vres de la bibliothèque de Vienne : Leloïlg celle -des
livres de l’Écriture : Mattaire celle des livres impri-
-més avant ï jç o . Voye^ Reimm. Bibl. acroam. in
prcéfat. parag. u pag. J : Bof. ad not. fcr 'ipt. ecclef.
-cap. iv. parag. xiij. pag. -J 24. & fia. Mais à cette
foule d’auteurs, fans parler de la Croix-du-Maine,
deDuverdier, de Faucher, de Colomiez, & de nos
anciens bibliothécaires, ne pouvons-nous pas opposer
MM. Baillet, Dupin , dom Cellier, les auteurs
du Journal des favans, les journalises de Trévoux,
l’abbé Desfontaines, & tant d’autres , que nous
'pourrions revendiquer., comme Bayle -, Bernard ,
-Bafnage, & c l
Brûler un livre ? forte de punition & de flétriffure
ffort enufage parmi les Romains : on en commettoit
le foin aux triumvirs, quelquefois aux préteurs ou
•auxédiles.UncertainLabienus,que fon génie tourné
-à la fatyre fit furnommer Rabienus, fu t, dit-on,
le premier contre les ouvrages duquel on févit de
la forte. Ses ennemis obtinrent un fenatûs-confulte,
par lequel il fut ordonné que tous les ouvrages qu’a-
voit compofés cet auteur pendant plufieurs années,
feraient recherchés pour être brûlés : chofe étrange
•& nouvelle, s’écrie, Séneque, févir contre les Scien-
!Ces ! Res nova & infueta, fttpplicium de fiudiis fumi !
■ exclamation au refte froide & puérile ; puifqu’en
-ces occaiions ce n’eft pas contre les Sciences, mais
•contre l’abus des Sciences que févit l’autorité publique.
On ajoute que Cafîius Servius ami de La-
bienus, entendant prononcer cet arrêt, dit qu’il fal-
•loit aufli le brûler, lui qui avoit gravé ces livres dans
fa mémoire : nunc me vivurn comburi oportet, qui illos
■ didici; & que Labienus ne pouvant furvivre à fes
«ouvrages, s’enferma dans le tombeau de fes ancêtre
s , & y mourut de langueur. Voye{ Tacit. in agric.
cap. ij. n. j . Val. Max. lib. I. cap. j . n. xij. Ta-
■ cit. Annal, lib. IV. c. xxxv. n. iv. Seneq. Controv.
Inprcefat. parag. 5. Rhodig. andq. Le3 . cap. xiij.
lib. I I . Salm. ad Pamirol. tom. I . tit. x x ij. pag. 68.
Pitîfcus t Lecl. andq. tom. I I . pag. 84. On trouve
plufieurs autres preuves de cet ufage de condamner
les livres au feu dans Reimm. Idea fyfiem. ant.
■ litter. pag. 38$. & fuiv.
A l’égard de la matière des livres, on croit que
•d’abord on grava les caraûeres fur de la pierre ;
témoins les tables de la loi données à Moïfe, qu’on
regarde comme le plus ancien livre dont il foit fait
-mention : enfuite on les traça fur des feuilles de palmier
, fur l’écorce intérieure èc extérieure du tilleul,
fur celle de la plante d’Egypte nommée papyrus. On
fe fervit encore de tablettes minces enduites de cire,
furlefquelles on traçoit les caraâeres avec un ftilet
ou poinçon, ou de peaux, fur-tout de celles des
boucs ■ & des moutons dont on fit enfuite le parchemin.
Le plomb, la toile, la foie, la corne, & enfin
le papier, furent fucceflivement les matières fur lef-
quelles on écrivit. V. Calmet, Dijfert. I.fur la Gen.
■ Comment. 1.1. diction, de la Bible, t. l .p . 31 6. Dupin,
Libr. Dijfert. IF.pag. yo. hijl. de Tacad, des Infcript.
Bibliot. eclef. tom. X IX . />. 3#/. Barthole, delegend.
t. I I I . p. 103 . Schwatrz, de ornam. Libr. Dijfert. I.
Reimm. Idea Sep. antiq. Litter. pag. 2 jJ . & 286. &
fuiv. Montfaucon, Paleogr, liv. II. chap. v iij.p. 180.
& fuiv. Guiland, papir, memb. 3 . Voyez l’article
P a p i e r .
