ne conr
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fifte ericè que plufieurs beaux-éfpfits prétendus ®u
Véritables, ont introduit la coutume de condamner,
comme une fcience de college, les citations de paflages
grecs & latins, 6c toutes lés remarques d’ërijcli-
tion. Ils ont été aflêz injuftês pour envelopper dans
leurs railleries, les écrivains qui avoient le plus, de
politefle 6 c de connoiflance de la fciencè du monde.
Qui oferoit donc après celâ âfpirër à la gloire de favant,
en fe parant à propos de fes lectures, de fa
critique & de fon érudition ?
Si l’oil s’étoit contenté dé condamner lés Hérilles,
ceux qui citent fans nécêflité les Plàtons & les Arif-
toteS, les Hippocrates 6 c les Varrons, pour prouver
Urté périfeé cbmmune à toutes-lès fériés 8 c à tous les
peuples policés, on n’auroit pas découragé tant de
perfonrtes eftimablês ; mais avec dès airs dédaigneux,
on a relégué hors du beau monde, Sc dans
la poufîiere des clafîes, quiconque ofoit témoigner
qu’il avoit fait des recüèils, & qu’il s’étoit nourri
des auteurs de la G rèce & de Rome.
L ’effet de Cette cenfure méprifante a été d’autant
plus grand, qu’elle s’eft couverte .du prétexte fpé-
cieux de dire, qu’il faut travailler à polir l’efprit, &
à former le jugement, & non pas à entafler dans fa
mémoire ce qiiè lès autres ont dit & ont penfé.
Plus cette maxime a paru véritable, plus elle a
flatté les efprits pàrefleux, & les a porté à tourner
en ridicule là L i t t é r a tu r e & le favoir ; tranchons le
mot, le principal motif de telles gens, n’eft que d’a-
viliT lè bien d’autrui, afin d’augmentér le prix du
leur. Incapables de travailler, à s’inftruire, ils ont
blam'é oii niéprifé les fa vans qu’ils ne pouvoient imite?
; & par ce moyen, ils ont répandu dans la république
dès lettrés, un goût frivole, qui ne tend qu’à
la plonger dans l’ignorance & la barbarie.
Cependant malgré la critique amere des bouffons
ignorans, nous ofons affurer que les lettres peuvent
feules polir l’efprit, perfeftionner le goût, & prêter
des grâces aux Sciences. Il faut même pour être profond
dans la L i t t é r a t u r e , abandonner les auteurs qui
n’ont fait que l’effleurer Si puifer dans les fources de
l’antiquité, la connoiflance de la religion , de la politique,
du gouvernement, des lois, des moeurs, des
coutumes, des cérémonies, des jeux, des fêtes, des
fâcrifices & des fperiacles de la Grece & de Rome.
Nous pouvons appliquer à ceux qui feront curieux
de cette vafte. & agréable érudition, ce que Plaute
dit plaifamment dans le prologue des Menechmes :
» La fcène eft à Epidamne, ville de Macédoine;
» a lle z -y , Meilleurs, 6c demeurez-y tant que la
» pièce durera ». ( D . J .)
L 1TTUS, ( Géog. aûc. ) ce mot latin qui veut dire
rivage, côte de la mer, étant joint à quelque épithète
, a été donné par les anciens comme nom propropre
à certains lieux. Ainfi dans Ptôlomée, Littus
C en f ia , étoit une ville de Gorfe ; Littus magnum, une
ville de Taprobane, &c. {D . J. )
Li t t u s , P l a g i a , P o r t u s , S t a t i o , P o -
S I T I O , C O T O , È .E F U G 1 U M , G R A D U S , { G é o g .
m a r i t . d e s R o m . ') : il y a dans tous ces mots de la navigation
des Romains, des différences qu’il importe
d’expliquer, non-feulement pour l’intelligence des
auteurs, mais encore parce que l’itinéraire maritime
d’Antonin eft difpofé par lu t o r a , p l a g ia , p o r tu s , J l a -
t io n e s -, p o f i t i o n e s , co to n e s , r é fu g ia , 6 c g r a d u s .
