
4d J O U qui quitte le combat, monte un cheval, vient à
toute bride fe jeter au milieu des Anglois , en ren-
verfe huit, & décide ainli la viâoire en faveur des
Bretons ? Montauban étoit à pied , puifqu’il quitte
le combat pour prendre un cheval. Dans la fuppo-
fition la plus vraifemblable & la plus favorable aux
deux partis, dans celle où les chevaliers en nombre
égal des deux côtés combattent à cheval 8c les
écuyers à pied; dans cette fuppolition 3 dis - je ,
Montauban, fimple écuyer, faifoit-il une belle
a&ion , en fe jetant à cheval fur les fantafljns anglois
? Car, puifqu’il en renverfa huit, c’étoient
des gens de pied : on ne démonte pas ainfi huit cavaliers.
Cependant c’eft à cette manoeuvre que les
Bretons dûrent la vi&oire. Quelques écrivains,
auxquels la rufe de Montauban donnoit des fcru-
pilles, ont avancé trop gratuitement qu’on étoit
convenu de part. 8c d’autre qu’il combattront à
cheval. Cette prétention eft abfurde : les Anglois,
fuppofés tous à pied, n’étoient pas affez mal-adroits
ou allez téméraires pour confentir à un pareil accord.
Suppofez-les partie à cheval, partie à pied ;
vous n’y gagnerez rien. Il eût été toujours trop
imprudent d'accéder à ce que les Bretons euffent
un cavalier de plus qugux ; le fait même dément
cette ridicule aflênion. Si Montauban avoit eu la
permiflion de combattre à cheval, il en aurait ufé
dès le commencement çle la bataille ; Sç il ne s’en
avife que vers la fin.
Pour être bien sûr de la vérité de ce point li fameux
de notre hiftoire, il faut d’abord répondre
péremptoirement aux deux objeélions que j ’ai rapportées.
Pour que le combat des trente rafle honneur
aux Bretons , il faut favoir ppfitivement fi les
chevaliers étoient en nombre égal dans les deux
partis ; s’ils combattirent à cheval, félon leur pfage,
& les écuyers à pied ; pu fi tout le monde com^
battit à cheval ou à pied. Alors on pourra mettre
un prix à Pa&ion de Montauban , alors ori pourra
décerner une couronne aux Bretons; alors çe mémorable
combat des trente ne fera plus un vérir
table problème hiftorique , que les hiftoriens de
Bretagne ont peut-être réfolu trop légèrement en
faveur de leurs compatriotes. Joflelin j j | à 8 li, n, e.
de Vannes, 18 f, o, de Rennes , 29 n. o. de Saint-
Malo. ( Cet article nous a été fourni par M* d e
P O M M E R E U L . )
JOUARE, bourg de France, dans la Brie inférieure,
avec une fameufie 8c magnifique abbaye dp
Bénédi&ines, à 4 li. e, dp Meapx.
JQUG-DIEU, abbaye près de Villeffanche ep
Beaujqlois, réunie au chapitre dq cette ville.
JOÜIN - LES - MARNES ( Saint ) , abbaye de
B’énédiétins , diocèfe de Poitiers ? à une jliepp dp
Mpntçontour.
JOUR A ( la ) , île de l’Archipel, "petite §c dé-
fertç. Ç ’eft le Qyaros des anciens. Life? ce qu’en
dit M. Spon. Holftenips croyoit que l’ancipnne
Qyaros étoit Çaloiro ; mais la pofition des lieux ,
§L Je npn; même de Joura, qui 13’eft qu’une çp,rj
a u
ruptîon de Gyaros, indiquent que Gyaros 8c Joura
font la même île.
JOURDAIN ( l e ) , Jordanus, fleuve très-cé-
lebre d’A fie, dans la Paleftine, qui prend fa fource
à la montagne Hermon, qui eft jointe à l’Anti-
Liban, 8c après un cours de plus de cinquante
.lieues du nord au fud , fe jète dans la mer Morte.
Il fe déborde vers le.tems de la moiflon des orges.
Il eft fameux dans l’Ecriture-Sainte : ce fut là que
J. Ç. fut baptifé,
Jourdain ( l e ) , rivière de l’Amérique fepten-
trionale , dans la Caroline.
JOURSAC, bourg d’Auvergne, éleélion & à
3 li. n. de Saint-Flour.
JO UX , petite ville de France, dans la Franche-
Comté , fur une montagne.
Sept lieues plus loin vers le midi, il y a encore
~un villâge du même nom, avec une abbaye 8c
un lac.
