
ch. i. Ses peuples font nommés Lucerini dans Tite-
Live. Ses pâturages- paflotent pour excellens : les
laines de les troupeaux, quoiqu’un peu moins blanches
que celles de Tarente , étoient .plus fines,
plus douces & plus eftimées. (/<■ )
LUCERNE (canton & lac de). Ce canton tient
le troifième rang entre les treize du corps helvétique
, & le premier rang parmi les cantons catholiques.
Il a les Alpes au midi, & au nord un pays
de bois , de prés ou de champs affez fertiles en
bled. Son diamètre eft de dix à onze lieues. Les
fromages & les beftiaux font les principaux objets
de fon commerce aélif. 11 s’y trouve d’ailleurs des
fources minérales ; mais on n’y recueille point de
vin. Le pays eft divifé en quinze baillages. Le lac
de Lucerne qui eft fort poiffonneux eft d’une figure
très-irrégulière ; on l’appelle encore lac des quatre
cantons, en allemand vicr waldflttten -Jic , parce
que céux d'Uri, de Schwitz & d’Underval font
litués fur fes bords, ainfi que celui de Lucerne.
Ce lac a neuf lieues de longueur & deux de largeur
: en plufieurs endroits il eft entouré de rochers
efcarpés , qui font le repaire desJ chamois , des
chevreuils & autres bêtes fauves. Le canton de
Lucerne a encore deux ou trois petits lacs où l’on
pêche des écrevifles affez greffes, qm ne deviennent
point rouges à la cuifl'on , mais confervent une
couleur livide. On trouve ailleurs des écrevifles qui
deviennent noires quand on les faitcuire. (ff.)
Lucerne , Lucerna, ville de Suifle, autrefois
impériale , capitale du canton de même nom. Elle
a peut-être tiré le fien d’une vieille tour qui touche
un de fes ponts, au haut de laquelle on allu-
moit un fanal pour éclairer les bateaux qui for-
toient ou qui entroient dans la ville.
Son gouvernement civil eft ariftocratique , &
fort approchant de celui de Berne. Le pouvoir fou-
verain réfide dans un confeil de cent perfonnes,
choifies dans le corps de la bourgeoifiê ; trente-
fix eonfeillers, pris du nombre des cent', forment
le.fénat ou petit confeil, qui gouvernent par fé-
meftres. Les premières dignités de l’état font celles
des deux avoyers qui alternent tous les fix mois.
Vingt ans fuffifent pour être éligible en qualité
de fénateur. Cet âge ne fuffiroit point en bien
d’autres pays, où , par des caufes morales peu difficiles
à faifir , la matutité eft plus tardive. La juf-
tice diftributive eft confiée à des comités fubor-
donnès aux confeils. Quant au gouvernement ec-
cléfiaftique, les Lucernoîs , bons catholiques , dépendent
de l’évêque de Confiance, & les nonces
du pape y ont quelquefois exercé' trop d’autorité.
Us entrèrent dans la ligue des cantons de Schwitz,
Uri & Underwald en 133a , & en 1389 ils furent
définitivement délivrés du joug de la maifon d’A utriche
; mais ils doivent fe garder des préjugés de
parti & de fe flé , & leurs intérêts etfentiels doivent
les ramener à une union plus fiable avec les
ariftocrati'és roifines , dans lé 'cas fur-tout où les
peuples du canton afpirant à la démocratie ont
fouvent jeté la république dans des crifes a j ffP
mantes & dangereuses pour fa conftitufion.
Il s?y trouve trois ponts très remarquables ; Pim.
de cinq cents, un fécond de trois cents Seize, &
un troifième de cent foixante-feize pas géométriques.
Les eceléfiaftiques féculiers & réguliers y
font par leur nombre hors de proportion avec la
population peu nombreufe de cette ville.
Lucerne eft fituée fur le lac qui porte fon nom ,
dans l’endroit où la Rufs fort de ce lac, à 12 li.
f. o. de Zurich, 14 n. e. de Berne, 19 f. e. de
Bâle. Long. 26, i ; la t . 4 7 , 5. (R.) ■
LUCHAU. Voyeç Loch au.
LUCHÉ , bourg de France, en Anjou , éleélion
de la Flèche. (/?.)
LUCIE ( Sainte ) , ou Sainte-Aloüzie ; c’eft
une des îles Antilles, ftuée dans l’Océan , à fept
lieues de diftance de la pointe méridionale de la
Martinique, & à dix de la partie du nord de Pile
de Saint-Vincent.
