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MEURTE ( la ) , rivière de Lorraine. Elle prend
îa fource dans les montagnes de Vofges , aux
frontières de la haute-Alface. Elle fe jète dans la
Mofelle, à trois lieues au-defl'ous de Pont-à-Mouf-
fon. (/?.)
MEUSE ( la ) , Mo fa , grande rivière qui prend
fa fource en 1*rance, dans la Champagne , au
Bafligny, auprès du village de Meule ; fon cours
eft d’environ 120 lieues. Elle palTe dans les évêchés
de Toul & de Verdun, par la Champagne, le Luxembourg
& le comté deiNamur; enfuite après
avoir arrofé l’évêché de Liège , le Brabant, une
partie des Provinces-Uuies , & avoir reçu le Wa»
hal au-deffous de l ’île de Bonamel, elle prend le
nom de Mèruwe , & fe perd dans l’Océan entre la
Brille & Gravefen. Elle eft très poiffonneufe.
On nomme vieille Meufe, le bras de la Meufe
cpii fe fépare de l ’autre à Dordrecht, & s’y rejoint
enfuite vis-à-vis de Vlaerdingen. Le maréchal
de Vauban avoit projeté de faire un canal pour
joindre la Mofelle à la Meufe , par le moyen d’un
ruiffeau qui tombe dans la Mofelle à T ou l, & d’un
autre qui fe perd dans la Meule au-deflous de
Pagny ; il croyoit ce projet également utile & facile
à exécuter : mais exécute-t-on les meilleurs
projets P (R.)
^ MEUSELWITZ, château, bourg & jurifdiâion
d Allemagne, dans.le cercle de haute-Saxe & dans
Je baillage d’Altenbourg, fur la rivière de Schnau-
der. Ce bien noble eft au duc de Saxe-Gotha, fous
Ja fuzeraineté de la maifon de Seckendorff, laquelle
a fort embelli le château, aggrandi le bourg & dépeuple
tout le diftriél d’artifans , de négocians &
d ’artiftes. Meufelwitz eft à 3 li. de Zeitz. (/P.)
MEUSENBOURG, ou M o y s b o u r g , bourg
6f baillage de la principauté de Z e ll, vers les frontières
du duché de Brême , près de Boxtelhude. Il
comprend 48 villages. {R.)
MÉVA.T, province des Indes, dans les états
du grand Mogol. (j?.)
MEVE. Voye\[ G n i e w .
^ M EW A R I, ville çonftdérable du Japon , dans
l’ile de Niphon, avec un palais où l’empereur fé-
culier fait quelquefois fon féjour. Elle eft fur une
colline, au pied de laquelle il y a de.vaftes campagnes
, femées de ble.<L& de r iz , entrecoupées de
vergers pleins de pruniers. Cette ville a quantité
de tours & de temples fomptueux. (R.)
MEWIS, ou Nervis, petite île de l’Amérique
feptentrionale, & l’une des Antilles , peu loin de
Sàint-Chriftophe, avec un fort conftruit par les
Anglois. Elle n’a que 16 milles de circuit, & produit
abondamment tout ce qui eft avantageux à
l ’entretien des habitans fucre , coton , gingembre
, tabac, &c. Les Anglois en font les maîtres
depuis 1628. Us en avoient été dépoffédés par les
François en 1782,, mais elle leur a été rendue à
la paix de 1783. Long. 315 j Ut. noyd 17 , 16. {R.)
MEXAT-ALI, fameule ville de Perfe, dans
flrac-Arabi, ou l’Irac propre. Elle eft renommée
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paf la‘ riche & fuperbe mofquée d’A ly , où les
rerfans. vont en pèlerinage de toutes parts. Cette
ville néanmoins eft beaucoup moins çonftdérable
qu elle ne 1 étoit autrefois. Elle eft entre l’Euphrate
& le lac de Rehemat, à 18 lieues de Bagdat. Long.
32 ; lat. 31 , 40. (/?*)
M e x a t - O c e m , ou R e r b e s a , ville de Perfe
dans 1 Irac-Arabi. Elle prend fon nom d’une mof-
quee dediee a Ocem , fils d.’Aly, Elle eft dans un
terroir fertile, fur l’Euphrate. Long. 6 2 , 40 : lat.
32, 20. (R.')
MEXICO, ou M e x i q u e , ville de l’Amérique
feptentrionale, la plus çonftdérable du Nouveaux
Monde, capitale ^u Mexique, avec un archevê*
ché érigé en 1547* une audience royale , une
univerfite , fi Ton peut nommer de ce nom les
écoles de l’Amérique efpagnole.
