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Suède, remarque dans fa minéralogie, §. a i " que
l ’eau de la mer tient en diffolution une quantité
prodigieufe de terre calcaire, qui eft faturée par
l ’acide du fel marin. C ’eft une terre qui s’attache
au fond des chaudières où l’on fait cuire l’eau pour
obtenir le fel ; elle a la propriété cPattirer l’humidité
de l’air. Suivant cet auteur, c’eft cette terre
calcaire qui forme les coquilles, les écailles des
animaux cruftacés , & c . , à quoi il ajoute qu’il
peut arriver que la nature fâche le moyen de faire
de la chaux un fel alkali qui ferve de bafe au fel
marin.
Quoi qu’il en foit de toutes ces conjeéhires, il
eft confiant que toutes les mers qui font fur notre
g lo b e , ne font point également falées. Dans les
pays chauds & vers la ligne, l’eau de la mer eft
beaucoup plus falée que vers le nord : ce qui vient
de la température de l’eau, qui atténuée par la chaleur,
la rend propre à tenir en diffolution une plus
grande quantité de fel. Des circonftances particulières
peuvent encore concourir à faire que les
eaux de la mer foient moins falées en quelques
endroits qH’en d’autres : cela arrivera, par exemple
, vers l’embouchure d’une rivière dont l’eau
tempérera la falure de la mer dans un grand ef-
pace ; c’eft ainfi qu’on nous dit que la mer Blanche
n’eft nullement falée à l’embouchure de la
grande rivière d’Oby en Sibérie. D ?ailleurs, il peut
le faire qu’il y ait dans de certains endroits des
fources qui, entrant dans la mer & fortant du
fond de fon li t , adoucil&nt fa falure dans ces fortes
d’endroits ; mais c’eft fans fondement que quelques
perfonnes ont étendu cette règle ont prétendu,
que l’on trouvoit toujours de l’eau douce
nu fond de la mer.
Outre la falure, les eaux de la mer ont ordinairement
un goût bitumineux & dégoûtant qui révolte
Feftomac de ceux qui veulent en boire. Il, y
a lieu de conjeéhirer que ce goût leur vient des
couches de matières bitumineufes qui fe trouvent
dans le lit de la mer : à quoi l’on peut joindre la
déeompofition de la graiffe que fournit une quantité
immenfe d’animaux & de poiffons de tome
efpèce y qui vivent & meurent' dans toutes les
mers,
La falure & le mauvais goût des eaux de la mer
empêchent de la boire. C ’eft pour remédier à cet *
inconvénient, que l’on eft obligé-d’embarquer de
l’eau douce dans les vaiffeaux ; & l'orfqwe les-voyages
font? fort longs , cette eau douce fë1 corrompt,
& les équipages fe- trouvent dans un très - grand
embarras. Depuis long-tems on avoit inutilement
cherché le moyen de deflaller l’eau de la mer. Enfin
il y a quelques années- que M'. Àppleby , chi-
miite anglois, a trouvé le fecret dé rendre- cette
ean potable ; cette découverte-M a mérité une ré-
cempenfc très-confidérable de-la part du parlement
d?Angleterre, qui a fait publier fôn fecret. Il con-
fjfte à mettre quatre onces de pierre à cautère &
d’os calcinés fur environ vingt pintes d’eau de
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mer ; on diftille enfuite cette eau avec un alambic i
& l’eau qui paffe à la diftillation eft parfaitement
douce. Cette expérience, importante a été réitérée
avec fucès par M. Rouelle. Pour peu qu’on veuille
s’en donner la peine, on adaptera les vaiffeaux
diftillatoires à la cheminée de la cuifine d’un vaif-
feau ; & fans augmentation de dépenfe, on pourra
diftiller continuellement de l’eau de la mer, en
même tems que l’on préparera les aliraens des
équipages.
Les eaux de la mer ont trois efpèces de mouvement.
Le premier eft le mouvement d’ondulation
ou de fluctuation que les vents excitent à fa fur-
face en produifant des flots ou des vagues plus ou
moins confidérables, en raifon de la force qui les
excite. Ce mouvement des flots eft modifié par la
pofition des côtes, des promontoires, des îles, &c.
que les eaux agitées par les vents rencontrent.
