tablemens, & autres ouvrages d’Architeûure ; de
ce marbre eft la plus grande partie du tombeau de M.
le Chancelier le Tellier, dans l’églife de S. Gervais
Le marbre de Margorre qui fe tire du Milanez, eft
fort dur & allez commun. Sa couleur eft d’un fond
bleu, mêlé de quelques veines brunes f couleur de
fer ; une partie du dôme de Milan en a été bâti.
Le marbre noir Sc blanc qui le tire de 1 abbaye de
Leff près de Dinant,a le fond d’un noir très-pur avec
quelques veines fort blanches. De ce marbre font les
quatre colonnes corinthiennes du maître-autel de 1 E-
glife des Carmélites du faubourg S. Jacques.
Le marbre de Barbançon qui fe tire du pays de
Hainaut, eft un marbre noir veiné de blanc, qui eft
affez commun. Les fix colonnes torfes compolites du
baldaquin du Val-de-Grace, l’architrave de corniche
corinthienne de l’autel de la chapelle de Cre-
qui aux Capucines, font de ce marbre. Le plus beau
eft celui dont le noir eft le plus noir, & dont les
veines fondes plus blanches & déliées.
Le marbre de Givet fe tire près de Charlemont,
fur les frontières de Luxembourg. Sa couleur eft d un
noir veiné de blanc, mais moins brouillé que le Barbançon.
Les marches du baldaquin du Val-de-Grace
font de ce marbre.
Le marbre de Portorfe tire du pié des Alpes , aux
environs de Carrare. Il en ell de deux fortes ; 1 un |
qui a le fond très-noir mêlé de quelques taches ÔC I
veines jaunes dorées, eft le plus beau ; 1 autre dont I
les veines font blanchâtres eft moins eftimé. On voir I
de ce marbre deux colonnes ioniques au tombeau de
Jacques de Valois, duc d’Angoulême , dans l’églife
des Minimes de la Place royale ; deux autres de même
ordre dans la chapelle de Roftaing de leglife^des
Feuillans rue S. Honoré ; plusieurs autres dans l’ap-
partement des bains à Verfailles , & plufieurs tables,
chambranles de cheminées, foyers, &c. au
même château , à Marly & à Trianon.
Le marbre de S. Maximin eft une efpece de por-
to r , dont le noir & le jaune font tres-vifs : on en voit
quelques échantillons dans les magafins du roi.^
Le marbre de ferpentin moderne vient d’Allemagne
, & fert plutôt pour des vafes & autres orne-
mens de cette efpece, que pour des ouvrages d’Architecture,
Le marbre verd moderne eft de deux efpeces ;
l’uneque l ’on nomme improprement verd d'Egypte,
fe tire près de Carrare fur les côtes de Gènes-Sa couleur
eft d’un verd foncé, mêlé de quelques taches
de blanc & de gris-de-lin. Les deux cuves rectangulaires
des fontaines de la Gloire, & de la Victoire
dans lebofquet de l’arc de triomphe à Verfailles , la
cheminée du cabinet des bijoux, & celle du cabinet
de monfeigneur le dauphin à S. Germain en Laye ,
font de ce marbre ; l’autre qu’on nomme verd de mer,
fe tire des environs. Sa couleur eft d’un verd plus
clair, mêlé de veines blanches. On en voit quatre
colonnes ioniques dans l’églife des Carmélites du
faubourg faint Jacques à Paris.
Le marbre jafpé eft celui qui approche du jafpe antique
; le p[usbeau eft celui qui en approche le plus.
Le marbre de Lumachello moderne vient d’Italie,
& eft prefque femblable à l’antique ; mais les taches
ai’en font pas fi bien marquées.
Le marbre de Breme qui vient d’Italie, eft d’un
fond jaune mêlé de taches blanches.
Le marbre occhio di pavone, oeil de paon, vient
auflid’Italie,& eft mêlé de taches blanches,bleuâtres,
& rouges , reffemblantes en quelque forte aux efpeces
d’yeux qui font au boutdes plumes de la queue
des paons ; ce qui lui a fait donner ce nom.
