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un adultere , ou un idolâtre. Ainfi lorfqu’on amena
à Jefus une femme furprife en adultere , il dit à fes
accusateurs dans le temple ou il etoit avec eux &
avec la femme : Que celui d'entre vous qui efl innocent,
luijette la première pierre. Et une autre rois , les
Juifs ayant prétendu qu’il blafphémoit, ramafferent
des pierres dans le temple même pour le lapider.
Ils en uferent de même un autre jour, lorfqu’il dit
dit : Moi & mon pere ne j'ommes qu'un. Dans ces rencontres
, ils n’obfervoient pas les formalités ordinaires
, ils fuivoient le mouvement de leur vivacité
ou de leur emportement ; c’eft ce qu’ils appelloient,
le jugement du %elc.
On affûre qu’après qu’un homme avoit été lapidé,,
on attachoit fon corps à un pieu par les mains
jointes enfemble , & qu’on le laiffoit en cet état
jufqu’au coucher du foleil. Alors on le detachoit,
6c on l’enterroit dans la vallée des cadavres avec
le pieu avec lequel il avoit été attaché. Cela ne fe
pratiquoit pas toujours, & on dit qu on ne le faifoit
qu’aux blalphémateurs 6c aux idolâtres ; 6c encore
feroit-il bien mal-aifé d’en prouver la pratique par
l’écriture. Calmet, Diction, de la Bibl. tome 11.
p .
LAPIDIFICATION, (Hiß. nat. Miner.) c’eft en
général l’opération par laquelle la nature forme des
pierres, voye{ Pierres. Il faut la diftinguer de la
pétrification , qui eft une opération par laquelle la
nature change en pierres des fubftances qui auparavant
n’appartenoient point au regne minéral. Voye^
PÉTRIFICATION. .
LAPIDIFIQUE, Matière ou Su c , (Hiß. nat.
Miner.) nom générique donné parles Phyficiens
aux eaux ou aux fucs chargés de particules terreu-
fes , q u i, en fe dépofant, en s’amaflant, ou en fe
eryftallifant, forment les pierres. On expliquera à
Xarticle Pierres la maniéré dont ces eaux agilfcnt
6c contribuent à la formation de ces fybftances.'
LAPIN, f. m. cuniculus, (Hiß. nat.'Zoolog.) animal
quadrupède , qui a beaucoup de rapport avec
le lievre dans la conformation du corps ; car le
lapin a , comme le lievre, la Ievre fupérieure fendue
jufqu’aux narines , lés oreilles allongées , les
jambes de derrière plus longues que celles de devant,
laqueue courte, &c. le dos, les lombes, le haut des côtés
du corps, & les flancs du lapin fauvage- ont une
couleur mêlée de noir 6c de fauve , qui paroît grife,
lorfquel’on ne le regarde pas de près ; les poils les
plus longs & les plus fermes font en partie noirs 6c
en partie de couleur cendrée ; quelques-uns ont du
fauve à la pointe ; le duvet eft aufli de couleur cendrée
près de la racine , 6c fauve à l’extrémité : on
voit les mêmes couleurs fur le fommet de la tête.
Les yeux font environnés d’une bande blanchâtre,
qui s’étend en arriéré jufqu’à l’oreille, 6c en avant
jufqu’à la mouftache ; les oreilles ont des teintes de
jaune, de brun , de grifâtre ; l’extrémité eft noirâtre
: les levres, le deflous de la mâchoire inférieure,
les aiffeles , la partie poftérieure de la poitrine , le
ventre 6c la face intérieure des bras , des cuiffes 6c
des jambes font blancs , avec quelques teintes de
couleur cendrée ; la face poftérieure ou inférieure
de la queue eft blanche ; l’autre eft noire ; l’entredeux
des oreilles 6c la face fupérieure ou antérieure
du cou a une couleur fauve-rouffâtre : la croupe &
la face antérieure des cuiflès ont une couleur grife
mêlée de jaune : le refte du corps a des teintes de
jaunâtre, de fauve , de rouffâtre , de blanc & de
g™. I . r .
Le lapin domeftique eft pour 1 ordinaire plus
grand que le fauvage ; fes couleurs varient comme
celles des autres animaux domeftiques. Il y en a
de blancs, de noirs, 6c d’autres qui font tachés de
ces deux couleurs ; mais tous les lapins, foit fauvages
, foit domeftiques, ont un poil roux, fous la
plante des piés.