En 1639 ,.les Anglois occupèrent cette île ; mais
les naturels exterminèrent la colonie. En 1650,
les François qui s’y établirent en furent chaffés
par les Anglois ; mais la paix de 1763 là fit paffer
fous la domination de la France, à qui les Anglois
l’ont enlevée dans la dernière guerre, & la
poffeflîon leur çn a été confirmée par les articles
préliminaires dç la paix.de 1783.
Sainte - Liiçie peut avoir vingt-cinq lieues
de tour ; la nature y a formé un excellent port,'
dans lequel les vaiffeaux de toutes grandeurs peuvent
fe mettre à l’abri des ouragans & de la grofle
mer. Cette île eft fort montagneufe, très-brifée,
& arrofée de plufieurs rivières ; la terre y produit
un grand nombre de fruits & de plantés ; les beftiaux
y multiplient beaucoup, & la chaffè, ainfi
que la pêche, y font très-abondantes. On en tire
du fucre, du café & du cacao ; mais on dit ces
avantages un peu balancés par les maladies qu’oe-
cafionne le climat, & par la prodigieufe quantité
d’infeél'es venimeux & de ferpens dont 111e eft
remplie. (/?.)
Lucie ( Sainte ) , havre & fort de P Amérique,
dans la Jamaïque, au nord de l’île. (R.')
LUCKEM. Voye^ Lockum.
LUCKENWALDE, petite ville du duché de
Mâgdebourg , au cercle de baffe - Saxe, prés de
Juterbock. (/?.)
LUCKLÜM, ancien château de la principauté
de Wolfenbutel, entre cette ville Koeaigftutter.
C ’eft une cpramandçrie de l’ordfe Teutoniq'ue ,
qui n’a point été cédée par la paix deWeftphâlie
au duc de Brunfwick. (/?.)
LU C K O , Luck , ou Luzk , en latin Luccovia,
ville de la haute Pologne, capitale de laVolhinie,
avçc un évêché fuffragant de Gnefne. Boleflas , roi
de Pologne , s’en rendit maître en 1974, après un
fiêge de plufieurs mois. Cette ville a un évêque
grec , *éunï à l’églife latine. Il s’y tient une diétine,
Elle eft fituée fur la Stif» à 25 lieues n. e. de-
Lembeurg,
Lembeurg, 67 f. e. de Varfovie, 78 n. e. de Cra-
covie. Long. 4 3 ,4 8 ; lut. 50 ,52 . (/?.)
LUCOFAUM, Latofaum , L eucofagum ,
lieu où fe donna un fanglant combat, entre Clotaire
II 8c Théodebert, roi dlAuftrafie, en 59^ ’
8i oùThierri, roi de France, & Ebroin , maire
dû palais, livrèrent bataille à Martin & Pépin,
généraux d’Auftrafie , en 678.
Cet endroit, félon D. Ruinart & M. de Valois ,
paroît être Loi x i , dans le Laonois. D. Mabillon
crojt que c’eft dans le diocèfe de Toul; le favant
abbé le Beuf penfe de même, & défigne Lifou
dans le Toulois. Voyez Merc. de Fr. févr. 1730,
p. 205 , & Fredeg. p. 667, Greg. Tur. Op. ed. de
£X Ruinart. (Ri)
LU ÇO N , ou Manille , île confidérable d’A-
fie , dans l’Océan oriental, la plus grande & la plus
feptentrionale des îles Philippines, fituée à la latitude
d’environ 15 degrés. L’air y eft fain , & les
eaux très-falubres. Elle produit tous les fruits qui
eroiffent dans les climats chauds , & eft admirablement
placée pour le commerce de la Chine &
des Indes. 1
On la nomme auflï Manille, du nom de fa capitale
; elle a environ cent vingt-cinq lieues de-
long trente à quarante de - large, 8c trois cent
foixante de circuit. On y trouve de la cire, du
coton , de la canelle fauvage, du foufre , du cacao,
du riz, de l’o r , des chevaux fauvages , des fan-
gliers & des buffles. Elle fut conquife en 1571 ,
par Michel Lopez efpagnol, qui y fonda la ville de
Manille ; les habitans font Efpagnols & Indiens ,
tributaires de l’Efpagne.
La baie & le port de Manille, qui font. à fa
cote occidentale, font de la plus grande beauté.
La baie eft un baffin circulaire de près de dix
lieues de diamètre ; renfermé prefque tout par les
terres. Vdye\ les voyage s du lord Anfon, & la
belle carte qu’il a donnée de cette île.
Sa fituation , félon les cartes de Tornton, eft à
. 116 , 30, à l’orient du méridien de Londres, &
1 1 4 ,5 du méridien de Paris. (R.)