Les parties des végétaux furent long-tems la
matière dont on faifoit les livres, & c’eft même de
ces végétaux que font pris la plûpart des noms &
des termes qui concernent les livres, comme le nom
grec giCxos : les noms latins folium, tabula, liber,
d’oii nous avons tiré feuillet, tablette, livre, & le
mot anglois book. On peut ajoûter que cette coutume
eft encore fuivie par quelques peuples du
nord, tels que les Tartares Kalmouks, chez Iefquels
les RufBens trouvèrent en 1721 une bibliothèque
dont les livres étoient d’une forme extraordinaire;
Ils étoient extrêmement longs & n’avoient prefque
point de largeur. Les feuillets étoient fort épais,
compofés d’une efpece de coton ou d’écorces d’arbres
, enduit d’un double vernis, & dont l’écriture
étoit blanche fur un fond noir. Mém. de Tacad. des
Bell. Leur. tom. V. pag. 5 . & 6 .
Les premiers livres étoient en forme de bloc &
de tables dont il eft fait mention dans l’écriture fous
le nom de fepher, qui a été traduit par les Septante
a^ovtiç, tables quarrées. II femble que le livre de
l’alliance, celui de la lo i, le livre des malédi&ions ,'
& celui du divorce ayent eu cette forme. Voye{ les
Commentaires de Calmet fur la Bible.
Quand les anciens avoient des matières un peu
longues à traiter, ils fe fervoient plus commodément
de feuilles ou de peaux coufues les unes au
bout des autres, qu’on nommoit rouleaux, appel-
lés pour cela par les Latins volumina , & par les
Grecs x ov,aXa » coûtume que les ariciens Juifs, les
Grecs, les Romains, les Perfes, & même les Indiens
ont fuivie, & qui a continué quelques fiecles
après la naiffance de Jefus - Chrift.
La forme des livres eft préfentement quarrée,
compofée de feuillets féparés ; les anciens faifoient
peu d’ufage de cette forme, ils ne l’ignoraient pourtant
pas. Elle avoit été inventée par Attale, roi de
Pergame, à qui l’on attribue aufii l’invention du
parchemin. Les plus anciens manuferits que nous
connoiflions font tous de cette forme quarrée, & le
P. Montfaucon affure que de tous les ifianufcrits
grecs qu’il a v û s , il n’en a trouvé que deux qui fut.
fent en forme de rouleau. Paleograp. grac. lib. I . ch.
iv .p .2 6 . Reimm. idea fyfem. andq. litter.pag. 2xyl
Item pag. 242. Schwartz, de ornam. lib. Dijfert. I I ,
Voyez l ’article R e l i u r e .
Ces rouleaux ou volumes étoient compofés de
plufieurs feuilles attachées les unes aux autres &
roulées autour d’un bâton qu’on nommoit umbilicus ,
qui fervoit comme de centre à la colonne ou cylindre
que formoit le rouleau. Le côté extérieur des
feuilles s’appelloit frons, les extrémités du bâton fe
nommoient cornua, & étoient ordinairement décorés
de petits morceaux d’argent, d’ivoire, même
d’or & de pierres précieufes ; lé mot ZvXXaGoç étoit
écrit fur le côté extérieur. Quand le volume étoit
déployé,il pouvoit avoir une verge & demie de large
fur quatre ou cinq de long. Voye{ Salmuth ad P and-
roi. part. I. d t.X L I I . pag. 143. & fuiv. Wale par erg
acad. pag. y2. Pitrit. I. ant. tom. I I . pag. 48. Barth.'
adverf. I^XXII. c. 2 8. & fuiv. Idem pag. 2Ó1. auxquels
onpeut ajoûter plufieurs autres auteurs qui
ont écrit fur la forme & les ornemens des anciens
livres rapportés dans Fabricius, Bibl. antiq. chap. x ix.
S 7 .p a g .6 0 y .
A la forme des livres appartient aufli l’arrangement
de leur partie intérieure, ou l’ordre & la dit.
pofition des points ou matières, & des lettres en
lignes & en pages, avec des marges & d’autres dépendances.
Cet ordre a varié ; d’abord les lettres
étoient feulement féparées en lignes, elles le furent
enfuite en mots féparés, qui furent diftribués par
points & alineat en périodes, ferions, paragraphes
chapitres, & autres divifions. En quelques pa ys,
comme parmi les orientaux , les lignes vont de
droite à gauche ; parmi les peuples de l’occident &
du nord, elles vont de gauche à droite. D ’autres,'
comme les G recs, du moins en certaines occaiions,'
écrivoient la première ligne de gauche à droite, la
féconde de droite à gauche, & ainfi alternativement.'
