
rateur porte'alors l’etftrénmé de la gaître du lithotomt
caché dans la cannelure de la fonde ; il en tient Je
manche avec ia main gauche , puis en faifant glifler
le bec du lithotome le long de ia cannelure fous l ’os
pubis , il introduit fon infiniment dans la veille, 6c
en retire la fonde qui n’eft plus d’aucune utilité. Il
faut reconnoître la pierre ; & fuivant le volume dont
on la juge , on réglé , par le manche de l’inftrumentj
la grandeur .de l’incifion dont on croit avoir befoin.
Ces choies étant ainli dilpofées , on porte le dos de
la gaine du lithotomt fous l’arcade du pubis : on ouvre
l’inllrument, & on le retire tout ouvert jufqu’au
dehors, en conduifant le tranchant de la lame fuivant
la direction de l’inciiion extérieure. Les parties font
coupées bien net ; l’introduâion' des tenettes fe fait
facilement * 6c l’on achevé l’opération par l’extraction
de la pierre.
Voilà ce que l’auteur dit de fa maniéré d’opérer,
à laquelle il attribue de grands avantages, il jugé
avec r3Übn que la plus grande perfe&ion de l’opération
de l.a taille confifte à débrider entièrement &
nettement le trajet par où il faut extraire la pierre,
6c il prétend que l’ouverture de fon infiniment,
qu’il croit pouvoir proportionner au volume différent
des pierres * fa it , avec toute la précifion poffi-
b le * le degré convenable d’incifion , enforte qu’elle
n’a point les inconvéniens du déchirement &c de la
contufion , dont les fuites peuvent être fi funefles
dans l’opération du grand appareil, 6c qu’elle eft aufîi
moins douloureufe , puilqu’on peut tirer le corps
étranger fans violence par la voie libre qu’on a ouverte.
Le grand appareil éfi certainement une méthode
très-imparfaite , comme nous le démontrons au mot
T a il l e : il a de très-grands inconvéniens, même
par la maniéré dont fe fait la coupe extérieure, que
l’auteur du lithotomt caché a retenue. Il fe propofe
d’obtenir, par l’incifion que fait ce nouvel inftru-r
ment, les avantages de la taille latérale dans laquelle*
en ouvrant une voie .libre à la pierre ,■ on évite autant
qu’il eft poflible la contufion de ces parties délicates
, qui font néceffairement déchirées 6c meurtries
dans le grand appareil. C ’eft principalement du
bourrelet que la proftate forme au col de la vefiîe ,
que dépend là plus grande difficulté de l’extraélion
de la pierre dans l’opération du grand appareil. Dès
qu’on a incifé la proftate, il n’y a plus d’obftacle : la
plaie forme un triangle dont la bafe eft aux tégumens,
&c la pointe au col de la veffie. Voyons d’après ces
principes, admis par l’auteur même du lithotomt caché
, fi cet inftrument a les avantages qu’il lui fup-
pofe.
Nous adoptons volontiers qu’il faut ouvrir une
voie aifée aux pierres * pourvu qu’on n’entende pas
que l’incifion doive fe faire fans égard aux parties
qui peuvent être intéreflees fans danger, & à celles
qu’il eft à propos de ménager. L’Anatomie doit être
conftammentle flambeau de la Chirurgie & le guide
de fes opérations. La plus grande incifion doit être
bornée intérieurement à lafeâion delà proftate , &
s’étendre jufqu’au corps de la veffie exclufivement.
C ’eft un dogme très-dangereux que de recommander
vaguement une plus grande incifion à l’extérieur
pour les grofles pierres que pour celles d’un volume
moyen. Il faut compter fur la fouplefle des parties ;
& dès qu’on convient qu’il n’y a que le corps de la
proftate qui refifte, ce n’eft que la proftate qu’il faut
attaquer. Les incifions graduées du lithotomt caché
ont fait illufion à fon auteur , & féduit ceux qui
n’envifagent les objets que d’une vue fupérficielle ;
mais la raifon & l’expérience ea démontrent également
le danger à ceux qui jugent d’après un examen
réfléchi. Le lithotomt ouvert à cinq degrés peut fendre
entièrement la proftate, 6c donner le même réfit
liât que la taille latérale ; pourquoi donc fe fervi-
roit-on de cet inftrument à un plus grand degré d’ouverture
? ce ne fera pas pour faire une plus grande
coupe extérieure : car il feroit abfurde d’ouvrir une
grande lame tranchante dans l’intérieur de la veffie»
pour couper les tégumens 6c les parties qui font en
deçà de fon col. S’il s’agit uniquement de couper la
proftate * on le fait avec bien de la fureté par le de*
hors * en gliflant. un inftrument tranchant, tel que
le lithotomt de Chefelden, le long de la cannelure de
la fonde. Le nouveau Lithotomt ne doit couper que la
proftate * & nous avons vu qu’il le pouvoit faire au
n°. 5 • Quel eft donc le but qu’on fe propofe en ouvrant
cet inftrument jufqu’au n°. r 3 ©u au n°. 15?