Luçon , ville épifopaie de France , dans le
Poitou ; elle communique à la nier par un canal de
deux lieues. L’air en eft mal-fain , à caufe des marais
qui l’environnent. L’évêque eft fuffragant. de
elle a paffé fous différentes dominations jufqu’à l’année
Bordeaux. La fondation de fon fiège remonte à
1317 fous le pape Jean XXII. Elle eft à 7 lieues n.
de la Rochelle , 2.9 f. de Nantes, & 95 f. o. de
Paris. Long. ï 6 d. 29 ,26 ; lat. 47 d. 2 6 ,14 . •(/?.)
LUCQÛES , en latin Luca & Lu.cca , ancienne J
& belle ville d’Italie , capitale de la république de
Lucques , enclavée dans la Tofcane.
Cette ville fut déclarée colonie lorfque Rome,
pan 576 de fa fondation, y envoya deux mille
citoyens. Les triumvirs qui la formèrent, furent
P. Eli us, L. Egilius, & Cn. Sicinius: lors de fa
décadence de l’empire romain, elle tomba fous le
pouvoir des Goths , puis des Lombards, qui la gardèrent
jufqu’au règne de Charlemagne ; enfui te l
Géogr. Tome II.
1369 que les Luquois achetèrent leur liberté
pour 100,000. florins d’or ; & ils ont eu le .bonheur
de la conferver, à la réferve de l’intervalle
de 1400. à 1430 , où un Ample citoyen conferva
la fouveraineté dont il s’étoit emparé. L’àrfénal de
Lucques a de quoi armer plus de vingt mille hommes.
Cette ville , qui eft bien fortifiée , eft archié-
pifcopale depuis 1726. Elle compte environ 40
mille habitans & 20 paroiffes. Elle eft fituée fur
le Serchio , au milieu d’une plaine environnée
de .coteaux agréables, à 4 lieues n. e. de Pife,
15 n. o. de Florence, 8 n. e. de Livourne, 62
n. e. de Rome. Long, félon Caffini , 3 1 , 4 ; lat.
43 » 5°:, .
Celte ville eft la patrie, 1®. d’André Ammonius
poète latin , qui devint fecrétaire d’Henri V III, &
qui mourut en Angleterre, en 1517 : 20. de Jean
Guidiccioni, qui floriffoit aulfi dans le x v i efiécle ,
& qui fut élevé aux premières dignités de la cour
de Rome ; fes oeuvres ont vu le jour à Naples en
1718 : 30. de Martino Poli, chimifte affocié de-
l’académie des Sciences de Paris, mort en 1714 :
4°. de Sanâes Pagninus, religieux dominicain, trës-
verfé dans la langue hébraïque & chaldaïque ; il
eft connu de ce côté-là par fon Thcfaurus lingue,
fa n t foe , qu’on a réimprimé plufieurs fois. Il mourut
à Lyon en 1536.
L’état de Lucques , en italien il Luchefe, eft un
pays d’environ trente milles de long fur vingt-
cinq au moins de large, fitué fur la mer de T o fcane.
Le gouvernement, qui eft ariftocratique , &
fous la proteâion de l’empereur, eft très-fage &
très-bien entendu. Âuffi la culture, l’induftric , &
la population , y font-elles fur le, pied le plus flo-
riflant. L’antcrité légiflative appartient au fénat,.
cotnpofé de cent cinquante patriciens. Le chef de
la république , nommé gorifalonnier, & les neuf
eonfeillers qui lui font adjoints, font changés tous
les deux mois. Le gonfalonïiier porte un bonnet
ducal, de couleur cramoifi, bordé d’une frange
d’or. Le terroir que poffède la république, a du
v in , du bled & des pâturages; mais il abonde
principalement en olives, lupins , phaféoles , châtaignes
, millet, lin 8t foie. Les Lucquois vendent
de ce dernier article , tous les ans , pour trois ou
quatre cens mille écus.
Leur mont de piété, ou leur office d'abondance,
comme ils l'appellent ( étabiiffement admirable
dans tout .pays de commerce ) , prend de l’argent
à cinq pour cent des particuliers , 8c le négocie en
toutes fortes de marchandifes avec les pays étrangers
, en Flandres , Hollande , Angleterre , ce qui
rapporte un grand profit à l’état. Il prête aiiffi du
bled à ceux qui en ont befoin, Sc s’en indemnife
peli-à-peu. Ce petit coin de la terre eft habité par
un peuple également économe & induftrieux,
juftement.recommandable par fon amour pour l’équité.
(F.)
LUORETîLE, montagnç de la Sabine, en Ita-
l i