Elle fut la capitale de l’empire du Mexique juf?
qu au 13 août 1521 que Cortez la prit, & que
nuit ce fameux empire. Voyons ce qu’elle étoit
alors, avant que de parler de fon état aéhiel.
Cette ville, fondée fur une île au milieu d’un
grand la c , offroit .aux yeux le plus beau monument
de l’induftrie américaine. Elle communiquoit
à la terre , par fes digues, aux chauffées principales
,* ouvrage fomptueux qui ne fervoit pas moins
à l’ornement qu’à la nécelîîté. Les rues étoienr
• fort larges , coupées par quantité de ponts , & pa-
roiffoient tirées au cordeau. On voyoit dans la
ville les canots fans nombre naviguer de toutes
parts pour les befoins, & le commerce. On voyoit
à Mexico dès maifons fpacieufes & commodes
conftruites de pierres, huit grands temples qui s’é->
levoient au-deflùs des autres édifices , des places,'
des marchés, des boutiquès qui brilloient d’ou?
vrages d’or & d’argent fculptés, de vaiffelle de
terre verniffée, d’étoffes de coton , & de tiffus de
plumes, qui forrnoient des deffeins éclatans pat
les plus vives couleurs.
L’achat 8ç la vente fe faifbient par échange;
chacun donnoit ce qu’il avoit de trop, pour avoir
ce qui lui manquoit. Le maïs & le cacao fervoient
feulement de monnoie pour les chofes de moin?
dre valeur. Il y avoit une maifon où les juges de
commerce tenoient leur tribunal, pour régler les
différends entre les négocians : d’autres miniftres
inférieurs alloient dans les marchés, maintenir par
leur préfence l’égalité dans les traités.
Plufieurs palais de l’empereur Montézuma aug-'
mentoient la fomptuofité de la ville. Un d’eux s’é-
levoit fur des colonnes de jafpe, & étoit deftiné
à récréer la vue par divers étangs couverts d’oi-y
féaux de mer 8ç de rivière, les plus admirables par
leurs plumages. Un autre étoit décoré d’une ménagerie.
pour les oifeaux de proie. Un troifième
étoit rempli d’aqnes offenfives & défenfives , arcs,
flèches , frondes, épées avec des tranchans de
cailloux , enchâffés dans des manches de bois ,
&c. Un quatrième étoit confacré à l’entretien. Sc
pourriture des nains, des boffus, & autres per-
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tonnes contrefaites ou eftropiées des deux fexes
6 de tout âge. Un cinquième étoit entouré de
grands jardins, où l’on ne cultivoit que des plantes
médicinales, que des intendans diftribuoient
gratuitement aux malades. Des médecins rendoient
compte au roi de leurs effets, & en tenoient re-
giftre à leur manière , fans aveirTufage de l’écriture.
Les autres efpèces de magnificence ne marquent
que le progrès des arts ; ces deux dernières
marquent le progrès de la morale, comme dit
M. de Voltaire.
Cortez, après fa conquête, réfléchiffant fur les
avantages & la commodité de la fituation de Mexico
, la partagea entre les conquérans, & la fit
rebâtir, après avoir marqué les places pour l’hôtel-
de v ille , & pour les autres édifices publics. Il fé-
para la demeure des Efpagnols d’avec celle du
refte des Indiens, promit a tous ceux qui voudroient
7 venir demeurer , des, emplacemens & des privilèges
, & donna une rue entière au fils de Mon-
tezuma , pour gagner Jaffe élion des Mexicains. Les
defcendans de ce fameux empereur fubfiftent encore
dans cette v ille , 8c font de fimples gentilshommes
chrétiens, confondus parmi la.foule.
Mexico, fituée au milieu des eaux, eft environnée
d’un cercle de montagnes d’environ 40"
lieues de tour. Dans la faifon des pluies , qui
commencent vers le mois de mai, on ne peut en-’
trer dans cette ville que par trois chauffées’, dont
la plus petite a une grande demi-lieue de longueur;
les deux autres font d’une lieue & d’une lieue &
demie ; mais dans les tems de féchereffe , le lac
au milieu duquel la ville eft fituée , diminue cou-
fidérablement. Les Efpagnols fe font efforcés de
faire écouler les eaux à travers les montagnes voi-
fines ; mais après des travaux immenfes, exécutés
aux dépens des jours des malheureux Mexicains ,
ils n’ont réufli qu’en partie dans l’exécution de ce
projet & dans celui de remédier, par leurs ouvrages,
aux inondations dont cette ville eft fouvent
menacée.