Le fécond mouvement de la mer eft celui que
l’on nomme cow/v«ïf ; c’eft celui par lequel les eaux
de la mer font continuellement entraînées d’orient
vers l’occident ; mouvement qui eft plus fort vers
l’équateur que vers les pôles, & qui fournit une
preuve inconteftable, que le mouvement de la
terre fur fon axe fe fait d’occident vers l’orient. Ce
mouvement dans l’Océan , commence aux côtes
occidentales de l’Amérique, où il eft peu violent,
ce qui lui fait donner le nom de mer Pacifique. Mais
en partant de là , les eaux dont le mouvement eft
accéléré , après avoir fait le tour du globe, vont,
frapper avec violence les côtes orientales de cette
partie du monde, qu’elles romproient peut être fi
leur force n’étoit arrêtée par les îles qui fe trouvent
en cet endroit, & que quelques auteurs regardent
comme des reftes de l’Atlantide ou de cette
île immenfe dont les anciens prêtres égyptiens, au
rapport de Platon, ne parloienc déjà1 que par tradition.
Un auteur allemand moderne, appelé M.
Popowits, qui a publié en 1750, en fh langue, un
ouvrage curieux , fous le titre de recherches fur la
mer, préfume que tôt ou tard la violence du mouvement
de la mer dont nous parlons , forceroit un
paffage au travers de l’ifthme de Panama, fi ce
terrein n’étoit rempli de rochers- qui oppofent de
la réfiftance aux entreprifes de la mer; fur quoi il
remarque que-quelque tremblement de terre pourra
quelque jour aider la mer à effectuer ce qu’elle n’a
point encore pu faire toute feule.
Cette conjeéhire-eft d’autant mieux fondée, que
plufieurs exemples nous prouvent que la violence
des eaux de la mer arrache & fépare les parties
du continent, & fait des îles- de ce qui étoir autrefois
terre ferme. C ’eft ainfi qu’une infinité de
circonftances prouvent que la Grande - Bretagne
tenoit autrefois à la France ; vérité qui a- été mife
dans un très-grand jour par M; Défmarers, dans-
fa dijferiation fur Vancienne jonSlion de l'Angleterre
avec la France, publiée il y- a- peu de tems-. On ne
peut guère douter non plus que la- Sicile n’ait été,
leparée- de la même manière de l’Italie , &c.
M E R Le troifième mouvement de la mer eft celui qui
eft connu fous le nom de marée ou de flux &
reflux ; on n’en parlera point ic i, vu que cet important
phénomène eft examiné au long dans les
articles Flux & Marée.
Outre les trois efpèces de mouvemens dont on
Vient de parier, il en eft encore un autre fur lequel
les phyficiens ne font point tout-à-fait d’accord.
Quelques auteurs prétendent que dans les
détroits » tels que ceux de Gibraltar, du Siuid &
des Dardanelles , les eaux de la mer ont deux cou-
rans direâement oppofés, & que les eaux de la
furface ont une dire&ion contraire à celle des eaux
qui font au-deffons. Le comte de Marfigli dit avoir
obfervé ces deux courans contraires au paffage du
détroit de Conftantinople, phénomène qui avoit
déjà été annoncé dans Iç VIe fiscle par 1 hiftorien
Procope. Ces deux auteurs affurent, que lorfque
les pêcheurs jètent leurs filets dans ce détroit, la
partie fupérieure du filet eft entraînée vers laPro-
pontlde ou mer de Marmora , tandis que la partie
la plus enfoncée du filet fe trouve emportée par le
courant inférieur vers le Pont-Euxin ou la mer
Noire. Le comte de Marfigli dit avoir conftaté la
même expérience avec une fonde de plomb attachée
à une corde ; quand il ne l’enfonçoit que de
5 ou 6 pieds , la fonde étoit emportée vers la Pro-
pontide ; mais lorfqu’il l’enfonçoit plus avant, elle
étoit pouflee vers le Pont-Euxin.
M. Popowits explique, d’après ce phénomène,
pourquoi les eaux de la mer Noire font toujours
également falées., malgré les rivières qu’elle reçoit.
C ’eft que, fuivant ces expériences , la Méditerranée
fournit continuellement à la mer Noire par le
détroit des Dardanelles , de l’eau falée , qu’elle reçoit
elle-même de la même manière de l’Océan
par le détroit de Gibraltar. Suivant le rapport du
célèbre R a y, oii a fait dans le Sund les mêmes
expériences que dans le détroit des Dardanelles ; &
l ’on a trouvé que les eaux de la mer Baltique for-
toient à la partie fupérieure, & que les eaux de
l’Océan entroient dans la mer Baltique par-deffous
les premières.
