tinent de l’Amérique, & le détroit de Magellan au
fud. Ce détroit eft ainfi nommé de Jacques le Maire,
fameux pilote hollandois, qui le découvrit le premier
l’an 1.615. Nous avons la relation de fon expédition
dans le recueil des voyages de l’Amérique
, imprimés à Amfterdam en i6xzin-folio ,* mais
les détroits de le Maire & de Magellan font devenus
inutiles aux navigateurs ; car depuis qu’on fait
que la terre de Feu, del Fuego, eft entre des deux détroits
& la mer, on fait le tour pour éviter leslon-
gueurs & les dangers du vent, .contraire, des cou-
rans , & du voifinage des terres. (D .J .)
MAIRIE, ( Jurifprud.) fignifie la dignité ou fonction
de maire.
Mairie fondera, c’eft la baffe-juftice qui appartient
aux maire & échevins.
Mairie de France, c’étoit la dignité de maire du
palais.
Mairie perpétuelle, c’eft la fonction d’un maire en
titre d’office. _
Mairie royale.eft le titre que l’on donne a p!u-
Reurs jurifdiâions royales ; mairie & prévôté paroif-
fent fynonymes, on fe fert de l’un ou de l’autre, fui-
vant l’ufage du lieu. .
Mairie feigneuriale, eft une juftice de feigneur qui
a titre de mairie ou prévôté. Foye^ ci-devant Ma i r
e . ( A )
M A I S , ( Botan. ) & plus communément en fran-
qois blé de Turquie , parce qu’une bonne partie de
$a Turquie s’en nourrit. Foyc^ Blé d e T u r q u i e .
C ’eft le frumentum turcicum, frumentum indicum ,
triticum indicum de nos Botaniftes. Mais , mai^,
mays, comme on voudra l’écrire, eft,le nom qu on
donne en Amérique s ce genre de plante, fi utile •&
fi curieufe. '
Ses racines font nombreufes , dures , nbreufes,
blanches & menuet Sa tige eft comme celle d’un
rofe au , roide , folide , remplie d’une moelle fon-
guëufe, blanche , fucculente, d’une faveur douce
& fucrée quand elle eft verte, fort noueufe , haute
de cinq ou fix piés, de la groffeur d un pouce ,
quelquefois de couleur de pourpre, plus épaifle à fa
partie inférieure qu’à fa partie fupérieure.
Ses feuilles font femblables à celles d’un rofeau,
longues d’une coudée ôc plus, larges de trois ou
quatre pouces, veinées, un peu rudes en leurs
bords. Elles portent des pannicules au fommet de
la tige , longues de neuf pouces , grêles, éparfes ,
fouvent en grand nombre , quelquefois partagées
en quinze, v in g t, ou même trente épis penchés ,
portant des fleurs ftériles & féparées de la graine ou
du fruit.
Les fleurs font femblables à celles du feigle, fans
pétales, compofées de quelques étamines , chargées
de fommets chancelans & renfermées dans un
calice : tantôt elles font blanches, tantôt jaunes,
quelquefois purpurines, félon que le fruit ou les épis
qui portent les graines , font colorés ; mais elles
ne laiffent point de fruits après elles.
Les fruits font féparés des fleurs , & naiffent en
forme d’épis des noeuds de la tige ; chaque tige en
porte trois ou quatre , placés 'alternativement,
longs , gros, cylindriques, enveloppés étroitement
de plufieùrs feuillets ou tuniques membraneufes,
qui fervent comme de gaines. D e leur fommet il
fort de longs filets , qui font attachés chacun à un
embryon de graine , & dont ils ont la couleur.
Les graines font nombreufes, grofles comme un
pois, nues , fans être enveloppées dans une follicule,
lilfes, arrondies à leur iuperficie, anguleufes
du côté qu’elles font attachées au poinçon dans lequel
elles font enchâlfées. On trouve dans les Indes,
jufques à quatre ou cinq cens grains fur un même
é p i , très-ferrés, rangés fur huit ou dix rangs, &
quelquefois fur douze ; ces grains font de différen- -
tes couleurs , tantôt blancs, tantôt jaunes, tantôt
purpurins , tantôt: bruns ou rouges 9 remplis cependant
d’une moelle farineufe , blanche, & d’une
faveur plus agréable & plus douce que celle des
autres -grains.
