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la vue. Les fommets de fes montagnes font entr’- '
ouverts, pour laiffer fortir de leurs ouvertures des
forêts d’oliviers fauvages. Les habitans induftrieux
ont pris loin de les cultiver, & ont fi bien choifi
les greffes , qu’il n’y a guère de meilleures olives
que celles qui en proviennent, ni de meilleure
huile que celle qu’on en tire. Au bas des montagnes
font de belles collines où règne un vignoble
qui fournit en abondance d’excellens vins ; ce
vignoble commence une vafte plaine , qui produit
d’aura bon froment que celui de la Sicile. Une fi
belle décoration de terrein a fait appliquer ingé-
nieufement aux Maïorquois ce paffage du pfeaume,
à fou Ru frumenti & oiei fui , multipacati font. Le
ciel y eft ferin, le payfage diverfifiê de tous cô- !
tés ; un grand nombre de fontaines & de puits , j
dont l’eau efl excellente, réparent le manque de
rivières: le gibier, la volaille, 8c le bétail y
abondent. Cette île a beaucoup de bons ports ; fes
habitans ont les moeurs efpagnoles, & de Ce côté
ils reffemblent plus particuliérement aux Catalans.
Ils font bons armateurs. "
Cette île n’eft féparée de Minorque que par ,
tin détroit. Majorque ou Palomera fa capitale, &
Alcudia, en fpnt les principaux lieux. C ’eft - là
qu’on fabrique la plupart des réales & doubles
réales, qui ont cours dans le commerce.
Les Maïorquois fon robuftes, & d’un efprit
fubtil. Leur pays a produit des gens finguliers dans
les arts & les fciences. Raimond Lulle y prit naif-
fance en 122.5. Ses ouvrages de chimie & d’alehi-
jmè font en manufcrits dans la bibliothèque de
Leyde. Quant aux révolutions de cetre î le , vÀjjtkd -
l’article Minorque. (R.)
J Maiorque » Palma , ou Palomera. V o y e{
Palomera.
MAIRE ( détroit de le ) , détroit qui eft au-delà
(de la Terre de Feu, au fud du détroit de Magellan,
•& par lequel on communique de la mer du Nord
à celle du Sud. Ce détroit eft ainiî nommé de "Jacques
le Maire, fameux pilote Hollandois, qui le
découvrit le premier l’an 1615. Nous avons la
Telatian de fon expédiron dans le recueil des voyages
dé rAmérique , imprimé à Amfterdam en
16 22, in-folio ; mais les détroits de le Maire &
de Magellan font devenus inutiles aux navigateurs ;
car depuis qu’on fait que la pleine mer fe trouve
au-delà de la Terre de Feu & de File des Etats,
on fait le tour pour éviter les longueurs & les
dangers du vent contraire , des courais & du voi-
finage des terres. (A.)
MA1SIÈRES, abbaye de France, en Bourgo- J
gogne , au diocèfe de Chaloir- fur -Saône. Elle
eft dé l’ordre de G teau x , & vaut 12,000 livres
m jM
AISONNAIS, bourg de France , dans le
Poitou, éleftion de Confolans. (/?.)
MAITABIROT1NE ( l a ) , rivière de rAmérique
feptentrionale, dans le Canada. Plufieurs nations
fauvages, voifraes de la baie d’Hudfon, def-
M A L
! cendent cette rivière, & apportent le£ plus belles
pelleteries du Canada. (Æ.)
MAIXENT ( Saint*) , Maxentium , ville de
France, dans le Poitou , chef-lieu d’une éleélion
confidérable , avec une abbaye de Bénêdiétins qui
vaut 12,000 liv. Il s’y fait un grand commerce de
bled. Elle eft fur la Sèvre, à 12 li. f. o. de Poitiers,
86 f. o. de Paris. Longi 1 7 ,1 8 ; lat. 4 6 ,2 5 .
Cette ville eft la patrie d’André Rivet , fameux
miniftre calvinifte , qui devint profeffeur en
théologie à Leyde. Il mourut à B réel a en 1651 ,
âgé de 78 ans. Ses oeuvres théologiques ont été
recueillies en 3 vol. in-fol. (R.)
MAJEUR (Te lac ) , lac d’Italie en Lombardie.'
Voyc{ L a c -Majeuk.
MAJORQUE. Voyei MaïORQUE.