Le lapin, appellé riche, eft en partie blanc, 6c en
partie de couleur d’ardoife plus ou moins foncée,
ou de couleur brune 6c noirâtre.
Les lapins d’Angora ont le poil beaucoup plus
long que les autres lapins ; il eft ondoyant & frifé
comme de la laine ; dans le tems de la mue, il fe
pelotonne, & il rend quelquefois l’animal très-difforme.
Les couleurs varient comme celles des autres
lapins domeftiques.
Les lapins font très-féconds , ils peuvent engendrer
6c produire dès l’âge de cinq à fix mois. La
femelle eft prefque toujours en chaleur ; elle porte
tr.ente ou trente-un jours ; les portées font de quatre,
cinq ou fix , & quelquefois de fept ou huit petits.
Les lapins creufent dans la terre des trous, que l’on
appelle terriers ; ils s’y retirent pendant le jour, 6c
les habitent avec leurs petits. Quelques jours avant
de mettre bas , la femelle fait un nouveau terrier,
non pas une ligne droite , mais en zigzag ; elle pratique
dans le fond une excavation , & la garnit
d’une affez grande quantité de poils qu’elle s’arrache
fous le ventre : c’eft le lit qui doit recevoir
les petits. La mere ne les quitte pas pendant les
deux premiers jours , 6c pendant plus de fix femai-
nes, elle ne fort que pour prendre de la nourriture ;
alors elle mange beaucoup 6c fort vite. Pendant
tout ce tems , le pere n’approche pas de fes pet
its , il n’entre pas même dans le terrier oii ils
font ; fouvent la mere , lorfqu’elle en fort, bouche
l’entrée avec de la terre détrempée de fon urine :
mais lorfque les petits commencent à venir à l’entrée
du terrier ,■ le pere femble les reconnoître, il
les prend entre fes pattes les uns après les autres,
il leur luftre le p o il, 6c leur leche les yeux.
Les lapins font très-timides ; ils ont aflèz d’in-
ftintt pour fe mettre dans leurs terriers, à l’abri des
animaux carnafliers ; mais lorfque l’on met des /<*-»
pins clapiers , c’eft-à-dire domeftiques , dans des
garennes , ils ne fe forment qu’un gîte à la furface
de la terre comme les lievres ; ce n’eft qu’après un
certain nombre de générations qu’ils viennent à
creufer un terrier. Ces animaux vivent huit ou
neuf ans, leur chair eft blanche ; celle des lapreaux
eft très-délicate ; celle des vieux lapins eft feche 6c
dure. Les lapins font originaires des climats chauds;
il paroît qu’anciennement de tous les pays de l ’Europe
il n’y avoit que la Grcce & l’Efpagne oii il
s’en trouvât : on les a tranfportés en Italie, en
France, en Allemagne, ils s ’y font naturalifés;
mais , dans les pays du nord, on ne peut les élever
que dans les maifons. Il aiment la chaleur même
exceffive, car il y a de ces animaux dans les contrées
les plus méridionales de l’Afie & de l ’Afrique : ceux
qui ont été portés en Amérique , s’y font bien multipliés.
Hiß. nat. gén. & part, tome F l. Foyei QUADRUPEDE.
Le lapin reflemble beaucoup au lievre, tant à l’intérieur
qu’à l’extérieur ; mais ces deux efpeces font
différentes , puifqu’elles ne fe mêlent pas enfemble ,
6c que d’ailleurs il y a une grande différence entre
leurs inclinations 6c leurs moeurs.
Les lapins ont une demeure fixe ; ils vivent en
fociété ; ils habitent enfemble des demeures foûter-
reines qu’ils ont creufées : ces retraites divifées en
différens clapiers qui tous ont communication les
uns avec les autres, annoncent une intention marquée
d’être enfemble. Les mâles ne s’ifolent point à
un certain âg e, comme cela arrive dans beaucoup
d’autres efpeces. En un mot les lapins paroiffent
avoir un befoin abfolu d’une demeure commune,
puifqu’on tente en vain d’en établir dans les pays oîi
le terrein eft trop ferme pour qu’ils puiffenr y creu-
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fer. Cependant il ne paroît pas qué la fociété ferve
beaucoup à augmenter leur induftrie. Cela vient fans
doute de ce que leurs befôinS font fimples , de ce
iju’ils font trop foibles & trop mal armés pour que
de leur union puiffe.réfüller unb meilleure défenfe ,
& de ce. que le terrier les met promptement à couvert
de tous les périls qu’ils peuvent éviter.