Dans d’autres pays les lignes font couchées de haut
en bas à côté les unes des autres, comme chez les
Chinois. Dans certains livres les pages font entières
& uniformes, dans d’autres elles font divifées par,
colonnes ; dans quelques-uns elles font divifées en
texte & en notes, foit marginales, foit rejettêes au
bas de la page. Ordinairement elles portent au bas
quelques lettres alphabétiques qui fervent à marquer
le nombre des feuilles, pour connoître fi le livre eft
entier. On charge quelquefois les pages de fommai-
res ou de notes : on y ajoûte aufli des ornemens ,
des lettres initiales, rouges, dorées, ou figurées;
des frontifpices, des vignettes., des cartes, des ef-
tampes , &c. A la fin de chaque livre on met fin ou
finis ; anciennement on y mettoit un <1 appellé corô-
nis , & toutes les feuilles du livre étoient lavées
d’huile de cèdre, ou parfumées d’écorce de citron,
pour préferver les livres de la corruption. On trouve
aufli certaines formules au commencement ou à la
fin des livres, comme parmi les Juifs, ejlo fiords, que
l’on trouve à la fin de l’exode, du Lévitique, des
nombres, d’Ezéchiel, par Iefquels on exhorte le lecteur
(difent quelques-uns ) à lire les livres fuivans.
Quelquefois on trouvoit à la fin des malédi&ions
contre ceux qui falcifieroient le contenu du livre,
ôc celle de l’apocalypfe en fournit un exemple. Les
Mahométans placent le nom de Dieu au commencement
de tous leurs livres, afin d’attirer fur eux la
proteéfion de l’Être fuprême, dont ils croyent qu’il
îiifKt d’écrire ou de prononcer le nom pour s’attirer
du fuccès dans fes entreprifes. Par la même raifon
plufieurs lois des anciens empereurs commençoient
par cette formule, In nomine Del. V. Barth. de libr.
legend. Dijfert. V. pag. 106. & fuiv. Montfaucon
Paleogr. lib. I. c. xl. Remm. Idea fyfiem. antiq. litter.
p. x x Ky. Schwart de ornam. libror. Dijfert. I I . Remm.
Id. fyfiem. pag. 261. Fabricius Bibl. grac. lib. X . c. v.
p. y4. Revel. c. x x ij, Alkoran, fecl. I II. pag. 5ÿ .
Barthol. lib. cit.pag. / ly . .
A la fin de chaque livre les Juifs ajoûtoient le
nombre de verfets qui y étoient contenus, & à la fin
du Pentateuque le nombre des feftions , afin qu’il
pût être tranfmis dans fon entier à la poftérité; les
Mafloretes & les Mahométans ont encore fait plus.
Les premiers ont marqué le nombre des mots, des
lettres , des verfets & des chapitres de l’ancien
Teftament, & les autres en ont ufé de même à
l’égard de l’alcoran.
Les dénominations des livres font différentes, félon
leur ufage & leur autorité. On peut les diftin-
guer en livres humains, c’eft-à-dire, qui font compofés
par des hommes,& livres divins, qui ont été
diètes par la Divinité même. On appelle aufli cette
derniere forte de livres, livres J ’acrés ou infpirés.
Foyei R é v é l a t i o n , In s p i r a t i o n .
Les Mahométans comptent cent quatre livres
divins, diètés ou donnés par Dieu lui - même à fes
prophètes, fa voir dix à Adam, cinquante à Seth,
trente à Enoch, dix à Abraham, un à Moïfe, favoir
le Pentateuque tel qu’il étoit avant que les Juifs &
les Chrétiens l’euffent corrompu ; un a Jefus-Chrift,
& c’eft l’Evangile ; à D avid un , qui comprend les
Pfeaumes ; & un à Mahomet, favoir l ’alcoran : quiconque
parmi eux rejette ces livres foit en tout foit
en partie, même un verfet ou un mot, eft regardé
comme infidèle. Ils comptent pour marque ae la
divinité d’un livre, quand Dieu parle lui - même &
non quand d’autres parlent de Dieu à la troifieme
perfonne, comme cela fe rencontre dans nos livres
de l’ancien & du nouveau Teftament, qu’ils rejettent
comme des compofitions purement humaines,
où du moins fort altérées. Voye1 Reland de relig.
Mahomet, liv. I. c. iv. pàg. 21. & fuiv. Ifem. ibid.
liv. II. S %6, pag;. 231.
Livres Jibyllins ; c’étoient des livres compofés par
de prétendues prophéteffes du paganifme, appellées
Sybilles, Iefquels étoient dépofés à Rome dans le
capitole, fous la garde des duumvirs. Voy. Lomeier.
