
H O N Rodolphe de Habsbourg donna l’ihvefliturè de jà
Hongrie à fdn fils Albert d’Autriche, comme s'il
eût donné un de Tes fiefs ordinaires 5 mais , en
1308 , le pape BonifaceVIIl donna ce royaume
au prince Carobert f fils de Charles Martel , fou-
tenu de fon parti 8c de fon épée. La Hongrie fous
lui devint plus puiflante que les empereurs, qui.
la regardoient comme ùn fief ; Carobert reunit
à fes états la Dalmatie, la Croatie, la Servie,
la Tranfylvanie, la Moldavie, provinces qui furent
démembrées du royaume dans la fuite des
tems.
Le fils de Carobert nomme Louis s accrut encore
la puiffance de fon. royaume ; il s’acquit une vraie
gloire, car il fut jufie & fit de fages lois. Ce prince
cultivoit la géométrie & l’aftronomie ; il prote-
gèôit les autres arts : c’eft a cet efprit philofophi»
que , fi rare alors , qu’il faut attribuer 1 abolition
que lui dut la Hdnerie , des épreuvesVuperftitieu-
fes du fer ardent 8c de l’eau bouillante ; fuperfti-
tions d’autant plus accréditées que les peuples
étoient plus grofiiers. Un roi qui connoinoit la
faine raifon , étoit un prodige dans ces climats : la
valeur de Louis fut égale à les autres qualités ; fes
fujets le chérirent, les étrangers 1 admirèrent; les
Polonois , fur la fin de fa vie , l’élurent pour leur
roi en 1370. Il régna heureufement 40 ans en Hongrie
, & 12 ans en Pologne ; les peuple^ lui donnèrent
le nom de Grand, dont il étoit digne : cependant
il eft prefque ignoré en Europe; il n’avoit
pas régné fur des hommes qui füflent tranfmettre
: la gloire aux nations. . ■ r , ‘
Il étoit fi aimé, qu’après fa mort les Hongrois
élurent en 1382 fa fille Marie , qui n’étoit pas
encore nubile, 8c l’âppellèrent Marie-Roi, titre
qu’ils ont renouvelé de nos-jours pour la fille du
dernier empereur de la maifon d’Autriche/Sigif-
xnond époufa Marie, fut a-la-fois empereur, roi
de Bohême & de Hongrie ; mais en Hongrie , il
fut battu par les Turc s , & mis une fois* en pri-
fon par fes fujets révoltés ;- en Bohême, il fut
prefqûe toujours en guerre contre les Hufîites;
& dans l’empire , fon autorité fut fans cefie contre
balancée par les privilèges des princes 8c des
villes.
En 1438, Albert d’Autriche , gendre de Sigif-
mond, devint le premier prince de la maifon d Autriche
, qui régna'fur la- Hongrie ; mais quoique;
fon règne ait été fort court, il fut la fource des
divifions inteftines , qui, jointes aux irruptions des
Turcs, dépeuplèrent la Hongrie, & en firent une des
plus malheureufes contrées de la terre. La guerre
civile entre les peuples & les nobles qui fuiyit les
règnes des Ladiflas 8c des Corvins, affoiblit encore
prodigieufement ce royaume ; il ne fe trouva
plus en état de réfifter aux Turcs; l’armée hon-
grcife fut entièrement détruite par celle de Soli-
• man à la célèbre journée de Mohats en 15 2ô. Leur
roi LouisII, dit le jeune, beau-frère de Charles
y fur tué? & Solinjan vainqueur, parcourut
HO N tout Ce royaume défolé, dont il emmena plus de
deux cent mille captifs.
« En vain, dit M. de 'Voltaire , la nature a placé
« dans ce pays des mines d’or 8c d’argent, 8c les
w vrais tréfors, des bleds & des vins ^ en vain elle
» y forma des hommes robufies , bien faits, fpiri-
» tuels ! On ne voyoit prefque plus qu’un vafte dé-
» (en, des villes ruinées, des campagnes dont on
» labouroit une partie les armés à la main, des vil-
n lages creufés fous terre, où les habitans s’enfeve-
» liffoient avec leurs grains & leurs beftiaux, une
» centaine de châteaux fortifiés, dont les poffef-
» feurs difputoient la fouveraineté aux Turcs 8c
» aux Allemands ».
Les empereurs de la maifon d’Autriche devinrent
enfin rois de Hongrie ; mais le pays dépeuplé
; pauvre, partagé entre la faâiori catholique
8c la proteftante, 8c entre plufieurs partis, fut
à - la - fo is occupé par les armées turque & allemande.