Quoique la fociabiliré foit un cara&ere diftinûif
•Ides lapins , quelques-uns d’entr’eux fe mettent feuls
au. gîte pendant les beaux jours, & cela arrive fur-
tout lorfqu’ils ont été ihquiétés dans le terrier par
le furet, la belette , &c. mais dans tous les cas ils
paffent la meilleure partie de la journée dans un état
de demi fommeil. Le fôir ils fortent pour aller au gagnage
, & ils y emploient une partie de la nuit. Alors
ils s’écartent quelquefois jufqü’à un demi-quart de
lieue pour chercher la nourriture qui leur convient.
Us relevent aùflî ordinairement une fois le jou r, fur-
tout lorfque. le rems eft ferein, mais fans s’écarter
beaucoup du terrier ou du bois qui leur fert de retraite.
Pendant i ’été , les nuits étant courtes , les lapins
relèventfouvent plus d’une fois par jour , fur-
tout les lapereaux encore jeunes , les hazes pleines
6c celles qui alaitent.
S’il doit arriver un orage pendant la nuit, il eft
preffenti par les lapins j ils l’annoncent par lin em-
preffement prématuré de fortir 6c de paître ; ils man-
gent;alôrs avec une aftivité qui les rend diftraits fur
le danger, & on lés approche très-aifément. Si quelque
chofe les oblige de rentrer^au terrier , ils refor-
tent prefque aufli-tôt. Ce preffentiment a pour eux
l’effet du befoin le plus vif.
Ordinairement les lapins ne fe laiffent pas fi aifé-
ment.approcher lur le bord du terrier ; ils ont l’inquiétude
qui eft une fuite naturelle de la foibleffe.
Cette inquiétude eft toûjours:accompagnée du; foin
de s’avertir réciproquement. Le premier qui apper-
çoit frappe la terre » & fait, avec les pies de derrière
un bruit dont les terriers retentiffent au loin.
Alors tout rentre précipitamment : les vieilles femelles
relient les dernieres fur le bord du trou , 6c
frappent du pié fans relâche jufqu’à ce que toute la
famille foit rentrée.
Les lapins font, extrêmement lafeifs ; on dit aufli
qu’ils font conftans, mais cela n’eft pas vraiflembla-
ble : il eft même certain qu’un mâle fuffit à plufieurs
femelles. Celles,^ci font prefque toujours en chaleur,
6c cette difpofition fubfifte quoiqu’elles foient pleines
; cependant elles paroiffent être importunées par
les mâles lorfqu’elles font prêtes à mettre bas. La
plupart fortent alors du terrier & vont en creufer
un nouveau au fond duquel elles dépofent leurs petits.
Ce terrier, qu’on nomme rabouillere, eft fait en
ziz-zag. Pendant les premiers jours la mere n’en fort
que quand elle eft preffée par l’extrême befoin de
manger : elle en bouche même avec foin l’entrée.
Au bout de quelques jours elle y laiffe une petite ouverture
qu’elle aggrandit par degrés, julqu’â ce que
les lapereaux foient en état de fortir eux-mêmes du
trou ; ils ont alors à-peu-près trois femaines.