Ce ne peut être que dans la vue de couper des parties
plus éloignées, où d’entamer plus profondément
celles qui le feroient moins par un moindre degré
d’ouverture de la lame du lithotomt. Mais l’incifion
portée plus haut que le col de la veffie /fera dange*
reufe & toutà-fait inutile pour l’extradion de la
pierre ; fi on entame plus profondément, on coupera
les véficules féminales 6c le reôum , & des vaiffeaux
dont l’hémorrhagie fera périr les malades. Voilà les
dangers de cette pratique : la raifon les fait fentir :
des épreuves réitérées fur les cadavres nous les ont
fait appercevoir ; 6c les opérations fur le vivant ne
les ont que trop confirmées. En appréciant ainfi la
valeur des chofes, fans confidérer le prix que le haf-
fard & l’opinion ont pu y mettre , nous fervons l’hu*
mamté , bien fîirs d’ailleurs que les perfonnes les plus
prévenues aujourd’hui nous fawroient quelque jour
mauvais gré de la complaifance que nous aurions
eu de nous être trop prêtés à leur préoccupation.
L’avantage qui a le plus frappé dans le nouvel
inftrument, c’eft l’invariabilité de fon effet: onaffure
que le lithotomt ouvert au degré qu’on juge convenable
, fait avec précifion 6c certitude la feétion, de
meme qu’un compas fait fûrement le cercle qui doit
refulter de l’ouverture donnée de fes branches, foit
qu’une main habile le conduife ou qu’une maladroite
le dirige. De-là on a conclu que le nouveau lithotomt
pouvoit être mis avec confiance entre les mains de
toute forte de chirurgiens de diftérens degrés de génie
& d’adreffe, que tous feront uniformément la
même opération fans crainte de manquer de précifion
; qu’elle fera auffi parfaitement exécutée par
l’homme qui a le moins d’expérience, que par le li-
thotomifte le plus confommé. Ce font les propres
expreffions de ceux qui ont loué le nouveau lithotomt
; mais ont-ils affez réfléchi à la comparaifon
qu ils en ont faite avec un compas ? L ’une des pointes
du compas eft fixe, & l’endroit fur lequel elle
porte fera invariablement le centre du cercle que
l’autre branche doit tracer. Il n’en eft pas de même
de la main d’un chirurgien , laquelle n’ayant pas de
point fixe dans cette opération, peut, par une incli-
naifon du poignet filegere qu’on ne pourroit s’en appercevoir,
faire beaucoup de mal avec une lame tranchante
qui a quatre pouces &demi de long.Pour établir
l’invariabilité de la précifion qu’on dit réfulter
de l’ufage de cet inftrument, il faudroit que les mêmes
parties fuffent toujours coupées par le même
écartement de la lame ; mais la lame portée plus ou
moins profondément dans la veffie , fait varier la
coupe au point que nous avons v*û dans quelques cas
l’incifion moins grande au n°. 15 & au n°. 1 3 , que
dans d’autres tailles , avec les noS. 7 & 9. De plus y
l’efpace plus ou moins grand de l’intérieur de la veffie
6c la difpofition variée de cet organe 6c des parties
circonvoifines, font que l’inftrument dans la même
direftion n’a point les mêmes rapports avec les parties
furlefquelles il doit agir. La lame tranchante ouverte
au n°. 9 , par exemple, pourra ne pas bleffer
une veffie fpacieufe ; & qui peut douter qu’à ce mê^
ïùe numéro elle ne doive faire une plaie très-dange-
reufe fur une veffie étroite 6c raccourcie ? Cependant
l’ouverture de l’inftrument ne fe mefure pas fur le
plus ou le moins de capacité de la veffie : c’eft le
volume de la pierre qui eft la réglé de l’écartement
qu’on donne à la lame tranchante ; 6c malheureufe-
ment ce font ordinairement dans des.veffies étroites
que fe trouvent les plus groffes pierres. Enfin, pour
revenir à la comparaifon fi défeéhieufe d’tin compas
& dulithotome, en traçant lin cercle, c’eftle compas
lui-même qui fixe 6c affujettit la main; & dans le cas
delà lithotomie,c’eft la main qui conduit l’inftrument.