C’eft ce quon vit fous tous les empereurs
de cettè maifon : fous Léopold , élu en 1655,
la haute Hongrie & la Tranfylvanie, furent le
théâtre fanglant des révolutions, des guerres & des
dévaluations. Les Hongrois voulurent défendre
leurs libertés contre cet empereur , qui ne connut
que les droits de fa couronne : il s’en fallut peu que
le fang des feigneurs hongrois répandu à Vienne
par la main des bourreaux, ne coûtât Vienne 8c
l’Autriche à Léopold, & à fa maifon ; le jeune
Emerick Tek e li, ayant à venger le fang de fes
parens 8c de fes amis, fouleva une partie de la
Hongrie, & fe donna à Mahomet IV. Le fiège
étoit déjà devant Vienne en 1683 , lorfque Jean
Sobieski, roi de Pologne, Charles V , duc de Lorraine,
& les princes de l’empire eurent le bonheur
de le faire lever, de repouffer les Turcs 8c de délivrer
l’empereur. ' V- . '
L’archiduc Jofeph fon fils fut couronné roi de
Hongrie en 1687, héréditairement pour lui 8c la
maifon d’Autriche , qui a fini en 1740 dans la perr
fonne de Charles VI.
Ce qui reftoit de fes dépouilles après fa mort
fut près d’être enlevé à fon illuftre fille i 8c partage
entre plufieurs puiffances; mais ce qui devoit
l’accabler , fervit à fon élévation. La maifon d’Autriche
renaquit de fes cendres : la Hongrie , qui
n’avoit été pour fes pères qu’un éternel objet de
guerres civiles, de réfiftances 8c de punitions, devint
pour elle un royaume uni, affeâionné, peuplé
de fes défenfeurs. Reine de tous les coeurs ,
par une affabilité que fes ancêtres avoient rarement
exercée, elle bannit cette étiquette qui peut rendre
le trône odieux , fans le rendre plus refpeéta-;
ble ; elle goûta le plaifir & la gloire de faire nommer
empereur fon époux, 8c de recommencer une
nouvelle maifon impériale. - , ;
Les états de Hongrie font compofés de quatre
daffes ; favoir :
- i°. Les prélats, les abbés, dont le plus confi-
dérable eft celui de Saint-Martin, qui ne relève
H o N hue du pape -, les grands prévôts du chapitre de
Saint-Martin, & de Presbourg, celui de 1 ordre
des Prémontrés, &c. caries Paulins (ordre des
Minimes), les Prémontrés & les Jefmtes font auth
■ réputés états du royaume; ils ont féance oc voix
aux diètes avec les Magnats. * .
a0. Les grands barons du royaume, les petits
barons 8c les comtes,
30. Les nobles.
4°. Les villes: g
La diète du royaume fe convoque a Presbourg,
par lettres royales tous les trois ans, lorfque l’iutê-
rêt du royaume, ou plutôt celui du roi, paroit
l’exiger. Ces états affemblés expofent au roi l’état
. des affaires, 8c le roi y répond par^ quelques pro-
. pofitions concernant l’avantage général auxquelles
. ils donnent leur confentement.
La chancellerie de la cour de Hongrie , dite la
bouche & la main du roi, fiège a Vienne. La lieutenance
royale, ou confeil du lieutenant de roi
eft à Presbourg. Le tréfor royal eft partagé en
deux chambres, l’une pour la Hongrie, 1 autre
pour les mines ; la première chambre fiège à Pref-
. bourg, 8c veille fur les domaines 8crevenus de la
couronne, 8cc. La chambre des mines eft à Crem-
nitz; elle a infpedion furies villes minières, rela-
. rivement aux mines 8c aux monnoies.
Les revenus publics confiftent~en contribution,
dont la nobleffe eft exempte, en péages , produits
. des mines 8c des falines , en ce qui eft du domaine
du fife royal. La Hongrie fut taxée en 1764, à
4,700,000 florins. En 1744 , produit des mines
, fu t, tous frais faits , de 2429 marcs d’or fin,
pour le compte de la cour 8c des maîtrifes, 8c de
. 92,261 mares d’argent.
La Hongrie peut mettre aifément 100,000 hommes
fur pied, dont moitié a la folde, 8c l’autre
moitié eft fournie par les différentes provinces,
non compris le contingent des royaumes incorporés.
D ’après une ordonnance de 1741 , les hou-
lards à pied , ou heyduckes , forment l’infanterie ,
8c les houffards la cavalerie.