^ MAJUME , Majuma , ou la Petite Gaza :
c’étoit proprement le port delà ville de Gaza. Ï1
êtort ordinaire aux villes traficantes , fituées à
quelquesdiftance delà mer, d’avoir tin port pour
le magafinage & le commerce ; tel étoit Majuma
pour G a^a. Mais Conftantin en fit une ville fé-
pàrée, indépendante , lui donna le droit de cité y
6l l’appela Confiantia. L’empereur Julien la dépouilla
de fes privilèges, lui rendit fon ancien
nom , & la remit fous la dépendance de Gaza quant
au temporel. A l’égard du fpirituel, Majnme con-
ferva fon évêque, fon clergé & fon diocèfe. Iî
faut donc diftinguer l’ancienne ville de Gaza & la
nouvelle, fur nommée Majuma ou Conjlantia. Cetre
dernière étoit au bord de la mer, 8c la première
à environ 2 milles de la mer. On ne voit plus des
deux Gaza que des ruines, des mofquées, & un
vieux château dont un hacha avoit fait fon ferrail-
dans le dernier fiècle, au rapport de Theveno?» HB " g , „ MALABAR (la- côte d e ) , ou le Malabars
quelques-uns comprennent fous ce nom toute la
partie occidentale de la prelqn’île de l’Inde en-
deçà du Gange, depuis l’Indus jufqu’au cap Co-
morin ; d’autres prennent feulement cette côte à
l’extrémité feptentrionale du royaume d'e Canara-,
& la terminent, comme les premiers , au cap Co~
morfn.
Le Malabar peut paflér pour Te plus beau pays
des Indes en-deçà du Gange : outre les villes qu’on,
y voit de tous côtés, les campagnes de r i z l e *
touffes de bois de palmiers, de cocotiers, & antres
arbres toujours verds Ou chargés de fruits r
les ruifleaux.& les torrens qui arrofent les prairies
& le s pâturages , rendent toutes les plaines également
belles & riantes.'La mer & les rivières fournirent
d’excellent poiffori & fur là terre outre
la plupart des animaux connus en Europe, il' y
en a beaucoup d’autres qui fohr particuliers au
pays. Le riz blanc & noir, le cardamome, les
ananas, le poivre, le tamarin , "s’y recueillent en
abondance. Il fuffit de" favoir qu’on a mis an jour
en Europe 12 tomes de plantes du Malabar, pour
juger combien le" pàys eft riche en ce genre. Nous
m a l
# remarquerons le royaume de Trâvancor, celui
de Cochin qui a été envahi prefque en entier par
le roi de Travancor, le royaume de Calicut, les
établiffemens Danois de Colefchey, 8c quelques
principautés peu confidérables. On en exporte des
aromates, des épiceries , du bois de fandal, du
cardamome , du gimgembre.
Les Malabares de la côte font noirs , ont les
cheveux noirs, liffes & fort longs. Ils portent
quantité de bracelets d’o r , d’argent, d ivoire , de
cuivre, Ou d’autre métal les bouts de leurs oreilles
defeendent fort bas : ils y font plufieurs trous
& y pendent toutes fortes d’ornemens. Les hommes
, les femmes 8c les filles, fe baignent enfem-
ble dans des badins , publiquement au milieu des
villes. On marie les filles dès l’âge de huit ans.
L’ordre de fucceflion, foit pour la couronne,
foit pour les particuliers ,-fe fait en ligne féminine.
on ne connoît les enfans que du coté de la mère,
parce que les femmes font en quelque maniéré
communes , & que les peres font incertains.
Les habitans du Malabar font divifes en deux ordres
ou caftes, favoir les nairos, qui font les nobles
, & les poliars , qui font artifans , payfans ou
pêcheurs. Les nairos feuls peuvent porter les armes
& commercent avec les femmes des poliars tant j
qu’il leur plaît : c’eft un honneur pour ces derniers. 1
La langue du Malabar eft particulière au pays.
La religiori.des peuples qui l’habitent n’eft qu’un
affemblage de fuperftitions & d’idolâtrie ; ils re-
préfentene leurs dieux fupérieurs & inférieurs fous
de moriftrueufes figures, & mettent fur leurs têtes
des couronnes d’argille , de métal, ou de quelque
autre matière. Les pagodes où ils tiennent ces
dieux , ont des murailles épaiffes bâties de groffes
pierres brutes ou de briques. Les prêtres de ces
idoles laiftent croître leurs cheveux fans-les attacher
; ils font nuds depuis la ceinture jnfqu’aux
genoux : les uns vivent du fervice des idoles ,
d’autres exercent la médecine , 8c d'autres font
courtiers.