J ou x : c’eft le nom d’iine chaîne de.montagnes,
d’une vallée 8c d’un lac du pays de Vaud , dans le
canton de Berne en Suiflç.
Le mont Joux , mons Jovius, ou mons Jovis, eft
une portion du mont Jura , longue chaîne de montagnes
, qui s’étend depuis le Rhin , près de Bâle ,
jufqu’au Rhône, à quatre lieues au-deflbus de Genève.
Cette chaîne eft tantôt plus, tantôt moins
élevée; elle a aufli plus ou moins de largeur;
enfin elle prend dans cette étendue différens noms
particuliers. Le long du Rhône , c’eft le grand
Credo ; ç’eft le mont Saint-Claude entre la Franche?*
Comté 8c le Bugey ; c’eft le mont Joux ou le
mont dp Joux vers les fources de l’Ain 8c du
Doubs., en Franche-Çomtp. Ç ’eft auflî les monts
de Jpux dans le baillage de Romainmptiprs, du
canton de Berne, frontière dp çomté de Bourgogne
i ç’eft Pierre - Pertuis , p'etra pertufa, daps
l’évêçhé de Bâle. La montagne y a été percée par
les Romains : pn y voit encore une inferiptiop
qui en fait foi. C ’eft par-là qu’on entre (tans le
Munfterthal , ou la vallée de Mputier - Grand*
V{il, Tirant plus loin du côté de Bâle 8c de Soleil
re , le mont Jura eft appelé Bot^berg. Je ne
m’arrête-qu’aux dénominations les plus générales.
Autrefois toute cette chaîne féparoit le royaume de
Bourgogne en Bourgogne cisjurane 8c trânsjurane :
aujourd hui elle fépare la Suifle de la Frânchq-
Comté.
Dans cette partie du mont Jura du comté de
Bourgogne, qui porte aufli le nom dp mont Joux,
eft une petite ville avec un château, à une lieue eje
Pontarlier.
Le mont Joux dans le baillage de Romainmq-
tiprs a donné le nom à un lac 8c à une vallée,
Là le mont Jura s’élargit confidérablement : jl
forme trois vallées, qui ïe communiquent par des
gorges ; celle cle Joux eft la plus grande 8c la plus
éfpvée,’ d?où l’on pafle à celle de Yauliqn , 8c de-jà
à celle de Vallorbes, qui eft 1a plus bafîe. La
partie la plqs baffe c{e la valjéf de pççupqe
J O U par un lac dé deux lieues de longueur fur demi-
lieue dans fa plus grande largeur. Toute la vallee
a plus de quatre lieues de longueur, 8c environ
-deux de largeur. Le lac a vers fon extrémité un
étranglement comme un canal, où 1 on a place
un long pont de bois : le lac S’élargit de nouveau ,
ce qui forme un autre baflin , qu on nomme le
petit lac. De l’extrémité du pont s elève une^mon-
tagne, qui forme une nouvelle vallée du cote de
la Franche-Comté : cette vallée fe nomme le Lieu,
d’un village de ce nom. Là eft un troifieme lac , qui
n’eft qu’un grand étang, qu’on appèle laSler, peut-
être de lacus tortici ; cet étang paroît communiquer
par des fouterreins au lac de Joux. Une rivière
entre dans celui-ci : c’eft l’Orbe , qui vient'
du lac des Rouffes ; grand nombre de ruiffeaux y
tombent aufli de toutes parts. L’abbaye eft un gros
village, qui eft prefqii au milieu de la vallée. A
une portée de canon de ce lieu-là, on voit fortir
du pied d’un rocher une petite rivière qui coule
avec rapidité, -8c va fe jeter dans le lac : elle a dix
pieds de largeur, fur deux pieds de profondeur.
Malgré cette quantité d’eau qui entre fans ceffe
dans le la c, aucune rivière n’en fort extérieurement
; mais on voit des bouches au fond de l’eau
en divers endroits, ©ù l’eau s’engouffre 8c fe perd.
Les payfans appellent ces trous des entonnoirs, 8c
ils font attentifs à ce qu’ils ne fe bouchent pas. Il
paroît qu’une partie de cette eau coule par-deffous
diverfes montagnes du côté de l’Ifle, dans le baillage
de Morges: le principal des entonnoirs eft à
l ’extrémité du petit lac, à une demi-lieue du pont.
Dans cet endroit on a conftruit des moulins, que
l ’eau, dans fa chiite, avant que de fe perdre dans
les fentes des rochers, fait tourner : les moulins
font bâtis au-deflbus du niveau du lac, (fans un grand
creux qu’il y a dans le rocher.