Cette plante qui vient naturellement dans l’Amérique
, fe trouve dans prefque toutes les contrées
de cette partie du monde , d’oii elle a été
tranfportée en Afrique , en Afie & en Europe ;
mais c’eft au Chili que régnoient autrefois dans le
jardin des Incas les plus beaux maïs du monde.
Quand cette plante y manquoit, on en fubftituoit
à fa place qui étoient formes d’or & d’argent, que
l’art a voit parfaitement bien imités, ce qui marquoit
la grandeur & la magnificence de ces fouverains.
Leurs champs remplis de niais dont les tiges , les
fleurs, les épis , & les pointes étoient d’o r , & le
refte d’argent, le tout artiftement foudé enfemble,
préfentoient autant de merveilles que les fiecles à
venir ne verront jamais, (£ > .ƒ .)
M a ï s , ( Agrïculi. ) C ’eft de toutes les plantes
celle dont la culture intérelfe le plus de monde,
puifque toute l’Amérique , une partie de l’Afie ,
de l’Afrique & de la Turquie , ne vivent que de
maïs. On en feme beaucoup dans quelques pays
chauds de l ’Europe, comme en Efpagne, & on de-
vroit le cultiver en France plus qu’on ne fait.^
L’épi de mais donne une plus grande quantité de
grains qu’aucun épi de blé. Il y a communément
huit rangées de grains fur un épi, & davantage fi le
terroir eft favorable. Chaque rangée contient au
moins trente grains, & chacun d’eux donne plus
de farine qu’aucun de nos grains de froment.
Cependant le mais quoiqu’eflentiellement nécef-
faire à la vie de tant de peuples, eft fujet à des
accidens. Il ne mûrit dans plufieurs lieux de l’Amérique
que vers la fin de Septembre , de forte que
fouvent les pluies qui viennent alors le pourriffent
fur t ig e , & les oileaux le mangent quand il eft
tendre. Il eft vrai que la nature l’a revêtu d’une peau
épaifle qui le garantit long-tems contre la pluie ;
mais les oifeaux dont il eft difficile de fe parer, en
dévorent une grande quantité à-travers cette peau.
On connoît en Amérique trois ou quatre fortes
de mais: celui de Virginie pouffe fes tiges à la hauteur
de fept ou huit piés ; celui de la nouvelle Angleterre
s’élève moins ; il y en a encore de plus bas
en avançant dans le pays.
Les A m é r i c a i n s plantent le maïs depuis Mars juf-
qu’en Juin. Les Indiens fauvages qui ne connoiffent
rien de notre divifion d’année par m ois, fe guident
pour la femaille de cette plante fur le tems oit certains
arbres de leurs contrées commencent à bourg
e o n n e r , ou fur la venue de certains poiffons dans
leurs rivières.
La maniéré de planter le blé d’Inde, pratiquée
par les Anglois en Amérique , eft de former des
filions égaux dans toute l’étendue d’un champ à
environ cinq ou fix pies de diftance, de labourer
en-travers d’autres filions à la même diftance, &
de femer la graine dans les endroits oit les filions
fe cfoifent & fe rencontrent. Ils couvrent de terre
la femaille avec la b êche, ou bien en formant avec
la charrue une autre fillon par-derriere , qui ren-
verfe la terre par-deffus. Quand les mauvaifes herbes
commencent à faire du tort au ble d Inde, ils
labourent de nouveau le terrein oh elles fe trouvent
, les coupent , les détruifent, & favonfent
puiffamment la végétation par ces divers labours.
C ’eft, pour le dire en paffant, cette belle méthode
du labourage du maïs, employée depuis long-
tems par les Anglois d’Amérique, que M. lu ll a
adoptée , & à appliquée de nos jours avec tant de
fiiccès à la culture du blé.