Le troijitme yôlumt dts mémoires de i academie royale
de Chirurgie rapporte les expériences qui ont fervi à
porter ce jugement du nouveau lithotomt.
La lithotomie des femmes a fait l’objet de recherches
particulières qui m’ont conduit à une nouvelle
méthode de leur faire l’opération : j’ en parlerai au
mor T a il le . Je vais donner ici la defeription démon
lithotomie , ou inftrument fpécialement deftine a ma
méthode, qui confifte à ouvrir l’uretre par deux fec-
tions latérales.
Î1 a deux parties, dont l’une eft le biftouri ou lithotome
, voyt{ PI. XK. fig. f , 6c l’autre un étui ou
chappe dans laquelle rmftrument tranchant eft ca-
■ ché, ibtdet n ,f ig .2 .ô , g H W Ê Ê Ê I -
Le biftouri eft compofé d’une lame 6c d une queue
ou foie : la lame eft longue de deux pouces & demi :
les côtés font bien tranchans , 6c la pointe moufle.
Sa largeur eft différente, fuivant les différens fujets :
elle eft de dix lignes pour les plus grands , 6c de fix
pour les enfans. La queue ou foie a quatre pouces &
demi de long, en y comprenant la piece de pouce
faite en coeur ou en treffle : la tige de cette queue a
une crête dans toute fa longueur à fa face fupérieure.
La fécondé partie de l’inftrument que j’ai nommée
la chappe, eft faite de deux pièces jumelles qui join-
.tes enfemble forment une caifle de la même configuration
que la lame du biftouri ; cette chappe eft vue
■ de profil ,fig. 6 . Chacune des pièces qui la composent
eft terminée par un bec de deux pouces & demi
de long > 6c s’ unit en un bouton olivairc pour former
conjointement une fonde ou cannule ouverte latéralement
pour le paflage de l’inftrument tranchant,
fig .4 . A.^extrémitéoppofée la chappe fournit,avec le
concours des deux p ièces, un allongement quadran-
gulàire long de douze k quatorze lignes, dans lequel
paffe la foie du lithotomt ; il y a une rainure en dedans
de la partie fupérieure pour loger la crête de
la tige du lithotomt y & un petit reffort au-deffous de
l ’avance qui tient à la plaque inférieure , pour gener
un peu cette tige , afin qu’elle ne glifle pas d’elle-
inême, & que-le lithotomt foit contenu lors même
qu’on ne la foutient pas, lorfque l’incifion eft faite
61 qu’on porte les tenettes dans la veffie.
Chaque piece de la chappe a encore des particularités
qui la diftinguent. La piece fupérieure a extérieurement
fur fon milieu une crête pour fervir de
conducteur aux tenettes ; la pieceSupérieure ,j%. 5,
a dans, fon milieu un anneau auquel eft foudé une
piece de pouce, 6c l’on voit fur fes côtés les têtes
de vis qui unifient les deux lames de la chappe. Cet
inftrument eft d’argent, 6c la lame d’acier. Nous expliquerons
fes avantages à l'article T a i l l e , opération
.de Chirurgie. ( T )
LITHOTOMIE, f. f. terme de Chirurgie, opération
par laquelle on tire la pierre de la veffie. Koyt{ l’étjr-
mologie de ce terme au mot L i t h o t o m e , & le détail
des différentes maniérés de.pratiquer la lithotomie
au mot T aille , opération de Chirurgie. ( Y')
L IT H O X Y L O N , f. m. (Hifi. nat.)nom donné
par pluficurs naturaliftes au bois pétrifié.