Le marbre porta J'anclaouJerena, de la porte fainte
ou feraine, elt un marbre mêlé de grandes taches &
de veines grifes, jaunes & rougeâtres : on en voit
quelques échantillons dans les magafins dif roi.
Le marbre fior di perfica , ou fleur de pêcher, qui
vient d’Italie, eft mêlé détachés blanches, rouges
& un peu jaunes : on voit de ce marbre dans les magafins
du roi.
Le marbre di Vefcovo, ou de l’évêque, qui vient
aufli d’Italie , eft mêlé de veines verdâtres, ttaver-
fées de bandes blanches, allongées, arrondies &:
tranfparentes.
Le marbre de brocatelle , appellé brocatelle d'Ef-
pagne, & qui fe tire d’une carrière antique de Tor-
tofe en Andaloufie, eft très-rare. Sa couleur eft mêlée
de petites nuances de couleurs jaune, rouge,'
grife, pâle & ifabelle. Les quatre colonnes du
maître-autel des Mathurins à Paris font de ce marbre
; ainfique quelques chambranles de cheminées à
Trianon, & quelques petits blocs dans les magafins
du roi.
Le marbre de Boulogne eft une efpece de brocatelle
qui vient de Picardie, mais dont les taches
font plus grandes, & mêlées de quelques filets rouges.
Le jubé de l’églife métropolitaine de Paris en
eft conftruit.
Le marbre de Champagne qui tient de la brocatelle
, eft mêlé de bleu par taches rondes comme
des yeux de perdrix ; il s’en trouve encore d’autres
mêlés par nuances de blanc & d e jaune pâle.
Le marbre de Sainte Baume fe tire du pays de
ce nom en Provence. Sa couleur eft d’un fond blanc
& rouge, mêle de jaune approchant de la brocatelle.
Ce marbre eft fort rare, & a valu jufqu’à 6o livres
le pié cube. Il s’en voit deux colonnes corinthiennes
à une chapelle à côté du maître-autel de l’églife du
Calvaire au Marais.
Le marbre de Tray qui fe tire près Sainte Baume
en Provence , reflemble affez au précédent. Sa couleur
eft un fond jaunâtre , tacheté d’un peu derou-_
g e, de blanc & d e gris mêlé. Les pilaftres ioniques
du fallon du château de Seaux, quelques chambranles
de cheminée au même château,& quelques autres
à Trianon, font de ce marbre.
Le marbre de Languedoc eft de deux efpeces ;
l’une qui fe tire près de la ville de Cofne en Languedoc
, eft très-commun. Sa couleur eft d’un fond
rouge , de vermillon fale, entremêlé de grandes veines
& taches blanches. On l’emploie pour la décoration
des principales cours, veftibules, périftiles ,
&c. Les retraites de la nef de S. Sulpice, l’autel de
Notre-Dame de Savonne dans l’églife des Auguftins
déchauffés à Paris , ainfi que les quatorze colonnes
ioniques de la cour du château de Trianon, font de
ce marbre ; l’autre qui vient de Narbonne, & qui eft
de couleur blanche, grife & bleuâtre, eft beaucoup
plus eftimé.
Le marbre de Roquebrue qui fetire à fept lieues
de Narbonne , eft à-peu-près femblable à celui du
Languedoc ; & ne différé qu’en ce que fes taches
blanches font toutes en forme de pommes rondes :
il s’en trouve plufieurs blocs dans les magafins du
roi.L
e marbre de Caen en Normandie, eft prefque
femblable à celui de Languedoc, mais plus brouillé,
& moins v if en couleur. Il fe trouve de ce marbre à
Vallery en Bourgogne, au tombeau de Henri de
Bourbon prince de Condé.
Le marbre de griotte, ainfi appellé, parce que
fa couleur approche beaucoup des griottes ou ce-
rifes, fe tire près de Cofne en Languedoc, & eft
d’un rouge foncé, mêlé de blanc fale ; le chambranle
de cheminée du grand appartement du roi à
Trianon, eft de ce marbre.