D ’abord que la tige du maïs a acquis quelque
.fiorce^ lcs cultivateurs la foutiennentpar de la terre
qu’ils' amoncelent tout autour, & continuent de l’étayer
ainfi jufqu’à ee qu’elle ait pouffé.des épis ;
alors ils augmentent le petit coteau & l’élevent davantage
, enfuite ils n’y touchent plus jufqu’à la
recolle. Les Indiens , pour animer ces mottes de
terre fous lefquelles le maïs eft femé ; y mettent
deux ou trois poiffons du genre qu’ils appellent
aloof-, ce poiffon échauffe , engraifle & fertilife ce
petit tertre au point de lui faire produire le double.
Les Anglois ont goûté cette pratique des Indiens
dans leurs etabliffemens oit le poiffon ne coûte que
le tranfport. Ils y emploient, avec un fuccès admirable
, des têtes & des tripes de merlus.
Les efpaces qui ont été labourés à deffein de détruire
les mauvaifes herbes, ne font pas perdus. On y
cultive des feverolles q u i, croiffant avec le mais ,
s attachent à fes tiges y trouvent un appui. Dans
le milieu qui eft vuide, on y met des pompions qui
viennent à merveille,- ou bien après le dernier labour,
on y feme des graines de navet qu’on recueille
en abondance pour l’hiver quand la moiffon du blé
d’Inde eft faite.
Lorfque le mais eftmur, il s’agit d’en profiter. Les
uns dépouillent fur le champ la tige de fon grain ;
les autres mettent les épis en bottes, & les pendent
dans quelques endroits pour les conferver tout l’hiver:
mais une des meilleures méthodes eft de les
coucher fur terre , qu’on couvre de mottes , de gazon
, & de terreau par-deffus. Les Indiens avifésonr
cette pratique , & s’en trouvent fort bien.
> Le principal ufage du mais eft de le réduire en farine
pour les befoins : voici comme les Indiens qui
ne connoiffent pas notre art de moudre s’y prennent.
Ils mettent leur mais fur une plaque chaude , fans
néanmoins le brûler. Après l’avoir ainfi grillé, ils le
pilent dans leurs mortiers & le faffent. Ils tiennent
cette farine dans des facs pour leurs provifions , &
l’emportent quand ils voyagent pour la manger en
route & en faire des gâteaux.
I Le maïs bien moulu donne une farine qui fépa-
rée du fon eft très-blanche, & fait du très - bon
pain , de la bonne bouillie avec du lait, & de bons
puddings.
Les médecins du Mexique compofent avec le blé i
d’Inde des tifannes à leurs malades, & cette idée
n eft point mauvaife, car ce grain a beaucoup de
rapport avec l’orge.
On fait que ce blé eft très-agréable aux beftiaux
& a la volaille, & qu’il fert merveilleufement à l’en-
graiffer. On en fait auffi une liqueur vineufe, &
on en diftille un efprit ardent. Les Américains ne
tirent pas feulement parti du grain, mais encore de
toute la plante : ils fendent les tiges quand elles font
feches , les taillent en plufieurs filamens, dont ils
font des paniers & des corbeilles de différentes formes
& grandeurs. De plus, cette tige dans fa fraîcheur
, eft pleine d’un fuc dont on fait un firop auffi
doux que celui du fucre même : on n’a point encore
effayé fi ce fucre fe cryftalliferoit, mais toutes les
apparences s y trouvent. Enfin le maïs fert aux Indiens
à plufieurs autres ufages, dont les curieux
trouveront le détail dans Vhijloire des Incas de Gar-
cilaffo de la V éga, l. F III. c. i x , & dans la def-
cription des Indes occidentales de Jean deLaet. /. F i l
c. iij. (D . J.)
MaÏS , ( -pietc & Mat. méd. ) voyeç BlÉ DE TURQUIE,
& l'article FARINE & FARINEUX.