LITHROS, ( Géog. anc. ) montagne de la petite
Arménie, félon Strabon* liv. X I l , pag. 56G. Orte-
' Tome IX.
lius en a fait une ville , faute d’avoir entendu le paf-
fage de cet ancien géographe. ( D . /. )
LITHUANIE, (Géog. ) les Allemands nomment
la Lithuanie y Lithaw } quelques écrivains du moyen
âf>e l’appellent en latin* Lithaviay Litavia, & les habita
ns," Lithavi ou Litavi. Ils ont remplacé les anciens
Gelons, qui faifoient partie des Scythes.
C ’eft un grand pays de l’Europe , autrefois indépendant
, 6c préfentement uni à la république & à
la couronne de Pologne, avec titre de grand duché.
Il a environ 150 lieues de long, & 100 lieues de
large ; il eft borné au nord par la L ivonie, la Cour-
lande , 6c partie de l’empire Ruffien ; a l’orient par
le même empire ; au fud-eft & au midi par la Ruffie
polonoife ; au couchant par les palatinats de Lu-
blin & de Poldaquie, le royaume de Pruffe, & la mer
Baltique.
Hartnoch nous a donné en latin la defeription de
ce pays fi long-tems inconnu ; mais fon ancienne
hiftoire eft enlevelie dans la plus profonde obfcu-
rité...
Nousjavons feulement en général que les ducs
de Ruffie fubjuguerem la Lithuanie dans les fiecles
barbares , 6c l’obligerent à lui payer un tribut qui
confiftoit en faifeeaux d’herbes, en feuilles d’arbres,
& e n une petite quantité de chauflùres faites d’écorces
de tilleul. Ce tribut parut rude aux Lithuaniens,
apparemment par la maniéré dure dont on le levoit ;
car il n’étoit pas difficile à payer. Quoi qu’il en foit,
leur chef Ërdivil prit les armes , fecoua le joug, fe
rendit maître d’une partie de la Ruffie en 1 1 1 7 , &
exigea des Rufles le même tribut que la Lithuanie
leur payoit précédemment.
Ringeld , un des fuccefleurs d’Erdivil, ayant
pouffé fes conquêtes dans la Pruffe, dans la Mazo-
v ie , & dans la Pologne, prit le titre de grand duc de
Lithuanie. Mendog qui fuccéda à Ringeld, marcha
fur fes traces; mais à la fin les pillages continuels
qu’il faifoit fur fes voifins * attirèrent leur haine, &
les chevaliers Teutoniques profitant des circonftan-
ces favorables, l’attaquerent fi vivement, que Mendog
pour fauver fes propres états, fe déclara chrétien
, & fe mit avec fon duché fous la prote&ion
d’innocent IV. qui tenoit alors le fiége de Rome.
Ce pontife qui venoit de déclarer de fa propre autorité
* Haquin roi de Norwégue, en le faifant enfant
légitime * de bâtard qu’il étoit, n’héfita pas de
protéger Mendog, & voulant imiter en quelque maniéré.
la grandeur de l’ancien fénat romain , il le
créa roi de Lithuanie , mais roi relevant de Rome.
« Nous recevons, dit-il, dans fa bulle du 15 Juillet
» 1 1 5 1 , ce nouveau royaume ae Lithuanie, au droit
» & à la propriété de Saint Pierre, vous prenant
» fous notre prote&ion, vous , votre femme, & vos
» enfans ».
Cependant la Lithuanie ne fut point encore un
royaume, maigre l’ereftion du pape. Mendog meme
abandonna bientôt le Chriftianifme, 6c reprit la
Courlande fur les chevaliers Teutoniques aôoiblis.
Les fuccefleurs de Mendog maintinrent fes conquêtes
, & les étendirent.
L’un d’eu x, Jagellon s’étant rendu redoutable à
la Pologne, 6c. craignant les viciflitudes de la^ fortune
, offrit aux Polonois de recevoir le bapteme ,
6c d’unir à ce royaume le duché de Lithuanie, en
époufant la reine Hedwige. Les Polonois acceptèrent
fes offres ; Jagellon fut baptifé à Cracovie le 12
Février 1386. Il prit le nom d’UIadiflas , époufa
Hedwige, 6c fut proclamé roi de Pologne : par ce
moyen la Lithuanie fut unie à la Pologne, & le Pa-
ganifme qui avoit régné ,jufqu’au teins de Jagellon
en Lithuanie y peut-être plus fùpcrftitieufement que
chez aucun peuple du monde, s’abolit infcnfibler