Dans l’efpece du lapin les femelles portent depuis
quatre jufqu’à fept & huit petits. Le tems delà gefta-
tion eft de trente ou trente & un jours. A cinq mois
ils font en état d’engendrer. Il eft très-commun de
voir pleines à la fin de Juin des femelles de l’année :
la multiplication de ces animaux feroit donc excef-
fives s’ils n’étoient pas deftinés à fervir de nourriture
a d’autres efpeces ; mais heureufement ils ont beaucoup
d’ennemis. Le putois, le furet, l’hermine ou
rofelet, la belette, la fouine, vivent principalement
de lapins : les loups & les renards leur font aufli la
guerre ; mais ils font moins dangereux que les autres,
qui les attaquent jufques dans le terrier. Lorfqu’on
détruit avec loin les animaux earçtafliers * il faut dé-
Tonîe IX . ‘ ’
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frtoire aufli les lapins qui fans cela ravagent les récoltes
pendant l’é té , & font périr les bois pendant 1 hiver. On chaffe les lapins ali fufil, avec le fecôurs
du furet 6c celui dcS filets'. Foyer GaRenne. Mais
quand1 on a d'effein de les détruire, ces moyens font
infidèles. Ces animaux s’inftruifent par expérience;
ùh grand nombre évitentlés file ti, & ils fe laiffent
tourmenter dans le terrier par les furets fans vouloir
fortir. Il fruit donc défoncer les terriers mêmes : c’eft
dans les pays exactement gardés le feul moyen de
prévenir une multiplication dont l’excès eft une imprudence
à l’égard de fo i, & un crime à l’égard des
autres;
La pin , ( Diete & Mai. medic.) Le lapin fauvage
ou libre qui fe nourrit dans les terreins lecs , élevés
6c fertiles en herbes aromatiques peu aqueiifts, eft'
un aliment très-délicat, très-iucculent, 6c d’Un goût
très-relevé. Le lapin domeftique , ou celui qui fe
nourrit dans les pays gras pu dans des terreins couverts
d’herbes fades & graffes, comme les bords des
ruiffeaux , les prés arrolés.; les potagers ou marais;
&c. eft au contraire d’un goût plat, fade & quelquefois
meme d’un fumet defagréable,fur-toutlorfqu’il
a vécu de chou ; car l’odeur bonne ou nlaiivailè de1
certaines-herbes qui fe communique ailément à la
chair de plufieurs animaux qui les broutent, exerce,
éminemment cette influence fur la chair du lapin ;
en forte qu’il eft tout ordinaire d’en trouver qui fen-
tent le thim ou le chou, comme on dit communément
à plein nez ou à pleine bouche;
Le bon lapin eft mis par les experts en bonne
chere au rang du gibier le plus exquis , même les
meilleurs connoiffeurs le mettent au premier rang
dans les pays oit le petit gibier eft le plus parfait,
comme en Provence & eh Languedoc;:
• Quoique le goût du lapin foit bien différent de celui
du lie v re , cependant lorfqu'on confidere ces
deux alimens ntédicinalement, les obfervations &
les réglés diététiques leur font à pêu-près communes,
parce que 1 eftomac n’eft pas pourvu d’un len-
timent aufli exquis que le palais. Cependant comme
on n a pas obfervé dans le lapin la qualité laxative
que poffede le lievre, le premier me paroît en général
plus falutaire que le fécond , plus propre à être
donné aux valétudinaires & aux convalefcens qui
commencent à ufer de viande. Le lapin fe digéré bien
& très-bien, plus généralement que le lievte. D’ailleurs
il eft plus communément bon, & même lorf-
qu il eft vieux ; & quoique le lapereau foit plus tendre
que le. vieux lapin, cependant on trouve de ces.
animaux excellens à tout âge;
Les Pharmacologiftes ont prefqu’oublié le lapin
dans leurs excurfionsdans le régné animal, non pas
abfolument pourtant, ils ont vanté ta graiffe, fa tête
brûlée & même le charbon de fon corps entier, &
fon cerveau ; mais cet éloge eft fort modéré en com-
paraifon de celui de plufieurs animaux , du lievre,
par exemple. Foye[ Lievre. ( b )
Lapin , peaux de, ( Pelleterie. ) les peaux de lapin
revêtues de leur poil, bien paffées & bien préparées
fervent à faire plufieurs fortes de fourrures , comme
aumuffeS, manchons ; doublures d’habit.
Quand les peaux de lapin font d’un béait gris cendré,
on les appelle quelquefois, mais improprement
petit-gris, parce qu’àlors elles reffemblent par la cou!
leur à de certaines fourrures de ce nom beaucoup
plus précieufes faites de peaux de rats ou écureuils
qu’on trouve dans les pays du Nord. Foye? Pe t it -
GR IS ;
Le poil de lapin, après avoir été coupé de deffus
la peau de l’animal, mêlé avec delà laine de vigogne
» entre dans la compofition des chapeaux appel-
lés vigognes ou dauphins. Foye^l’art. C hapeau.
Le poil des lapins de Molco vie & d’Angleterre eft
O o