Le marbre de bleu turquin vient des côtes de
Gènes. Sa couleur eft mêlé de blanç fale, fujette à
jaunir & à fe tacher.De ce marbre font l’embaffement
du piédeftal de la ftatue équeftre de Henri IV. fur le
pont-neuf, & les huit colonnes refpe&ivement op-
pofées dans la colonnade de Verfailles.
Le marbre de Serancolin fe tire d’un endroit appellé
leVald'or, ou la vallée d'or, près Serancolin &
des Pyrénées en Gafcogne. Sa couleur eft d’un rouge
couleur defang, mêlé de gris, de jaune, & de
quelques endroits tranfparens comme, l’agate ; le
plus beau eft très-rare, la carrière en étant épüifée.
Il fe trouve dans le palais des tuileries quelques
chambranles de cheminées de ce marbre. Les corniches
& bafes des piédeftaux de la galerie de Verfailles
, le pié du tombeau de M. le Brun dans l’églife
de S. Nicolas du chardonnet, font aufli de ce marbre
: on en voit dans les magafins du roi des blocs
de douze pies, fur dix-huit pouces de groffeur.
Le marbre de Balvacaire fe tire au bas de Saint-
Bertrand , près Cominges en Gafcogne. Sa couleur
eft d’un fond verdâtre, mêlée de quelques taches
rouges, & fort peu de blanches : il s’en trouve dans
les magafins du roi. .
Le marbre de campan fe tire des carrières prés
Tarbes en Gafcogne, & fe nomme de la couleur qui
y domine le plus : il y en a de blanc, de rouge, de
verd & d’ifabelle, mêlé par taches & par veines. Ce-
lui que l’on nomme verd de campan eft d’un verdtres-
v i f , mêlé feulement de blanc , & eft fort commun.
On en fait des chambranles, tables, foyers, &c. Les
plus grands morceaux que l’on en ait, font les huit
colonnes ioniques du château de Trianon.
Le marbre de figuan qui eft d’un verd brun mêlé
de taches rouges, qui font quelquefois de couleur
de chair mêlée de gris , 6c de quelques filets
verds dans un même morceau ; il reflemble affez au
moindre campan verd. Le piédeftal extraordinaire
de la colonne funéraire d’Anne de Montmorency,
Connétable de France, aux Céleftins ; les piédeftaux
, focles & appuis de l’autel des Minimes de la
Place royale, & les quatre pilaftres corinthiens de la
chapelle de la Vierge dans l’églife des Carmes dé-
chauffés à Paris, font de ce marbre.
Le marbre de Savoie qui fe tire du pays de ce
nom, eft d’un fond rouge, mêlé de plufieurs autres
couleurs, qui femblent être maftiquées De ce marbre
font les deux colonnes ioniques de la porte de
l’hôtel-de-ville de Lyon.
Le marbre de gauchenet qui fe tire près de D înant,
eft d’un fond rouge brun, tacheté, & mêlé
de quelques veines blanches. On voit de ce marbre
quatre colonnes au tombeau du cardinal de Biraque,
dans l’églife de la Culture fainte Catherine; quatre
aux autels de faint Ignace & de faint François X avier
, dans l’églife de faint Louis des peres Jéfuites,
rue faint Antoine ; fix au maître-autel de l’églife de
faint Euftache ; quatre à celui de l’églife des Cordeliers
, & quatre au maître-autel de l’églife des
Filîes-Dieu, rue faint Denis, toutes d’ordre corinthien.
Le marbre de Leff, abbaye près de Dînant, eft
d’un rouge pâle, avec de grandes plaques & quelques
veines blanches. Le chapiteau du fanôuaire
derrière le baldaquin du Val-de-grace à Paris , eft
de ce marbre.