Il eft vrai qu’il y a eu des chrétiens jetés de
bonne heure fur les côtes du Malabar , & au milieu
de ces idolâtres. Un marchand de Syrie,
nommé Marc-Thomas , s’étant établi fur cette côte
avec fa' famille 8c fes fadeurs , au XIe fiècle, y
laiffa fa religion , qui étoit le Neftorianifme. Ces
fedaires orientaux s’étant multipliés, fe nommèrent1
les Chrétiens, de Saint-Thomas , & vécurent
paifiblement parmi les idolâtres. (R .)
M A LA BR IG O , port de l’Amérique méridionale
, au Pérou, dans l’audience de Lima.
Son nom qui fignifie mauvais abri, montre affez
qu’on n’y eft pas à couvert des vents. 11 y a de
ce port à celui de Guanchaco, qui eft fous le
8e degré de latitude méridionale, environ 15 li.
g f l l
M A L A C C A , v ille , royaume, péninfule, &
détroit des Indes orientales, dans la prefqu’île
au-delà du Gange. Le royaume de Malacca eft
M A L 2 7 7
fitué dans la partie occidentale de la prefqu’île
du mêjme nom, furie détroit connu aufii fous le
nom de détroit de Malacca. La ville de Malacca
eft fituée dans la partie méridionale de la pénin-
fule , fur le détroit auquel elle donne Ion nom.
Cette ville, fait un fort grand commerce. Les
Hollandois l’enlevèrent aux Portugais en 1640 $
ils font payer l’encrage à tous les vaiffeaux qui
paffent par le détroit :] les Anglois feuls en font
exempts. Elle eft habitée par des Hollandois, des
Maures & des Chinois. On y compte 5 à 6 mille
âmes. Comme fa fituation eft à 2 degrés 12 min.
de latitude , elle jouit toujours d’un équinoxe
fenfiblement parfait ; fon terroir produit prefquè
tous les fruits qu’on voit à Goa ; mais les cocos
y font beaucoup plus grands. Le port de Malacca
eft fort bon , 8c il s’y fait un grand commerce. O11.
y trouve dans les bazards les plus belles ifLarchari-
elifes du Japon, de la Chine, du Bengale, de
Perfe & de la côte de Coromandel. On compte
environ 300 li. efpagnoles de Ceylan à Malacca,
& 350 de Malacca à la Chine. Elle eft défendue
par une fortereffe , dont le gouverneur de la ville
eft le commandant. Long, félon Cafiini, 119. d.
36', 30//; félon les PP. de Beze 8c Camille, 117 d.
20', 3o//. Le royaume dont cette ville étoit la
capitale eft une langue de terre fort étroite , qui
a au moins 100 lieues de long. La prefqu’île de
Malacca fut autrefois connue, fous le nom de Cher-
fonèfo d'or. Elle eft maintenant occupée par divers
petits princes , vaffaux des rois de Siam, Les Malais
, fes habitans , font d’un caractère très-féroce :
mais le pays qu’ils déshonorent eft d’une admirable
fécondité.
Cette grande prefqu’île eft fituée au midi du
royaume de Siam, entre le golfe de Siam à l’orient
, celui du Bengale & le détroit de Malacca
à l’occident. On eftime que la longueur de cette
péninfule, le long de la côte , eft d’environ 270
lieues. Ses habitans font noirs, petits, bien proportionnés
dans leur taille ,. & redoutables lorsqu'ils
ont pris de l’opium, qui leur cauîe une
efpèce d’ivreffe furieufe. Ils vont tout nuds de la
ceinture en haut , à l’exception d’une petite
écharpe qu’ils portent tantôt fur l’une, tantôt fur
l’autre épaule. Ils font fort v ifs , fort fenfuels,
& fe noirciffent les dents par le fréquent ufage
qu’ils font du bétel. On nous dit leur.langue la
plus agréable des langues orientales. (R.)
Ma la c ca , ( détroit de ) détroit dans les Indes,
entre la péninfule de Malacca , qui lui donne fon
nom, & n ie de Sumatra. Les Portugais le nomment
le détroit de S b ica p ou r. Il communique du côté du
nord au golfe de Bengale. Sa longueur eft de 30
lieues i & fa largeur de 8 à 10. (R.)
M A LA G A , en latin Malaca; ancienne., belle*
riche & forte ville d’Efpagne, au royaume de
Grenade, avec deux châteaux, un évêché de âbooo
ducats de revenu, fuffragant de Grenade, 8c un
bon port qui la rend très-commerçante. Les An