Au refte, un tel phénomène étant manifeftement
oppofé aux principes reconnus de l’hydroftatique,
il faut tenir les obfervations pour mal faites, oc le
fait pour fabuleux. (R.)
Mer d’A b e x , partie de la mér Rouge, le long
des côtes de FAbiffinie. (R.)
Mer A driatique , Adriaticum mare ; ce grand
golfe de la Méditerranée , qu’on nomme auffi golfe
de Venîfe, s’enfonce du fud-fud-eft, au nord-nord-
oueft , entre l’Italie , les états Autrichiens, & la
Turquie européenne, & s’étend depuis le 40e d.
de lat, jufqu’au 45e d. 2,5'. Son nom latin vient de 1 ancienne ville Adria , aujourd’hui Atria, fituée
dans l’état de Venife, entre les bouches de l’Adige
6 du PÔ. Cette mer eft plus périlleufe que l’Océan
pour les navigateurs. Dans les Aâes des apôtres,
ch. xxvij , ir. i f , Adria y p u mer Adriatique, fe
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dit de là mer de Sicile, & de la mer Ionienne.
(/?.)M
er d A frique , partie de la mer Mediterranée,
le long des côtes de Barca & de Tripoli.
m :■
M e r p A llemagne : la mer d’Allemagne eft
cette partie de l’Océan , fituée entre l’Angleterre
proprement dite, les Provinees-Unies, l’Allemagn
e , & le Jutland (R.)
Mer d’Arabie ; on appelle proprement ainfi la
partie de l’Océan, qui eft entre îe cap Rafalgate 8c
l’île de Zocotora, quoiqu’on donne auifi ce nom
à la totalité de la mer Rouge , ou golfe Arabique.
Les autres parties de la mer , qui font une pref*
qu’île de l’A rabie, ont des noms particuliers , fa-
voir le golfe Perflque , le golfe d'Or mus , & la mer
Rouge. Les anciens défignoient la mer d’Arabie
fous le nom d'Erith r& um mare. Foyer Mer Ro u GE.
m
Mer A tlantique. Voyeç A tlant iqu e.
Mer A ustrale ; c’eft la partie de l’Océan la
plus méridionale. Elle occupe un vafte efpace, où
l*op en eft encore à foupçonqer l’exiftence d’un
troifième continent, qu’on défigne vaguement fous
le nom de Terres auflrales. (R .)
Mer d’A zo f , d ’A z o w , ou de Za b a c h e ,
autrefois Palus Mèotides, eft une extenfion rie la
mer Noire, au nord de laquelle elle eft fituée , &
avec laquelle elle communique par le détroit de
Caffa. Les vafes qu’y dépofe le D o n , rendent la
navigation très-difficile fur cette mer. Voyt^ Pa lus
Méo tid is. (R .)
Mer Baltique , mer d’Europe, comprife entre
la Prufie, la Courlande , la Ruffie , {’Allemagne
, le Danemarek, la Suède & la Norwège , &
qui communique à la mer d’Allemagne par les détroits
du Sund , du grand &. du petit Belr. Les
trois golfes de Riga , de Bothnie & de Finlande ,
en font partie. Les Hollandois lui ont donné le
nom de mer orientale, parce qu’elle eft à l’orient
des Proyinces-Unies. Le flux & le reflux y eft
comme infenfible. Les eaux en font moins falées
que celles de l’Océan ; les vagues en font plus
courtes , plus ferrées , plus précipitées. La pêche
y eft très-abondante. Le roi de Danemarek perçoit
un droit fur les marchandifes qui entrent dans
la Baltique ou qui en fortent, ce qui lui forme un
revenu confidérable, le commerce ayant beaucoup
d’a&ivité fur cette mer. Foye^ Mer. (R .)
. Mer de Bassora : c’eft le golfe Perfique«-
Foyei G olfe Persique.
Mer Blanche : on défigne fous ce nom l’A rchipel
ou mer Egée , & la partie de l’Océan qui ,
au nord de l’Europe , pénètre dans les terres entre
la Ruffie & la Laponie. Foyc\ Blanche. (/?.)
Mer Bleue , en latin moderne, lacus Coefîus a
dans la langue du pays, Arallhow ; c’eft un grand
lac d’eau falée , fîtué en A fie , dans la Tarrarie indépendante.
On le connoît plus commimémenc
fous le nom de lac d! Aral,