Le marbre de rance qui fe tire du pays de Hainaut
, & qui eft très-commun, eft aufli de différente
beauté. Sa couleur eft d’un fond rouge fale, mêlé
de taches , & de veines bleues & blanches. Les plus
grands morceaux que l’on en ait à Paris, font les fix
colonnes corinthiennes du maître-autel de l’églife de
la Sorbonne. On en voit à la chapelle delà Viergede
la même églife , quatre autres de même ordre & de
moyenne grandeur ; & huit plus petites aux quatre
autres petits autels. Les huit colonnes ioniques de la
clôture de faint Martin des champs , les huit compo-
fites aux autels de fainte Marguerite, & de faint Ca-
fimir dans l’églife de faint Germain des Prés , font de
ce marbre. Les plus beaux morceaux que l’on en
v o it , font les quatre colonnes & les quatre pilaftres
françois de la galerie de Verfailles, les vingt-quatre
doriques du balcon du milieu du château ; ainfique
les deux colonnes corinthiennes de la chapelle de
Créqui aux Capucines.
Le marbre de Bazalto a le fond d’un brun clair &
fans tache , avec quelques filets gris feulement,
mais fi déliés, qu’ils reffemblent à des cheveux qui
commencent à grifonner : on en voit quelques tables
dans les appartemens du Roi.
Le marbre d’Auvergne, qui fe tire de cette province
, eft d’un fond couleur de î ofe , mêlé de violet
, de jaune & de vert ; il fe trouve dans la piece
entre la falle des ambaffadeurs & le fallon de la grande
galerie à Verfailles, un chambranle de cheminée de
ce marbre.
Le marbre de Bourbon , qui fe tire du pays de ce
nom, eft d’un gris bleuâtre & d’un rouge fale, mêlé
de veines de jaune fale. On en fait communément
des compartimens de pavé de fallons , veftibules,
périftiles , &c. Le chambranle de la cheminée de la
falle du bal à Verfailles, & la moitié du pavé au
premier étage de la galerie du nord, de plain pié à
la chapelle, font de ce marbre.
Le marbre de Hon, qui vient de Liege, eft de
couleur grifâtre & blanche, mêlé d’un rouge couleur
de fang. Les piédeftaux, architraves & corniches du
maître autel de l’églife de S. Lambert à Liege, font
de ce marbre.
Le marbre de Sicile eft de deux efpeces ; l’un que
l’on nomme ancien, & l’autre moderne. Le premier
eft d’un rouge brun, blanc & ifabelle , & par taches
quarrées & longues , femblables à du taffetas rayé ;
les couleurs font très-vives. Les vingt-quatre petites
colonnes corinthiennes du tabernacle des PP. de l’Oratoire
rue faint Honoré > ainfi que quelques morceaux
de dix à douze piés de long dans les magafins
du R o i, font de ce marbre. Le fécond , qui feffem-
ble à l’ancien, eft une efpece de breche de Verone ;
voye^ ci- après. On en voit quelques chambranles &
attiques de cheminée dans le château, de Meudon.
Le marbre de Suiffe eft d’un fond bleu d’ardoife,
mêlé par nuance de blanc pâle.
Des marbres de breche moderne. La breche blanche
eft mêlée de brun , de gris, de v io le t, & de grandes
taches blanches.
La breche noire ou petite breche eft d’un fond
gris , brun, mêlé de taches noires & quelques petits
points blancs. Le focle & le fond de l’autel de Notre-
Dame de Savonne , dans l’églife des PP. Auguftins
déchauffés à Paris, font de ce marbre.
La breche dorée eft mêlée de taches jaunes &
blanches. Il s’en trouve des morceaux dans les magafins
du Roi.
La breche coraline ou ferancoline a quelques taches
de couleur de corail. Le chambranle de la principale
piece du grand appartement de l’hôtel de
Saint-Pouange à Paris , eft de ce marbre.
La breche violette ou d’Italie moderne a le fond
brun, rougeâtre, avec de longues veines ou taches
violettes mêlées de blanc. Ce marbre eft très-beau
. pour les appartemens d’été ; mais fi on le néglige &
qu’on n’ait pas foin de l’entretenir, il pafle , fe jaunit
, & eft fujet à fe tacher par la graiffe , la cire, la
peinture , l’huile, &c.
La breche ifabelle eft mêlée de taches blanches
violettes & pâles, avec de grandes plaques de couleur
ifabelle. Les quatre colonnes doriques ifolées
dans le veftibule de l’appartement des bains à Verfailles
, font de ce marbre.