Je commence parle mot l i t t u s , r iv a g e , terme qui
a la plus grande étendue, 6c qui comprend tous les
autres ; car, à parler proprement, l i t t u s efk.la lifiere,
le bord de la terre habitable qui touche les mers,
comme r i p a , l a r i v e , fignifie l a l i f e r e qui borde les
fleuves dé part .& d’autre. 11 eft vrai cependant qu’en
navigation, ce mot général a une lignification fpé-
ciale. En effet, il fe prend dans les bons auteurs pour
tout endroit où les bâtimens peuvent aborder à ter-
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re , & y reftér à l’ancré avec quelque fureté ; 6c pour
lôrs, ce mot défigne ce que nous appelions une rade.
Pla gla, plage, fé confond affez ordinairement
avec' liuns.6c fiatio, comme Surita le remarque ; mais
aufli fouvênt les rades & plages; plagia, font.des par-
.ries dii rivage ■> fortifiées par dès ouvrages de maçonnerie
pour en rendre l’accès plus fûr & plus facile. On
appelloit ce$ fortes de fortifications ou remparemens;
aggeres„.nom commun à.toute levée de, terre,, excédant
en hauteur la furface du terrein.
11 fe trouve aufli déS rades ou ftatiorts, jlationes ;
très-fûrs , 6c qui font l’ouvrage feul de la nature.
Telle eft celle que Virgile dépeint dans fes Géorgi-
q.ués;, Liv. 11.
. . . . Ejl fpe ïns in gens ■
Exsjè lùtcte ih -mont:s quo plurimà ventô
Cogitur j inque (inus feindit fefe unda reductos ;
Deprenfis olim fiatio t un f i ma nantis. *
Portus fignifie tous ports faits par nature Ou pâf
art, ou, déiignés par la nature, 6c achevés par artifice.
Cotones font les. ports, fûrs faits uniquement de
main d’hommes ; Cotones, dit Feftus, appellantur
portus in mari tutiores , arte & manü facti ; tel étoit le
port de.Carthage en Afrique, que Scipion attaqua.
Pôrtujn, dit Appius, quem coronem appellant, incunte
vert aggreffus ejl Scipio ; tel étoit encore le port de
Pouzzole près de Naples, au rapport de Strabon.
Stationes, les .ftations, tiennent le milieu entre les
plages 6c les ports, plàgia & portus ; çe font des
lieux faits, foit naturellement, foit artificiellement;
où les navires fe tiennent plus fûrement que dans de
fimples. plages ; mais moins fûrement que dans les
ports. Surita nous le fait entendre en difant: Stationes
, funt qu<z portuum ttitam manfonem non affequun-
tur , & tarnen littoribus preefant : tel étoit dans l’île
de Lesbos lè havre dont parle Virgile en ces termes:
Ntt ne tantum fûtes, & ftatio male fidâ carinis.
Poftiones, les pofitions, défignent la même chofe
que les Rations ; poftiones pro flationibus indijfcrenter
ujurpantur, dit un des commentateurs de l’itinéraire
d’Antomn.
Refugium femble défigner en général tout rivage
où l’on peut aborder : cependant, il paroît lignifier
fpécialement un havre, où les navires qui y abordent
peuvent refter avecaflurance. Ego arbitror,dit Surita,
voce refugii, fationes defgnare, qua fida navibus man-
f o defgnatur.
Gradus, degré, fignifie quelquefois une efpece de
pont fur le bord de la mer, ou fur le rivage des
grands fleuves, faits exprès comme par, degrés pour
monter de terre dans le vaifieau, ou au vaifleau def-
cendre fur terre avec plus de facilité. O^eft la définition
de Surita. J’ajoute, que les Romains donnèrent
plus communément le nom de gradus aux ports qui
étoient à l’embouchure des rivières, & où l’on avoit
pratiqué des degrésj .Enfin., ils nommèrent gradus ,
les embouchures du Rhône. Ammian Marcellin nous
l’apprend en décrivant le cours de ce fleuve: Rho-
danus, dit-il, inter v ailes quas ei naiuraprafcripfit, fpu-
mens gallico mari concorporatur ; per patulurn finum ,
quem vocant, ad gradus, abArlate 18. fermélapide dif-
paracum; « le Rhône coulant entre des vallées que la
» nature lui a preferites, le jette tout éçumantdansla
» mergauloife, par une ouverture qu’on nomme aux
» degreq_, environ à 18. milles de la ville d’Arles »i
Noyez G r a d u s . ( Z ) . / . )
LITUBIUM, ( Géog.) ancien lieu de l’Italie dans
la Ligurie, félon T ite-Live, liv. X X X I I . C ’eft pré-
fentement Ritorbio, village du Milanez dans le Pa-»
vefan. ( D . J. )