MAISON, f. f. ( Architecture. ) du latin manjîo ,
demeure ; c’eft un bâtiment deftiné pour l’habita-
Tome IX ,
* “ “ “ • en un 011 f»«**«oorps-
' . Maison h o y a le , tout ehâteait avec fes dépefl-
1 H U I au Roi> c om ™ dé Ü
W Ê t t È Ê Ê K a M M M W i l Fontaine,
bleau, Choiu, Chambor, Compiegne & autres.
Ma isgn -de-ville ,-voyè^ HÔTEE.DÉ-VILLE.
Maison de plaisan ce , éft un bâtiment à la
campagne, qui eft plutôt deftiné au vlaifir qu’au
profit de^çeliu qui le poffedei On l’appelle en quelque
endtoit. de France câfftnc, èn Prbvènce baàde.en
Italie vigna , en Efpagne & en Portugal quinta. C’ eft
ce que les Latins nomment villa, & Vitruve ada
pjeudo-urbance.
, Maison aiKSTiQUE. On appelle ainfi tous les
tairie6”8 qiv /COI,,P°fent ttne fermé ou une méi
B B I dit des peïfonnes &
des domeftiques qui compofent la maifon d’un
prince ou d un particulier. Foyer Famille , D om
e s t iq u e .
w Moe ®ON'? E;VILI;E ’ e<l I H oit s’affemblent
es officiers & les magiftrats d’une ville v jjbur y dé-
libérer des affaires qui concernent les lois & la po-
hce. ^(yeÇ.SAIXE & HÔTEL-DE-VILLE.
Ma is o n , le dit aufiî d’un couvent, d’unnionaf-
tere. Foye{ C o uv en t .
r 9.® clîe^c‘ °tdre étant de maifons dépendantes de
la filiation , on a ordonné la réforme de plufieurs
maijons religieufes.
Ma iso n , fe dit encore d’une race noble, d’une
lune de personnes illuftres venues de la même fou-
che. Foye^ G en ea log ïe.
Ma iso n , en terme d'Afirolôgie, eft une douzième
partie du ciel. F D odé catemorie.
Maisons de l’ancienne Rome, (Antiq. rom ) en
latin domus, mot qui fe prend d’ordinaire pour toutes
fortes de maifons, magnifiques ou non, mais qui
fignifie le plus fouvent un hôtel de grand feigneur &
U palais des princes , tant en dehors qu’en dedans*
c’eft , par exemple , le nom que donne Virgile au
palais de Didon.
At domus interior regali fplendida luxù.
La ville de Rome ne fut qu’un amas de cabannes
& de chaumières, fans en excepter le palais même
de Romulus, jufqu’au tems qu’elle fut brûlée par
Jes Gaulois. Ce défaftre lui devint avantageux, en
ce qu’elle fut rebâtie d’une maniéré un peu plus fo-
lide ,}quoique fort irrégulière. Il paroît même que
jufqu’à l’arrivée de Pyrrhus en Italie, les maifons de
cette ville ne furent couvertes que de planches ou
deAbardeaux ; les Romains ne connoiffoient point le
plâtre, dont on ne fe fert pas encore à préfent dans
la plus grande partie de l’Italie. Ils employoient
plus communément dans leurs édifices la brique que
la pierre, & pour les liaifons & les enduits, la chaux
avec le fable, ou avec une certaine terre rouge qui
eft toujours d’ufage dans ce pays-là; mais ils avoient
le fecret de faire un mortier qui devenoit plus dur
que la pierre même, comme il paroît par les fouilles
des ruines de leurs édifices.
Ce fut du tems de Marius & de Sylla, qu’on commença
d’embellir Rome de magnifiques bâti mens *
jufques-là , les Romains s’en étoient. peu foucié >
s’appliquant à des chofes plus grandes & plus nécefi
faires ; ce ne fut même que vers l’an 580 de la fondation
de cette ville , que les cenfeurs Flaccus &
Albinus commencèrent de faire paver les rues. Lu-
cius-Craffus l’orateur fut le premier qui décora le
frontifpice de fa maifon de douze colonnes de marbre
grec. Peu de tems après M. Scaurus, gendre de
Sylla , en fit venir une prodigieufe quantité, qu’il
employa à la conftruftion de la fuperbe maifon qu’il
V V v v v ij