Quant- à l’adminiftration de la juftice en matière
civile, elle fe fait au nom du ro i, d’après
les lois du royaume, 8c félon la différente condition
des jufticiables. Les procès fe portent du
tribunal des petites villes à celui des comtés, ou
au tribunal des feigneurs fous la jurifdiéfion def-
quels tel lieu fe trouve.- Dans les villes on plaide
èh première inftance par-devant le juge du lieu,
8c en fécondé inftance l’affaire eft portée au fénat,
d’où on peut appeler.au tréforier, ou au préfident
delà table royale de juftice.
Les jurifdidions inférieures des nobles fiègent
dans chaque comté, chez le feigneur du lieu, pour
ce qui regarde les perfonnes du commun ; quant aux
; gentilshommes, ce font les juges des nobles 8c le
• vicomte qui connoiffent de leurs affaires,, 8c de-là
à la table royale & à celle des fept. La jurifdi&ion
moyenne des nobles connoît des affaires entre
B O N ? deux ou plufieurs comtés. De ce tribpiwl les califes
fônt portées à la table royale 8c à celle des
fept. La jurifdidion fijpérieure des nobles fiège à
Prefth, 8c fe divife en table royale 8c en table des
fept. Cette table a étéainfi nommée du nombre des
juges qui la compofoient. Aujourd’hui il s’y trouve
dix-huit afleffeurs , parmi lefquels font cinq évêques
, fept magnats , & fix du corps d é • la ho-
bleffe. Elle reçoit tout ce qui lui eft adreffé par la
chambre roy ale, 8c le reéiifie, fi cela eft nécefi-
fairc. La jurifdidion eccléfiaftique s’exerce dans
chaque évêché 8c chapitre, d’où les: affaires pafi*
fent fuccefiivement à l’archevêché qui juge en dernier
reffort de toutes les affaires eccléfiaftiques »
en vertu d’un édit de Jofeph II. Le même empereur
vient d’anéantir la fervitüdedans ce royaume,
ainfi que dans la Bohême. Ce grand prince ne
veut plus de ferfs dans fes états, mais des hommes
8c des hommes libres. Il a auffi, diminué le
nombre prodigieux des couvents ,-8c a affujeti
les chefs d’ordres à la dépendance de l’archevêque
, en prohibant, fous les peines les plus
févères , toutes efpèces d’appel ou de correfpon*
dance avec la cour de Rome. Bude eft la capitale
de toute la baffe Hongrie, 8c Presboug de la haute.
Longit. 35— 47 ; latit. 45— 49, 15. ( Article de
M. M a s soi* d e M o r v i l l ie r s . )
H O N ITO N , gros bourg d’Angleterre, en De-
vôn-shire : il envoie deux députés au parlement,
8c eft à 4 li. d’Excefter, 42 f. o. de Londres. Long.
14 , 18; lat. 50., 42. (R .)
H ONNECOURT, gros bourg de France, en
Picardie, au diocèfe de Noyon, auprès de l’abbaye
de Honnecourt.
Honnecourt, en Vermandois , Hunnicurla
Hunnonis curia, château 8c abbaye de Bénédictins ÿ
fur l’Efcaut, aux confins de l’Artois 8c dû Cam-
brefis , à 4 li. de \Jambray, 1 du Catele't, fondée
en é6 o , fous le règne de Philippe de Valois. On
trouva fous un marbre du vieux cloître de cette
abbaye, une cafaque d’armes, garnie de lames d’or
8c de pierres précieufes, une croix émaillée à l’an-,
tique, un heaume d’or 8c d’argent, avec une tablette
d’or à la tête du cadavre, qui" portoit ces
mots : Odo Kajl. Kamb. H. u4. Re(l. ,'que l’on a
rendus ainfi : Odo Cajlellanus Cameracenfis hujus
Abbat'uz rejlitutor.
. La feigneurie de Honnecourt eft à la mai-;
fon de Lànnoy. C e ; lieu eft connu par la fan-
glante journée de Honnecourt, où , le 26 mai
1642, le maréchal de la Guiche fut battit par les
Efpagnols. (R .)
HONOLSTEIN, petite ville 8c baîllage d’Allemagne
, dans l’éledorat de Trèyes. Long. 2 4 ,4 0 ;
lat. 49, 48.
HONORÉ ( Saint ) , abbaye de Bénédiflines ;
à Tarafcon.
H O N SCO T T E , Pleuniofia, petite ville de la
Flandre Françoife , généralité de Lille, au diocèfe
dTpres, à 2 li, de Bergues 8c de Fûmes, :