^ Bibl, c. xiij, pag, 3y y% Voyez aufli Sibylle,
Livres canoniques ; ce font ceux qui font reçus par
l’Eglife, comme faifant partie de l’Ecriture fainte:
tels font les livres de l’ancien & d u nouveau Teftament.
Voye^ C a n o n , B i b l e .
Livres apocryphes ,• ce font ceux qui font exclus,
du rang des canoniques, ou fauffement attribués à
certains auteurs. Voye[ A p o c r y p h e .
Livres authentiques ; l’on appelle ainfi ceux qui
font véritablement des auteurs auxquels on les attribue
, ou qui font déeififs. & d’autorité ; tels font
parmi les livres de Droit le code, le digefte. Voyeç
Bacon, de aug. Scient, lib VIII. c. iij. "Works, 1 .1,
pag. 2.5y. ■
Livres auxiliaires ; font -ceux qui quoique moins
effentiels en eux-mêmes, fervent à en compofer ou
à en expliquer d’autres, comme dans l’étude des
lois, les livres des inftituts, les formules , les ma-
ximes, &c.
Livres élémentaires ; on appelle ainfi ceux qui contiennent
les premiers & les plus Amples principes
des fciences, tels font lesrudimens, les méthodes,
les grammaires, &c. par oit on les diftingue des
livres d’un ordre fupérieur, qui tendent à aider ou
à éclairer ceux qui ont des fciences une teinture
plus forte. Voyelles mém. de Trévoux, ann, 1 y34.9
, .y -» * ,'’
Livres de bibliothèque ; on nomme ainfi des livres
qu’on ne lit point de fuite, mais qu’on confulte au be-
foin, comme les dictionnaires, les commentaires, &c.
Livres exàtériques ; nom que les favans donnent à
quelques ouvrages deftinés à l’ufage des Ieèteurs
ordinaires ou du peuple.
Livres acroamatiques; ce font ceux qui traitent de
matières fublimes ou cachées, qui font feulement
à la portée des favans ou de ceux qui veulent appro-,
fondir les fciences. Voye^ Reimm. Ideafyfiem. ant,
litter. pag. 13 6.
Livres défendus ; on appelle ainfi ceux qui font
prohibés & condamnés par les évêques, comme
contenant des héréfies ou des maximes contraires
aux bonnes moeurs. V. Bingham, orig. eclef. lib. X V I .
chap. xj. part. II. Pafc. de Var. mod. mor. trad. c. iij i
p. 2S0. & 2q 8- Diclionn. univerf. deTrev. tom. I I I ,
pag. iSoy. Platt. Infir. hiß. theolog. tom. II. pag. 65,
Henman , Via ad hifi. litt. cap. iv. parag. 63 . p. 162,
Voyez In d e x .
Livres publics, lib ri püblici ; ce font le s aè tes d e s
tem s p a ffé s ôc d e s t ra n fa è iio n s g ard ée s , p a r a u to r it é
p u b liq u e . Voye^ le Diclionn. de Trévoux t. I .p . i5 o$.
V o y e z au fli A c t e s .
Livres d'églife ; ce font ceux dont on fe fert dans
les offices publics de la religion,' comme font le
pontifical, l’antiphonier, le graduel, le leètïonnaire,
le pfeautier, le livre d’évangile ,1e miffel, l’ordinal,
le rituel, le proceflîonal, le cérémonial, le bréviaire
; ôc dans I’églife grecque , le monologue,
l’euchologue, le tropologue, &c. Il y a aufli un livre
de paix qu’on porte à baifer au clergé pendant la
meffe : c’ eft ordinairement le livre des évangiles?
Livres de-plein chant ; font ceux qui contiennent
les pfeaumes, les antiennes, les répons & autres
prières que l’on charité & qui font notées.
Livres de liturgie ; ce font ceux qui contiennent,"
non toutes les liturgies de l’églife grecque, mais,
feulement les quatre qui font préfentement en ufage,
favoir les liturgies de S.Bafile, de S. Chryfoftome,
celle des Préfanûifiés, npoefy/açjueroy f & celle de faint
Jacques, qui n’a lieu que dans l’églife de Jérufalem,
& feulement une fois l’année. Voye{ Pfaff. Introd.
hifior. theolog. lib. IV. parag. 8. tom. III. pag. 287:
Dictionn.univ.de Trev.iom. III. pag. i5 oy. ^
Les livres d’églife en Angleterre qui étoient en
ufage dès le milieu du x. fiecle, étoient félon qu’ils
font nommés dans les canons d’Elsriç^ la Bible, le