Quoiqu'il n’y ait aucun fruit dans cette vallée,
elle eft très-agreable 8c très-riante en été. Il y croît
de l’orge 8c de l’avoine ; les pâturages y font fort
bons ;. le lac eft abondant en poiflbris , le pays eft
très-peuplé. 11 y a trois grandes paroifles, com-
pofêes chacune d’un village principal 8c de plufieurs
hameaux, l’Abbaye , le Chenit & le Lieu.
S. Romain 8c S. Lupicin ( oii S. Loup ) , deux
frères , dont Grégoire de Tours a écrit la vie , fe
retirèrent au bord du ruifleau appelé le No fon ; ils
y vécurent comme hermites. S. Loup abandonna
le Nofon, pour aller au-deflus de la Sarra, fur un
rocher près duquel coule une fource foufrée qui
fait de bons bains. Dans le lieu où étoit refté ltaîné
dés frères, on bâtit un hofpice, puis un couvent
fous le nom de Romani monafterium, d’où l’on a
fait Romain-motier, qui eft aujourd'hui une petite
v ille , avec un baillage le mieux renté du pays Romand.
Le prieur de Romainmotier fit bâtir, fur la
rin du x i v e fiècle, l’abbaye fur les bords du lac de
Joux.
A une lieue de l’abbaye, fur la montagne, du
çotè du pays Romand, on yoit un grand trou large
J O Y 47 d’une douzaine de pieds : il communique perpendiculairement
à une caverne très - profonde, où
l ’on entend des eaux fouterrainês couler avec
bruit. Du côté oppofé, c’ eft-à-dire , du côté de
la Franche-Comté , on voit aufli au milieu des bois
un trou femblable , mais au deflous duquel on
n’entend point de bruit d’eau courante.
On ne doute point que l’eau du petit lac qui
s’échappe vers les moulins , ne produife au-def-
fous dans la vallée de Vailorbe , la rivière d’Orbe ,
qui fort toute formée d’un rocher à demi-lieue du
village de Vailorbe, 8c q u i, au fortir de fa fource ,
a au moins féize pieds de largeur, fur trois de
profondeur.
Les habitans, de cette vallée font ingénieux 8c
induftrieux. On y trouve de bons horlogers , des
ferruriers fort adroits, 8c un grand nombre de
lapidaires.
il y a beaucoup de mines de fer dans les montagnes
VoifineSr On y rencontre des pyrites globu-
leufes , & des marcaflites anguleufes : les payfans
ne manquent point de prendre les dernières, à
caufe de leur éclat, pour des mines d’or. On y
trouve aufli, fur-tout fur les revers du côté du
midi 8c du couchant, des pétrifications, comme
des térébratules, des cornes d’Ammon 8c des mu.fi*
culitçs. Dans le chemin de la vallée de Joux à celle
de Vaulion, on ramafle quelques gloflbpetres ; 8c
plus bas on voit une pierre ollaire , dont oh pourrait
peut-être tirer parti : il y a aufli des couches
d’ardoife qui font négligées (i?.)
J ou x ( château de ) , forterefle de la Franche-
Comté, près de Pontarlier, aux frontières de la
Suifle , près des rives du Doubs. (R.')
JO U i , abbaye de France, au diocèfe de Sens ,
ordre de Cîteaux, à.2. li. n. de Provins.
Jou y EN Josas , à une lieue f. e. de Verfaiilcs ,
a été érigé en comté.
Jouy-le-Chatel , petite ville de France, dans
la Brie, éleâion 8cà 2 li. e. de Rofoy. Il y a une
juftice royale.
Jouy-sur-Morin , Gakdiacus, petite ville de
France , dans la Brie , au diocèfe 8c à 6 li. f. e. de
Meaux. Il y a juftice royale.
JO YE ( l a ) , abbaye de France, en Bretagne ,
ordre de Cîteaux , fondée en 125-0. Elle eft près
Hennebon.
- Joye (la ) , abbaye de France, près Nemours
fondée en 1181 , fur le Loin.
JOYENVAL , abbaye de PrémoUtrés, à une
lieue o. de Saint-Germain-en-Laye, La menfe abbatiale
eft réunie à l’évêché de Chartres.
JOYEUSE, Gaudiofa, petite ville de France,'
dans le bas-ViVarais, ci-devant avec titre de du-,
ché-pairie , érigé en 1581 par Henri I I I , en faveur
de fon mignon Anne ., vicomte de Joyeufe ,
8c éteint en 1675. Elle eft fur la rivière de
Baune, à 9 lieues f. o. de Viviers, 16 n .o. de
Nifmes , 134 f. e, de Paris. Long. a i , 55 ; lat,
4 4 , 16. (R .) .