Elle eft aéluellement bâtie régulièrement, &
traverfée de quelques Canaux , lefquels fe rem-
pliffent des eaux qui viennent du lac. Les maifons
y font baffes, a caufe des fréquens tremblemens
de terre ; les rues font larges, & les églifes très-
belles. Il y a un très-grand- nombre de couvens. j
On çomptoit au moins 200 mille âmes dans j
Mexico fous le règne de Montézuma; on n’en trou-
veroit pas aujourd’hui 60 mille, parmi lefquels il
y a au plus 10 .mille blancs ; le refte des habitans
elt compofe d’indiens, de nègres d’Afrique, de
mulâtres, de métis, 8c d’autres qui defcendent du
mélangé de ces diverfes nations entr’elles, &
avec les Européens, ce qui a formé des habitans
de toutes nuances de couleurs, depuis le blanc
jufqu’au noir. ■
C ’eft cependant une ville très-riche par le commerce
, en ce que par la mer du Nord une vingtaine
de gros vaiffeaux abordent tous les âns°à
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Saint-Jean^ de Mhûa , qu’on nomme aujourd’hui
la Vera - Cru{, chargés des marchandifes d’Eu-
rope, quon tranfporte enfuite par terre à Mexico.
Par la mer du Sud, elle trafique au Pérou &
aux Indes orientales , au moyen de l’entrepôt des
Philippines , d où il revient tous les ans deux galions
à Acapulco-, ou l’on déchargé les- marchandifes
, pour les conduire par terre à Mexico.
Enfin , fi l’on confidère la quantité d’argent
qu’on apporte des mines dans cette v ille , la magnificence
des édifices facrés, le grand nombre de
caroffes qui roulent dans les rues, les richeffes
immenfes de plufieurs Efpagnols qui y demeurent;
1 on penfera qu elle doit être une ville prodigieu-
fement opulente : mais d’un autre côté, quand on
voit que les Indiens qui font les quatre cinquièmes
des habitans , font fi mal vêtus, qu’ils vont
fans linge & nuds pieds , on a bien de la peine à
fe perfuader que cette ville foit eftêdivement fi
riche.
Elle eft fituée a 22 lieues de la Puébla de los
Angeles, 75 d’Acapulco, & à 80 de la Vera-Cruz.
Long, félon le P. Feuillée & des Places ,2 7 1 d. 21'
30" ; lat. 20 , io. Long, félon Caflini & Lieutaud ,
; 273 d. 51’ 36" y lat. 20. Long, félon M. de Lifte ,
275 , 15 ; lat. 20, 10.
"Fernand Cortez, Efpagnol, s’empara de la tête
des trois chauffées qui répondoient à Mexico, & de
la navigation du igc par des brigantins qu’il arma
d une partie de fon artillerie.
Guatimozin qui avoit fuccédé à Montézuma ,
tue dans une aéfion vive où Cortez faillit périr ,
: défendit la place en prince habile & intrépide';
niais il fallut céder à la fortune de fon ennemi:
pris dans un canot, il fut étendu fur des charbons
ardens par un financier Efpagnol, pour le forcer à
déclarer fon tréfor : fon favori expofé à la même
torture, lui adrefloit de trilles plaintes : & moi lui
dit l’empereur, fuis-jt far. des rofes ?
Dans les gouvernemens defpotiques, la chute
du prince & la prife de la capitale, entraînent ordinairement
la conquête & la foumiffion de tout 1 état : c’elt ce qui arriva au Mexique. Les Mexi- ‘
cains fixes dans le domaine roy al, étoient deflin-s
aux travaux publics, qui, dans les premiers tems
furent confiderables :1 e fort de ceux qu’on attacha
aux poffeflîons des particuliers, fut encore plus-
malheureux ; tous gemiflbient B us un joug affreux u
on les nournfîbit mal; on ne leur donnoit aucun,
falaire; on exigeoit d’eux des fervices fous lefquels
les hommes les plus robuftes auroient fuccombé *
leurs malheurs attendrirent Barthelemi de Las-
Cafas.
Cet homme fi célèbre dans les annales du Nouveau
Monde , avoit accompagné fon père au premier
voyage de Colomb; la douceur fimple des
Indiens le frappa fi fort, qu’il fe fit eccléfraftique
pour travailler à leur converfion : bientôt ce fut le
foin qui l’occupa le moins ; comme il étoit plus
homme que prêtre, il fut plus révolté des'barba.